Oct 222011
 

À quelques pas du Palais des congrès, où s’est tenu cette semaine le Forum international de l’économie sociale et solidaire (FIESS), plus de 150 tentes et près de 300 occupants assiègent la place de la Bourse. Une grande partie des délégués au congrès sont sortis en force mardi dernier pour leur exprimer leur soutien (voir article). Le congrès est terminé, les avions ont ramené les représentants de plus de 60 pays à la maison, et les occupants du Square Victoria sont toujours sous la tente pour réclamer une société plus juste et démocratique.

Afin de mobiliser les citoyens, les occupants organisent des activités culturelles toute la fin de semaine entre 10h et 22h, sous le thème de la « créativité réflexive et réflexion créative ». Ils ont sollicité la participation de plusieurs personnalités du milieu artistique québécois, notamment Hugo Latulippe qui y présentera en avant-première son documentaire République, un abécédaire populaire, dimanche à 19h.

« Pour une économie dans les mains des 99 % »

Les organisateurs du FIESS ont invité les Indignés à s’adresser aux congressistes pendant la cérémonie de clôture, jeudi. C’est Carminda Mac Lorin qui a pris le micro pour exprimer sa reconnaissance envers les délégués qui ont exprimé mardi leur soutien aux « 99 % ». Car, comme le précise Daniel Tygel, secrétaire exécutif du Forum brésilien d’économie solidaire, nous sommes tous ici les 99 %.

M. Tygel, qui a pris la parole au Square Victoria mardi, s’étonne que plusieurs participants, et même des journalistes, ne semblent pas réaliser qu’ils font partie des 99 %. « Plusieurs jeunes qui sont ici ont participé au 15 octobre dans plusieurs villes, ils sont venus pour le Forum et ils vont retourner là-bas. Ce n’est pas distinct. » Il propose un slogan commun qui rassemble l’économie sociale autour du mouvement des Indignés : « Pour une économie dans les mains des 99 % »

« On est ici parce qu’on est des constructeurs, des rêveurs, on croit à l’économie sociale et solidaire. Tous les mouvements des Indignés, c’est la même chose qu’ils veulent, c’est la remise en question du modèle économie traditionnel. Et nous, ce qu’on veut, c’est que le modèle d’économie sociale et solidaire soit le modèle majoritaire. », confirme Marie-Andrée Lespérance, participante de Montréal qui occupe également la place depuis le 15 octobre.

Une microsociété mobilisée

Carminda Mac Lorin dresse un portrait enthousiaste de la microsociété mise sur pied par les Indignés au pied de la tour de la Bourse. « C’est fou de voir toutes les initiatives qui naissent et qui se mettent en place. La cuisine est une initiative concrète, visible, mais il y en a beaucoup d’autres. Il faut travailler, apprendre à discuter, à écouter, à changer d’avis. C’est un milieu tellement dynamique, mais tellement démocratique aussi. L’occupation c’est pour moi le début de quelque chose de vraiment tangible. C’est une école. C’est merveilleux de voir l’énergie qui règne, l’ouverture généralisée. On est là pour faire quelque chose ensemble. Les gens se remercient, se regardent dans les yeux. »

Toutes deux ont amené leur enfant en bas âge. « il y a plein d’enfants, des activités pour eux, un coin famille en fait. On est toutes un peu du même avis que dormir là avec des enfants, c’est froid un peu. Il y a beaucoup plus de gens qui occupent que ceux qui dorment. Il y a beaucoup de gens qui y vont à tous les jours ou qui y vont quand ils peuvent, qui sont en train de mobiliser leur réseau. » L’assemblée est un moment privilégié pour soutenir le mouvement, tous les soirs de semaine à 18h ou à 15h la fin de semaine.

Détermination

Questionnées sur la détermination qui anime les occupants, Marie-Andrée Lespérance soutient qu’« il y en a qui sont très déterminés à rester là longtemps, à rester pour l’hiver s’il le faut, qui sont en train d’écrire un guide de survie pour l’hiver. » « Même moi qui ne dors pas là, complète Carminda Mac Lorin, je me sens très déterminée. Je ne lâcherai pas. J’attends ce moment depuis longtemps et je pense qu’il y a pas mal de gens dans mon cas qui sont aussi déterminés. Depuis le moment où j’ai entendu qu’il y aurait une occupation à Montréal, j’ai regardé sur Facebook et j’ai appelé les gens autour de moi et on a commencé à faire des trucs depuis le premier instant et on n’a pas arrêté une seule seconde. »

Oct 172011
 

Du 13 au 15 octobre, les coopératives de travail se sont réunies à Québec dans le cadre du Congrès nord-américain de la coopération du travail, précédé d’un congrès spécial sur la transmission d’entreprises aux employés. Interrogé en marge de l’événement, Alain Bridault, président de la Fédération canadienne des coopératives de travail (FCCT/CWCF) dresse un portrait inquiétant du défi qui attend le mouvement coopératif au cours de la prochaine décennie.

Nicolas Falcimaigne, journal Ensemble : M. Bridault, pourquoi avez-vous convié les coopératives de travail à un congrès spécifique sur la transmission d’entreprise aux employés ?

Alain Bridault, FCCT/CWCF : Nous avions vraiment pour objectif de réveiller le monde en disant : « écoutez, on sait qu’il y a un tsunami qui s’en vient de 200 000 entreprises au Canada qui vont changer de main d’ici 20 ans. »

Normalement, il n’y a jamais de problème pour la transmission d’entreprise parce que ça se fait régulièrement, mais la génération des papy-boomers va prendre sa retraite. Comme c’est la génération la plus populeuse, cela va créer une espèce de courbe en cloche, dont la pointe devrait être vers 2018, 2020.

C’est comme un raz-de-marée qui va arriver, parce que le mode traditionnel de transmission d’entreprise ne suffira pas. Le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’exportation (MDEIE) évalue à 55 000 le nombre d’entreprises québécoises qui vont changer de main dans les 10 ou 15 ans, et il va manquer 25 000 repreneurs. C’est ça l’enjeu.

Et moi je dis : « non, il ne manquera pas 25 000 repreneurs. Parce que les employés sont là, ou la population locale si c’est un petit magasin, la dernière épicerie ou la dernière station service qui disparait, ou la quincaillerie. » Oui, il y a des repreneurs. Ce ne sont pas les repreneurs habituels, mais ils sont là potentiellement. Les employés ont intérêt à conserver leur travail.

N.F. : S’il y a des repreneurs, où est le problème ?

A.B. : Cela se fait sous forme de coopérative, et la formule est mal connue. Même au Québec, la région la plus coopérativisée en Amérique du Nord, elle est mal connue. Ce qu’on connaît, c’est les caisses populaire, les coop de consommation, les coop agricoles, mais la formule de coop de travail n’est vraiment pas connu.

Il y a déjà eu des expériences extraordinaires de transmission d’entreprise, mais beaucoup plus en Europe et en Argentine. Tout à coup, avec l’énorme crise qui a frappé l’Argentine, les patrons ont carrément quitté tous les CA et ce sont les employés qui ont repris les entreprises sous forme de coop. Le film The Take le présente bien.

N.F. : Voyez-vous ce phénomène comme une opportunité de transformer l’économie du Québec ?

A.B. : C’est non seulement une opportunité, mais c’est une obligation morale. On ne peut pas se permettre de laisser tomber les régions. C’est surtout en région, parce qu’en ville ça paraît moins une entreprise qui ferme. En région, ça peut être des catastrophes, ça peut être le seul employeur du village qui ferme. Si on ne fait rien, on est irresponsables socialement. Il faut se préparer à ce tsunami. On a les éléments de réponse, on sait comment il faut faire, mais il faut mettre tout un dispositif en place parce que ça va être  des centaines de cas qui vont arriver chaque mois quand on va être à la pointe de la vague.

Si on n’a pas tout un dispositif d’accompagnement, des fonds spéciaux, on risque d’avoir une catastrophe économique et sociale terrible. On a cette responsabilité d’y répondre. On a quelques cas déjà au Québec qui sont merveilleux. Promo plastik, sur la rive Sud, qui fait les petits bonhommes carnaval, c’est une transmission d’entreprise partielle. On a Électro coop, à Rimouski, avec une trentaine d’électriciens. Toutes les coopératives d’ambulanciers, les paramédics, sont des rachats d’entreprise et coopérativisation par les travailleurs. Mais ce sont quelques cas peu connus.

Les coop de travail se sont développées en France, en Italie et en Espagne. Il y a des dizaines de milliers de coopératives dans ces trois pays européens. Des cas magnifiques de transmission d’entreprise saine, beaucoup plus avancés que nous, nous ont été présentés pendant le congrès. C’était ce qu’on voulait montrer. On prend les enseignements d’ailleurs pour mieux réussir.

Une fois l’entreprise transformée en coop, il faut la gérer. C’est tout un apprentissage, la gouvernance. C’est un changement culturel complet. Pour les employés, arriver à se transformer en patron collectif ne se fait pas en criant : « lapin ». Au Canada, ça pourrait être un million d’emplois qui disparaissent.

N.F. : L’alternative, c’est la fermeture ou le rachat par des intérêts étrangers. Qu’est-ce qui vous inquiète le plus ?

A.B. : Les deux. C’est certain que les requins, les compagnies américaines, ou d’autres régions, c’est leur stratégie. Ils rachètent des concurrents pour l’achalandage. Ils rachètent et ils ferment l’entreprise. On a vu des cas dans la région de Québec, c’est une menace directe.

Et s’il n’y a pas de repreneur, le patron lui-même sera victime parce qu’il ne pourra pas vendre. Au moins, en vendant aux employés, il va retrouver ses billes. Tout le monde est perdant s’il n’y a pas de repreneur.

Ça va coûter beaucoup d’argent. Ça prend une expertise. Il faut accompagner un processus qui est complexe. Il faut transférer non seulement les avoirs, l’argent, mais ce n’est pas seulement ça la problématique de transmission. Il faut aussi transférer les savoirs. Le problème, ce sont les savoirs entre les deux oreilles du propriétaire dirigeant. Si on ne le transfère pas, l’entreprise ne fonctionnera pas. C’est ce qui fait la différence. La connaissance du réseau de fournisseurs, comment fonctionne son marché, les savoirs-faire du métier, les pratiques de gestion de ce type d’entreprise-là, ses réseaux personnels et ce sont des informations qui souvent ne sont pas écrites.

Un entrepreneur, c’est toujours un acteur social. Il ne peut arriver à fonctionner que dans la mesure où il arrive à mobiliser un paquet de ressources autour de lui, qui sont des ressources physiques, financières, mais aussi intellectuelles, informationnelles. Cette capacité-là, elle n’est jamais écrite, et c’est ça qu’il faut arriver à transférer. Et puis il y a toute la problématique de transférer les pouvoirs, parce que 95 % sont des petites et moyennes entreprises, de gestion paternaliste, qu’il faut tout à coup gérer collectivement. Ça prend beaucoup d’argent. Avant le contrat de vente, il y a énormément de travail à faire. On a des réseaux existants, mais il va falloir mettre sur pied un dispositif spécial pendant une dizaine d’années.

N.F. : Les Coopératives de développement régional (CDR) auront donc un rôle important à jouer.

A.B. : Oui mais il y a onze CDR, et ce sont des petites équipes. Ils ne fourniront pas. Même le réseau des 120 CLD ne suffira pas. Quand les cas vont tomber par centaines, il va falloir cesser les chicanes de territoire et que tout le monde travaille ensemble pour faire un task force national au niveau du Québec et dans chaque province.

La vague n’est pas partie encore, mais il faut s’y préparer à l’avance parce qu’il faudra plusieurs années pour mettre en place ce dispositif avant que la courbe monte et que l’on voit les premiers dégâts. On a trois ou quatre ans au maximum. Dans très peu de temps il va falloir avoir des capitaux à la disposition. On a besoin d’un fonds de développement coopératif dédié à cette question-là pour pouvoir avoir du capital patient spécifiquement dédié à la transmission coopérative des entreprises.

En même temps, c’est une gigantesque occasion historique qui ne se reproduira jamais, de marquer d’un seul coup et de changer complètement l’économie, surtout celle des régions, qui peut devenir complètement dominée par les coopératives. Ça peut changer l’histoire économique du Québec et du mouvement coopératif, si on sait saisir l’occasion.

Sep 262011
 
Le conseil d’administration de la Coopérative de journalisme indépendant est formé par Dru Oja Jay, administrateur, Nicolas Falcimaigne, président, René Bougie, administrateur, Stéphanie-Élizabeth Le Sieur, secrétaire et Simon Béland, vice-président. - Photo: Nicolas Falcimaigne

Être indépendant de fortune garantit la liberté d’expression. C’est le principe qui a guidé la naissance de la presse indépendante aux XIXe et XXe siècles. Cette presse a évolué vers de grands groupes très puissants, qui font maintenant face à une crise, souvent associée à la disparition du support papier. Et si la cause était tout autre ?

Le besoin d’information n’a pas disparu avec le changement de millénaire. Avec l’arrivée d’internet, on observe même un déplacement du nombre d’heures consacrées à la télévision vers celles consacrées à naviguer sur la toile. De l’information télévisuelle passive, on passe maintenant avec les réseaux sociaux à une interactivité qui permet une animation de l’espace public sans précédent.

Ce qui a changé, c’est l’accès à une information indépendante. La concentration de la presse a fait en sorte que le propriétaire, hier indépendant et maître de sa liberté d’expression, est maintenant assis à la tête d’un empire financier. Cet empire a acquis des filiales dans plusieurs secteurs et les dirigeants ont placé leurs dividendes dans les secteurs les plus prometteurs de l’économie. Rien de plus normal : c’est ce que font toutes les entreprises qui ont du succès.

La différence, lorsqu’il s’agit d’un média, c’est que tous ces intérêts pris dans plusieurs secteurs de l’économie font en sorte que, quel que soit le sujet traité, l’entreprise de presse se retrouve en conflit d’intérêts. Comment aborder le sujet des ressources énergétiques et de leurs impacts lorsque l’on possède des intérêts dans l’exploration pétrolière et gazière ? Comment traiter de la guerre en Irak lorsque l’on investit des sommes faramineuses dans des placements à haut rendement qui s’appuient entre autres sur l’industrie de l’armement ?

Comment couvrir un conflit de travail lorsqu’on est actionnaire de l’entreprise concernée ? Quel regard porter sur les coopératives lorsqu’on incarne le système économique dominant, qu’elles remettent en question ?

On peut mettre sur papier des barrières qui garantissent l’indépendance de la salle de presse, et dans les conventions collectives des clauses qui garantissent celle des journalistes, mais dans l’esprit de ces derniers, à tout moment, leur employeur reste leur employeur. À l’externe, l’apparence de conflit d’intérêts, consciemment ou non, nourrit le cynisme des lecteurs et des citoyens envers les médias d’information et la sphère publique en général.

Le public se tourne alors vers des médias alternatifs ou des blogues, qui relaient parfois les positions de groupes d’intérêts sans toute la rigueur du travail journalistique. Ce secteur en émergence devra se professionnaliser pour acquérir la confiance du public.

La réponse coopérative

Pour reprendre le contrôle de leur accès à l’information, des citoyens de plusieurs régions fondent des coopératives d’information. Que ce soit de grands médias comme Alternatives économiques au niveau international, ou la dizaine de journaux régionaux coopératifs québécois, dont Le Graffici en Gaspésie et L’Indice bohémien en Abitibi-Témiscamingue sont des exemples, les initiatives se multiplient.

Leur indépendance est encore tributaire de leur structure de propriété, qui doit reposer sur des membres pour qui la coopérative représente un intérêt majeur.

Des membres journalistes

En fondant la Coopérative de journalisme indépendant, éditeur du journal Ensemble, nous avons choisi d’en faire une coopérative de producteurs dont les membres sont les journalistes. En inversant la structure habituelle, nous remettons la qualité de l’information au centre des préoccupations de l’entreprise de presse.

Comme son nom l’indique, c’est ensemble que nous réussirons à créer ce nouveau média, dédié à améliorer l’accès des citoyens à l’information, notamment sur les coopératives et sur l’économie sociale et solidaire. Tous les acteurs préoccupés par cet enjeu peuvent participer en adhérant comme membres auxiliaires lecteurs ou annonceurs, en s’abonnant et en abonnant leur entourage à cette édition mensuelle exclusive, en réservant des placements publicitaires et en souscrivant des parts privilégiées au montant de leur choix.

Parce qu’ensemble, on va plus loin.

Surveillez les activités de lancement, qui seront annoncées sur www.journalensemble.coop

Sep 262011
 

Être indépendant de fortune garantit la liberté d’expression. C’est le principe qui a guidé la naissance de la presse indépendante aux XIXe et XXe siècles. Cette presse a évolué vers de grands groupes très puissants, qui font maintenant face à une crise, souvent associée à la disparition du support papier. Et si la cause était tout autre ?

Le besoin d’information n’a pas disparu avec le changement de millénaire. Avec l’arrivée d’internet, on observe même un déplacement du nombre d’heures consacrées à la télévision vers celles consacrées à naviguer sur la toile. De l’information télévisuelle passive, on passe maintenant avec les réseaux sociaux à une interactivité qui permet une animation de l’espace public sans précédent.

Ce qui a changé, c’est l’accès à une information indépendante. La concentration de la presse a fait en sorte que le propriétaire, hier indépendant et maître de sa liberté d’expression, est maintenant assis à la tête d’un empire financier. Cet empire a acquis des filiales dans plusieurs secteurs et les dirigeants ont placé leurs dividendes dans les secteurs les plus prometteurs de l’économie. Rien de plus normal : c’est ce que font toutes les entreprises qui ont du succès.

La différence, lorsqu’il s’agit d’un média, c’est que tous ces intérêts pris dans plusieurs secteurs de l’économie font en sorte que, quel que soit le sujet traité, l’entreprise de presse se retrouve en conflit d’intérêts. Comment aborder le sujet des ressources énergétiques et de leurs impacts lorsque l’on possède des intérêts dans l’exploration pétrolière et gazière ? Comment traiter de la guerre en Irak lorsque l’on investit des sommes faramineuses dans des placements à haut rendement qui s’appuient entre autres sur l’industrie de l’armement ?

Comment couvrir un conflit de travail lorsqu’on est actionnaire de l’entreprise concernée ? Quel regard porter sur les coopératives lorsqu’on incarne le système économique dominant, qu’elles remettent en question ?

On peut mettre sur papier des barrières qui garantissent l’indépendance de la salle de presse, et dans les conventions collectives des clauses qui garantissent celle des journalistes, mais dans l’esprit de ces derniers, à tout moment, leur employeur reste leur employeur. À l’externe, l’apparence de conflit d’intérêts, consciemment ou non, nourrit le cynisme des lecteurs et des citoyens envers les médias d’information et la sphère publique en général.

Le public se tourne alors vers des médias alternatifs ou des blogues, qui relaient parfois les positions de groupes d’intérêts sans toute la rigueur du travail journalistique. Ce secteur en émergence devra se professionnaliser pour acquérir la confiance du public.

La réponse coopérative

Pour reprendre le contrôle de leur accès à l’information, des citoyens de plusieurs régions fondent des coopératives d’information. Que ce soit de grands médias comme Alternatives économiques au niveau international, ou la dizaine de journaux régionaux coopératifs québécois, dont Le Graffici en Gaspésie et L’Indice bohémien en Abitibi-Témiscamingue sont des exemples, les initiatives se multiplient.

Leur indépendance est encore tributaire de leur structure de propriété, qui doit reposer sur des membres pour qui la coopérative représente un intérêt majeur.

Des membres journalistes

En fondant la Coopérative de journalisme indépendant, éditeur du journal Ensemble, nous avons choisi d’en faire une coopérative de producteurs dont les membres sont les journalistes. En inversant la structure habituelle, nous remettons la qualité de l’information au centre des préoccupations de l’entreprise de presse.

Comme son nom l’indique, c’est ensemble que nous réussirons à créer ce nouveau média, dédié à améliorer l’accès des citoyens à l’information, notamment sur les coopératives et sur l’économie sociale et solidaire. Tous les acteurs préoccupés par cet enjeu peuvent participer en adhérant comme membres auxiliaires lecteurs ou annonceurs, en s’abonnant et en abonnant leur entourage à cette édition mensuelle exclusive, en réservant des placements publicitaires et en souscrivant des parts privilégiées au montant de leur choix.

Parce qu’ensemble, on va plus loin.

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Sep 242011
 

Trois-Pistoles, journal EnsembleLe Québec est en ébullition. Depuis la vague orange qui a emporté le Bloc Québécois lors des élections fédérales du printemps, on assiste à des démissions en série au Parti Québécois et à la création de plus en plus évidente d’un nouveau parti par François Legault. Pendant ce temps, le Parti Libéral au pouvoir vit une crise de légitimité causée par de multiples apparences de collusion et les controverses concernant l’exploitation des ressources naturelles. Le citoyen à la recherche de sa démocratie retient son souffle.

Rarement a-t-on entendu autant de voix s’élever au sujet de l’enjeu pourtant crucial de la santé démocratique. - Photo: N.Falcimaigne

Rarement a-t-on entendu autant de voix s’élever au sujet de l’enjeu pourtant crucial de la santé démocratique. - Photo: N.Falcimaigne

C’est ce qui remet au goût du jour les mouvements qui militent depuis des décennies pour une réforme des institutions démocratiques. La création du Nouveau Mouvement pour le Québec, dont une assemblée publique a été tenue à Montréal le 21 août dernier, a été l’occasion pour plusieurs d’exprimer un ras-le-bol qui s’étend au-delà de la question nationale.

Rarement a-t-on entendu autant de voix s’élever au sujet de l’enjeu pourtant crucial de la santé démocratique. Pierre Curzi, François Parenteau, Daniel Breton, et l’ancien ministre libéral Benoît Pelletier, pour n’en nommer que quelques uns, ont pris la parole pour exprimer un profond malaise qui devra trouver une réponse avant, disent-ils, qu’il ne soit trop tard. Lire la suite »

Juil 032011
 

Halifax, journal EnsembleCréer des liens coop. C’est le thème du Congrès qui a réuni le mouvement coopératif canadien à Halifax du 27 au 29 juin dernier. Francophones et anglophones de partout au Canada ont consacré leur semaine à discuter ensemble de la création d’une organisation qui regrouperait tout le mouvement coopératif du Canada, sans distinction linguistique. Cette question soulève évidemment l’enjeu de la protection des minorités francophones. Le mouvement coopératif réussira-t-il à surmonter l’obstacle redouté par toute la classe politique canadienne ? Une occasion de vérifier si la coopération se passe de frontières.

« On parle ici de la création d'une nouvelle entité bilingue, qui pourrait parler d'une voix forte au niveau des gouvernements et qui pourrait mieux desservir, sans duplicata, les coopératives à travers le Canada. » - Marthe Hamelin, présidente du CCCM. - Photo: N.Falcimaigne

Les mouvements coopératifs francophone et anglophone canadiens n’avaient pas tenu un congrès conjoint depuis celui de 2008 à Winnipeg. Cette fois-ci, ce sont les membres du Conseil canadien de la coopération et de la mutualité (CCCM), de l’Association des coopératives du Canada (ACC), du Conseil coopératif acadien de la Nouvelle-Écosse (CCANÉ) et du Nova Scotia Co-operative Council (NSCC) qui ont délibéré ensemble. Lire la suite »

Juil 032011
 

Créer des liens coop. C’est le thème du Congrès qui a réuni le mouvement coopératif canadien à Halifax du 27 au 29 juin dernier. Francophones et anglophones de partout au Canada ont consacré leur semaine à discuter ensemble de la création d’une organisation qui regrouperait tout le mouvement coopératif du Canada, sans distinction linguistique. Cette question soulève évidemment l’enjeu de la protection des minorités francophones. Le mouvement coopératif réussira-t-il à surmonter l’obstacle redouté par toute la classe politique canadienne ? Une occasion de vérifier si la coopération se passe de frontières.

Les mouvements coopératifs francophone et anglophone canadiens n’avaient pas tenu un congrès conjoint depuis celui de 2008 à Winnipeg. Cette fois-ci, ce sont les membres du Conseil canadien de la coopération et de la mutualité (CCCM), de l’Association des coopératives du Canada (ACC), du Conseil coopératif acadien de la Nouvelle-Écosse (CCANÉ) et du Nova Scotia Co-operative Council (NSCC) qui ont délibéré ensemble.

Vers une seule organisation coopérative canadienne

La proposition d’intégrer les deux organisations nationales en une seule est le résultat de deux années de discussion menées par un comité de partenariat composé de représentants des deux organisations. Si des lignes directrices et des principes généraux de gouvernance ont été établis par ce comité, les 200 participants au congrès ont tout de même eu à discuter de nombreux éléments pour être en mesure de se prononcer en assemblée générale sur la création d’une nouvelle entité. « On parle ici de la création d’une nouvelle entité bilingue, qui pourrait parler d’une voix forte au niveau des gouvernements et qui pourrait mieux desservir, sans duplicata, les coopératives à travers le Canada. On a eu beaucoup de résolutions et d’amendements, mais je pense que les membres, puisque nos membres des conseils provinciaux étaient très informés, sont prêts à faire un pas et à consacrer tous leurs efforts à l’année 2012, qui sera une vitrine pour les coopératives à la grandeur du Canada. », précise Marthe Hamelin, présidente du CCCM.

Claude Gauthier, président de l’ACC, tout aussi enthousiaste, admet qu’il y a encore du chemin à faire. « Il faut être patients et s’assurer qu’on comprend bien les étapes à franchir. Il va falloir travailler sur ce que nos membres et notre communauté nous disent, en regard de ce qu’on propose et qui est un projet très global pour l’instant. La prochaine étape, c’est d’ajuster les détails définitifs en fonction de ce qu’on a appris et compris. C’est à nous d’ajuster le projet pour être sûrs qu’on rejoint une bonne majorité de notre membership. »

Du côté du comité de partenariat, on salue le chemin parcouru. « J’ai participé au comité de partenariat et je vois qu’il y a eu beaucoup de travail de fait, reconnaît Hélène Simard, présidente du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM). Pour mieux se connaître, pour comprendre les organisations, les cultures organisationnelles, et essayer de bâtir, dans une perspective d’avenir, dans le respect des communautés et de l’identité des deux institutions fondatrices. »

La nouvelle génération de coopérateurs semble déjà avoir relégué les clivages linguistiques au rang de reliques du passé. Victoria Morris, présidente du National Youth Caucus de l’ACC, pense qu’il est temps de passer à autre chose. « Nous voulons dépasser le paradigme de réalités séparées pour travailler ensemble. Parce que nous voyons qu’il y a plus d’opportunités à créer quelque chose de plus grand. »

Au nombre des six grandes coopératives dont dépendra la nouvelle organisation, et qui s’y verront confier un siège, le Mouvement Desjardins, premier groupe financier au Québec, est favorable au regroupement et entend y assumer un leadership actif. « Nous y voyons beaucoup d’avantages parce que, simplement de faire comprendre aux Canadiens et aux Canadiennes les avantages du modèle coopératif, ça prend une organisation forte et Desjardins est prête à mettre ses billes, confirme Clément Samson, membre du conseil d’administration à titre de président du Conseil des représentants de Québec-Ouest et Rive-Sud. C’est au nom de nos valeurs, parce qu’on partage les mêmes valeurs à l’échelle canadienne, les valeurs coopératives, et on partage notamment celle de l’intercoopération, où on met ensemble des coopératives de moins grande taille et de plus grande taille, et nous sommes conscients qu’on a un rôle à jouer. On voit ça d’un bon œil de pouvoir partager autour d’une seule table nos défis et nos ambitions. »

Débats linguistiques dans le berceau de l’Acadie

Le gouvernement néo-démocrate de la Nouvelle-Écosse, province anglophone qui est aussi le berceau de l’Amérique française, a probablement délégué pour cette occasion son plus fervent francophile. C’est le ministre des Finances, Graham Steele, qui s’est adressé aux coopérateurs, principalement dans un  français impeccable. Interrogé en marge de l’événement, celui qui a la responsabilité des caisses populaires admet s’être lui-même questionné sur la pertinence de garder deux organisations différentes dans la même province. « Le Conseil coopératif acadien est assez petit, et basé à Chéticamp, il est un reflet de l’histoire de cette région, explique-t-il. Peut-être qu’ils ont peur de perdre la nature francophone de leur organisation s’il y a une fusion avec le réseau anglophone. Ici la population acadienne est seulement 3%, située dans des communautés isolées, et il y a toujours la crainte d’être assimilée dans un océan anglophone. C’est une question intéressante, la question de l’unité, qui va être posée au congrès, non seulement en Nouvelle-Écosse mais également au pays, de fusionner ces deux organismes. »

Cette crainte trouve son écho chez les plus jeunes générations. Mélissa Basque fait partie du Comité consultatif jeunesse créé par la Fédération des caisses populaires acadiennes. C’est sa passion pour les coopératives qui l’a amenée à s’engager dans sa communauté de Tracadie-Sheila. « C’est sûr qu’on est toujours un peu inquiets. Quand tu vis près des Anglais, tu t’aperçois que, parfois, ils essaient de tirer la couverture un peu plus vers eux. Tu as toujours peur de perdre ta langue parce qu’on est minoritaires, ils sont beaucoup plus nombreux que nous. Tu as peur qu’ils se lèvent debout et qu’ils disent : « Nous autres, ont est beaucoup plus nombreux. On a le droit à ça, à ça et ça, pis vous autres vous êtes moins, fait que vous avez le droit à moins. » Surtout que nous, la jeunesse, on a un droit de vote au CCCM, et eux ne l’ont pas au CCA. On a peur de perdre ça aussi. On a tout le temps peur qu’ils essaient de prendre le dessus. Un Français, quand il rencontre un Anglais, la première chose qu’il fait c’est qu’il parle anglais. Il change sa langue et il parle anglais. Tu as toujours peur de te faire assimiler, c’est toujours une inquiétude. »

Marco Plourde, président des jeunes coopérateurs et mutualistes du Canada, est aussi le responsable du Comité consultatif jeunesse des Caisses acadiennes. Il confirme que les délégations jeunesse du CCCM et de l’ACC n’ont pas les mêmes pouvoirs. « On ne veut pas perdre nos acquis, parce qu’on s’est quand même mobilisés pour avoir le poste qu’on a présentement, qui n’existe pas du côté anglophone. Donc si les deux organisations se marient pour former une nouvelle entité, c’est sûr qu’on ne veut pas perdre ça. Les mentions qui ont été faites hier d’avoir deux postes jeunesse correspondent à qu’on voulait : avoir un représentant francophone et un représentant anglophone qui siègent au niveau du conseil d’administration pour apporter la diversité des deux côtés parce que c’est pas toujours pareil mais ça prend quand même une bonne information. »

Autre génération, même son de cloche. Coopérateur d’expérience, Marcel Garvie est président de Coop Atlantique et administrateur de l’ACC. « J’ai des inquiétudes parce que ça fait déjà 18 mois qu’on brasse cette idée-là, et d’entendre qu’une des organisations nationales se dit pas prête et dit vouloir aller consulter encore ses membres, c’est toujours un peu inquiétant. Est-ce qu’il y a anguille sous roche ? Pourquoi retarder indéfiniment ? En tant que président Coop Atlantique, je suis le seul représentant d’un organisme officiellement bilingue. Nous, on vit ça au quotidien, au Nouveau-Brunswick, cette méfiance entre les deux groupes linguistiques. Je ne suis pas surpris de la voir au niveau national. Rappelons-nous tout simplement l’échec du Lac Meech, par exemple. Au début, on était tous d’accord avec le principe général, ensuite on s’est mis à faire des caucus dans les chambres, et puis un beau matin, on s’est rendus compte que les anglophones ne voulaient plus embarquer. C’est ce qui risque d’arriver, c’est un danger réel. »

Interrogés sur la protection des minorités linguistiques, les présidents du CCCM et de l’ACC affirment avoir à cœur la représentation de la diversité. Mme Hamelin pense « que le conseil d’administration va s’assurer que, même si les grandes coopératives francophones et anglophones sont représentées et ont des sièges au conseil d’administration, la diversité de l’est à l’ouest, en français et en anglais, sera à la table. Les petits n’ont pas à s’inquiéter, je pense qu’ils auront une place et on leur fera une place. » Pour M. Gauthier, au-delà des structures, la question linguistique doit trouver sa réponse dans l’engagement des membres. « L’intention aujourd’hui est très claire, mais avec les années, quand les gens se remplacent, la dynamique change. Si la communauté francophone perd de vue ce besoin-là elle-même, les gens qui la représentent vont mettre moins de priorité là-dessus. Ça dépend entièrement de la communauté francophone. Il faut qu’elle continue à jouer son rôle et d’être claire. »

Hommages et distinctions

Le gala tenu lors du congrès a été l’occasion pour le mouvement coopératif de reconnaître les efforts d’individus qui se sont investis dans plusieurs réussites collectives. L’Ordre du mérite coopératif et mutualiste canadien a été remis à Raymond Doucet, Camille Thériault et Paul Cabaj. Le Nova Scotia Distinguished Co-operator Award a aussi été remis à Dr. Greg MacLeod.

Bill Lyall, président de Arctic Co-operatives Limited, a prononcé un vibrant témoignage.
Photo: N.Falcimaigne

Le président de Arctic Co-operatives Limited, Bill Lyall a pour sa part reçu le Canadian Co-operative Achievement Award. Laurette Deveau, qui a été directrice du Conseil coopératif acadien de la Nouvelle-Écosse, a vu son engagement reconnu dans les deux langues par l’Ordre du mérite coopératif et mutualiste canadien et le Nova Scotia Distinguished Co-operator Award.

Pour la première fois, le Global Co-operator Award de l’ACC a été décerné à une organisation, Gay Lea Foods Co-operative, plutôt qu’à un individu. Une façon de souligner que la coopération mène à des réussites avant tout collectives.

Ont également été introduits au Temple de la renommée coopérative canadienne, Thomas Edgar Brady (1917-2005), qui a activement participé à l’émergence du mouvement coopératif dans l’est de l’Ontario et occupé des postes de direction dans ce qui est maintenant devenu Gay Lea Foods, Allister Marshall (1928-2005), administrateur du Scotian Gold Co-operative et directeur de Co-op Atlantic, ainsi que Benjamin Voth (1926-2010), pionnier dans le mouvement des caisses de Colombie britannique et administrateur de East Chilliwack Credit Union (devenu First West Credit Union).

Le gala tenu lors du congrès a été l’occasion pour le mouvement coopératif de reconnaître les efforts d’individus qui se sont investis dans plusieurs réussites collectives.
Photo: N.Falcimaigne

Juin 302011
 

Lelystad, journal EnsembleFlevoland, Pays-Bas. Les moulins à vent ne servent pas qu’à moudre le grain. Symbole de la Hollande, ils sont littéralement à l’origine de ce pays d’Europe du Nord, tel qu’on le connaît aujourd’hui. En fournissant l’énergie nécessaire à pomper la mer hors des marais, ils ont permis l’émergence des polders et la transformation de ce littoral humide en territoire. C’est aussi un vent d’interdépendance et de coopération qui a rendu possible la création des premiers polders dès le Moyen-âge. Il s’y bâtit depuis le XXe siècle le cœur de l’Europe économique. Quelques pas sur l’improbable Nouveau Monde du Vieux Continent.

La digue qui relie Lelystad à Enkhuizen divise en deux la mer intérieure, Zuiderzee, et constitue un axe routier important entre l’Est et l’Ouest des Pays-Bas. - Photo: N.Falcimaigne

Le musée Nieuwland de Lelystad raconte cette histoire fascinante, où l’aménagement du territoire prend son sens le plus extrême. Henk Pruntel, chercheur au musée, explique que c’est avec l’apparition de la machine à vapeur, au XIXe siècle, que de grands projets commencent à devenir réalistes. On projette alors de refermer Zuiderzee, la mer intérieure, et d’en faire émerger plusieurs polders modernes. Une énorme tempête, en 1916, et la nécessité d’améliorer la sécurité alimentaire des Pays-Bas, victimes de blocus pendant la Grande Guerre, ont insufflé la volonté politique nécessaire pour passer aux actes. Les digues seront toutefois détruites par les Allemands pendant la Deuxième Guerre mondiale, causant des inondations dévastatrices. Lire la suite »

Juin 092011
 

Bruxelles, journal EnsembleLa Cour d’appel de Bruxelles a confirmé, le 5 mai dernier, le jugement intervenu en première instance en 2007, qui condamnait les pratiques de reproduction illégales en matière de droit d’auteur, de parties significatives d’articles de presse sur Google Actualités Belgique. Cette victoire de la presse doit beaucoup à la Société coopérative à responsabilité limitée Les Journaux Francophones Belges (JFB).

Le Soir, grand quotidien bruxellois, est membre de la coopérative des Journaux francophones belges (JFB). - Photo: N.Falcimaigne

Le Soir, important quotidien bruxellois, est membre de la coopérative. Son directeur général, Didier Hamman, voit dans le jugement une importante victoire collective. « Nous avons fait école dans l’ensemble du monde », s’exclame-t-il, avant d’ajouter que la protection des sources est un autre front sur lequel s’exerce la vigilance de la coopérative.

« Notre action a contribué au vote de la loi sur le secret des sources de 2005 qui est une des plus protectrices des droits des journalistes, renchérit Catherine Anciaux, juriste chez JFB. Nous avons pu, à différentes reprises, arrêter des projets de loi ou d’autres mesures dont les effets auraient pu être dramatiques pour le secteur. L’action menée contre Google a permis la reconnaissance officielle, à deux reprises déjà, des droits des éditeurs de presse sur leurs contenus et l’obligation d’une autorisation préalable avant l’utilisation de ceux-ci par des tiers. » Lire la suite »

Mai 142011
 

La présidente de Solidarité rurale du Québec n’a pas froid aux yeux. Heureusement. La coalition qui fête ses vingt ans cette année contemple avec perplexité les cadeaux du présent : gaz de schiste, pétrole, mines, crise forestière, crise agricole, crise des institutions démocratiques, le tout emballé dans un papier parfumé d’indifférence.
«Tout ce que les ruraux ont obtenu au fil des ans, ils l’ont obtenu à force de batailles. Il n’y a jamais eu de cadeau», confie-t-elle. Lucide et déterminée, c’est sur une expérience de militantisme à la dure qu’elle fonde son idéalisme. Claire Bolduc inspire une force tranquille qui rappelle les Chartrand qui ont fait l’histoire du Québec.

Solidarité rurale, une coalition

D’entrée de jeu, elle rappelle le vaste mouvement collectif qui a donné naissance à Solidarité rurale en 1991, sous le leadership de Jacques Proulx. «On perdait entre 30 et 50 fermes par semaine, et ils se sont aperçus que c’était la ruralité au complet qui était en difficulté.»

Réunis lors des États généraux du Monde rural, des organisations variées, allant du Mouvement Desjardins à l’Union des producteurs agricoles (UPA), en passant par les commissions scolaires, ont adopté la Déclaration du monde rural et fondé la coalition Solidarité rurale du Québec.

Puis il y a eu la bataille pour le maintien des bureaux de poste de village, la bataille pour le maintien des petites écoles et pour la diversification de l’économie rurale. «Dans un contexte où on parlait de mondialisation, de globalisation, de production de masse, Solidarité rurale s’est mis à parler de produits du terroir, de produits distinctifs, de produits de niche.»

En 1997, la coalition était reconnue en tant qu’instance conseil auprès du gouvernement en matière de ruralité, ce qui a mené à l’adoption des deux premières Politiques nationales de la ruralité. Le gouvernement ne venait-il pas d’apprivoiser le chien de garde? Mme Bolduc est catégorique: «Si, pour avoir les moyens d’agir, tu te prives de ton droit de parole, tu viens de te priver de ta raison d’agir, de ta légitimité d’agir.»

Elle concède qu’il était parfois un peu dérangeant pour une commission scolaire de se faire dire par quelqu’un d’autre: «Vous ne pouvez pas fermer la dernière école de village», mais que c’est ça une coalition. «Si on s’arrête aux intérêts corporatifs et aux intérêts particuliers, on arrête de se battre pour un objectif plus grand.»

Claire Bolduc se défend bien d’être sans peur. Ce qui l’inquiète le plus, actuellement, c’est l’indifférence des citoyens. Les gens sont craintifs. Ils acceptent de perdre beaucoup collectivement, pour maintenir un petit acquis individuel. «Pour avoir des jobs pendant dix ans, on va sacrifier un territoire pour les deux cents prochaines années, s’indigne-t-elle. Le sous-sol ne nous appartient pas au Québec. On le donne notre sous-sol! Et dans ce sous-sol là, il n’y a pas que des minéraux, du gaz et des hydrocarbures, mais il y a aussi de l’eau potable. Ça, c’est la plus grande richesse qu’on a et on est en train de la scraper.»

Face au défi de se renouveler, après vingt ans de combats et de réussites, Solidarité rurale aura donc plus de fil à retordre avec l’apathie des citoyens qu’avec la recherche d’enjeux mobilisateurs, ceux-ci étant nombreux. La coalition pourra compter sur la conviction d’une femme libre et déterminée. À ses côtés, la peur fait place à la saine colère qui amène le changement.

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l'Avenir, a présenté L'Écho de L'Avenir à la presse. Photo: N.Falcimaigne

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l’Avenir, a présenté L’Écho de L’Avenir à la presse.
Photo: N.Falcimaigne

Cet article fait partie du journal spécial L’Écho de L’Avenir, réalisé dans le cadre de l’événement Ruralia et publié dans Le Devoir du samedi 14 mai 2011, organisé par Solidarité rurale du Québec (SRQ). Si le journal est un hebdo fictif inventé pour le village fictif de Saint-Ailleurs, qui était le salon de la ruralité, les articles qu’il contient sont tous de bien réels articles de journalisme indépendant portant sur des nouvelles réelles et répondant aux standards élevés de la Coopérative de journalisme indépendant.