Veuillez noter que cet article, publié à l’occasion du premier avril 2011, est une fiction, tout comme plusieurs autres articles publiés dans les journaux ainsi que le veut la tradition. Les faits relatés n’ont pas eu lieu. Nous remercions les personnalités publiques réelles auxquelles le texte fait référence pour leur aimable compréhension.
Le candidat conservateur de Brossard – La Prairie, Maurice Brossard, a annoncé ce matin l’engagement de son parti pour la construction d’un nouveau pont Champlain réalisé en partenariat public-privé (PPP) coopératif. Le parti de Stephen Harper a créé la surprise en prenant une décision aussi rapide après la publication du rapport du consortium de firmes de génie-conseil, dont les recommandations étaient clairement en faveur d’un PPP.
Ce consortium, qui réunit BPR, Cima+, Dessau et Egis, a rejeté le mode de réalisation traditionnel (public) et le mode design-construction, considérant qu’un PPP confie la responsabilité de l’entretien à long terme aux partenaires de la construction, lesquels auraient donc intérêt à soigner la conception.
M. Brossard a soutenu qu’en choisissant la solution coopérative, son équipe souhaitait aussi « susciter l’engagement de la communauté d’utilisateurs dans le projet à long terme ». Il a expliqué que le partenariat regrouperait à parts égales les deux paliers de gouvernement, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), deux firmes privées et une coopérative d’utilisateurs.
Avantages financiers et démocratiques
La souscription de parts sociales par les utilisateurs du pont (automobilistes, compagnies de transport routier, usagers du transport en commun) rendrait ceux-ci éligibles à d’avantageux tarifs membres, ainsi qu’à une représentation au comité de gestion du projet. Par ailleurs, cette structure assurerait la mainmise des citoyens sur les deux tiers du projet, soit par le truchement de la coopérative, soit par celui de leurs élus.
Questionné sur le fait qu’habituellement, une coopérative est créée par et pour les citoyens plutôt que par l’État, le candidat Brossard a reconnu que la démarche est audacieuse, mais qu’il faudra s’y habituer. En effet, a-t-il dit, « un gouvernement conservateur remettra le citoyen à l’avant plan, en lui permettant d’exercer un pouvoir sur le développement de son milieu. Dans des dossiers d’une telle envergure, c’est à l’État de l’y inviter ».
« Un gouvernement conservateur remettra le citoyen à l’avant plan. »
Maurice Brossard, candidat conservateur Brossard – La Prairie
Évalué à six milliards $, le coût de construction partagé à parts égales représenterait pour la coopérative une charge d’un milliard $. Une fois cette charge répartie entre les 165 000 véhicules et les 18 000 passagers quotidiens, c’est donc une moyenne de 5 000 $ qu’il faudrait souscrire en parts sociales pour devenir membre. Pour favoriser l’adhésion des membres, le plan conservateur propose d’étaler le versement sur dix ans et de proposer un abonnement avantageux aux titres de transport ou de passage pour la même période.
« Pour un investissement de 45 $ par mois, le nouveau pont Champlain devient votre pont, pour la vie, et un héritage à transférer à vos enfants », s’est enflammé M. Brossard, tout en précisant que les tarifs de péage offerts aux non-membres seraient deux fois plus élevés que ceux dont bénéficieraient les membres. Le plan d’affaire n’étant pas complété, le candidat n’a pas pu préciser comment se déclineraient ces tarifs.
Vers un bras de fer intergouvernemental ?
Du côté de l’État, c’est donc un engagement d’un milliard que viennent d’annoncer les Conservateurs. La structure proposée semble impliquer que Québec augmente sa participation au-delà de ce qui est prévu par la constitution. Selon le partage des compétences, la responsabilité provinciale pour ce projet est limitée à l’emprise du transport en commun. Le premier ministre sortant, Stephen Harper, qui a déjà contrarié Québec en promettant hier une aide financière au projet du Bas-Churchill, s’est-il engagé anticonstitutionnellement dans une partie de bras de fer avec le gouvernement québécois ?
Le candidat Brossard fait valoir qu’il s’agit d’une situation d’urgence exceptionnelle et que le pont Champlain est le plus achalandé au Canada, avec 59,4 millions de véhicules par année, dont 8% sont des camions, qui y transportent des marchandises totalisant 20 milliards $. Ouvert à la circulation le 28 juin 1962 après cinq années de travaux, l’ouvrage s’étend sur une longueur de 3 441 mètres et enjambe la Voie maritime du Saint-Laurent avec 36,6 mètres de dégagement.
Urgence
C’est suite aux conclusions de deux études, rédigées par la firme Delcan en décembre, que le gouvernement fédéral a envisagé le remplacement du pont. Selon les experts, « les défaillances et les risques associés sont tels que le pont Champlain doit être remplacé par une nouvelle structure. Un processus rapide doit être enclenché afin que le remplacement commence le plus tôt possible. En attendant, les travaux actuels de réhabilitation doivent se poursuivre ».
Pour pousser le gouvernement conservateur à l’action, un mouvement s’est créée autour des maires de la Rive-Sud et de la Montérégie, appuyés par la chambre de commerce et d’industrie de la Rive-Sud et par la Fédération des chambres de commerce du Québec. Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, à également appuyé cette mobilisation en présentant une résolution à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), dont il est président.
« Les gens sont prêts à payer pour autant qu’il y ait des services et qu’on réduise de façon importante la congestion », affirmait M. Tremblay, ajoutant que « le pont de l’autoroute 25 a été réalisé de façon accélérée parce qu’il y a un péage. Le pont n’était pas encore opérationnel qu’il y avait déjà 15 000 abonnés ».
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Voir aussi une sélection des meilleurs poissons d’avril 2011 présentée par Vincent Grou et Florent Daudens, de Radio-Canada:
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