Mar 192012
 

Jeudi dernier, le 15 mars, se tenait à Montréal le lancement d’une campagne de communications hors du commun. Ce n’est pas un produit ou un organisme qui annonçait son angle d’attaque pour conquérir le public montréalais, mais bien un réseau d’entreprises de tout horizon, œuvrant dans des secteurs très diversifiés, unies par des valeurs et une même structure juridique. Dans le cadre de l’Année internationale des coopératives, les coopératives de Montréal ont lancé la campagne «Je coop» pour sensibiliser le grand public à la coopération.

L’événement a fait salle comble à la Salle Astral de la Maison du Festival, et a donné lieu à la présentation publique de plusieurs coopératives érigées en exemples.

Habitation

À l’ombre du silo numéro 5 du vieux port de Montréal, une étonnante coopérative d’habitation fleurit discrètement. «Nous gérons collectivement notre lieu par le biais de comités et d’un conseil d’administration qui est élu par ses membres, a expliqué Marie Marais, vice-présidente du conseil d’administration de la Coopérative d’habitation Le Cercle Carré. Nous sommes locataires, mais nous sommes propriétaires collectivement de nos lieux donc il faut qu’on s’en occupe. On composte, on récupère sur place et on a un projet de faire un jardin collectif avec une agriculture urbaine sur le toit.»

Culture

Tout le monde connaît le Café Campus, institution du Quartier Latin. Mais peu de gens en connaissent le cœur coopératif. Emmanuelle Collins, coordonnatrice, a donné la mesure de son intransigeance quant aux principes de la coopération. «On est une coopérative qui se dit encore autogérée. C’est toujours l’assemblée générale qui a le pouvoir ultime de la décision et elle est régulièrement et fréquemment consultée. Tous les membres participent de façon régulière à des consultations, à des réunions où tout le monde a son mot à dire. Il y a des conseils d’administration qui sont ouverts à tous alors la vie participative, la gestion participative est très forte à l’intérieur de l’équipe des membres de la coop.»

Éducation

Coopsco est une bannière regroupant 60 coopératives québécoises en milieu scolaire. «Le cœur de Coopsco, c’est ses membres, a lancé Jean-Emmanuel Bouchard, étudiant et président de Coopsco. Nos conseils d’administration sont des écoles pour faire vivre des expériences de gestion d’entreprise coopérative et faire reconnaître le mouvement coopératif aux étudiants. Nous formons la prochaine génération de coopérateurs.»

Les services financiers

Les grands centres d’affaires et les sièges sociaux de plusieurs grandes coopératives se retrouvent à Montréal. La Fédération des caisses Desjardins y compte, en incluant les caisses de groupes, 67 caisses, qui gèrent ensemble un actif de 21,8 milliards $ et 41,6 milliards $ de volume d’affaires. Elle compte, sur l’île de Montréal, 856 846 membres. Les caisses populaires Desjardins versent 7,5 millions $ en commandites, dons et bourses, ainsi que près de 50 millions $ en ristournes chaque année dans la métropole.

«Toutes les coopératives et les mutuelles ont débuté par l’engagement de certaines personnes, qui en ont amenées d’autres à s’engager, à prendre des initiatives, a souligné Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement des caisses Desjardins, et depuis quelques jours présidente du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité. C’est une entreprise qui s’appuie sur l’engagement des personnes. Et ça ne s’arrête pas là: c’est aussi toute la force et le pouvoir de l’association. Quand on met ensemble l’engagement personnel et le pouvoir de l’association, on est capable de réaliser de grandes choses.»

Un des porte-parole de l’événement, le comédien Jacques L’Heureux, président de la Caisse de la Culture et mieux connu par les jeunes générations dans son rôle de Passe-Montagne, a résumé en quelques mots, ce qui lui fait dire, lui aussi, «Je coop»: «On a vu les banques, ces dernières années, se planter royalement à travers toute la planète, et on a vu le Mouvement Desjardins se faire envoyer des lauriers, comme une des institutions financières les plus solides aux monde. Nos membres, qui sont des artistes pigistes, donc des entrepreneurs indépendants, des travailleurs autonomes, ne trouvaient pas de place dans les banques. La création de notre caisse a permis à énormément d’artistes d’accéder à la propriété et d’avoir des services financiers sans se faire demander « on veut que ton père signe pour nous ».»

Mar 192012
 

Montréal, journal EnsembleJeudi dernier, le 15 mars, se tenait à Montréal le lancement d’une campagne de communications hors du commun. Ce n’est pas un produit ou un organisme qui annonçait son angle d’attaque pour conquérir le public montréalais, mais bien un réseau d’entreprises de tout horizon, œuvrant dans des secteurs très diversifiés, unies par des valeurs et une même structure juridique. Dans le cadre de l’Année internationale des coopératives, les coopératives de Montréal ont lancé la campagne «Je coop» pour sensibiliser le grand public à la coopération.

«On a vu les banques, ces dernières années, se planter royalement à travers toute la planète, et on a vu le Mouvement Desjardins se faire envoyer des lauriers, comme une des institutions financières les plus solides aux monde», s'est exlamé Jacques L'Heureux, ici en compagnie de Gérald Larose, respectivement présidents de la Caisse de la culture et de la Caisse d'économie solidaire Desjardins. Photo: N.Falcimaigne

L’événement a fait salle comble à la Salle Astral de la Maison du Festival, et a donné lieu à la présentation publique de plusieurs coopératives érigées en exemples.

Habitation

À l’ombre du silo numéro 5 du vieux port de Montréal, une étonnante coopérative d’habitation fleurit discrètement. «Nous gérons collectivement notre lieu par le biais de comités et d’un conseil d’administration qui est élu par ses membres, a expliqué Marie Marais, vice-présidente du conseil d’administration de la Coopérative d’habitation Le Cercle Carré. Nous sommes locataires, mais nous sommes propriétaires collectivement de nos lieux donc il faut qu’on s’en occupe. On composte, on récupère sur place et on a un projet de faire un jardin collectif avec une agriculture urbaine sur le toit.» Lire la suite »

Mar 132012
 

Le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) a tenu ses assises annuelles hier au Centre de congrès et d’expositions de Lévis. Succédant à Denis Richard, président de la Coop Fédérée, Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, a été élue à la présidence du CQCM. Mme Leroux devient ainsi porte-parole du mouvement coopératif et mutualiste québécois, aux côtés de Hélène Simard, présidente-directrice générale du Conseil.

Cette annonce survient à l’approche du Sommet international auquel le Mouvement Desjardins convie les coopératives du monde entier, à Québec et à Lévis en octobre prochain. «En cette Année internationale des coopératives, je veux contribuer à un rayonnement accru des coopératives et mutuelles québécoises, petites et grandes», a souligné la nouvelle présidente.

Éducation et intercoopération

Mme Leroux a ouvert la porte sur son nouveau mandat en évoquant plusieurs thèmes qui devraient lui donner le ton. Au sujet de la Vision 2020, une réflexion sur le fonctionnement des structures et la concertation de tous les acteurs du mouvement coopératif, elle l’a décrite comme extrêmement porteuse. C’est «un thème rassembleur et innovateur, mais on va devoir tous y travailler ensemble». Elle a aussi insisté sur l’importance de l’éducation pour assurer la relève du mouvement coopératif et mutualiste.

«Conformément à la mission propre du CQCM, je travaillerai, avec ses membres et partenaires, à plus d’intercoopération au Québec et ailleurs au Canada. J’en suis convaincue: la coopération entre coopératives et mutuelles est un formidable levier pour mieux répondre aux besoins évolutifs de la population, ici comme dans les pays en voie de développement. Qui plus est, l’intercoopération peut soutenir l’innovation et stimuler le développement d’affaires.»

Hommage à Denis Richard

Mme Leroux a tenu à souligner le travail de son prédécesseur, Denis Richard. «Pendant les cinq ans où monsieur Richard a occupé la présidence du CQCM, il s’est toujours employé à ce que la force du modèle économique des coopératives et des mutuelles soit mise en évidence. Il a su relever avec brio les défis auxquels il a dû faire face, bref il a fait un travail formidable pour l’ensemble de notre mouvement.»

Le nouveau comité exécutif du CQCM est maintenant composé des personnes suivantes, dirigeants des grands réseaux coopératifs du Québec: Monique F. Leroux, présidente (Mouvement Desjardins), Michel Gauthier, 1er vice-­‐président (Groupe Promutuel), René Moreau, 2e vice-­‐président (Agropur coopérative), Jocelyne Rouleau, secrétaire (Confédération québécoise des coopératives d’habitation du Québec), J. Benoît Caron, trésorier (Fédération des coopératives de services à domicile et de santé du Québec), Jocelyn Lessard, administrateur (Fédération des coopératives forestières du Québec), Francine Ferland, administratrice (Fédération des coopératives de développement régional du Québec).

Le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité représente l’ensemble des organisations coopératives sectorielles et régionales du Québec. Il compte parmi ses membres plus de 3 300 coopératives et mutuelles lesquelles génèrent plus de 92 000 emplois. Avec plus de 173 milliards de dollars d’actifs, ces entreprises participent de façon positive au développement économique et social du Québec, notamment parce qu’elles affichent un taux de survie doublement supérieur aux autres formes d’entreprises créées, selon le CQCM.

Mar 132012
 
Lévis, journal EnsembleLe Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) a tenu ses assises annuelles hier au Centre de congrès et d’expositions de Lévis. Succédant à Denis Richard, président de la Coop Fédérée, Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, a été élue à la présidence du CQCM. Mme Leroux devient ainsi porte-parole du mouvement coopératif et mutualiste québécois, aux côtés de Hélène Simard, présidente-directrice générale du Conseil.

Mme Leroux a insisté sur l'importance de l'éducation pour assurer la relève du mouvement coopératif et mutualiste. Photo: Nicolas Falcimaigne

Cette annonce survient à l’approche du Sommet international auquel le Mouvement Desjardins convie les coopératives du monde entier, à Québec et à Lévis en octobre prochain. «En cette Année internationale des coopératives, je veux contribuer à un rayonnement accru des coopératives et mutuelles québécoises, petites et grandes», a souligné la nouvelle présidente. Lire la suite »

Fév 062012
 

Face à la crise énergétique, si les multinationales privées incarnent le statu quo, car elles détiennent des intérêts financiers dans l’exploitation des carburants fossiles, les coopératives s’investissent au contraire dans les alternatives en bioénergie.

Julien Boucher est coordonnateur Recherche et développement à la Coopérative de développement régional (CDR) Bas-Saint-Laurent/Côte-Nord, la seule dotée d’un tel service au Québec. Son mandat est de découvrir les nouvelles avenues de développement durable pour les coopératives et les communautés.

L’autonomie énergétique, selon le chercheur, implique en premier lieu une réduction de la consommation, puis une efficacité de l’énergie qui est consommée, et enfin une production avec le potentiel local, qui peut être un potentiel de biomasse, de gras animal, d’huiles végétales, de l’autoproduction etc. «On a une multitude de petites opportunités locales, qui peuvent permettre de combler une partie des besoins locaux, avec une production locale et une consommation locale, en circuit court.»

Le guide Biocarburants ou bioénergies? Vers une solution coopérative, publié en 2011 par le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), en partenariat avec la CDR Bas-Saint-Laurent/Côte-Nord, Nature Québec, la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF) et la Coop Fédérée, fait état des plus récents projets en la matière. On y retrouve autant les stratégies développées par les coopératives forestières et agricoles que des détails sur des projets coopératifs locaux, surtout au Bas-Saint-Laurent.

«La meilleure énergie, c’est celle qu’on ne consomme pas»

Quelle que soit l’alternative en biocarburant, pour produire la plus petite quantité d’énergie nécessaire, il faut d’abord avoir réduit sa consommation, et le potentiel est aussi infini que l’est actuellement le gaspillage d’énergie. M. Boucher cite à ce sujet la récente étude sur une communauté de 300 habitants dans la Minganie, où plus de 45% de la facture globale en énergie est représentée par le carburant. «Cette partie là, c’est celle sur laquelle on peut le plus agir pour essayer de réduire la consommation énergétique des gens. J’ai un collègue qui a réussi, simplement en appliquant les principes de l’écoconduite automobile, à économiser 47% de carburant, ce qui est non négligeable puisqu’il habitait à une soixantaine de km du bureau.»

Selon M. Boucher, les alternatives en bioénergie sont une voie prometteuse mais complexe, tant au niveau de l’accès à la matière première (collecte de résidus) que de la disponibilité technologique. Ces technologies sont développées pour les grands projets industriels et nécessitent des économies d’échelles importantes.

Le mouvement coopératif, qui représente un secteur financier important au Québec, pourrait être un levier pour surmonter ces obstacles. «Il y a de très belles choses qui sont faites au niveau de la Coop Fédérée, confie M. Boucher avec enthousiasme. Notamment l’utilisation du biodiesel coloré par les agriculteurs, tout comme les politiques d’approvisionnement responsables et de développement durable chez Desjardins. On se place en position d’utilisateur, ou d’intermédiaire, et il y a de très belles choses qui sont aussi à faire du côté de la production pour soutenir les projets locaux et multiplier les projets en circuits courts.»

Les grandes coopératives et fédérations, contrairement aux entreprises privées, peuvent investir avec plus de souplesse dans ces projets, car elles ne sont pas soumises à l’obligation de fournir un rendement de 15% à des actionnaires. Leur mandat est plutôt de répondre aux besoins de leurs membres, incluant les retombées environnementales, économiques et sociales des projets pour les communautés.

Une stratégie d’intercoopération

La CDR Bas-Saint-Laurent/Côte-Nord est en train de mettre en place, avec sept coopératives en énergies renouvelables, la Coopérative de services experts en énergies renouvelables (CoopERE), dont l’objectif est de réunir au sein d’une même structure les promoteurs coopératifs de projets et les membres experts. La nouvelle structure permettra de développer et d’incuber les projets au sein même de CoopERE, et d’y partager l’information à l’interne pour multiplier les projets dans les autres communautés, sans être obligé de refaire et de payer à nouveau les mêmes études.

Fév 062012
 

Rimouski, journal EnsembleFace à la crise énergétique, si les multinationales privées incarnent le statu quo, car elles détiennent des intérêts financiers dans l’exploitation des carburants fossiles, les coopératives s’investissent au contraire dans les alternatives en bioénergie.

Le guide Biocarburants ou bioénergies? Vers une solution coopérative, publié en 2011 par le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), en partenariat avec la CDR Bas-Saint-Laurent/Côte-Nord, Nature Québec, la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF) et la Coop Fédérée, fait état des plus récents projets en la matière. Photo: Nicolas Falcimaigne

Julien Boucher est coordonnateur Recherche et développement à la Coopérative de développement régional (CDR) Bas-Saint-Laurent/Côte-Nord, la seule dotée d’un tel service au Québec. Son mandat est de découvrir les nouvelles avenues de développement durable pour les coopératives et les communautés.

L’autonomie énergétique, selon le chercheur, implique en premier lieu une réduction de la consommation, puis une efficacité de l’énergie qui est consommée, et enfin une production avec le potentiel local, qui peut être un potentiel de biomasse, de gras animal, d’huiles végétales, de l’autoproduction etc. «On a une multitude de petites opportunités locales, qui peuvent permettre de combler une partie des besoins locaux, avec une production locale et une consommation locale, en circuit court.» Lire la suite »

Fév 062012
 
Le guide Biocarburants ou bioénergies? Vers une solution coopérative, publié en 2011 par le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), en partenariat avec la CDR Bas-Saint-Laurent/Côte-Nord, Nature Québec, la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF) et la Coop Fédérée, fait état des plus récents projets en la matière. Photo: Nicolas Falcimaigne

Face à la crise énergétique, si les multinationales privées incarnent le statu quo, car elles détiennent des intérêts financiers dans l’exploitation des carburants fossiles, les coopératives s’investissent au contraire dans les alternatives en bioénergie.

Julien Boucher est coordonnateur Recherche et développement à la Coopérative de développement régional (CDR) Bas-Saint-Laurent/Côte-Nord, la seule dotée d’un tel service au Québec. Son mandat est de découvrir les nouvelles avenues de développement durable pour les coopératives et les communautés.

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Jan 192012
 

À l’occasion du lancement de l’Année des coopératives, tenu à Lévis le 12 janvier dernier, le journal Ensemble a eu l’occasion d’interroger Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins. Premier groupe financier coopératif au Canada, sixième dans le monde, avec un actif de plus de 188 milliards de dollars, Desjardins est l’un des plus importants employeurs au Canada avec 43 600 employés. Illustration du leadership mondial exercé par cette coopérative financière québécoise, le Sommet international qu’elle organise à Québec du 8 au 11 octobre 2012 réunira 2 000 participants de partout dans le monde, ainsi que 125 conférenciers de renom. Quelle est sa vision du contexte mondial actuel ?

Nicolas Falcimaigne, journal Ensemble : Mme Leroux, quelles sont les forces du mouvement coopératif face à la crise mondiale ?

Monique F. Leroux, Mouvement Desjardins : L’entreprise coopérative est une entreprise qui n’a pas qu’un objectif de performance financière. Il y a un objectif d’apporter une contribution des bénéfices aux personnes et à la société. La gouvernance démocratique, la participation des gens, même si c’est exigeant, fait en sorte que notre perspective n’est pas simplement de dire : « On doit avoir une contribution économique et financière ». On doit avoir aussi une contribution sociétale.

Il y a beaucoup de travail de recherche actuellement, à travers le monde, sur le rôle des entreprises. Les entreprises ne doivent pas être là uniquement pour faire de la spéculation ou du profit à court terme. Les économistes recherchent un modèle. Et quand on regarde ce qu’on voudrait avoir comme aspiration pour les entreprises, pour les bonnes entreprises, on se rend compte que ces grands éléments se retrouvent dans le modèle coopératif et mutualiste.

Je souhaite qu’en 2012, les coopératives soient mieux connues de l’ensemble de la population. Nos partenaires gouvernementaux et les autorités de réglementation à travers le monde n’ont pas toujours une réglementation adaptée au modèle coopératif. Dans les universités, il y a encore peu de programmes qui permettent d’apprendre comment fonctionne une gouvernance coopérative.

Il faut que cette année internationale des coopératives donne une impulsion à tous les acteurs pour qu’ils retrouvent les bénéfices de l’entreprise coopérative et constatent que, face aux grandes critiques qu’on a souvent pour l’entreprise essentiellement tournée vers le profit, le modèle coopératif apporte cet équilibre.

N.F. : Que pouvons-nous attendre du Sommet international des coopératives qui se déroulera à Québec du 8 au 11 octobre prochain ?

M.F.L. : Le Sommet est essentiellement bâti autour de la participation, la plus large possible, de gens du monde entier provenant des autorités de réglementation, du milieu comptable, des gens tournés vers la coopération, des coopérateurs et des chefs d’entreprises.

Pour le Sommet, Desjardins a commandité deux études auprès d’experts mondiaux qui travaillent généralement avec de grandes entreprises corporatives, Deloitte et McKinsey & Co. On leur a demandé de rencontrer toute une série de coopératives petites, moyennes et grandes, à travers le monde.

Ils étudieront les différents modèles de développement et de croissance qui gardent leur nature locale et régionale. Il s’agira de voir aussi comment bénéficier des ouvertures qu’offre le monde global maintenant et quelles en sont les contraintes.

N.F. : Comment l’identité coopérative de Desjardins peut protéger l’entreprise d’une crise financière ?

M.F.L. : De façon générale, les coopératives financières ont mieux traversé les tempêtes de 2008 et de 2011 que d’autres entreprises cotées sur les marchés. C’est un premier constat, et un des points importants. C’est l’ancrage local, l’ancrage régional, à l’intérieur d’une approche de mouvement où on se donne des mécanismes, qui nous permettent d’avoir une solidité financière. Si on veut continuer d’être pertinents sur le plan local et régional, il faut être capable d’intervenir dans les marchés financiers plus globaux. C’est ça la force du modèle coopératif, et c’est dans notre ADN, c’est dans notre mission, c’est dans notre modèle de caisse.

En réalité, une des grandes discussions que nous avons en ce moment et qui est extrêmement stimulante, c’est : « De quelle façon on s’adapte ? Comment garde-t-on la nature de ce que nous sommes, un ancrage local, régional et un rôle d’intervenant mondial, en adaptant nos moyens à l’échelle mondiale ? »

N.F. : Quelle est la principale barrière au développement des coopératives actuellement ?

M.F.L. : Un des éléments, c’est la capitalisation des coopératives. Quand on parle de développement, on a en tête le développement local, régional, mais aussi tourné vers l’international. Et qui dit développement, dit investissement. À ce moment-là, les mécaniques financières doivent être adaptées au monde coopératif. Chez Desjardins, on fait beaucoup d’innovations à ce sujet là.

Le modèle coopératif est peu connu. Si on fait des études en administration, on a beaucoup de référentiels sur tout ce qui touche le management ou la finance des entreprises corporatives en bourse. Mais chercher de l’information pertinente sur le management ou la gestion financière d’une coopérative est beaucoup plus difficile. Ce n’est pas un thème qui a été beaucoup étudié.

Desjardins, avec plusieurs partenaires, entend créer en 2012 un référentiel publié et permanent. Une entreprise coopérative est aussi importante que n’importe quelle entreprise cotée en bourse.

N.F. : Ce manque de visibilité s’explique-t-il par un problème de crédibilité ?

M.F.L. : Non, je dirai que c’est un problème d’humilité. Généralement, les organisations coopératives, mutualistes ne sont pas bien connues. Elles ne font pas les manchettes des journaux, ni d’annonces tous les trimestres. Ce n’est pas leur modèle d’affaires. Ce sont des entreprises qui sont très connues de leur communauté, connues de leurs membres, alors que le monde corporatif de société publique a dominé toutes les discussions sur le plan réglementaire. Il faut créer un mouvement.

N.F. : Est-ce difficile pour les coopératives de trouver du financement pour se développer ?

M.F.L. : Ce n’est pas qu’une question de pouvoir accéder à des capitaux. Les entreprises corporatives ont les moyens d’émettre des actions dans le public et par les mécanismes des bourses, d’accumuler une capitalisation boursière importante.

Le modèle coopératif n’est pas basé sur cette logique. Aussi, il faut développer de nouveaux outils de capitalisation en respectant le principe coopératif d’un membre, un vote. Car dans une coopérative, ce n’est pas la détention du capital qui domine la prise de décision.

La question est de savoir comment garder nos principes coopératifs tout en se donnant des outils de capitalisation qui vont permettre de soutenir le développement des coopératives.

Toutes les entreprises coopératives d’une certaine taille font face à ce genre de réflexion. Et il n’y a pas de forum international où on partage ces innovations. L’idée du Sommet, c’est de créer un référentiel et un réseau systématique de partage des meilleures pratiques pour développer ce grand secteur.

N.F. : Est-ce qu’il est nécessaire de faire des changements législatifs ?

M.F.L. : Une fois les législateurs et les gouvernements plus conscients de la contribution des coopératives, tant au niveau humain qu’économique, ils pourront adapter certains mécanismes. Mais, il faut d’abord qu’on s’engage et que l’on développe à toutes fins pratiques ce réseau d’entraide mondial puisque la réglementation est de plus en plus mondiale.

N.F. : Justement, au niveau mondial, là où l’État ne réussit plus à baliser l’économie de marché, le mouvement coopératif, qui représente un milliard d’êtres humains, peut-il le faire ?

M.F.L. : Vous touchez un point qui est pour moi une autre conviction qu’on espère réaliser avec le Sommet. Je suis d’avis que le monde ne peut pas être uniquement un monde corporatif.

On a besoin d’avoir au moins trois grands pôles : le monde corporatif, capitaliste, balisé par une réglementation qui est là pour éviter des excès ; un secteur public et gouvernemental solide et performant ; ainsi qu’une troisième voie d’équilibre : le modèle coopératif et mutualiste.

Ce modèle est un peu à la croisée des chemins entre le secteur public et le capitalisme. Il apporte cet équilibre d’une entreprise qui est performante mais qui a le souci des personnes. La troisième voie de cette économie plurielle devient un impératif très important.

J’espère que le Sommet et l’année 2012 vont nous aider à donner toutes ses lettres de noblesse à cette troisième voie, qui comprend l’économie sociale.


Avec la collaboration de Anne-Laure Jeanson

Jan 192012
 

Lévis, journal EnsembleÀ l’occasion du lancement de l’Année des coopératives, tenu à Lévis le 12 janvier dernier, le journal Ensemble a eu l’occasion d’interroger Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins. Premier groupe financier coopératif au Canada, sixième dans le monde, avec un actif de plus de 188 milliards de dollars, Desjardins est l’un des plus importants employeurs au Canada avec 43 600 employés. Illustration du leadership mondial exercé par cette coopérative financière québécoise, le Sommet international qu’elle organise à Québec du 8 au 11 octobre 2012 réunira 2 000 participants de partout dans le monde, ainsi que 125 conférenciers de renom. Quelle est sa vision du contexte mondial actuel ?

«Généralement, les organisations coopératives, mutualistes ne sont pas bien connues. (...) Il faut créer un mouvement.» - Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins Photo: Nicolas Falcimaigne

Nicolas Falcimaigne, journal Ensemble : Mme Leroux, quelles sont les forces du mouvement coopératif face à la crise mondiale ?

Monique F. Leroux, Mouvement Desjardins : L’entreprise coopérative est une entreprise qui n’a pas qu’un objectif de performance financière. Il y a un objectif d’apporter une contribution des bénéfices aux personnes et à la société. La gouvernance démocratique, la participation des gens, même si c’est exigeant, fait en sorte que notre perspective n’est pas simplement de dire : « On doit avoir une contribution économique et financière ». On doit avoir aussi une contribution sociétale. Lire la suite »

Jan 132012
 
Les participants ont vibré au rythme de la musique composée spécialement pour l'occasion par le groupe montréalais Samajam, qui s'est produit en direct à Ottawa. Photo: Nicolas Falcimaigne

Sur le coup de midi trente, à l’hôtel de Ville de Lévis et simultanément en webdiffusion dans quatorze villes du Canada, a eu lieu hier le lancement officiel de l’Année internationale des coopératives, décrétée par l’Organisation des Nations Unies (ONU). Un grand nombre de leaders du mouvement coopératif (1 400 en webdiffusion) se sont réunis pour y entendre Kathy Bardswick, présidente directrice-générale de Co-operators (en direct de Calgary, Alberta), et Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction de Desjardins (en direct de Lévis, Québec), ainsi que des représentants des gouvernement fédéral et provincial.

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