Le Centre de santé et de services sociaux (CSSS) des Basques a lancé la campagne de vaccination contre le virus de la grippe A(H1N1) et les professionnels de la santé ont été vaccinés en priorité le 24 octobre dernier. Le vaccin est maintenant offert aux personnes les plus vulnérables, et les centres de vaccination seront ouverts plus tard à la population en général. La vaccination est offerte sur une base volontaire et vise à contenir la propagation du virus tout en évitant les complications qu’il peut apporter.
Le CSSS des Basques invite la population à observer les mesures d’hygiène courantes, dont le lavage des mains, l’utilisation du pli du coude lors de la toux ou d’éternuements, ainsi que la distance sécuritaire de deux mètres avec les personnes qui présentent des symptômes grippaux. Afin de réduire les risques de contagion, il est recommandé aux personnes atteintes de rester chez-elles, de suivre les instructions présentées dans le Guide autosoins distribué dans tous les foyers du Québec et disponible sur le site de Pandémie Québec, et de ne consulter qu’en cas de difficultés respiratoires. Les symptômes de la grippe peuvent s’estomper au bout de 48 heures, mais la personne atteinte est contagieuse pendant une période qui peut durer sept (7) jours.
En vertu des priorités établies pour cette campagne, le vaccin est actuellement offert aux personnes atteintes de maladies chroniques de moins de 65 ans (asthme, diabète, insuffisance cardiaque, maladies pulmonaires et obstructives chroniques (MPOC), épilepsie, cancer), ainsi qu’aux femmes enceintes et aux enfants âgés de 6 à 59 mois.
Trois journées de vaccination ont eu lieu dans la MRC des Basques, le jeudi 29 octobre, le vendredi 30 octobre et le lundi 2 novembre derniers. D’autres dates de vaccination seront annoncées dès que l’approvisionnement le permettra. Au 11 novembre, c’est environ 36 500 doses de vaccin qui auront été administrées à la population du Bas-Saint-Laurent. L’Agence de santé et de services sociaux du Bas-Saint-Laurent s’attend à recevoir 10 000 doses par semaine et à compléter la vaccination de toute la population avant les fêtes.
Les responsables de la Direction de la santé publique (DSP) du Bas-Saint-Laurent, Dre Ak’ingabe Guyon, médecin spécialiste en santé communautaire, Dr Claude Gauthier, médecin conseil en maladies infectieuses et Dr Jacques Levasseur, directeur des affaires médicales, ont répondu aux questions de L’Horizon le 6 novembre dernier:
Le vaccin n’est pas contre-indiqué aux personnes ayant déjà contracté le virus. Au contraire, la Direction de la santé publique (DSP) du Bas-Saint-Laurent recommande le vaccin aux personnes qui ont eu la grippe mais chez qui il n’a pas été prouvé hors de tout doute qu’il s’agissait de la souche A(H1N1) par test de laboratoire.
La pandémie
C’est suite à l’observation d’une souche nouvelle du virus de l’influenza (grippe), en avril dernier, que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a identifié la pandémie de grippe de type A(H1N1), en juin. Selon la Dre Ak’ingabe Guyon, médecin spécialiste en santé communautaire et responsable du dossier à la Direction de la santé publique (DSP) du Bas-Saint-Laurent, une telle pandémie survient généralement tous les 30 à 60 ans, suite à l’apparition d’une souche contre laquelle la population ne possède pas encore les anticorps. C’est pourquoi le virus se transmet beaucoup plus facilement d’une personne à une autre.
Au Québec, les autorités ont mis en place dès 2006 un plan de pandémie, ce qui a permis de réagir rapidement et de lancer la production d’un vaccin en vertu d’une entente déjà établie avec la compagnie pharmaceutique GlaxoSmithKline. Ce vaccin, le seul moyen de contenir la propagation du virus, a été produit selon une méthode éprouvée, comme celui qui est préparé chaque année contre la grippe saisonnière. Il ne contient pas le virus proprement dit, mais bien une protéine qui en est extraite (hémaglutinine). Cette protéine (le H de « H1N1 »), est l’antigène qui sert à déclencher la production d’anticorps par le système immunitaire, sans aucun risque de contracter le virus.
L’efficacité du vaccin quant à la production satisfaisante d’anticorps, sa réponse immunitaire, est évaluée à 96 %. Selon la Dre Guyon, le vaccin permet d’obtenir en une dizaine de jours la même protection qu’un individu qui a déjà été atteint, sans risquer les complications liées à la maladie. En effet, bien que la souche A(H1N1) soit de sévérité modérée, elle peut occasionner certaines complications, au même titre que la grippe saisonnière chaque année. Rappelons que, au Canada, entre 4 000 et 8 000 décès par année sont attribués à la grippe saisonnière.
Le nouveau virus peut causer, dans une minorité de cas, une pneumonie virale ou bactérienne, ou une détresse respiratoire pulmonaire aiguë, qui nécessite des soins intensifs. Depuis le début de la pandémie, on dénombre au Québec 600 cas hospitalisés, dont 100 ont nécessité des soins intensifs et entraîné 28 décès, soit près de 5 % des cas hospitalisés. Dans le contexte d’un début de saison, ces statistiques seraient comparables à celles de la grippe saisonnière.
Un vaccin recommandé
Pour éviter ces complications, l’OMS et plusieurs organismes scientifiques indépendants, dont un comité d’experts indépendants du Québec, recommandent l’utilisation du vaccin homologué par Santé Canada le 21 octobre dernier. Selon ces experts, il est beaucoup plus risqué de contracter le virus que de se faire vacciner. En effet, les manifestations cliniques inhabituelles liées au vaccin sont à la fois rares et sans conséquences graves.
La Dre Guyon confirme que la vaccination peut entraîner des rougeurs, une douleur locale ou musculaire dans 10 % à 50 % des cas, voire de la fièvre et certains symptômes d’allure grippale dans 1 % à 9 % des cas, mais il est très rare (un cas pour 10 000) qu’elle occasionne des convulsions ou une diminution temporaire des cellules sanguines liées à la coagulation (plaquettes).
Exceptionnellement, comme toute injection, l’administration du vaccin peut causer un choc anaphylactique, soit une chute de pression immédiate, temporaire et heureusement réversible, que le personnel est formé pour traiter facilement sur place. C’est pourquoi on demande aux personnes qui reçoivent le vaccin de rester sous observation pendant une quinzaine de minutes.
Afin de produire des doses de vaccin contenant moins d’hémaglutinine, on ajoute un adjuvant dont le rôle est d’accélérer l’effet de la protéine. Cet adjuvant est composé d’eau, de vitamine E et de squalène, qui selon l’OMS est une substance que l’on trouve à l’état naturel dans les plantes, chez l’animal et chez l’homme. Dans l’organisme humain, elle est synthétisée dans le foie et véhiculée par la circulation sanguine. Les 27 pays de l’Union européenne administrent le même vaccin contre la grippe A(H1N1) que celui qui est disponible au Québec et ils ont administré dans le passé des dizaines de milliers de doses de vaccin contre l’influenza, qui contenaient cet adjuvant, avec l’approbation de l’OMS, sans qu’aucun risque n’y soit associé.
Comme aucun essai clinique n’a testé le vaccin contre l’influenza A(H1N1) sur des femmes enceintes, le principe de précaution a été appliqué à l’effet que celles-ci reçoivent un vaccin sans adjuvant. Toutefois, aucun effet secondaire n’a été observé chez les femmes qui ont reçu le vaccin avec adjuvant alors qu’elles étaient enceintes sans le savoir. En revanche, il a été constaté que les femmes enceintes qui contractent le virus sont de 4 à 5 fois plus à risque de subir une hospitalisation.
Pour en savoir plus
- Agence de santé et de services sociaux du Bas-Saint-Laurent
- Pandémie Québec (Guide autosoins)
- Page de l’OMS sur la pandémie
- Page de l’OMS sur le squalène
Info Santé : 8-1-1
Info campagne de vaccination : 1 877 644-4545
Personnes sourdes ou malentendantes : 1 800 361-9596