Nos voitures sont conçues pour consommer dix fois plus d’essence qu’elles le devraient. C’est ce qu’a démontré le designer industriel Jacques Bodart. Il y a vingt ans, il a conçu un véhicule, le Minigramme, qui fait 600 km avec un seul litre d’essence. Mais son prototype est resté dans l’oubli, ignoré par les autorités. Aujourd’hui, il est exposé à la Vieille école de Saint-André de Kamouraska. Notre reporter, Olivier D. Asselin, l’a rencontré dans le cadre de l’Échofête, festival environnemental de Trois-Pistoles, et de la marche de 700 km contre le projet d’oléoduc.
«Je demande à Dieu de prendre sous sa protection l’œuvre des Caisses populaires, afin qu’elle inspire à ceux qui me remplaceront l’esprit dont ils doivent être animés», disait Alphonse Desjardins peu avant sa mort en 1920. Selon Cyrille Vaillancourt, gérant de la Fédération des Caisses populaires Desjardins, ce fut «sa dernière pensée». Dans la première édition d’Ensemble!, parue en 1940 (lire aussi notre autre texte), M. Vaillancourt démontre que, déjà à l’époque, le mouvement Desjardins était à l’avant-garde de la coopération financière dans le monde, et qu’il était un exemple pour les peuples aspirant à «l’indépendance économique». Nous republions aujourd’hui intégralement cet article paru dans cette revue officielle, ancêtre du journal Ensemble, en 1940. En voici tout d’abord quelques faits saillants.
La plus grande révolution agricole depuis l’invention de la charrue prend actuellement racine dans le silence des jardins résistants, et souvent coopératifs. Ce mouvement méconnu se réunit du 18 au 20 juillet à Frelighsburg, lors de la Convergence de permaculture. La première édition québécoise de l’événement a réuni plus de 500 personnes l’an dernier. Que préparent cette fois-ci les révolutionnaires au pouce vert?
En 1940, dans sa première édition, la revue Ensemble! s’amusait de la «furie ridicule qui s’est emparée de certains intérêts effrayés par la vogue montante du coopératisme». Le Conseil supérieur de la coopération venait de voir le jour et avait organisé son premier congrès annuel de la coopération. Nous republions aujourd’hui intégralement le premier article paru dans cette revue officielle, ancêtre du journal Ensemble. C’est un texte de Gérard Filion qui pose les bases du mouvement coopératif moderne, et qui est frappant d’actualité. En voici tout d’abord quelques faits saillants.
«Au-delà du bio». Sous ses airs provocateurs, le titre du film réalisé par Olivier Asselin sur les Fermes Miracle, de Stefan Sobkowiak, illustre la largeur le champ des possibles ouvert par la permaculture. La Convergence de permaculture rassemble depuis hier à Frelighsburg plusieurs centaines de personnes. M. Sobkowiak leur explique ce matin comment organiser la coopération entre pommiers, poiriers, féviers, cassis, amélanches et laitues. Ensemble l’a rencontré après la conférence d’ouverture.
Dénichés au détour d’un champ de chanvre, pendant la Convergence de permaculture de Frelighsburg (lire notre dossier), trois jeunes entrepreneurs ont choisi la formule coopérative. Leurs trois nouvelles entreprises démarreront au cours des prochains mois, dans la région environnante. Ensemble les a rencontrés pour comprendre comment ils ont intégré les principes de permaculture et les valeurs coopératives dans leur projet d’affaires.
Après sa carrière de hockey, ils ont acheté un verger et démarré une entreprise de shampoing écologique, puis ils vécurent heureux… Le conte de fées pourrait se conclure ainsi, mais Philippe Choinière et Stacey Lécuyer Choinière ont plutôt décidé d’accueillir chez eux les centaines de personnes de la Convergence de permaculture. À une semaine d’avis, l’an dernier, ils ont accepté de prêter leur terre et leur ferme à l’événement. Cette année, ils ont récidivé avec plus de préparation. Sur leur ancien champ de soya pousse maintenant du chanvre. Ensemble les a rencontrés pour dresser le bilan de cette Convergence 2014 (lire notre dossier).
Trois-Pistoles — Un autobus blanc a déposé les enfants au bout du chemin. Les voilà qui dandinent entre les trous d’eau et qui me font des grands signes de la main, au loin. Parfois, l’autobus va jusqu’à remonter la longue allée pour les déposer au pied des marches de la galerie, lorsqu’il fait moins beau. C’est l’autobus du Transport collectif des Basques (TCB). Un ingrédient essentiel à ma vie «avec pas d’char».
Trop longtemps, je vous ai laissés sans nouvelles après le premier épisode de ce défi… mais ce temps-là a permis de mûrir les meilleures solutions pour le relever. Bientôt, je crois bien que je pourrai tenir parole et faire sortir de ma cour ce rutilant véhicule à essence qui m’a tant et si bien servi. Est-il possible de prendre l’autobus de la ville en campagne? Je l’ai testé pour vous.Lire la suite »
Le Printemps érable, un premier pas d’une longue marche? Deux ans après la plus grande crise sociale qui a marqué le Québec moderne, l’ex-porte-parole de la CLASSE (Coalition large de l’ASSÉ, Association pour une solidarité syndicale étudiante) a reçu le journal Ensemble pour jeter un regard sur le changement social et sur les enjeux soulevés par la grève étudiante. Alors que l’ASSÉ a repris la rue contre l’austérité et que le nouveau gouvernement libéral a déposé un budget résolument austère, laissant planer le doute sur une reprise de la hausse des frais de scolarité, nous publions ses propos, recueillis avant la dernière élection.
CACOUNA —Les détonations de plus de 200 décibels ont résonné dans le fleuve au large de Cacouna. Du 25 au 30 avril dernier, la compagnie TransCanada réalisait des levés sismiques en vertu d’un permis délivré par Pêches et Océans Canada. Ce sondage du fond marin est nécessaire à la construction du port pétrolier qui fait partie de son projet d’oléoduc Énergie Est, un projet encore non confirmé. Ce secteur est au cœur de la pouponnière de bélugas, dont la période de naissance se tient, en principe, début mai. Ensemble s’est rendu sur place, enkayak.
Ces travaux ont été réalisés avant toute consultation de la population, avant les assemblées du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), et surtout avant même de savoir si l’oléoduc et son port pétrolier seront bel et bien construits. De nombreux citoyens ont vertement dénoncé cette façon de faire, ainsi que le projet lui-même. Une manifestation tenue le 27 avril dernier à Cacouna a réuni près de 500 personnes dans ce village d’à peine 2000 habitants.
Ensemble s’est rendu sur le fleuve pour enregistrer les levés sismiques sous l’eau, et a interrogé plusieurs personnes présentes à la manifestation et à la soirée de présentation du projet par TransCanada. Vidéo: Nicolas Falcimaigne
Le député fédéral de Haute-Gaspésie – La Mitis – Matane – Matapédia, Jean-François Fortin, a pris part à cette marche de l’église de Cacouna jusqu’au port de mer visé par le projet. Il voit chez le gouvernement Harper «une volonté de promouvoir les projets énergétiques, mais aussi une incapacité réelle de Pêches et Océan Canada de conduire de véritables études environnementales. On a mis à la porte des scientifiques et on a fermé les laboratoires. C’est une stratégie concertée, à mon avis, qui vise à affaiblir notre capacité à réagir et à protéger notre environnement.»
La chasse au béluga
«Ce n’est que le début de manifestations et d’actions pour dénoncer ce type de travaux et les projets qui y sont associés, celui de terminal et l’autre grand projet, celui depipeline de TransCanada Énergie Est, a prévenu Christian Simard, directeur général de Nature Québec. La loi sur les espèces en péril interdit de chasser le béluga. Chasser, ça veut dire aussi « le harceler, le prendre, le menacer, le poursuivre ». Actuellement, TransCanada a ouvert la chasse au béluga du Saint-Laurent. C’est interdit et ça ne doit pas se faire.»
Près de 500 personnes ont manifesté contre le projet de terminal pétrolier de TransCanada à Cacouna, le 27 avril dernier. Photo: Nicolas Falcimaigne
Un représentant de TransCanada chargé des études d’impact environnemental a confirmé que l’exposition au bruit des levés sismiques causerait «la surdité» chez les mammifères marins qui seraient à proximité. La zone d’alerte est de 3 km autour du bateau, qui ne peut procéder si un béluga se trouve dans un rayon de 500 m. Les autres mammifères marins seraient tout aussi affectés, mais ces précautions ne sont imposées que pour les espèces dites «en péril». Les phoques communs observés lors de nos sorties sur le fleuve dans la zone des travaux sont donc ignorés par la surveillance, dont le mandat a été confié au Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM).
Profits privés, risques publics
Le porte-parole de TransCanada pour le projet d’Oléoduc Énergie Est, Philippe Cannon, a pour sa part refusé de révéler le montant prévu des profits annuels à la clé de ce projet de 12 milliards de dollars pour la compagnie privée. L’oléoduc projeté traversera le Québec, franchissant la rivière des Outaouais et le fleuve Saint-Laurent, pour acheminer le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta aux raffineries de Montréal, de Québec et de Saint-John au Nouveau-Brunswick, ainsi qu’aux lucratifs marchés d’exportation.
«Coule pas chez nous», ont brandi les manifestants contre l’oléoduc et le port pétrolier. Photo: Nicolas Falcimaigne
Ces projets d’infrastructures sont motivés par la forte consommation de pétrole et par sa vente à l’étranger, qui dope l’économie du Canada. «On ne pourra pas s’en sortir tout seuls. C’est un effort collectif qui va probablement prendre beaucoup de temps, mais on garde espoir que ça va se faire, et qu’on pourra un jour tous se libérer de notre dépendance au pétrole», a lancé Jason Rivest, porte-parole des Pétroliques Anonymes, un groupe militant de Rivière-du-Loup.
Une pancarte a trouvé un nouveau sens à sa vie, sur le chemin du port de Gros-Cacouna. Photo: Nicolas Falcimaigne