Déc 062011
 

En octobre dernier, Jean-François Draperi publiait L’économie sociale et solidaire : une réponse à la crise ? Capitalisme, territoire et démocratie. Le rédacteur en chef de Recma, revue internationale de l’économie sociale souhaitait y « mesurer les limites de l’économie sociale et solidaire, présenter des pistes pour une critique du capitalisme, puis inviter à une mise en question radicale en proposant des voies de réflexion et d’action générale. » Rejoint par le journal Ensemble, il a confié sa vision des enjeux sur lesquels porteront la tournée de forums régionaux de l’Année des coopératives au Québec. Voici la seconde des deux parties de cette entrevue, dont la première est parue hier.

Nicolas Falcimaigne, journal Ensemble : Lors de la Conférence internationale de Lévis, en septembre 2010, Felice Scalvini a défini le concept de « biodiversité entrepreneuriale ». Cette approche justifie-t-elle des alliances entre les entreprises d’économie sociale et des partenaires privés, et comment réussir de tels partenariats?

Jean-François Draperi : Il me semble essentiel de distinguer d’une part les entreprises privées de proximité, qui, pour le dire vite, s’inscrivent dans le cadre d’une production de biens et services et d’un échange marchand, et, d’autre part, les grandes sociétés de capitaux qui visent ou s’appuient sur la rémunération des capitaux.

Tout ou presque est à faire entre l’économie privée de proximité et l’économie sociale, qui sont complémentaires. L’une des difficultés actuelles réside dans le fait que les financements publics s’assèchent, dans l’action culturelle ou dans l’action sociale, et que les financements privés qui prennent le relais sont susceptibles de fixer des conditions de financement nouvelles. La venture philanthropy ambitionne d’accompagner les bénéficiaires de leurs dons dans la gestion et parfois dans la définition du projet. C’est à cette vigilance que doivent s’exercer les structures de l’économie sociale qui sont en relation avec de nouveaux partenaires économiques afin de veiller à ce que leur projet, leur professionnalité, leur organisation interne, etc ; ne se déplacent pas et ne se banalisent pas.

Il ne sont pas seuls pour y faire face. Le monde syndical incarne, de façon différente mais depuis longtemps, cette confrontation. Il y a une complémentarité à redécouvrir entre les revendication syndicale et l’alternative économique que propose l’économie sociale.

Enfin, les termes d’un rapprochement avec l’économie publique sont également à reconstruire. Les biens communs et les services d’intérêt général ne devraient pas faire l’objet d’appropriation privée et de spéculation et leur gestion devrait être strictement de nature publique ou sociale. Un champ immense d’activités se présente avec la gestion de l’eau, des transports, des sols, de nouvelles monnaies alternatives, etc.

Nous connaissons tous la pression que la gestion capitaliste exerce sur les activités des collectivités publiques et des groupements de personnes : à travers la mise en concurrence des associations, la restriction des budgets publics, l’obligation de suivre des règles assurantielles et bancaires qui mettent en cause la solidarité, la comptabilité exclusivement conçue pour exprimer le rendement des actions (sous le doux vocable de « juste valeur »), la gestion des collectivités, des hôpitaux et des administrations qui reprend le même cadre conceptuel que les sociétés de capitaux, les conséquences directes ou indirectes de cette gestion : marchandisation toujours plus forte de la santé, accroissement des inégalités de traitement, destruction de la planète, etc. Cette gestion à laquelle nous sommes contraints rend toujours plus périlleux le respect de nos valeurs et principes les plus essentiels.

Pour contrer cette forme d’invasion, il faut non seulement innover au niveau de l’entreprise, il faut également se donner des règles et des normes alternatives, et peut-être ne pas oublier que dans certaines situations, les coopérateurs du monde entiers ont fait usage de la désobéissance civile.

Et pourquoi ne pas reprendre la veille idée gidienne de rachat de sociétés de capitaux par les coopérateurs associés ? Si je mentionne cette possibilité qui peut paraître lointaine, c’est aussi parce que je crois important que le mouvement coopératif se donne un horizon qui ne soit pas enserré par, et parfois dans, l’idéologie dominante. L’économie sociale et solidaire est un ensemble d’expériences humaines et économiques non superposables, qui suivent une très grande amplitude. Il faut admettre les errements, les analyser avant de les juger, construire de nouvelles normes et faire coexister la plus grande diversité dans un même ensemble de penser et d’agir, celle précisément de groupes de personnes dont les conditions de formation psychologiques, culturelles, sociales, économiques, historiques et géographiques sont les plus diverses. L’économie sociale et solidaire est, inévitablement, à l’image de cette multiplicité, infiniment variée.

C’est à ce prix qu’elle peut prétendre constituer une alternative. À défaut, elle peut garder des niches et prévenir les agressions, ce qui n’est absolument pas méprisable. C’est simplement une grande désillusion. Mais il n’y a pas de raison qu’elle échoue : s’accorder sur un projet d’économie sociale avec la société civile, les petites et moyennes entreprises, les collectivités publiques et les salariés, c’est s’appuyer sur la société pour transformer l’économie.

Si l’économie sociale et solidaire fait l’effort de mobiliser ses membres pour innover, si elle fait l’effort de développer ses statuts, l’effort de mieux connaître ses fonctionnements propres et de faire reconnaître ses modes d’évaluation, si elle établit des partenariats avec les autres économies du travail, si elle s’allie avec les organisations des salariés pour acquérir et transformer les sociétés de capitaux, alors elle est en capacité de transformer la crise du capitalisme en une mutation au bénéfice de toute la société.

NF : Comment les coopératives peuvent-elles susciter une forte adhésion de leur milieu?

JFD : Elles le font déjà en partie. Mais certainement que l’adhésion serait plus forte si ces entreprises, notamment les coopératives agricoles, réinvestissaient leur territoire, se tournaient davantage au service de la communauté comme les y invite le 7e principe coopératif de l’Alliance coopérative internationale (ACI).

Par ailleurs, encourager l’intercoopération, sinon l’interconnaissance des différentes structures d’économie sociale sur un territoire contribue à accroître leur visibilité et leur légitimité auprès des habitants et des décideurs. En France, les Chambres régionales de l’économie sociale oeuvrent efficacement à ce décloisonnement et à cette reconnaissance de l’économie sociale dans les territoires. Depuis 3 ans, le mois de novembre est ainsi devenu le « mois de l’économie sociale et solidaire » à l’initiative de ces chambres régionales. Les acteurs locaux proposent des milliers de manifestations publiques, se font connaître. C’est l’occasion pour nos concitoyens de se rappeler que qu’ils sont tous (ou presque) sociétaire d’une banque coopérative, d’une mutuelle de santé, adhérent d’association… et que cela a un sens.

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Jean-François Draperi est maître de conférences au Cnam et rédacteur en chef de la Recma, www.recma.org
Derniers ouvrages parus : Parcourir sa vie, Se former à l’autobiographie raisonnée, Presses de l’économie sociale, nov. 2010,
L’économie sociale et solidaire : une réponse à la crise ? Capitalisme, territoire et démocratie, éd. Dunod, oct. 2011

Nov 112011
 

QUÉBEC —Les vacanciers avaient déjà remarqué que l’année était bonne pour les fabricants de cônes de zones de travaux routiers. Lors du retour au travail, ils ont constaté que l’été n’avait pas suffi pour remettre en état les routes. Alors que s’allongent les embouteillages, l’épuisement du pétrole pousse les multinationales à en chercher jusque sous le sol des Québécois. Pour certains, l’indépendance énergétique passe par l’exploitation de tous les gisements fossiles présents sur le territoire. Pour d’autres, il s’agit plutôt de déployer des systèmes de transports fonctionnant à l’électricité, une énergie propre que l’on produit en grande quantité.

L’État est en quelque sorte la « coopérative territoriale » qui permet aux citoyens de se donner des infrastructures collectives en participant équitablement à leur financement. Les infrastructures de transport représentent un colossal investissement qui a un impact sur tous les Québécois, et qui exige que les choix de société à faire donnent lieu à un débat public approfondi. Dans cette première édition, le journal Ensemble, presse coopérative et indépendante présente à ses abonnés le portrait d’un projet dont il a encore peu été question dans l’espace public : le projet de monorail étudié par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) et maintenant porté par l’organisme TrensQuébec.

Qui dit transport électrique pense habituellement aux voitures électriques et hybrides, qui apparaissent très progressivement sur le marché. Le Québec n’est pas producteur d’automobiles, alors que son industrie du transport collectif est florissante. C’est ce qui a amené les chercheurs de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) à se pencher sur les projets de transport collectif électriques.

Fondé en 1999, l’institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), est un organisme indépendant et sans but lucratif qui est voué au développement  du Québec par la recherche scientifique  et économique. En janvier 2011, l’organisme déposait le rapport L’électrification du transport collectif : un pas vers l’indépendance énergétique du Québec, lors d’un colloque organisé de concert avec le réseau des ingénieurs du Québec et les syndicats d’Hydro-Québec. Sous la direction de Robert Laplante, les chercheurs Gabriel Ste-Marie, Jules Bélanger, Pierre Langlois et Gilles L. Bourque y présentent une vision globale des multiples projets actuellement sur la table au Québec. De là à imaginer une solution intégrée, développée intégralement au Québec et exportable partout dans le monde, il n’y a qu’un pas, et ils l’ont franchi sans hésiter.

Le projet monorail reliant les principales villes du Québec, qu’ils y décrivent en profondeur, est étroitement lié à l’avenir économique et énergétique du Québec. Si le Québec n’est pas producteur d’automobiles, il n’est pas non plus encore producteur de pétrole. Le virage vers une économie décarbonisée se présente comme une solution à la stablité économique et environnementale de la province. Ce virage, l’IRÉC l’aborde par l’électrification du transport.

Tous les projets en un seul

Afin de mieux comprendre le portrait des transports collectifs au Québec, l’IRÉC a réuni les projets existants en évaluant les coûts et les retombées économiques qui y sont associées.  Les tramways de Québec et de Montréal, le système léger sur rail (SLR) du pont Champlain, le prolongement du métro, la navette avec l’aéroport, les trolleybus de Montréal et de Laval, et l’électrification des lignes de trains du réseau de l’AMT sont tous chiffrés et évalués. La facture totale de ces projets de transport local s’élève à 7 milliards  $.  Les deux tiers des sommes investies auraient des retombées au Québec et 50 000 nouveaux emplois seraient créés.

Transport interurbain

Depuis des décennies, l’idée d’un TGV retient l’attention du public et des élus. Le Québec étant un leader dans la production de cette technologie, on s’attendrait évidemment à la voir s’y implanter en premier. Selon le rapport, le projet de TGV Windsor-Québec pourrait coûter 40 milliards $ et souffrirait de la difficulté d’opérer dans les conditions hivernales, d’une très faible tolérance au relief et de la nécessité d’embarquer des centaines de passagers à la fois. La géographie, le climat et la faible densité de population du Québec s’y prêtent donc très peu. Par ailleurs, le développement d’un axe unique entre Québec et Montréal laisserait le reste de la province isolée des grands centres urbains, malgré la contribution financière qui lui serait demandée. Pour répondre au besoin de transport rapide interurbain et interrégional, l’équipe de Robert Laplante a donc préféré évaluer la possibilité de relier Montréal et Québec aux capitales régionales du Québec par un monorail.

Le monorail en chiffres

Selon Pierre Langlois, physicien et auteur de Rouler sans pétrole, il en coûterait le tiers du projet de TGV pour relier huit régions du Québec à l’aide du monorail, soit environ 12 milliards $. Ce projet entraînerait la création de près de 100 000  emplois et d’un lien de transport rapide entre Gatineau, Rimouski, Sherbrooke, St-Georges, Trois-Rivières et Saguenay.

Comparable à celle du TGV, la vitesse du monorail propulsé par le moteur roue de Pierre Couture est évaluée à 250 km/h. « Une structure de transport performante, c’est un élément essentiel dans la compétitivité des économies. On ne développera pas les régions avec des infrastructures vétustes. Ça prend des infrastructures performantes et la technologie du monorail en est une », souligne Robert Laplante. Il ajoute que le projet, suspendu à des pylones, pourrait être implanté rapidement sur les terre-pleins des autoroutes et les emprises existantes, nécessitant peu d’expropriations et aucune construction de ponts et viaducs. Le rapport va jusqu’à évaluer le coût de remplacement des lampadaires. Avec le moteur-roue québécois, les wagons autopropulsés seraient indépendants et pourraient afficher complet avec une soixantaine de passagers, ce qui apporte une souplesse adaptée au portrait démographique du Québec.

L’IRÉC évalue que 3 000 personnes transitent chaque jour par transport collectif entre Montréal et Québec, en plus des 15 000 véhicules légers qui empruntent les autoroutes sur ce trajet. Ces déplacements représentent un marché d’au moins 10 000 passagers par jour, pouvant générer des revenus annuels suffisants pour assurer la rentabilité. La capacité totale du monorail, qui s’élève à 50 000 passagers quotidiens, laisse place à un développement important du marché.

Des wagons adaptés pourraient aussi être intégrés au réseau intermodal de transport de marchandises et réduire d’autant l’empreinte écologique des industries du Québec. Déjà chef de file en matière de conception de transport collectif, le Québec développerait une expertise dans un domaine de pointe qui pourrait intéresser d’autres pays.

Vers une économie verte et efficace

Au-delà de la question des transports, le projet de monorail soulève des interrogations sur l’avenir énergétique et l’indépendance économique du Québec. Il intéresse à ce titre plusieurs militants qui se sont récemment mobilisés contre l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste. Pour Daniel Breton, fondateur de Maîtres chez-nous 21e siècle, il faut s’affranchir de la dépendance aux énergies fossiles plutôt que chercher à en exploiter dans notre cour. Il rappelle que chaque année, de 13 à 18 milliards $ quittent le Québec en achats d’hydrocarbures. Ce déficit commercial pourrait considérablement être réduit si l’on envisageait des alternatives comme le monorail.

Depuis le dépôt du rapport, ses auteurs parcourent le Québec pour donner des conférences sur le projet, tout en multipliant les représentations auprès des groupes d’intérêt pour pousser le gouvernement à le réaliser.

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Une coopérative nationale de transport

Entrevue avec Gérald Larose, président de la Caisse d’économie solidaire Desjardins

L’organisme à but non lucratif TrensQuébec a été fondé pour porter le projet de monorail, sous la coordination de l’ancien député fédéral Jean-Paul Marchand. Ce dernier propose la création d’une coopérative nationale de transport.

Une organisation tripartite qui regrouperait l’État, un partenaire privé et une coopérative (PPP-Coop) assurerait aux citoyens le contrôle majoritaire du projet, soit à travers le gouvernement, soit par le biais de la coopérative.
Pour réunir le milliard de dollars nécessaire pour couvrir un tiers des coûts du premier projet Québec-Montréal, il faudrait 100 000 membres qui souscriraient des parts sociales de 10 000 $ chacun.

Gérald Larose est président de la Caisse d’économie solidaire Desjardins, qui soutient l’IRÉC. Il croit beaucoup en ce projet, qui a « une portée gigantesque, au plan structurel et au plan industriel, soutient-il. C’est une réponse à plusieurs ordres d’enjeux de société : celui du transport, mais également celui de l’environnement, celui de l’énergie, celui de la structuration des territoires. C’est un projet du 21e siècle. Au plan financier, c’est imposant. Le vaisseau amiral sera certainement l’État, parce que c’est un projet qui touche toute la société québécoise. »

Interrogé sur l’option coopérative et sur l’éventualité de créer un prêt dédié à la souscription de parts sociales, il considère « intéressant d’envisager la gestion participative ou démocratique, et comment la structurer. Il faut que les régions s’emparent du projet, et aussi les usagers. La forme coopérative peut être l’expression de cet engagement des usagers. Quant au montage financier global, il est trop tôt pour voir comment il pourrait précisément se structurer. »

Une coopérative ne peut toutefois pas être le levier principal, selon M. Larose : « Il faut d’abord que les régions soient mises à contribution et se mobilisent pour imposer à l’État québécois une vision toute différente de celle d’un TGV, qui ne correspond pas à la réalité économique du Québec » car il se déploie sur un axe Est-Ouest et néglige le développement du marché intérieur.

Avec Mathieu Champoux

Oct 172011
 

Du 13 au 15 octobre, les coopératives de travail se sont réunies à Québec dans le cadre du Congrès nord-américain de la coopération du travail, précédé d’un congrès spécial sur la transmission d’entreprises aux employés. Interrogé en marge de l’événement, Alain Bridault, président de la Fédération canadienne des coopératives de travail (FCCT/CWCF) dresse un portrait inquiétant du défi qui attend le mouvement coopératif au cours de la prochaine décennie.

Nicolas Falcimaigne, journal Ensemble : M. Bridault, pourquoi avez-vous convié les coopératives de travail à un congrès spécifique sur la transmission d’entreprise aux employés ?

Alain Bridault, FCCT/CWCF : Nous avions vraiment pour objectif de réveiller le monde en disant : « écoutez, on sait qu’il y a un tsunami qui s’en vient de 200 000 entreprises au Canada qui vont changer de main d’ici 20 ans. »

Normalement, il n’y a jamais de problème pour la transmission d’entreprise parce que ça se fait régulièrement, mais la génération des papy-boomers va prendre sa retraite. Comme c’est la génération la plus populeuse, cela va créer une espèce de courbe en cloche, dont la pointe devrait être vers 2018, 2020.

C’est comme un raz-de-marée qui va arriver, parce que le mode traditionnel de transmission d’entreprise ne suffira pas. Le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’exportation (MDEIE) évalue à 55 000 le nombre d’entreprises québécoises qui vont changer de main dans les 10 ou 15 ans, et il va manquer 25 000 repreneurs. C’est ça l’enjeu.

Et moi je dis : « non, il ne manquera pas 25 000 repreneurs. Parce que les employés sont là, ou la population locale si c’est un petit magasin, la dernière épicerie ou la dernière station service qui disparait, ou la quincaillerie. » Oui, il y a des repreneurs. Ce ne sont pas les repreneurs habituels, mais ils sont là potentiellement. Les employés ont intérêt à conserver leur travail.

N.F. : S’il y a des repreneurs, où est le problème ?

A.B. : Cela se fait sous forme de coopérative, et la formule est mal connue. Même au Québec, la région la plus coopérativisée en Amérique du Nord, elle est mal connue. Ce qu’on connaît, c’est les caisses populaire, les coop de consommation, les coop agricoles, mais la formule de coop de travail n’est vraiment pas connu.

Il y a déjà eu des expériences extraordinaires de transmission d’entreprise, mais beaucoup plus en Europe et en Argentine. Tout à coup, avec l’énorme crise qui a frappé l’Argentine, les patrons ont carrément quitté tous les CA et ce sont les employés qui ont repris les entreprises sous forme de coop. Le film The Take le présente bien.

N.F. : Voyez-vous ce phénomène comme une opportunité de transformer l’économie du Québec ?

A.B. : C’est non seulement une opportunité, mais c’est une obligation morale. On ne peut pas se permettre de laisser tomber les régions. C’est surtout en région, parce qu’en ville ça paraît moins une entreprise qui ferme. En région, ça peut être des catastrophes, ça peut être le seul employeur du village qui ferme. Si on ne fait rien, on est irresponsables socialement. Il faut se préparer à ce tsunami. On a les éléments de réponse, on sait comment il faut faire, mais il faut mettre tout un dispositif en place parce que ça va être  des centaines de cas qui vont arriver chaque mois quand on va être à la pointe de la vague.

Si on n’a pas tout un dispositif d’accompagnement, des fonds spéciaux, on risque d’avoir une catastrophe économique et sociale terrible. On a cette responsabilité d’y répondre. On a quelques cas déjà au Québec qui sont merveilleux. Promo plastik, sur la rive Sud, qui fait les petits bonhommes carnaval, c’est une transmission d’entreprise partielle. On a Électro coop, à Rimouski, avec une trentaine d’électriciens. Toutes les coopératives d’ambulanciers, les paramédics, sont des rachats d’entreprise et coopérativisation par les travailleurs. Mais ce sont quelques cas peu connus.

Les coop de travail se sont développées en France, en Italie et en Espagne. Il y a des dizaines de milliers de coopératives dans ces trois pays européens. Des cas magnifiques de transmission d’entreprise saine, beaucoup plus avancés que nous, nous ont été présentés pendant le congrès. C’était ce qu’on voulait montrer. On prend les enseignements d’ailleurs pour mieux réussir.

Une fois l’entreprise transformée en coop, il faut la gérer. C’est tout un apprentissage, la gouvernance. C’est un changement culturel complet. Pour les employés, arriver à se transformer en patron collectif ne se fait pas en criant : « lapin ». Au Canada, ça pourrait être un million d’emplois qui disparaissent.

N.F. : L’alternative, c’est la fermeture ou le rachat par des intérêts étrangers. Qu’est-ce qui vous inquiète le plus ?

A.B. : Les deux. C’est certain que les requins, les compagnies américaines, ou d’autres régions, c’est leur stratégie. Ils rachètent des concurrents pour l’achalandage. Ils rachètent et ils ferment l’entreprise. On a vu des cas dans la région de Québec, c’est une menace directe.

Et s’il n’y a pas de repreneur, le patron lui-même sera victime parce qu’il ne pourra pas vendre. Au moins, en vendant aux employés, il va retrouver ses billes. Tout le monde est perdant s’il n’y a pas de repreneur.

Ça va coûter beaucoup d’argent. Ça prend une expertise. Il faut accompagner un processus qui est complexe. Il faut transférer non seulement les avoirs, l’argent, mais ce n’est pas seulement ça la problématique de transmission. Il faut aussi transférer les savoirs. Le problème, ce sont les savoirs entre les deux oreilles du propriétaire dirigeant. Si on ne le transfère pas, l’entreprise ne fonctionnera pas. C’est ce qui fait la différence. La connaissance du réseau de fournisseurs, comment fonctionne son marché, les savoirs-faire du métier, les pratiques de gestion de ce type d’entreprise-là, ses réseaux personnels et ce sont des informations qui souvent ne sont pas écrites.

Un entrepreneur, c’est toujours un acteur social. Il ne peut arriver à fonctionner que dans la mesure où il arrive à mobiliser un paquet de ressources autour de lui, qui sont des ressources physiques, financières, mais aussi intellectuelles, informationnelles. Cette capacité-là, elle n’est jamais écrite, et c’est ça qu’il faut arriver à transférer. Et puis il y a toute la problématique de transférer les pouvoirs, parce que 95 % sont des petites et moyennes entreprises, de gestion paternaliste, qu’il faut tout à coup gérer collectivement. Ça prend beaucoup d’argent. Avant le contrat de vente, il y a énormément de travail à faire. On a des réseaux existants, mais il va falloir mettre sur pied un dispositif spécial pendant une dizaine d’années.

N.F. : Les Coopératives de développement régional (CDR) auront donc un rôle important à jouer.

A.B. : Oui mais il y a onze CDR, et ce sont des petites équipes. Ils ne fourniront pas. Même le réseau des 120 CLD ne suffira pas. Quand les cas vont tomber par centaines, il va falloir cesser les chicanes de territoire et que tout le monde travaille ensemble pour faire un task force national au niveau du Québec et dans chaque province.

La vague n’est pas partie encore, mais il faut s’y préparer à l’avance parce qu’il faudra plusieurs années pour mettre en place ce dispositif avant que la courbe monte et que l’on voit les premiers dégâts. On a trois ou quatre ans au maximum. Dans très peu de temps il va falloir avoir des capitaux à la disposition. On a besoin d’un fonds de développement coopératif dédié à cette question-là pour pouvoir avoir du capital patient spécifiquement dédié à la transmission coopérative des entreprises.

En même temps, c’est une gigantesque occasion historique qui ne se reproduira jamais, de marquer d’un seul coup et de changer complètement l’économie, surtout celle des régions, qui peut devenir complètement dominée par les coopératives. Ça peut changer l’histoire économique du Québec et du mouvement coopératif, si on sait saisir l’occasion.

Mai 142011
 

La présidente de Solidarité rurale du Québec n’a pas froid aux yeux. Heureusement. La coalition qui fête ses vingt ans cette année contemple avec perplexité les cadeaux du présent : gaz de schiste, pétrole, mines, crise forestière, crise agricole, crise des institutions démocratiques, le tout emballé dans un papier parfumé d’indifférence.
«Tout ce que les ruraux ont obtenu au fil des ans, ils l’ont obtenu à force de batailles. Il n’y a jamais eu de cadeau», confie-t-elle. Lucide et déterminée, c’est sur une expérience de militantisme à la dure qu’elle fonde son idéalisme. Claire Bolduc inspire une force tranquille qui rappelle les Chartrand qui ont fait l’histoire du Québec.

Solidarité rurale, une coalition

D’entrée de jeu, elle rappelle le vaste mouvement collectif qui a donné naissance à Solidarité rurale en 1991, sous le leadership de Jacques Proulx. «On perdait entre 30 et 50 fermes par semaine, et ils se sont aperçus que c’était la ruralité au complet qui était en difficulté.»

Réunis lors des États généraux du Monde rural, des organisations variées, allant du Mouvement Desjardins à l’Union des producteurs agricoles (UPA), en passant par les commissions scolaires, ont adopté la Déclaration du monde rural et fondé la coalition Solidarité rurale du Québec.

Puis il y a eu la bataille pour le maintien des bureaux de poste de village, la bataille pour le maintien des petites écoles et pour la diversification de l’économie rurale. «Dans un contexte où on parlait de mondialisation, de globalisation, de production de masse, Solidarité rurale s’est mis à parler de produits du terroir, de produits distinctifs, de produits de niche.»

En 1997, la coalition était reconnue en tant qu’instance conseil auprès du gouvernement en matière de ruralité, ce qui a mené à l’adoption des deux premières Politiques nationales de la ruralité. Le gouvernement ne venait-il pas d’apprivoiser le chien de garde? Mme Bolduc est catégorique: «Si, pour avoir les moyens d’agir, tu te prives de ton droit de parole, tu viens de te priver de ta raison d’agir, de ta légitimité d’agir.»

Elle concède qu’il était parfois un peu dérangeant pour une commission scolaire de se faire dire par quelqu’un d’autre: «Vous ne pouvez pas fermer la dernière école de village», mais que c’est ça une coalition. «Si on s’arrête aux intérêts corporatifs et aux intérêts particuliers, on arrête de se battre pour un objectif plus grand.»

Claire Bolduc se défend bien d’être sans peur. Ce qui l’inquiète le plus, actuellement, c’est l’indifférence des citoyens. Les gens sont craintifs. Ils acceptent de perdre beaucoup collectivement, pour maintenir un petit acquis individuel. «Pour avoir des jobs pendant dix ans, on va sacrifier un territoire pour les deux cents prochaines années, s’indigne-t-elle. Le sous-sol ne nous appartient pas au Québec. On le donne notre sous-sol! Et dans ce sous-sol là, il n’y a pas que des minéraux, du gaz et des hydrocarbures, mais il y a aussi de l’eau potable. Ça, c’est la plus grande richesse qu’on a et on est en train de la scraper.»

Face au défi de se renouveler, après vingt ans de combats et de réussites, Solidarité rurale aura donc plus de fil à retordre avec l’apathie des citoyens qu’avec la recherche d’enjeux mobilisateurs, ceux-ci étant nombreux. La coalition pourra compter sur la conviction d’une femme libre et déterminée. À ses côtés, la peur fait place à la saine colère qui amène le changement.

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l'Avenir, a présenté L'Écho de L'Avenir à la presse. Photo: N.Falcimaigne

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l’Avenir, a présenté L’Écho de L’Avenir à la presse.
Photo: N.Falcimaigne

Cet article fait partie du journal spécial L’Écho de L’Avenir, réalisé dans le cadre de l’événement Ruralia et publié dans Le Devoir du samedi 14 mai 2011, organisé par Solidarité rurale du Québec (SRQ). Si le journal est un hebdo fictif inventé pour le village fictif de Saint-Ailleurs, qui était le salon de la ruralité, les articles qu’il contient sont tous de bien réels articles de journalisme indépendant portant sur des nouvelles réelles et répondant aux standards élevés de la Coopérative de journalisme indépendant.

Mai 142011
 
«Tout ce que les ruraux ont obtenu au fil des ans, ils l’ont obtenu à force de batailles. Il n’y a jamais eu de cadeau.» - Claire Bolduc, présidente de Solidarité rurale du Québec. photo : Nicolas Falcimaigne

«Tout ce que les ruraux ont obtenu au fil des ans, ils l’ont obtenu à force de batailles. Il n’y a jamais eu de cadeau.» – Claire Bolduc, présidente de Solidarité rurale du Québec. photo : Nicolas Falcimaigne

La présidente de Solidarité rurale du Québec n’a pas froid aux yeux. Heureusement. La coalition qui fête ses vingt ans cette année contemple avec perplexité les cadeaux du présent : gaz de schiste, pétrole, mines, crise forestière, crise agricole, crise des institutions démocratiques, le tout emballé dans un papier parfumé d’indifférence.
«Tout ce que les ruraux ont obtenu au fil des ans, ils l’ont obtenu à force de batailles. Il n’y a jamais eu de cadeau», confie-t-elle. Lucide et déterminée, c’est sur une expérience de militantisme à la dure qu’elle fonde son idéalisme. Claire Bolduc inspire une force tranquille qui rappelle les Chartrand qui ont fait l’histoire du Québec.

Solidarité rurale, une coalition

D’entrée de jeu, elle rappelle le vaste mouvement collectif qui a donné naissance à Solidarité rurale en 1991, sous le leadership de Jacques Proulx. «On perdait entre 30 et 50 fermes par semaine, et ils se sont aperçus que c’était la ruralité au complet qui était en difficulté.»

Réunis lors des États généraux du Monde rural, des organisations variées, allant du Mouvement Desjardins à l’Union des producteurs agricoles (UPA), en passant par les commissions scolaires, ont adopté la Déclaration du monde rural et fondé la coalition Solidarité rurale du Québec.

Puis il y a eu la bataille pour le maintien des bureaux de poste de village, la bataille pour le maintien des petites écoles et pour la diversification de l’économie rurale. «Dans un contexte où on parlait de mondialisation, de globalisation, de production de masse, Solidarité rurale s’est mis à parler de produits du terroir, de produits distinctifs, de produits de niche.»

En 1997, la coalition était reconnue en tant qu’instance conseil auprès du gouvernement en matière de ruralité, ce qui a mené à l’adoption des deux premières Politiques nationales de la ruralité. Le gouvernement ne venait-il pas d’apprivoiser le chien de garde? Mme Bolduc est catégorique: «Si, pour avoir les moyens d’agir, tu te prives de ton droit de parole, tu viens de te priver de ta raison d’agir, de ta légitimité d’agir.»

Elle concède qu’il était parfois un peu dérangeant pour une commission scolaire de se faire dire par quelqu’un d’autre: «Vous ne pouvez pas fermer la dernière école de village», mais que c’est ça une coalition. «Si on s’arrête aux intérêts corporatifs et aux intérêts particuliers, on arrête de se battre pour un objectif plus grand.»

Claire Bolduc se défend bien d’être sans peur. Ce qui l’inquiète le plus, actuellement, c’est l’indifférence des citoyens. Les gens sont craintifs. Ils acceptent de perdre beaucoup collectivement, pour maintenir un petit acquis individuel. «Pour avoir des jobs pendant dix ans, on va sacrifier un territoire pour les deux cents prochaines années, s’indigne-t-elle. Le sous-sol ne nous appartient pas au Québec. On le donne notre sous-sol! Et dans ce sous-sol là, il n’y a pas que des minéraux, du gaz et des hydrocarbures, mais il y a aussi de l’eau potable. Ça, c’est la plus grande richesse qu’on a et on est en train de la scraper.»

Face au défi de se renouveler, après vingt ans de combats et de réussites, Solidarité rurale aura donc plus de fil à retordre avec l’apathie des citoyens qu’avec la recherche d’enjeux mobilisateurs, ceux-ci étant nombreux. La coalition pourra compter sur la conviction d’une femme libre et déterminée. À ses côtés, la peur fait place à la saine colère qui amène le changement.

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l'Avenir, a présenté L'Écho de L'Avenir à la presse. Photo: N. Falcimaigne

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l’Avenir, a présenté L’Écho de L’Avenir à la presse.
Photo: N. Falcimaigne

Cet article fait partie du journal spécial L’Écho de L’Avenir, réalisé dans le cadre de l’événement Ruralia et publié dans Le Devoir du samedi 14 mai 2011, organisé par Solidarité rurale du Québec (SRQ). Si le journal est un hebdo fictif inventé pour le village fictif de Saint-Ailleurs, qui était le salon de la ruralité, les articles qu’il contient sont tous de bien réels articles de journalisme indépendant portant sur des nouvelles réelles et répondant aux standards élevés de la Coopérative de journalisme indépendant.

Mai 142011
 

Au sortir d’une crise économique sans précédent, l’Amérique du Nord se relève en s’appuyant notamment sur de grands chantiers et sur l’exploitation des ressources naturelles. Quelle épingle les régions rurales peuvent-elles tirer de ce jeu qui les place au centre de l’arène? Jean-Paul Lallier, conseiller stratégique au cabinet d’avocats LKD, et John Parisella, délégué général du Québec à New-York, se partageront le panel de la Conférence nationale pour répondre à cette question. Rejoints par téléphone à quelques jours de l’événement, ils ont accepté de donner un bref aperçu de leur vision.

Aux premières loges de notre voisin du sud, John Parisella situe la lente reprise économique dans le contexte politique où le président Obama a joué ses grosses cartes en début de mandat. Les grosses réformes étaient nécessaires, mais elles sont choses du passé. La relance passe maintenant par le développement des nouvelles technologies. «En ce moment, la croissance est de l’ordre de 3% en général, mais dans le domaine des technologies de l’information, elle touche les 17%.»

Transport à grande vitesse

Un projet de transport rapide, tel que le monorail proposé par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), pourrait-il désenclaver les régions? «C’est important de regarder les transports comme un tout, avec des éléments d’intégration, souligne le diplomate. Je ne veux pas qualifier un système plus qu’un autre. Pour faire face à des besoins et aux changements climatiques, je vois le mouvement sur rail comme étant quelque chose de positif.» Sur le TGV Montréal-New-York, un sujet qui lui tient à cœur, le Délégué général parle d’un consensus qui est en train de se développer en faveur du transport de passagers par rail aux États-Unis.

L’ancien maire de Québec insiste pour sa part sur le rôle de leadership complémentaire que doivent assumer les villes. «Quand Québec se présente comme une ville d’histoire, il ne faudrait pas qu’elle oublie d’associer les territoires où il y a aussi de grands morceaux de notre histoire.»

M. Lallier affirme que, pour se développer, les régions doivent d’abord trouver leur identité. «Le côté touristique, ce n’est pas uniquement d’aligner des motels sur la route. C’est ce qu’on a à partager avec les gens qui viennent ici. Charlevoix a assumé son identité. D’autres régions se perçoivent encore à travers le potentiel d’exploitation des ressources naturelles. On revient cinquante ans en arrière.»

Ressources naturelles

C’est pourtant les grands projets d’exploitation des ressources naturelles qui sont souvent présentés comme la planche de salut des régions. Les projets miniers, hydroélectriques et éoliens sont-ils réellement structurants pour les régions? «Il suffisait qu’une compagnie dise “Je vais vous donner tant d’argent pour implanter mon éolienne sur votre terre”, et le cultivateur prenait le morceau, pensant que c’était bien bien payé pour utiliser un fond de terrain dont il ne se servait pas», s’indigne l’ancien maire pour illustrer le laisser-faire qui a caractérisé les appels d’offres en éolien. À cette approche, il oppose celle de la coopération.

Coopération

«Les régions qui se servent d’un des outils les plus traditionnels du Québec, c’est-à-dire les coopératives, défendent mieux leurs intérêts et partagent le bénéfice. Ça a toujours été pour le Québec une stratégie gagnante», rappelle-t-il en ajoutant que si on n’avait pas eu la coopération, le Québec ne serait pas devenu ce qu’il est. «La coopérative, c’est la mise en commun de ressources modestes qui, elles, constituent alors un important bassin de ressources. C’est tout le principe de la solidarité. C’est ça qu’il faut développer en région. Une des forces potentielles des régions, c’est qu’il est plus facile d’y développer des solidarités autour de projets gagnants que ça peut l’être dans le quartier Saint-Michel à Montréal, par exemple.»

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l'Avenir, a présenté L'Écho de L'Avenir à la presse. Photo: N. Falcimaigne

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l’Avenir, a présenté L’Écho de L’Avenir à la presse.
Photo: N. Falcimaigne

Cet article fait partie du journal spécial L’Écho de L’Avenir, réalisé dans le cadre de l’événement Ruralia et publié dans Le Devoir du samedi 14 mai 2011, organisé par Solidarité rurale du Québec (SRQ). Si le journal est un hebdo fictif inventé pour le village fictif de Saint-Ailleurs, qui était le salon de la ruralité, les articles qu’il contient sont tous de bien réels articles de journalisme indépendant portant sur des nouvelles réelles et répondant aux standards élevés de la Coopérative de journalisme indépendant. Sauf cet article qui en faisait la Une et qui est une fiction.

Avr 082010
 

Arrasate, journal Le Mouton NoirArrasate. C’est le nom basque de la ville où siège la coopérative Mondragon, dans la province de Gipuzkoa. Joueur important de l’économie basque et espagnole, le géant est une ville dans la ville, où les sièges de plusieurs coopératives membres poussent comme des champignons. Ici un distributeur alimentaire, là un centre de recherche et une université, les coopératives foisonnent dans cette vallée du versant sud des Pyrénées. José Luis Lafuente, responsable du modèle de gestion coopératif, nous accueille au siège social. Il confie que des milliers de visiteurs passent par le centre de gestion chaque année pour en savoir plus sur ce mouvement de développement collectif auquel aucun secteur ne semble pouvoir échapper.

Mondragon forme un complexe imposant à Arrasate. Photo: N.Falcimaigne

Mondragon, c’est 106 coopératives basques qui possèdent 129 filiales privées et qui emploient plus de 85 000 personnes, partout dans le monde. Les membres travailleurs des coopératives affiliées représentent 8 % des travailleurs industriels et 4 % du produit intérieur brut (PIB) des provinces de Bizkaia, Gipuzkoa et Alava, réunies sous la juridiction d’Euskadi, le gouvernement autonome basque. Le rapport annuel 2008 affiche un chiffre d’affaires de 16,7 milliards €, un chiffre qui devrait être revu à la baisse avec les effets de la crise. En effet, la réduction de 7 000 emplois n’apparaîtra qu’au rapport 2009, toujours en préparation. Lire la suite »

Nov 112009
 

L’économie sociale a gagné ses galons dans la MRC des Basques. Ces entreprises au visage humain ont démontré qu’elles pouvaient acquérir de l’envergure, diversifier leurs sources de financement et apporter leur contribution au développement régional. Voici un bref échantillon de 14 entreprises, identifiées par le Centre local de développement (CLD) des Basques.

La Chambre d'économie sociale des Basques organise des 5 à 7 avec présentation d'entreprise. Patricia Trinquet présente ici aux membres les services de l'Académie des Langues, dont elle assume la direction.

La Chambre d'économie sociale des Basques organise des 5 à 7 avec présentation d'entreprise. Patricia Trinquet présente ici aux membres les services de l'Académie des Langues, dont elle assume la direction.

Selon la définition du Chantier d’économie sociale, l’économie sociale regroupe l’ensemble des coopératives et des organismes à but non lucratif qui procurent des biens et des services aux membres ou à la collectivité. Leur gestion, autonome par rapport à l’État, est démocratique en impliquant les usagères et les usagers, les travailleuses et les travailleurs. La primauté des personnes et du travail sur le capital se reflète aussi dans la répartition des surplus et des revenus, selon les principes de la participation, de la prise en charge et de la responsabilité individuelle et collective. Lire la suite »

Nov 112009
 

Gaston April tourne la page sur six années passés à la présidence du Centre local de développement (CLD) des Basques. De quelles réalisations est-il le plus fier?

Le texte a d'abord été publié dans L'Horizon, presse coopérative des Basques

Le texte a d'abord été publié dans L'Horizon, presse coopérative des Basques

« Personnellement, je n’ai rien fait », précise-t-il d’emblée. L’équipe en place et les professionnels ont fait avancer plusieurs dossiers qui sont maintenant regroupés dans le grand projet de société que propose le Parc naturel mer, terre et Monde. Pour n’en nommer que quelques unes, Gaston April souligne la relance du Mont-Saint-Mathieu, l’implantation du miscanthus giganteus et les produits forestiers non ligneux (PFNL) à Sainte-Rita.

La force de Gaston April réside apparemment dans la conciliation et la concertation, des aptitudes qui ont fait toute la différence dans certains dossiers.

Au-delà de son engagement au CLD, Gaston April est aussi un auteur, passionné de coopération internationale.

Nov 112009
 

Bien que la Foire de l’emploi KRB ait été un succès lors des éditions de 2008 et 2009, le faible taux de participation des entreprises et des chercheurs d’emploi de la MRC des Basques a montré que cette activité ne répondait ni aux besoins ni à la réalité de notre milieu. C’est pourquoi la Table Formation de la MRC des Basques a décidé de mettre sur pied le Salon des Basques, qui se tiendra le 12 mars 2010 aux Galeries Trois-Pistoles.

Le texte a d'abord été publié dans L'Horizon, presse coopérative des Basques

Le texte a d'abord été publié dans L'Horizon, presse coopérative des Basques

Ce Salon, qui s’adresse également aux participants aux séjours exploratoires Place aux jeunes, offrira aux employeurs de la MRC des Basques l’occasion d’entrer en contact avec des employés potentiels dans un cadre répondant à leurs besoins. La formule de recrutement sera simple et dynamique. On profitera de l’événement pour présenter aux gens de la MRC les avantages et les forces de notre région. En effet, la récente réflexion sur l’établissement des jeunes dans la MRC des Basques a mis en évidence la vision négative du milieu par ses habitants.

Nancy Dionne, porte parole de l’événement, « souhaite que toute la communauté participe en grand nombre à cet événement rassembleur aux couleurs des réalités de la MRC des Basques ».

Le Salon des Basques est organisé par le Carrefour Jeunesse Emploi Rivière-du-Loup / Les Basques, le Centre local d’emploi (CLE), le Centre local de développement (CLD), la Commission scolaire du Fleuve-et-des-Lacs, la Société d’aide au développement des collectivités (SADC), le Service accès emploi.