Trente secondes. La trotteuse est passée du cinq au onze. Temps d’infusion. Le thé vert emplit la petite tasse antique anglaise. Rencontre de la tradition senchado et du commerce impérial britannique, les deux extrêmes manifestations de cette plante mythique. Équilibre. Sur le clavier se tapotent bientôt de nouveaux mots dans le matin esquissé de ce timide printemps rimouskois. La cloche de l’église voisine. Temps nouveau qui sonne son arrivée.
Huit années frénétiques passées à courir entre les cuves de brassage, les manutentions, les gestions et les imprévus quotidiens. À peine quelques mots gribouillés pendant tout ce temps. Ils étaient destinés à des promotions, des plans d’actions, des communications, des plans de formation, des demandes de subvention et des procédures. Au mieux se sont-ils dégourdis sur d’éphémères étiquettes de bière au taux de lecture anémique, que vous retrouverez ici, ici, ici, ici et là puis encore ici, là et ailleurs.
Une décennie, si l’on compte les balbutiements du projet qui ont lancé l’année 2015 sur la voie des plans d’affaires et des intensifs tests de recettes. Une décennie qui en a valu plusieurs. Démarrage d’une entreprise à deux têtes : bistro et usine aux personnalités fortes. Passage de la bouteille à la canette. Échec d’un distributeur, puis faillite d’un autre, et fraude subie chez le suivant. Pandémie, invention précipitée d’un restaurant pour avoir le droit d’être ouvert. Pénurie de la main d’œuvre. Inflation, fièvre des taux d’intérêts, instabilité des approvisionnements. Perte de pouvoir d’achat de la population. Guerre des prix menée par les multinationales. La faillite est finalement survenue avant le choc de l’aluminium. Sauvés.
Un quart de siècle, qui s’achève en quelques événements. Publication du premier roman. Départ des enfants. Rencontre de l’être aimée. Vente de la maison presque bicentenaire. Déménagements. Achat du gîte et des appartements. Nouvelle entreprise. Fermeture de la brasserie. Retour à l’enseignement et à l’écriture. Quitter Trois-Pistoles. Rimouski.
L’instant présent. C’est lui, le plus important. Celui de la rencontre avec les mots. Enfin de retour au clavier pour vous, public avide de lecture! L’écrivain-brasseur brassera dorénavant plus de mots que de ce vert houblon dont le plant ancestral a été replanté ici dans la cour! Ce printemps des mots qui se lève comme une petite brise saline et embrumée sous la marée montante. Suite du premier roman, mandats d’écriture, d’édition et de rédaction, enseignement. Je vous y attends.