Avr 152012
 

Le faible taux de participation aux élections est souvent pointé du doigt pour illustrer le cynisme des citoyens, alors que la classe politique promet de leur «redonner confiance». Dans plusieurs pays, les citoyens ont entrepris de convoquer une assemblée constituante pour remettre en question le système politique lui-même, et pour se donner de nouvelles institutions démocratiques.

Plusieurs milliers de citoyens de tout âge et de toute condition sociale ont récemment pris la rue pour crier leur mécontentement. Des Indignés aux étudiants, en passant par les opposants à l’exploration gazière, ces citoyens sont loin d’être un groupuscule marginal. Ils se décrivent comme les «99%» face au «1%» qui détient le pouvoir. Ils sont là pour réclamer le retour de la démocratie.

Qu’ils soient militants sociaux, environnementaux, qu’ils défendent des causes culturelles, morales ou économiques, les citoyens les plus engagés se sont tous heurtés un jour au mur de la politique partisane, au-delà duquel le débat public est confisqué par les intérêts individuels et partisans.

Maintenant, c’est le citoyen «ordinaire» qui réalise son incapacité à faire représenter fidèlement ses intérêts par ses élus. Il faut changer le système. Les partis ont bien compris cette volonté populaire, car ils proposent maintenant des réformes, celles qui serviraient leurs intérêts.

Ce n’est pas aux élus de décider des règles du jeu auquel ils prennent part, c’est aux citoyens, leurs commettants. Une réforme démocratique se fait par une Assemblée constituante de citoyens, et elle s’adopte par référendum. Qu’attendons-nous?

Avr 082012
 

Montréal, journal EnsembleIls étaient plus de 70 citoyens, chercheurs, artistes, étudiants, philosophes et autres manifestants indignés. Ils étaient intarissables, ils parlaient du Québec, de la démocratie, du bien commun, de ce printemps québécois qui s’éveille au bruit de centaines de milliers de pas qui envahissent pacifiquement les rues pour exiger la justice sociale. Ils étaient Nous.

Plus de 70 citoyens, dont ici le musicien Martin Léon, ont pris la parole au Monument-National, le 7 avril 2012, à l'occasion de l'événement Nous? Photo: Nicolas Falcimaigne

«Nous?», cet événement de prise de parole, s’est tenu le 7 avril dernier au Monument-National, de midi à minuit. Pendant douze heures s’est exprimée l’essence de l’identité québécoise, de sa crise et de ses espoirs.

«Comment rendre visible, opérante la liberté qui nous caractérise et qui nous échappe en même temps? La révéler?» En réponse à cette question, aussi alambiquée que celle du référendum de 1995, la diversité des points de vue exprimés s’est avérée impressionnante.

La part belle a été faite au mouvement étudiant et au «Printemps érable», en vue de la grande manifestation du 22 avril. Dominic Champagne, metteur en scène et organisateur de cette dernière, ainsi que Gabriel Nadeau-Dubois, leader étudiant présent à titre personnel, ont tous deux livré d’inspirants discours. Lire la suite »

Mar 222012
 

Montréal, journal EnsembleIl y a quelques semaines, Lux Éditeur publiait un petit livre intitulé Université inc. Des mythes sur la hausse des frais de scolarité et l’économie du savoir, par Eric Martin et Maxime Ouellet, un ouvrage auquel ont également contribué Guy Rocher, Lise Payette, Omar Aktouf et Victor-Lévy Beaulieu. Omar Aktouf est aussi professeur titulaire à l’école des Hautes études commerciales, et donc à la fois au cœur d’une institution universitaire et d’une pouponnière de la finance. Il est aux premières loges de cette relation entre l’élite financière et le monde de l’éducation, qui est en question dans cet ouvrage. Alors que des milliers d’étudiants sont dans la rue pour s’opposer à la hausse des frais de scolarité, le journal Ensemble l’a rencontré pour connaître le fond de sa pensée.

Omar Aktouf est professeur titulaire à l'école des Hautes études commerciales, et donc à la fois au cœur d'une institution universitaire et d'une pouponnière de la finance. Photo: N.Falcimaigne

En ce jeudi 22 mars, des milliers d’étudiants envahissent les rues pour s’opposer à la hausse des frais de scolarité, qui a été confirmée dans le budget déposé par le gouvernement Charest cette semaine. La mobilisation étudiante a bloqué l’autoroute métropolitaine il y a quelques jours, et ensuite le pont Champlain. La réaction de la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, est de nature à diviser la population, selon Omar Aktouf, professeur titulaire aux HEC. Selon la ministre, «les étudiants qui revendiquent la gratuité de leurs études universitaires doivent réaliser qu’ils sont en train d’écœurer les travailleurs, à qui ils veulent refiler toute la facture.» Lire la suite »

Mar 192012
 

Jeudi dernier, le 15 mars, se tenait à Montréal le lancement d’une campagne de communications hors du commun. Ce n’est pas un produit ou un organisme qui annonçait son angle d’attaque pour conquérir le public montréalais, mais bien un réseau d’entreprises de tout horizon, œuvrant dans des secteurs très diversifiés, unies par des valeurs et une même structure juridique. Dans le cadre de l’Année internationale des coopératives, les coopératives de Montréal ont lancé la campagne «Je coop» pour sensibiliser le grand public à la coopération.

L’événement a fait salle comble à la Salle Astral de la Maison du Festival, et a donné lieu à la présentation publique de plusieurs coopératives érigées en exemples.

Habitation

À l’ombre du silo numéro 5 du vieux port de Montréal, une étonnante coopérative d’habitation fleurit discrètement. «Nous gérons collectivement notre lieu par le biais de comités et d’un conseil d’administration qui est élu par ses membres, a expliqué Marie Marais, vice-présidente du conseil d’administration de la Coopérative d’habitation Le Cercle Carré. Nous sommes locataires, mais nous sommes propriétaires collectivement de nos lieux donc il faut qu’on s’en occupe. On composte, on récupère sur place et on a un projet de faire un jardin collectif avec une agriculture urbaine sur le toit.»

Culture

Tout le monde connaît le Café Campus, institution du Quartier Latin. Mais peu de gens en connaissent le cœur coopératif. Emmanuelle Collins, coordonnatrice, a donné la mesure de son intransigeance quant aux principes de la coopération. «On est une coopérative qui se dit encore autogérée. C’est toujours l’assemblée générale qui a le pouvoir ultime de la décision et elle est régulièrement et fréquemment consultée. Tous les membres participent de façon régulière à des consultations, à des réunions où tout le monde a son mot à dire. Il y a des conseils d’administration qui sont ouverts à tous alors la vie participative, la gestion participative est très forte à l’intérieur de l’équipe des membres de la coop.»

Éducation

Coopsco est une bannière regroupant 60 coopératives québécoises en milieu scolaire. «Le cœur de Coopsco, c’est ses membres, a lancé Jean-Emmanuel Bouchard, étudiant et président de Coopsco. Nos conseils d’administration sont des écoles pour faire vivre des expériences de gestion d’entreprise coopérative et faire reconnaître le mouvement coopératif aux étudiants. Nous formons la prochaine génération de coopérateurs.»

Les services financiers

Les grands centres d’affaires et les sièges sociaux de plusieurs grandes coopératives se retrouvent à Montréal. La Fédération des caisses Desjardins y compte, en incluant les caisses de groupes, 67 caisses, qui gèrent ensemble un actif de 21,8 milliards $ et 41,6 milliards $ de volume d’affaires. Elle compte, sur l’île de Montréal, 856 846 membres. Les caisses populaires Desjardins versent 7,5 millions $ en commandites, dons et bourses, ainsi que près de 50 millions $ en ristournes chaque année dans la métropole.

«Toutes les coopératives et les mutuelles ont débuté par l’engagement de certaines personnes, qui en ont amenées d’autres à s’engager, à prendre des initiatives, a souligné Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement des caisses Desjardins, et depuis quelques jours présidente du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité. C’est une entreprise qui s’appuie sur l’engagement des personnes. Et ça ne s’arrête pas là: c’est aussi toute la force et le pouvoir de l’association. Quand on met ensemble l’engagement personnel et le pouvoir de l’association, on est capable de réaliser de grandes choses.»

Un des porte-parole de l’événement, le comédien Jacques L’Heureux, président de la Caisse de la Culture et mieux connu par les jeunes générations dans son rôle de Passe-Montagne, a résumé en quelques mots, ce qui lui fait dire, lui aussi, «Je coop»: «On a vu les banques, ces dernières années, se planter royalement à travers toute la planète, et on a vu le Mouvement Desjardins se faire envoyer des lauriers, comme une des institutions financières les plus solides aux monde. Nos membres, qui sont des artistes pigistes, donc des entrepreneurs indépendants, des travailleurs autonomes, ne trouvaient pas de place dans les banques. La création de notre caisse a permis à énormément d’artistes d’accéder à la propriété et d’avoir des services financiers sans se faire demander « on veut que ton père signe pour nous ».»

Mar 192012
 

Montréal, journal EnsembleJeudi dernier, le 15 mars, se tenait à Montréal le lancement d’une campagne de communications hors du commun. Ce n’est pas un produit ou un organisme qui annonçait son angle d’attaque pour conquérir le public montréalais, mais bien un réseau d’entreprises de tout horizon, œuvrant dans des secteurs très diversifiés, unies par des valeurs et une même structure juridique. Dans le cadre de l’Année internationale des coopératives, les coopératives de Montréal ont lancé la campagne «Je coop» pour sensibiliser le grand public à la coopération.

«On a vu les banques, ces dernières années, se planter royalement à travers toute la planète, et on a vu le Mouvement Desjardins se faire envoyer des lauriers, comme une des institutions financières les plus solides aux monde», s'est exlamé Jacques L'Heureux, ici en compagnie de Gérald Larose, respectivement présidents de la Caisse de la culture et de la Caisse d'économie solidaire Desjardins. Photo: N.Falcimaigne

L’événement a fait salle comble à la Salle Astral de la Maison du Festival, et a donné lieu à la présentation publique de plusieurs coopératives érigées en exemples.

Habitation

À l’ombre du silo numéro 5 du vieux port de Montréal, une étonnante coopérative d’habitation fleurit discrètement. «Nous gérons collectivement notre lieu par le biais de comités et d’un conseil d’administration qui est élu par ses membres, a expliqué Marie Marais, vice-présidente du conseil d’administration de la Coopérative d’habitation Le Cercle Carré. Nous sommes locataires, mais nous sommes propriétaires collectivement de nos lieux donc il faut qu’on s’en occupe. On composte, on récupère sur place et on a un projet de faire un jardin collectif avec une agriculture urbaine sur le toit.» Lire la suite »

Mar 132012
 

Le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) a tenu ses assises annuelles hier au Centre de congrès et d’expositions de Lévis. Succédant à Denis Richard, président de la Coop Fédérée, Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, a été élue à la présidence du CQCM. Mme Leroux devient ainsi porte-parole du mouvement coopératif et mutualiste québécois, aux côtés de Hélène Simard, présidente-directrice générale du Conseil.

Cette annonce survient à l’approche du Sommet international auquel le Mouvement Desjardins convie les coopératives du monde entier, à Québec et à Lévis en octobre prochain. «En cette Année internationale des coopératives, je veux contribuer à un rayonnement accru des coopératives et mutuelles québécoises, petites et grandes», a souligné la nouvelle présidente.

Éducation et intercoopération

Mme Leroux a ouvert la porte sur son nouveau mandat en évoquant plusieurs thèmes qui devraient lui donner le ton. Au sujet de la Vision 2020, une réflexion sur le fonctionnement des structures et la concertation de tous les acteurs du mouvement coopératif, elle l’a décrite comme extrêmement porteuse. C’est «un thème rassembleur et innovateur, mais on va devoir tous y travailler ensemble». Elle a aussi insisté sur l’importance de l’éducation pour assurer la relève du mouvement coopératif et mutualiste.

«Conformément à la mission propre du CQCM, je travaillerai, avec ses membres et partenaires, à plus d’intercoopération au Québec et ailleurs au Canada. J’en suis convaincue: la coopération entre coopératives et mutuelles est un formidable levier pour mieux répondre aux besoins évolutifs de la population, ici comme dans les pays en voie de développement. Qui plus est, l’intercoopération peut soutenir l’innovation et stimuler le développement d’affaires.»

Hommage à Denis Richard

Mme Leroux a tenu à souligner le travail de son prédécesseur, Denis Richard. «Pendant les cinq ans où monsieur Richard a occupé la présidence du CQCM, il s’est toujours employé à ce que la force du modèle économique des coopératives et des mutuelles soit mise en évidence. Il a su relever avec brio les défis auxquels il a dû faire face, bref il a fait un travail formidable pour l’ensemble de notre mouvement.»

Le nouveau comité exécutif du CQCM est maintenant composé des personnes suivantes, dirigeants des grands réseaux coopératifs du Québec: Monique F. Leroux, présidente (Mouvement Desjardins), Michel Gauthier, 1er vice-­‐président (Groupe Promutuel), René Moreau, 2e vice-­‐président (Agropur coopérative), Jocelyne Rouleau, secrétaire (Confédération québécoise des coopératives d’habitation du Québec), J. Benoît Caron, trésorier (Fédération des coopératives de services à domicile et de santé du Québec), Jocelyn Lessard, administrateur (Fédération des coopératives forestières du Québec), Francine Ferland, administratrice (Fédération des coopératives de développement régional du Québec).

Le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité représente l’ensemble des organisations coopératives sectorielles et régionales du Québec. Il compte parmi ses membres plus de 3 300 coopératives et mutuelles lesquelles génèrent plus de 92 000 emplois. Avec plus de 173 milliards de dollars d’actifs, ces entreprises participent de façon positive au développement économique et social du Québec, notamment parce qu’elles affichent un taux de survie doublement supérieur aux autres formes d’entreprises créées, selon le CQCM.

Mar 132012
 
Lévis, journal EnsembleLe Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) a tenu ses assises annuelles hier au Centre de congrès et d’expositions de Lévis. Succédant à Denis Richard, président de la Coop Fédérée, Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, a été élue à la présidence du CQCM. Mme Leroux devient ainsi porte-parole du mouvement coopératif et mutualiste québécois, aux côtés de Hélène Simard, présidente-directrice générale du Conseil.

Mme Leroux a insisté sur l'importance de l'éducation pour assurer la relève du mouvement coopératif et mutualiste. Photo: Nicolas Falcimaigne

Cette annonce survient à l’approche du Sommet international auquel le Mouvement Desjardins convie les coopératives du monde entier, à Québec et à Lévis en octobre prochain. «En cette Année internationale des coopératives, je veux contribuer à un rayonnement accru des coopératives et mutuelles québécoises, petites et grandes», a souligné la nouvelle présidente. Lire la suite »

Fév 152012
 

Charlesbourg, revue Vie PédagogiqueDix-neuf avril 2011. Ce matin-là, entrer dans l’imposante Polyvalente de Charlesbourg donnait l’étrange impression de franchir le périmètre d’une grande conférence internationale sur les changements climatiques. Le gouvernement scolaire de cet établissement de la Commission scolaire des Premières-Seigneuries organisait son premier colloque sur l’environnement, dans le cadre de la Semaine de l’environnement et de la Journée de la Terre, le 22 avril.

Josée-Anne Gouin, conseillère pédagogique et Mario Harvey, enseignant. Photo: Luc Mercure - www.multimediamercure.com

L’enseignant responsable, Mario Harvey, nous accueille d’un air grave qui rappelle l’importance de l’enjeu. Ce colloque est plus qu’une répétition générale avant la «vraie vie»: les élèves, citoyens de l’école, ont pris en charge l’organisation. Ils ont eu l’audace d’inviter des intervenants de premier plan, diversifiés, pour confronter des idées sur des choix de société aussi réels qu’immédiats. Du directeur général du Regroupement des conseils régionaux de l’environnement du Québec aux représentants d’une des principales compagnies d’exploration du gaz de schiste, l’éventail de conférenciers a de quoi faire voler en éclat la bulle scolaire et précipiter les jeunes au cœur de leur société. Lire la suite »

Fév 062012
 

Face à la crise énergétique, si les multinationales privées incarnent le statu quo, car elles détiennent des intérêts financiers dans l’exploitation des carburants fossiles, les coopératives s’investissent au contraire dans les alternatives en bioénergie.

Julien Boucher est coordonnateur Recherche et développement à la Coopérative de développement régional (CDR) Bas-Saint-Laurent/Côte-Nord, la seule dotée d’un tel service au Québec. Son mandat est de découvrir les nouvelles avenues de développement durable pour les coopératives et les communautés.

L’autonomie énergétique, selon le chercheur, implique en premier lieu une réduction de la consommation, puis une efficacité de l’énergie qui est consommée, et enfin une production avec le potentiel local, qui peut être un potentiel de biomasse, de gras animal, d’huiles végétales, de l’autoproduction etc. «On a une multitude de petites opportunités locales, qui peuvent permettre de combler une partie des besoins locaux, avec une production locale et une consommation locale, en circuit court.»

Le guide Biocarburants ou bioénergies? Vers une solution coopérative, publié en 2011 par le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), en partenariat avec la CDR Bas-Saint-Laurent/Côte-Nord, Nature Québec, la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF) et la Coop Fédérée, fait état des plus récents projets en la matière. On y retrouve autant les stratégies développées par les coopératives forestières et agricoles que des détails sur des projets coopératifs locaux, surtout au Bas-Saint-Laurent.

«La meilleure énergie, c’est celle qu’on ne consomme pas»

Quelle que soit l’alternative en biocarburant, pour produire la plus petite quantité d’énergie nécessaire, il faut d’abord avoir réduit sa consommation, et le potentiel est aussi infini que l’est actuellement le gaspillage d’énergie. M. Boucher cite à ce sujet la récente étude sur une communauté de 300 habitants dans la Minganie, où plus de 45% de la facture globale en énergie est représentée par le carburant. «Cette partie là, c’est celle sur laquelle on peut le plus agir pour essayer de réduire la consommation énergétique des gens. J’ai un collègue qui a réussi, simplement en appliquant les principes de l’écoconduite automobile, à économiser 47% de carburant, ce qui est non négligeable puisqu’il habitait à une soixantaine de km du bureau.»

Selon M. Boucher, les alternatives en bioénergie sont une voie prometteuse mais complexe, tant au niveau de l’accès à la matière première (collecte de résidus) que de la disponibilité technologique. Ces technologies sont développées pour les grands projets industriels et nécessitent des économies d’échelles importantes.

Le mouvement coopératif, qui représente un secteur financier important au Québec, pourrait être un levier pour surmonter ces obstacles. «Il y a de très belles choses qui sont faites au niveau de la Coop Fédérée, confie M. Boucher avec enthousiasme. Notamment l’utilisation du biodiesel coloré par les agriculteurs, tout comme les politiques d’approvisionnement responsables et de développement durable chez Desjardins. On se place en position d’utilisateur, ou d’intermédiaire, et il y a de très belles choses qui sont aussi à faire du côté de la production pour soutenir les projets locaux et multiplier les projets en circuits courts.»

Les grandes coopératives et fédérations, contrairement aux entreprises privées, peuvent investir avec plus de souplesse dans ces projets, car elles ne sont pas soumises à l’obligation de fournir un rendement de 15% à des actionnaires. Leur mandat est plutôt de répondre aux besoins de leurs membres, incluant les retombées environnementales, économiques et sociales des projets pour les communautés.

Une stratégie d’intercoopération

La CDR Bas-Saint-Laurent/Côte-Nord est en train de mettre en place, avec sept coopératives en énergies renouvelables, la Coopérative de services experts en énergies renouvelables (CoopERE), dont l’objectif est de réunir au sein d’une même structure les promoteurs coopératifs de projets et les membres experts. La nouvelle structure permettra de développer et d’incuber les projets au sein même de CoopERE, et d’y partager l’information à l’interne pour multiplier les projets dans les autres communautés, sans être obligé de refaire et de payer à nouveau les mêmes études.

Fév 062012
 

Rimouski, journal EnsembleFace à la crise énergétique, si les multinationales privées incarnent le statu quo, car elles détiennent des intérêts financiers dans l’exploitation des carburants fossiles, les coopératives s’investissent au contraire dans les alternatives en bioénergie.

Le guide Biocarburants ou bioénergies? Vers une solution coopérative, publié en 2011 par le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), en partenariat avec la CDR Bas-Saint-Laurent/Côte-Nord, Nature Québec, la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF) et la Coop Fédérée, fait état des plus récents projets en la matière. Photo: Nicolas Falcimaigne

Julien Boucher est coordonnateur Recherche et développement à la Coopérative de développement régional (CDR) Bas-Saint-Laurent/Côte-Nord, la seule dotée d’un tel service au Québec. Son mandat est de découvrir les nouvelles avenues de développement durable pour les coopératives et les communautés.

L’autonomie énergétique, selon le chercheur, implique en premier lieu une réduction de la consommation, puis une efficacité de l’énergie qui est consommée, et enfin une production avec le potentiel local, qui peut être un potentiel de biomasse, de gras animal, d’huiles végétales, de l’autoproduction etc. «On a une multitude de petites opportunités locales, qui peuvent permettre de combler une partie des besoins locaux, avec une production locale et une consommation locale, en circuit court.» Lire la suite »