Guide coop Ensemble 5 – À GO: on démarre enfin!

Lancement d’album, shower de bébé, party d’initiation, enterrement de vie de jeunesse, collation des grades, mariage ou baptême… peu importe le visage que vous donnerez à l’événement fondateur de votre coopérative, il faut qu’il soit une célébration qui reste gravée dans la mémoire des membres. Votre plan d’affaires est béton, votre campagne d’engagement préconstitutif est un succès, vous êtes prêts à confier votre structure démocratique à une équipe du tonnerre pour répondre au besoin identifié. Dans le cadre de notre série Comment démarrer une coopérative?, voici quelques conseils pour l’assemblée générale d’organisation. C’est la première grand messe de votre coop. Faites sonner les cloches!

Il faut que l’Assemblée générale d’organisation (AGO) soit à l’image de votre coop. Êtes-vous dans le secteur gastronomique ou alimentaire? Régalez vos membres. Dans le secteur technologique? Faites le dévoilement d’un prototype. Dans l’artisanat ou l’art? Lancez une gamme ou faites le vernissage d’une exposition. Une coop d’habitation? Un BBQ. Ce ne sont que quelques exemples…

Donner le feu sacré

Parce qu’au-delà de la formalité administrative, dites-vous bien que ce qui motivera vos membres et vos premiers administrateurs à traverser les défis du démarrage pendant trois à cinq ans, c’est le sentiment d’appartenance à la coop. C’est un lien affectif qui ne s’écrit sur aucun formulaire, qui ne s’adopte pas avec une proposition, un appui et un vote. Mais ce lien d’amour est la base du ciment qui tiendra votre coop contre vents et marées.

Les aspects techniques sont importants, toutefois, et votre Coopérative de développement régional (CDR) saura vous guider à travers ceux-ci. Il faut faire les choses dans l’ordre. Mais sur cette base, vous pouvez ajouter des éléments qui vous semblent importants.

Même si la loi des coopératives ne demande pas que soient formellement adoptées certains aspects du projet en AGO (plan d’affaires, vision, stratégies, produits), il est intéressant de donner du temps et de l’espace à ces aspects pour que les membres prennent une part active, démocratiquement, non seulement à ce qui est juridique, mais également aux aspects pratiques du projets.

Créer une tradition démocratique

Votre AGO, c’est la mise en place de la tradition démocratique de la coopérative. Ainsi, chaque Assemblée générale annuelle (AGA) qui suivra sera inspirée de l’AGO. Si votre politique d’achats, votre politique éditoriale ou votre code d’éthique ont été adoptés par vos membres en AGO, ils s’attendront à ce que vous continuiez à les consulter sur ces aspects lors de chaque AGA ou même en continu.

Ce qui est trop souvent négligé par les coopératives, dans le feu de l’action des opérations et surtout pendant le démarrage, c’est le lien démocratique avec les membres. L’AGO est une occasion de mettre en place des structures simples où les membres peuvent participer au développement de la coop, et d’adopter des processus de consultation efficaces. C’est ce qui fera la différence entre votre coopérative et toute autre entreprise capitaliste.

Cet article conclut la première édition du Guide coop Ensemble. Mais il est à prévoir que d’autres s’ajouteront pour répondre aux questions qui nous sont fréquemment adressées. À bientôt!

Depuis la fondation du journal Ensemble, avec la publication de centaines d’articles spécialisés sur les coopératives et d’un livre sur l’Année internationale des coopératives en 2012, de nombreux groupes ont sollicité notre équipe pour avoir des conseils et de l’information en vue du démarrage de leur propre coop. Nous publions dans cette série d’articles un résumé des étapes que nous recommandons. Ces articles seront mis à jour à l’occasion.

Guide coop Ensemble 4 – Mettre la charrue à côté des bœufs

Il ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs, c’est bien connu. Mais en démarrant une coopérative, on peut tout de même les mettre côte à côte. Un procédé méconnu permet en effet d’aller chercher son financement en même temps qu’on prépare la fondation officielle la coop. Ainsi, on démarre le projet si et seulement si le financement est au rendez-vous. Ce joker coop s’appelle l’engagement préconstitutif. Ne vous en privez pas! Dans le cadre de notre série Comment démarrer une coopérative?, voici comment procéder dans les règles de l’art.

Le principe de l’engagement préconstitutif est simple: c’est de vous permettre de recruter vos membres avant la fondation de la coopérative. En gros, les futurs membres signent un papier qui dit: «Ce projet répond à mes besoins, et je m’engage donc à verser, lors de l’assemblée générale d’organisation, le montant suivant à souscrire en parts sociales.» Évidemment, ce paiement est conditionnel à ce que la coop soit effectivement fondée. Les gens sont donc certains de ne pas perdre leur contribution.

Pour procéder, procurez-vous auprès de votre Coopérative de développement régional (CDR) un modèle de formulaire d’engagement préconstitutif, que vous adapterez à la réalité de votre projet. Munissez-vous d’une version attrayante de votre plan d’affaires que vous pourrez montrer aux futurs membres, sans nécessairement leur en laisser un exemplaire, ainsi que tout autre outil promotionnel (maquette, prototype de produit, etc.).

Ensuite, vous pouvez mener votre campagne d’engagement préconstitutif. Cette campagne peut être menée par chacun des membres de votre comité provisoire, ou nécessiter l’engagement d’un représentant ou d’une représentante aguerrie.

Une fois votre campagne complétée, compilez les résultats et conservez précieusement les formulaires d’engagement préconstitutif signés. Vous pouvez maintenant vous présenter aux autres bailleurs de fonds (organismes publics, institutions financières, etc.), armés de cette mise de fonds virtuelle, qui n’en est pas moins officielle. La somme des engagements préconstitutifs des membres constitue la «mise de fonds du promoteur», dans leur langage.

Les bailleurs de fonds pourront donc vous donner une confirmation de leur propre investissement dans votre projet, ce qui vous permettra à votre tour de confirmer aux membres que le projet de coop deviendra réalité, et de les convoquer à l’Assemblée générale d’organisation, soit la véritable fondation de la coop. Nous reviendrons sur cette étape ultime dans un prochain article.

À bientôt!

Depuis la fondation du journal Ensemble, avec la publication de centaines d’articles spécialisés sur les coopératives et d’un livre sur l’Année internationale des coopératives en 2012, de nombreux groupes ont sollicité notre équipe pour avoir des conseils et de l’information en vue du démarrage de leur propre coop. Nous publions dans cette série d’articles un résumé des étapes que nous recommandons. Ces articles seront mis à jour à l’occasion.

Guide coop Ensemble 3 – Le plan d’affaires : ADN de votre coop

Il est temps de mettre sur papier tout ce que vous avez en tête à propos de votre projet. Et ça, personne ne peut le faire à votre place. Les professionnels de la Coopérative de développement régional (CDR) pourront vous fournir des modèles et vous donner leur avis sur votre planification, mais c’est à vous de faire l’essentiel du travail. Voici tout de même, dans le cadre de notre série Comment démarrer une coopérative?, quelques perspectives qui sont propres aux coops et qui peuvent vous aider à aborder cette tâche d’un œil averti.

Voilà, vous avez votre modèle fourni par la CDR ou tout autre organisme d’aide au développement entrepreneurial de votre localité. Tout ce que vous avez longuement muri, il suffit de le trier et d’en placer chaque facette dans la bonne section, sachant que toutes les sections ne s’appliquent pas nécessairement à votre projet. Sans aller ici dans le détail, ces sections couvriront autant les opérations que la structure coopérative et les ressources humaines, ainsi que les assurances, normes, associations et lois à respecter, puis les inévitables prévisions budgétaires.

Cibler le besoin

Un élément central du plan d’affaires est l’étude de marché. Cette section sert souvent, pour les entreprises capitalistes, à expliquer comment on va «créer le besoin», et définir un marché cible à «conquérir». Dans le cas d’une coopérative, l’étude de marché est plutôt la définition d’un besoin existant. Il faut révéler ce besoin, lui permettre de s’exprimer. C’est là que la dimension démocratique de la coop prend sa racine.

Ce besoin, vous l’avez déjà identifié. Il faut maintenant le définir. Combien de personnes le vivent, à quelle fréquence, avec quelle acuité? La définition du besoin par l’étude de marché, c’est aussi ce qui va guider l’établissement de la tarification. Ici, l’entreprise capitaliste essaiera de déterminer «jusqu’à combien la clientèle ciblée est prête à payer». La coopérative, elle, tentera plutôt d’identifier le «juste prix» permettant de rémunérer efficacement le travail tout en favorisant l’accès au produit par le plus grand nombre de personnes.

L’adhésion du milieu

Une coop, c’est un projet collectif, qui s’intègre lui-même dans une collectivité. Si l’implantation d’une entreprise capitaliste est déterminée par la compétition, c’est plutôt la complémentarité qui est le fondement de l’intégration d’une coopérative au marché. Si la coop du village voisin répond au besoin, le but est atteint et il n’est nul besoin de l’absorber pour faire une plus grande coop. On s’en inspirera plutôt pour répondre au besoin de ce village-ci, et alors on tissera des liens de partenariat entre les deux coops.

Aussi, le plan d’affaires d’une coop doit-il faire la démonstration de l’adhésion du milieu dans lequel s’implantera la nouvelle entreprise. Une démarche de concertation autour du projet permettra d’ajouter en annexe des lettres d’appui d’organismes ou de personnes reconnus dans le secteur d’activité, ainsi que des lettres d’intention de partenariat d’autres coopératives qui œuvrent dans le même secteur ou dans des secteurs complémentaires.

Dans un prochain article, vous découvrirez aussi un outil permettant de révéler l’appui et l’engagement d’une large population à votre projet.

Équité pour les fondateurs

Démarrer une entreprise, c’est investir beaucoup de temps et d’énergie pendant cinq ans, au moins. Les fondateurs de coopératives ne font pas exception à cette règle et se donneront tout entiers pendant des années à leur projet. Pourtant, ils auront ni plus ni moins que les mêmes droits démocratiques que les membres qui adhéreront à la coop après que cette étape difficile ait été complétée. C’est le paradoxe soulevé par Bruno Blais, fondateur de la célèbre brasserie coop La Barberie, lors du forum coopératif de Québec au printemps 2012.

Si vous souhaitez prévoir plus d’équité entre les fondateurs et les futurs membres de votre coop, c’est à l’étape du plan d’affaires qu’il faut y penser.

À la Coopérative de journalisme indépendant, nous avons tenté d’inventer un système permettant de rétablir une équité pour les fondateurs, en utilisant les parts privilégiées, et nous l’avons inscrit dans le règlement de régie interne. Selon ce principe, tout le travail fait pour démarrer la coopérative est facturé par les membres, mais pendant la phase de démarrage, la partie des honoraires qui ne peut être versée en argent est souscrite par les membres en parts privilégiées du même montant dans la coopérative. Cela veut dire qu’ils détiennent un actif dans la coopérative qui sera remboursable au plus tôt trois ans après, et à la condition que les finances de la coopérative le permettent (article 38 de la loi). Cela permet de reconnaître leur investissement et de leur rendre à long terme, même s’ils ont quitté la coopérative.

Ce n’est pas un système parfait, car dans une coopérative à but non lucratif les parts privilégiées ne portent pas intérêt. D’autre part, il est difficile de quantifier tous les efforts investis, et nous devons reconnaître que ce qui a été souscrit en parts privilégiées n’en représente qu’une petite partie. En effet, ces valeurs restent taxables et imposables, et lorsqu’il s’est agi de gros montants, les membres n’ont pas voulu payer des impôts sur des sommes qu’ils ne toucheront pas tout de suite, tandis que la trésorerie de la coopérative ne pouvait se permettre d’assumer même les taxes sur ces montants. Enfin, notre secteur d’activité génère si peu de revenus que nous n’avons pas encore pu commencer à rembourser les parts (vous pouvez nous aider en contribuant!).

Malgré ces inconvénients, nous pensons qu’il faut étudier cette avenue et qu’éventuellement la Loi des coopératives pourrait prévoir un système d’équité semblable dans l’avenir.

À bientôt!

Depuis la fondation du journal Ensemble, avec la publication de centaines d’articles spécialisés sur les coopératives et d’un livre sur l’Année internationale des coopératives en 2012, de nombreux groupes ont sollicité notre équipe pour avoir des conseils et de l’information en vue du démarrage de leur propre coop. Nous publions dans cette série d’articles un résumé des étapes que nous recommandons. Ces articles seront mis à jour à l’occasion.