Déc 192016
 

Les patates en poudre, on n’en parlera plus après Noël. Les être humains qui peuplent les CHSLD continueront de manger de l’austérité, bien sûr. Mais pour nous, le grand public, cette poudre aux yeux n’aura pas fait long feu.

Il faut donc, avant qu’il soit trop tard, que je vous raconte mon anecdote de patates en poudre, qui s’est passée à l’aéroport de Mirabel – qui a pris sa retraite et qui probablement se nourrit très mal depuis ce temps-là.

J’avais seize ans. Loin, très loin de l’âge de ceux et celles que l’État nourrit mal aujourd’hui. Et pourtant, j’avais fui cette contrée. J’étais retourné aux sources puiser mon éducation à la France natale de mes parents. Entre autres parce que le système d’éducation d’ici est très, très, malade. Comme celui de la «santé».

Ma maman, qui était née vraie Parisienne mais qui ne l’était plus, avait elle aussi fui sa contrée bourgeoise pour vivre au Québec cette vie plus libre et plus simple que sa famille n’a jamais bien comprise.

Elle a donc suivi mon papa, ce bohème issu des quartiers populaires en quête d’une vie trépidante, et ce duo improbable a mis le pied en Amérique.

Ma maman aimait autant le Québec qu’elle détestait le Tout-Paris. De temps à autre, elle était tout de même en proie à d’indicibles relents de nostalgie, qui lui faisaient dire qu’ici, il n’y a pas de vrai fromage, ou qu’ici, il n’y a pas de vraie bière. Je caricature à peine: c’était les années 80. Le désert alimentaire.

La décennie d’après, j’étais donc en train de préparer mes bagages pour rentrer à la maison après une année de lycée très français et très classique, quand soudain, le téléphone sonne de cette sonnerie exotique européenne. Fébrile au bout du fil, ma maman me demande de lui rapporter quelque chose de précieux. Quoi? Du champagne? Du foie gras? De la mimolette? Non.

Elle me demande de lui rapporter de la purée Mousline, saveur de sa jeunesse. Aucune idée de ce que c’est. Ma tante m’instruit. C’est une purée de pommes de terre lyophilisée, vendue en épicerie.

Et nous voilà dans les rayons du magasin E. Leclerc. La purée Mousline se vend en boîte de carton. Chaque boîte contient des sacs aluminés contenant la précieuse et mystérieuse substance.

Alors je débarrasse le produit de sa boîte en carton, et je place soigneusement les sacs aluminés dans ma valise. Puis, je prends l’avion, dégustant l’ivresse du retour dans ces terres de liberté sauvage et capitaliste.

En débarquant du transbordeur (pour les ceusses qui n’ont pas connu Mirabel, cet aéroport d’avant-garde, il s’agit des autobus-ascenseurs qui nous embarquent pour une virée sur le tarmac et nous hissent vers la porte de l’avion ou inversement), je me hâte vers ces guichets de plastique jaune moulé que hantent les constables des douanes en quête de votre passeport pour l’étamper soigneusement.

«Rien à déclarer?» Je suis toujours fébrile à ce moment-là. Jamais rien eu à ne pas déclarer, mais n’empêche que c’est intimidant. Je tends mon passeport en affectant un air assuré et le récupère aussitôt, intact et tamponné.

Je me dirige vers l’attente interminable de la valise. Chose rare, le bagage arrive rapidement. Ne me reste plus qu’à rejoindre la maman qui m’attend de l’autre côté du corridor. Je sais qu’elle est là: elle m’a envoyé la main du haut de l’étage où la baie vitrée donne à voir les arrivées aux badauds.

«Please follow me.» Mon anglais approximatif de l’époque ne me fournit pas grand souvenir du propos du douanier, sauf qu’il m’a parlé en anglais dans les deux langues officielles et que j’étais pétrifié.

Il me fait ouvrir ma valise. Stupéfaction. Un des sacs d’aluminium s’est ouvert pendant le voyage; voilà toute sa cargaison de poudre de patates qui jonche mes vêtements. Plein de belle poudre blanche répandue dans ma valise.

C’est toute une surprise pour moi, car je n’avais aucune idée de la matière qui se cachait dans les sacs en miroir qui n’avaient daigné refléter que mon visage quand je les avais examinés avant de partir. Je m’inquiète d’abord pour mes vêtements et pour la perte de patates que cela représente pour ma maman. Voilà un beau gâchis.

Mais en tournant mon regard vers le sévère douanier, je comprends que son souci est tout autre. Ha ha! Bien sûr, des sacs en aluminium qui contiennent de la poudre blanche. C’est suspect!

«It’s potatoes», que je lui dis. «Taste it! Taste it!»

Le ridicule de la situation m’arrache un rire nerveux. Va-t-il me croire? Vais-je finir la journée – ou ma vie- en prison?

Il affecte un mouvement de recul. Toujours il me toise de son œil impassible. Alors je prends un peu de poudre blanche dans ma main et je la goûte devant lui. «Trust me, it’s potatoes. Want some?»

Il n’a pas goûté. Il a fermé ma valise et me l’a rendue, puis il m’a raccompagné vers la sortie.

Je pense qu’il s’est moqué de moi. Il savait bien que c’étaient des patates en poudre. Sinon, ses chiens auraient réagi.

Je pense qu’il s’est moqué de moi comme se moque de nous ce gouvernement. Ce gouvernement se moque de nous tous, et de ma mère qui, un jour, devra bien recevoir des soins, et donc, des patates en poudre?

Ils se moquent tellement qu’ils font des spectacles où le ministre Barrette déguste à nos frais des repas de CHSLD sous les projecteurs. Bientôt, va-t-on nous offrir à voir la baignade du ministre des Ressources naturelles dans un lac minier contaminé, ou le mois du ministre de la Solidarité sociale avec 399 $ dans ses poches?

Une infime fraction de l’argent qui s’envole dans les paradis fiscaux, dans les valises des plus riches, pourrait payer de vraies patates bio et des grands cuisiniers à tous les CHSLD.

Avec une taxe de 1 % sur les profits des banques, on pourrait offrir l’éducation gratuite.

De raisonnables redevances minières nous vaudraient un système de transport rapide entre les régions du Québec.

Mais ce gouvernement se moque de nous.

Parce que ce gouvernement ne travaille pas pour nous.

Avr 012016
 

 

Veuillez noter que cet article, publié à l'occasion du premier avril 2015, est une fiction, tout comme plusieurs autres articles publiés dans les journaux ainsi que le veut la tradition. Au journal Ensemble, nous saisissons l'occasion pour utiliser exceptionnellement cette forme d'éditorial efficace et appréciée qu'est le canular. Les faits relatés n'ont donc pas eu lieu. Nous remercions les personnalités publiques réelles auxquelles le texte fait référence pour leur aimable compréhension.

Après Philippe Couillard, qui s’est fermement opposé à l’exploitation pétrolière sur Anticosti, c’est au tour du premier ministre fédéral de prendre le virage vert. Entouré de Catherine McKenna, ministre de l’Environnement et Changement climatique Canada, et de MaryAnn Mihychuk, ministre de l’Emploi, du Développement de la main d’œuvre et du Travail, Justin Trudeau a annoncé la reconversion des sables bitumineux en un «vaste chantier de réparation de la planète».

Hier en fin de journée, le premier ministre a tenu une conférence de presse extérieure dans un endroit reculé, d’où journalistes et dignitaires ont pu admirer un splendide coucher de soleil à travers les cheminées et les rejets polluants de Fort McMurray. «Le crépuscule se couche sur l’industrie pétrolière» [sic], a-t-il déclaré, le visage baigné de lumière dorée.

Le plan de transition remis aux journalistes prévoit la transformation de la région en vastes champs de culture de chanvre permettant de «redonner son originale vocation à Les Prairies, [sic] a précisé M. Trudeau, comme un vert paysage de la paix et de prospérité». Le Premier ministre a expliqué que le coût de restauration des sites contaminés est hors de portée des compagnies pétrolières, surtout depuis l’effondrement du prix du pétrole. «Nous avons donc forcé les grandes pétrolières à former une grande coopérative de la solidarité : la Coop de solidarité du chanvre canadien. Ce type de coop est basé même sur un modèle québécois, [sic] a-t-il clamé, ne cachant pas sa fierté. Elles lui en cèdent sans frais tous leurs actifs albertains et elles lui deviennent simples membres-producteurs.» [sic]

Les installations pétrolières seront reconverties et le personnel sera invité à devenir membre-travailleur. Tous les Canadiennes et les Canadiens pourront également devenir membres-consommateurs et bénéficieront ainsi de prix sur les produits. Les entreprises de culture ou de transformation pourront aussi devenir membres-producteurs.

Le chanvre sera de la variété Cannabis Sativa, destiné aux industries de la fabrication et de l’alimentation. Ce dernier a une faible teneur en Tétrahydrocannabinol (THC), agent psychotrope. «D’autres régions du pays seront consacrées à la culture du Cannabis Indica, la marijuana qu’on la connaît bien et qui le contient du THC» [sic], a rassuré le Premier ministre.

La ministre McKenna a déclaré pour sa part que la culture du chanvre capte cinq fois plus de dioxyde de carbone dans l’air qu’une surface de forêt équivalente. «Convertir toute la superficie des sables bitumineux à la culture du chanvre permettra non seulement de décontaminer le sol, mais surtout de retirer rapidement un grand volume de carbone de l’atmosphère, ce qui constitue notre priorité face aux changements climatiques.»

Le chanvre récolté et le carbone qu’il contient seront ensuite transformés en matériaux durables, fabriqués à même les installations de l’industrie pétrolière reconverties. «Les différents plastiques de chanvre peuvent remplacer toute la production de l’industrie pétrochimique, tandis que les matériaux de construction comme le béton de chanvre et les autres isolants révolutionneront le secteur du bâtiment», a ajouté sa collègue Mme Mihychuk. Cela représente, selon elle, des milliers d’emplois qui viendront remplacer ceux de l’industrie pétrolière.

C’est un géant de l’industrie qui aurait pris l’initiative du plan, a-t-on appris. La pétrolière française, dont le principal actionnaire privé est québécois, évoque une stratégie d’affaires. «Le pétrole, c’est du passé, affirme son représentant sur place. On en a tiré tout l’argent qu’on a pu pendant que le public pouvait encore le tolérer. Il s’agit maintenant de réparer la planète. Il faut prendre le marché d’assaut alors que la plupart des états américains n’ont toujours pas autorisé la culture du chanvre et que le Canada dispose déjà d’infrastructures de transformation.» En effet, le Québec et le Manitoba produisent déjà des aliments à base de graines de chanvre.

Nov 182015
 

Voilà qu’un bref aperçu de la violence quotidienne du reste du monde frappe au cœur de l’Occident. Aussitôt, se referment les frontières. Sur ces frontières qui nous séparent de l’autre, qui protègent notre bien commun, mais surtout individuel, sur ces frontières se déploient les douaniers, la police ou l’armée à qui l’on a délégué la violence. Nous leur avons confié la violence avec laquelle nos ancêtres protégeaient autrefois la propriété, celle dont l’autre est privé, et dont il pourrait s’emparer en utilisant la violence. Violence et propriété forment un couple parfait, tout comme leurs enfants terribles: le capitalisme et la guerre.

Ce lien entre la violence et la propriété a été souligné par Léon Tolstoï à la fin du dix-neuvième siècle. Au milieu des guerres sanglantes de cette époque s’est imposé le capitalisme, ou autrement dit l’exploitation des humains et de la nature pour maximiser le rendement sur le capital investi. Depuis, le capitalisme et la guerre n’ont cessé de se «perfectionner», l’un investissant dans l’autre, et l’autre se nourrissant de l’un.

Profit sur le pétrole pour lequel on fait la guerre, profit sur les bombes jetées sur les rebelles, profit sur les armes vendues aux rebelles, profit sur les drapeaux et sur les cercueils des militaires, profit sur l’équipement de sécurité accrue dans les aéroports, profit sur le transport des soldats, des rebelles et des réfugiés, profit sur la prime d’assurance du gratte-ciel, profit sur les vivres distribués par les organisations humanitaires, profit sur les terres qui les ont produits et dont les populations ont été chassées, profits sur les médias aux cotes d’écoute gonflées par l’horreur… Profit sur les causes, profit sur les conséquences: toujours, le capital profite, et l’humain crève.

Le capitalisme est la violence. Le «bénéfice» que l’investisseur tire de son investissement n’est rien d’autre qu’un vol qualifié: c’est le fruit confisqué du labeur de chaque humain qu’il exploite, c’est l’eau potable de chaque rivière qu’il pollue et dont il prive les générations futures, c’est l’océan vide, acide et radioactif dont plus personne ne pourra pêcher le poisson, c’est la forêt sans arbres volée à sa biodiversité disparue à jamais.

La révolution industrielle a donné des moyens infinis à la cupidité humaine et a solidement installé au sommet des valeurs capitalistes la propriété. Depuis le dix-neuvième siècle, le pouvoir ne vient plus de la noblesse héréditaire, il vient de la propriété. Pourtant, c’est aussi en plein cœur de la révolution industrielle que naissait déjà l’alternative discrète qui forme aujourd’hui les bases du monde destiné à remplacer le capitalisme, et peut-être la violence qui vient avec.

Cette autre voie n’est pas le communisme: le vingtième siècle nous a bien appris, millions de victimes à l’appui, que l’État ne peut gérer la totalité sans devenir… totalitaire. Non, l’alternative qui se développe depuis 150 ans au sein même de nos économies de marché, c’est la coopération. Les coopératives testent depuis plus d’un siècle leur capacité à remplacer le capitalisme dans tous les secteurs: agriculture, finance, commerce de détail, fabrication, restauration, culture, énergie, infrastructures, habitation, santé, information, éducation, etc.

En 150 ans, nous avons eu le temps de connaître les pièges à éviter. Dans certains secteurs bien connus, les coopératives et les mutuelles ont grandi à un point tel qu’elles se sont éloignées de leurs valeurs premières. Leur taille les a amenées à agir comme des entreprises capitalistes. Certaines le sont même devenues, confisquées par leurs membres présents, trahissant leurs membres passés et futurs, elles sont passées sous propriété privée. La création de la propriété est un vol.

La paix passe-t-elle par l’abandon de la propriété? Quand un bien n’a plus de propriétaire, à qui les voleurs peuvent-ils bien s’attaquer? Quand un bien ne peut être vendu, pourquoi les spéculateurs s’y intéresseraient-ils? Paradoxalement, la meilleure façon de protéger un patrimoine, c’est donc de cesser de le posséder et d’en confier l’administration à cette «démocratie de proximité» qu’est la coop.

Les coopératives d’habitation en sont un bon exemple: les membres ne peuvent vendre l’immeuble et se séparer le produit de la vente, car des générations de membres passés ont entretenu ce bien collectif pour qu’il soit utilisable par les générations de futurs membres. Le droit des membres est un droit d’utilisation, et on ne peut en priver les membres futurs. L’utilisation d’un bien, n’est-ce pas tout ce dont on a besoin? C’est le principe de toute coop: répondre à un besoin.

Selon la Confédération québécoise des coopératives d’habitation, il existe au Québec 1300 coops d’habitation, qui comptent plus de 30000 logements. Environ 60000 personnes vivent ainsi à l’abri de la spéculation et gèrent démocratiquement des actifs de 1,5 milliard $.

S’inspirant de ce principe, un nombre croissant de communautés poussent la logique encore plus loin en plaçant leurs terres, leurs maisons ou leurs infrastructures sous fiducie. Ces fiducies foncières, dont la gestion est souvent confiée à une coopérative, protègent la vocation du bien et prévoient les droits d’utilisation. D’autres formes d’autogestion apparaissent un peu partout dans le monde.

Petit à petit, la multiplication de ces initiatives crée, très concrètement, un monde sans propriétaires. Ce monde pourrait bien être aussi un monde sans violence, sans réfugiés et sans frontières.

Oct 142014
 
CACOUNA —Alors même que 2500 personnes marchaient sur le port de Gros-Cacouna, samedi, pour réclamer l’arrêt définitif des travaux en vue de la construction du terminal pétrolier du projet Énergie-Est de TransCanada, une fuite de pétrole brut survenait aux installations de la raffinerie portuaire de Valero à Lévis, et un pétrolier destiné à l’exportation du pétrole des sables bitumineux croisait au large des Escoumins, en direction du port de Sorel-Tracy.

Au-delà du port pétrolier, c’est l’ensemble des projets pétroliers et particulièrement l’exportation du pétrole des sables bitumineux albertains que rejettent les 2500 manifestants et manifestantes (un nombre que les médias de masse ont coupé de moitié), dont une grande partie venait de la région. «2500 personnes à Cacouna, c’est comme 2 millions de personnes à Montréal», a illustré Yvan Roy, résident de Cacouna et rédacteur en chef du journal local Epik, qui suit activement le dossier.

Martine Ouellet, députée du PQ, est favorable à l’oléoduc d’Enbridge et opposée à celui de TransCanada. Le NPD est favorable à ce dernier dans l’Ouest, mais pas au Québec. Les manifestants sont opposés aux deux, aux trains et aux bateaux, et à Anticosti, bref: à tous les projets pétroliers.
Vidéo: Nicolas Falcimaigne

Le mouvement est organisé par des groupes citoyens, comme les autres manifestations qui ont eu lieu ce printemps à ce sujet. Cette fois-ci, de nombreux représentants politiques ont insisté pour s’adresser à la foule. Même des partis qui se sont prononcés en faveur du projet ou qui soutiennent d’autres projets pétroliers étaient présents.

Anticosti et Enbridge, «C’est différent», dit le PQ

Malgré le soutien de son parti à l’exportation du pétrole albertain vers l’est, François Lapointe, député néodémocrate de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, tente de représenter ses électeurs du Québec préoccupés par le projet. «On a déposé une motion précise sur le projet de port pétrolier pour rejeter la construction d’un port pétrolier ici à Cacouna.» De son côté, le président du Bloc Québécois, Mario Beaulieu, dénonce le «double discours» du NPD: «M. Mulcair, au Canadian Club à Toronto, a dit qu’il appuierait pleinement le projet d’oléoduc vers l’est.» Le Bloc est opposé au projet depuis ce printemps.

Quatre députés du Parti québécois (PQ) étaient présents sur place. Lorsque ce parti était au pouvoir, il a autorisé l’inversion de la ligne 9 d’Enbridge et subventionné l’exploration pétrolière sur Anticosti.

«Là, on est seulement le tuyau pour les ressources de l’Alberta. Dans le cas d’Anticosti, c’est l’exploitation, à tout le moins, où les retombées sont potentiellement plus importantes pour le Québec, nuance Pascal Bérubé, député péquiste de Matane-Matapédia. À savoir si son parti tient toujours à Anticosti, il affirme qu’il faudra«réviser cette position-là. L’élection s’est déroulée, on a à réviser tout ça. Le gouvernement a décidé d’aller de l’avant, on va voir comment ça va se passer. Lorsqu’il y aura l’arrivée d’un nouveau chef, ça va être certainement le moment, avec le congrès, de réévaluer tout ça. Il y a de nouvelles informations qui sont apparues depuis notre annonce quand on formait le gouvernement, donc ça vaut la peine de reconsidérer et de ne pas avoir de position définitive là-dessus.»

Encore en réflexion sur sa candidature à la direction du Parti québécois, Martine Ouellet, porte-parole en matière de transports, d’électrification des transports et de stratégie maritime, n’y voit pas de contradiction. «Le Parti québécois n’a jamais été pour le projet de TransCanada. [lire ici sa position de septembre 2013] Les deux projets de pipelines sont deux projets complètement différents. Enbridge, c’est de l’inversion, mais c’est aussi pour le marché québécois.»

Contre toute forme d’exportation du pétrole

L’une des quatre militantes qui se sont enchaînées aux grilles de la raffinerie Suncor à Montréal pour dénoncer la mise en service de l’autre projet d’oléoduc, la ligne 9 d’Enbridge, Alyssa Symons-Belanger, est venue exprimer qu’elle est farouchement«contre toute forme de transport des sables bitumineux à travers le Québec».

C’est un élu, le maire de Saint-Siméon et préfet de Charlevoix-Est, qui a soulevé la foule. «Vous n’êtes pas tannés de vous faire dire quoi faire par des gens, des financiers, qui sont à l’extrémité de la Terre? On se fait imposer des choses, en région comme au Québec, alors que normalement on sait exactement de quoi on a besoin nous autres même, a tonné Sylvain Tremblay. Vous êtes les gardiens de notre avenir, les gardiens de nos enfants, qui sont présents ici. On ne peut pas se laisser faire pour imposer des choses comme ça. C’est non.»

«On va juste forer pour voir si ça va éventuellement déranger les bélugas, a ironisé l’humoriste Christian Vanasse, s’adressant à la foule. Et si ça les dérange, et qu’ils s’en vont, et qu’ils ne reviennent pas, là on pourra forer sans les déranger.»

«Au Québec, on est en train comme le Canada de virer en État pétrolier, s’est inquiétée Kim Cornelissen, consultante en énergies renouvelables. Trois des caractéristiques des États pétroliers, c’est que le gouvernement ne nous représente plus, c’est que les programmes sociaux vont tomber (ce qu’on est en train de voir avec la fameuse politique d’austérité), et le troisième, c’est qu’il y a de moins en moins d’intérêt pour les énergies renouvelables. Et si vous regardez ce qui se passe dans l’actualité actuellement, c’est exactement ça. On est en train de virer en État pétrolier.»

«Nous avons un devoir d’être des gardiens du bien commun et de la protection de notre territoire», a martelé Martin Poirier, porte-parole de Non à une marée noire dans le Saint-Laurent. Il s’est dit «consterné de voir les positions que prend notre gouvernement», dénonçant que «le premier ministre Couillard, le lendemain du jugement [imposant l’arrêt des travaux], ose ajouter que les forages vont continuer à aller de l’avant, parce qu’on a besoin d’aller forer dans la pouponnière des bélugas pour réaliser une évaluation environnementale. Alors là, je dis: enlevons le titre de notre premier ministre et disons qu’il devient carrément un lobbyiste de TransCanada.»

La foule déferle sur le port de Cacouna. Photo: Nicolas Falcimaigne

«J’aimerais que les médias comprennent une chose aujourd’hui: la résistance ne s’organise plus. La résistance est organisée, a affirmé Simon Côté, porte-parole de la coalition Stop-Oléoduc. Sachez que maintenant, l’énergie des milliers de citoyens dans les centaines de groupes à travers la province va se concentrer de moins en moins dans l’organisation, et de plus en plus dans l’action directe.»

Poursuite des travaux

Les 2500 personnes réunies à Cacouna ont exigé l’arrêt définitif des travaux, même après la fin de l’injonction, le 15 octobre. Les opérations devant permettre de connaître le fond marin où poser les assises de la jetée de 750 mètres avaient commencé avec des levés sismiques de 220 décibels ce printemps, et se poursuivent cet automne sous la forme de sondages géotechniques.

Ces forages doivent se dérouler pendant 95 jours à raison de 5 heures par jour. Pour procéder, la compagnie doit s’assurer qu’aucun mammifère marin n’est dans la zone, une surveillance qui nécessite une mer calme et libre de glaces.

Tout déversement de pétrole aurait des conséquences importantes dans le Saint-Laurent, en raison des courants et de la glace, qui empêcheraient de limiter les dégâts. Le chargement prévu de deux à trois superpétroliers par semaine implique aussi le déversement systématique de 60000 tonnes d’eaux de ballast par navire.

La mobilisation populaire bloque jusqu’à maintenant les projets d’oléoduc Northern Gateway (Enbridge) vers le Pacifique et Keystone XL (TransCanada) vers le golfe du Mexique. La croissance de 200% à 300% souhaitée par l’industrie des sables bitumineux en Alberta repose donc actuellement sur la capacité d’exporter le pétrole à travers le Québec, par train, par bateau, et principalement par oléoduc.

Mikaël Rioux et Martin Poirier, organisateurs, à l’entrée du port de Gros-Cacouna. Photo: Nicolas Falcimaigne

Août 012014
 

Nos voitures sont conçues pour consommer dix fois plus d’essence qu’elles le devraient. C’est ce qu’a démontré le designer industriel Jacques Bodart. Il y a vingt ans, il a conçu un véhicule, le Minigramme, qui fait 600 km avec un seul litre d’essence. Mais son prototype est resté dans l’oubli, ignoré par les autorités. Aujourd’hui, il est exposé à la Vieille école de Saint-André de Kamouraska. Notre reporter, Olivier D. Asselin, l’a rencontré dans le cadre de l’Échofête, festival environnemental de Trois-Pistoles, et de la marche de 700 km contre le projet d’oléoduc.

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Juil 012014
 

Dénichés au détour d’un champ de chanvre, pendant la Convergence de permaculture de Frelighsburg (lire notre dossier), trois jeunes entrepreneurs ont choisi la formule coopérative. Leurs trois nouvelles entreprises démarreront au cours des prochains mois, dans la région environnante. Ensemble les a rencontrés pour comprendre comment ils ont intégré les principes de permaculture et les valeurs coopératives dans leur projet d’affaires.

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Fév 272014
 
Sorel-Tracy — «Le monorail à grande vitesse est un projet d’envergure mondiale», s’est exclamé Bernard Landry, à l’occasion d’une conférence prononcée le 19 février dernier, à l’invitation de la Chambre de commerce et d’industrie Sorel-Tracy métropolitain (CCISTM). L’ex-premier ministre du Québec s’exprimait en tant que membre d’un nouveau groupe promoteur du projet de monorail, MGV Québec. Présidé par Dominique Bouchard, ex-président de Rio Tinto Fer et Titane à Sorel, cet organisme à but non lucratif (OBNL) souhaite que le projet de monorail relance l’économie de la région, avec le soutien des élus locaux. Mais il n’a pas d’entente avec TrensQuébec, qui fait la promotion du projet avec son inventeur Pierre Couture depuis plusieurs années.

En novembre dernier, le gouvernement du Québec a annoncé sa Stratégie d’électrification des transports, qui prévoit confier à une «firme externe indépendante» une étude préliminaire sur le projet de monorail à grande vitesse (MGV), suivie d’une étude de préfaisabilité. Ces études permettront de «déterminer la possibilité ou non de s’engager dans un tel projet», précise le document de la Stratégie, qui attribue 200000$ à la première étude. Le gouvernement est actuellement en train d’évaluer plus précisément le budget nécessaire et d’établir le cahier de charges, indique Daniel Breton, adjoint parlementaire à la première ministre pour le volet électrification des transports.

Firme externe indépendante

«On sait que le gouvernement veut aller en appel d’offres pour réaliser ces études-là, et on s’est associé à différents acteurs majeurs pour pouvoir être crédibles», souligne Dominique Bouchard, président du conseil d’administration de MGV Québec, qui souhaite réaliser à la fois les études de faisabilité et le projet lui-même. Or, cette intention placerait le groupe en conflit d’intérêts, selon Daniel Breton: «un promoteur qui fait une étude, je vois difficilement comment il peut être indépendant».

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Déc 122013
 
MONTRÉAL — Le Plan d’électrification des transports et son enveloppe de 516 millions de $ ont été dévoilés en novembre par le gouvernement Marois. C’est moins d’un an après la nomination de Daniel Breton, député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, comme adjoint parlementaire à l’électrification des transports. M. Breton, qui a d’abord été ministre de l’Environnement pendant quelques semaines après l’élection du 4 septembre 2012, a répondu aux questions du journal Ensemble sur les orientations gouvernementales.

Nicolas Falcimaigne, journal Ensemble : M. Breton, quel est le rôle de ce plan dans le déploiement de la vision gouvernementale sur l’indépendance énergétique?

Daniel Breton, député de Sainte-Marie-Saint-Jacques et adjoint parlementaire à l’électrification des transports : L’indépendance énergétique du Québec, la façon dont je la perçois, ça passe par quatre plans. Stratégie énergétique, de Martine [Ouellet, ministre des Ressources naturelles], Plan d’action sur les changements climatiques, d’Yves-François [Blanchet, ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs], Plan québécois de mobilité durable, de Sylvain [Gaudreault, ministre des Transports], et le plan d’électrification des transports.

Ça c’est les quatre piliers de l’indépendance énergétique du Québec. Ça veut dire qu’il faut qu’on électrifie les transports, il faut qu’on consomme moins, il faut qu’on soit plus efficaces, qu’il y ait plus de transport collectif, et qu’après ça on ait une stratégie énergétique arrimée autour de ces enjeux-là.

Qu’est-ce que c’est le plan d’électrification des transports? C’est un plan qui a pour but de créer un créneau de développement industriel et d’expertise dans un nouveau champ, qui est l’électrification des transports.

NF : D’ailleurs, c’est le mot emploi qui est le maître mot de ce plan.

DB : Exactement, c’est des emplois d’avenir. Les sociétés les plus avancées du monde, qu’il s’agisse de la Norvège, de la Suède, de l’Allemagne, de la France, du Japon, de la Californie, etc., dans le dossier des nouveaux types de transport, ont tous des incitatifs à l’achat de véhicules électriques, hybrides ou hybrides rechargeables. Tous. Il n’y a aucun pays, dans le monde industrialisé, qui ne donne pas d’appui. En fait, il y en a un. Lequel? Le Canada. Par contre, lui, il subventionne les pétrolières à coups de milliards.

NF : Ce plan prévoit notamment un investissement de 200 millions $ pour l’étude d’un projet de monorail à grande vitesse. Plusieurs personnes s’interrogent sur la forme que prendra ce projet. Une société d’État, parfois, ça peut échapper aux intérêts du bien commun. Vous avez été aux barricades dans le passé pour dénoncer des abus dans le cadre d’Hydro-Québec, etc.

DB : Absolument.

NF : On sait aussi que le modèle privé peut facilement échapper aux mains des Québécois, comme Bombardier qui est maintenant une société par actions. Quelle option privilégiez-vous pour que le monorail reste aux Québécois?

DB : Il y a des gens qui parlent de faire une coopérative, justement, pour le développement du monorail. Moi, je trouve la voie intéressante. Il y a des gens comme Claude Béland, qui s’intéressent à ce projet-là. Il est trop tôt pour dire si ça va aller de l’avant, mais si jamais ça allait de l’avant, je pense que ça pourrait être une solution intéressante.

NF : Comment voyez-vous ça? Une coopérative d’usagers, qui détiendrait le brevet?

DB : Je ne sais pas. Honnêtement, il est trop tôt pour le dire.

NF : Est-ce que c’est un souci que vous avez, que ce projet reste sous contrôle démocratique des Québécois?

DB : À ton avis, pourquoi tu penses que j’ai appelé mon groupe «Maîtres chez-nous 21e siècle»? C’est clair.

NF : Comment expliquez-vous que le gouvernement envisage d’exploiter le pétrole au Québec, en même temps qu’il souhaite réduire la dépendance du Québec au pétrole?

DB : On veut se sortir du pétrole, mais on en a encore besoin. Donc, de façon transitoire, est-ce qu’on va prendre le pétrole d’ailleurs, où est-ce qu’on va prendre le pétrole d’ici? C’est ça le débat. Parce qu’on va continuer à prendre du pétrole.

NF : Il y a des gens qui vont interpréter ce débat-là en disant : est-ce qu’on va laisser les impacts négatifs de l’exploitation ailleurs, ou est-ce qu’on va les importer ici?

DB : Exactement. Mais l’affaire, c’est que même quand tu l’exploites ailleurs, dans le transport tu peux avoir des impacts négatifs ici. Que ce soient les trains, comme on l’a vu avec Lac-Mégantic, que ce soient les pipelines, que ce soient les bateaux, no matter what, le pétrole, c’est de la merde.

Et on est pris avec ça. Pourquoi? Parce que l’économie mondiale est basée sur le pétrole. C’est ça la réalité.

NF : Est-ce qu’il y a une option de tout simplement en importer de moins en moins au fur et à mesure qu’on réussit à en consommer de moins en moins, et que cela permette au Québec de prospérer, peut-être pas autant que si on en exploitait, peut-être pas de devenir riches, mais au moins on ne sera pas pire qu’avant?

DB : Ça, pour moi, ça fait partie du débat. Présentement, le déficit commercial du Québec est dû à l’importation d’hydrocarbures. Quatorze milliards. La balance, elle est là. Ce qu’on fait avec l’électrification des transports, c’est pour diminuer ça autant que faire se peut. Mais si on dit que d’ici trente ans il y a entre dix et quinze milliards qui viennent de l’exploitation pétrolière, issus du pétrole du Québec, ça peut faire partie de l’équation.

Et ça, c’est pas moi qui vais le décider, c’est pas quelques personnes qui vont le décider, c’est au peuple du Québec de décider si on va dans l’exploitation pétrolière. Mais moi j’insiste pour dire: de façon transitoire.

NF : Vous dites que c’est le peuple qui va décider. Est-ce que ça va être soumis au peuple par référendum?

DB : Il y a eu une consultation publique, justement, sur la stratégie énergétique, qui a été présentée par Martine Ouellet. Là, le plan va être présenté. Mais moi, je suis prêt à ce que, à la prochaine élection, ça fasse partie du débat.

NF : Ça serait un enjeu principal de la prochaine élection?

DB : Je veux que ce soit un enjeu important, et l’électrification des transports. Ça, si on perd les élections et qu’on a fait tout ce travail-là… là-dedans, il y a des années et des années de réflexion. Si on a fait tout ce travail-là pour rien, pour recommencer après, on ne sera pas plus avancés.

NF : Une élection référendaire, ce n’est pas un choix entre deux options. Est-ce que, si vous le soumettez au peuple par référendum, par exemple, il pourrait y avoir un choix où on exploite le pétrole, et un choix où on règle la balance commerciale d’une autre façon?

DB : J’espère que les gens vont vouloir qu’on fasse une consultation publique pour dire: est-ce qu’on y va ou on n’y va pas? Mais ce que je peux dire, c’est que moi, comme écologiste, ce que j’ai vu, c’est que la population est favorable à l’exploitation du pétrole au Québec. Tu le sais, ça.

La réalité, c’est que ça ne sera pas facile, d’une manière ou d’une autre.

NF : Quelles sont vos attentes envers le plan de mobilité durable de M. Gaudreault?

DB : Ce à quoi je m’attends de Sylvain, c’est qu’il favorise évidemment le transport collectif, qu’il favorise le financement du transport collectif, qu’il favorise plus de voies réservées. Il a déjà annoncé un doublement du nombre de kilomètres de voies réservées à Montréal. Je ne sais pas si tu as vu ce que le maire de Québec a dit sur les voies réservées… il disait que c’était une mauvaise idée, et qu’on devrait éliminer ça. C’est pas tout le temps évident d’imposer des nouvelles idées, des nouvelles façons de faire. Il y a du monde qui n’est pas encore arrivé au 21e siècle, malheureusement.

NF : Vos attentes envers le plan de M. Blanchet?

DB : Le plan d’action sur les changements climatiques, je pense qu’il y a une partie de la réflexion, du travail, de l’équation, qui va avoir été faite via le Plan québécois de mobilité durable de Sylvain, et via le Plan d’électrification des transports. Donc lui, je pense qu’au niveau industrie, il va avoir un rôle important à jouer, et au niveau de la sensibilisation des citoyens.

NF : Vos attentes envers le plan de Martine Ouellet?

DB : Je m’attends à ce que Martine présente un plan où, justement, elle va offrir différentes options aux Québécois. De là, je pense que, parce que c’est Martine qui m’a dit ça, justement, on va offrir des options aux Québécois. Je m’attends à ce qu’elle leur dise: «On le prend ailleurs? On le prend ici? Qu’est-ce qu’on fait? On le décide ensemble.»

Mais une chose est sûre, là je te parle de pétrole, mais il y a évidemment toute la question de l’efficacité énergétique qui fait partie de sa Stratégie énergétique. Parce qu’on est très inefficace au Québec, que ce soit en matière d’électricité, en matière d’eau, en matière d’énergie, en matière d’hydrocarbures, on est parmi les plus grand consommateurs d’énergie au monde.

Ça, je sais que ça fait partie des piliers de la stratégie énergétique de Martine Ouellet.

Voici la version intégrale de notre entrevue avec Daniel Breton:

Oct 012013
 

Le dépanneur ferme dans votre petit village si agréable, juché au cœur des montagnes laurentiennes, emportant avec lui l’unique station-service à des lieues à la ronde? Pas de panique: ça s’est déjà passé ailleurs. Partout au Québec, des équipes de recherche étudient des situations réelles de développement rural et en tirent des leçons qui pourraient inspirer d’autres communautés. Pour que ces études sur l’économie de proximité soient utiles aux municipalités, aux organismes de développement et aux personnes engagées dans leur localité, elles ont été résumées dans un outil interactif: Un visage à la carte. Produit par l’Alliance de recherche Universités – Communautés – Développement territorial et Coopération (ARUC-DTC), cet outil en ligne a été rendu public fin septembre. En cette Semaine de la coopération, le journal Ensemble vous en offre une visite guidée.

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Jan 242013
 

Tatamagouche, journal Ensemble «Confiée pour toujours à la fiducie, la terre n’a plus de valeur, parce qu’elle ne peut être vendue. Elle devient comme l’air, l’eau, un bien commun.» Yuill Herbert, cofondateur de Tatamagouche Community Land Co-operative, la fiducie foncière sur laquelle est installée la ferme Waldegrave, à Tatamagouche, affirme qu’il s’agit d’une première dans les Maritimes. La célèbre ferme néoécossaise, sur laquelle se tient chaque année Tatamagouche Free School, marche ainsi sur les traces de la Ferme Cadet-Roussel en Montérégie, également sous fiducie foncière, mais sa structure est inattendue.

La fiducie foncière vise notamment à placer la terre à l’abri de la spéculation, pour les générations futures. Photo: Lucas Ayoub

La fiducie foncière vise notamment à placer la terre à l’abri de la spéculation, pour les générations futures.
Photo: Lucas Ayoub

Les fiducies foncières protègent la terre à long terme «en la sortant du marché foncier, donc de la spéculation et de la possibilité de développement. C’est un mouvement de grande ampleur aux États-Unis et au Canada anglais, où de grands organismes aident les plus petites fiducies à se mettre en place», a expliqué Jocelyn Darou, étudiant à la maîtrise en sociologie et anciennement chercheur au Groupe de réflexion et d’action sur le paysage et le patrimoine (GRAPP), lors du séminaire Les fiducies foncières agricoles – L’approche coopérative, tenu par l’Alliance de recherche université-communautés – Développement territorial et coopération (ARUC-DTC) en février 2012. Lire la suite »