Déc 052011
 
En octobre dernier, Jean-François Draperi publiait L’économie sociale et solidaire : une réponse à la crise ? Capitalisme, territoire et démocratie. Photo: Recma

En octobre dernier, Jean-François Draperi publiait L’économie sociale et solidaire : une réponse à la crise ? Capitalisme, territoire et démocratie. Le rédacteur en chef de Recma, revue internationale de l’économie sociale souhaitait y « mesurer les limites de l’économie sociale et solidaire, présenter des pistes pour une critique du capitalisme, puis inviter à une mise en question radicale en proposant des voies de réflexion et d’action générale. » Rejoint par le journal Ensemble, il a confié sa vision des enjeux sur lesquels porteront la tournée de forums régionaux de l’Année des coopératives au Québec. Voici la première des deux parties de cette entrevue.

Nicolas Falcimaigne, journal Ensemble : M. Draperi, vous faites la critique du capitalisme tout en révélant les limites de l’économie sociale et solidaire. Quel est votre point de vue sur la démocratisation de l’économie ?

Jean-François Draperi : Démocratiser l’économie est une nécessité pour dépasser notre actuel modèle de développement, qui produit des ravages sociaux et environnementaux précisément parce qu’il échappe au pouvoir démocratique.

L’économie sociale et solidaire ne peut répondre aux enjeux de la société contemporaine sans établir des partenariats avec les autres économies s’appuyant sur le pouvoir des producteurs, des consommateurs ou des habitants d’un territoires, et non sur celui du capital : l’économie domestique (non marchande), l’économie de proximité des petites et moyennes entreprises et l’économie publique.

Ces économies – domestique, privée, sociale et publique – sont fondamentalement différentes, mais elles partagent une même raison d’être – l’activité et l’usage – et une même énergie – l’innovation. Des partenariats peuvent être développés, aussi bien au niveau des entreprises qu’à celui de leurs instances représentatives. Sous cet angle, l’économie sociale prolonge l’économie proprement privée – c’est-à-dire plus de 90 % des entreprises – en lui donnant les moyens de résister aux grandes entreprises. L’économie publique peut s’appuyer sur l’économie sociale pour certains services d’intérêt général.

Cela étant, démocratiser l’économie ne représente qu’un volet d’un processus général qui engage également la formation, la recherche et l’ensemble de la vie sociale et politique.

NF : Considérant la tendance à la baisse du taux de participation aux élections, pourquoi confier le contrôle des entreprises à la démocratie ?

JFD : Oui, les grandes coopératives bancaires ou les grandes mutuelles connaissent une érosion démocratique, la proportion de sociétaires impliqués dans les assemblées générales diminuant alors que les choix de la technostructure pèsent davantage dans les décisions. Mais il faut souligner que depuis la fin des années 1990, on observe une augmentation de la participation des membres dans plusieurs grands groupes. Le taux de votants aux assemblées générales augmente et une nouvelle génération de membres apparaît…

Par ailleurs, les grands groupes de l’économie sociale n’épuisent pas toute l’économie sociale. Et cette « loi d’airain de l’oligarchie » est observée dans le mouvement ouvrier depuis le début du XXe siècle. Est-ce pour autant qu’il faut décréter que la démocratie, toujours imparfaite, est définitivement un mode d’organisation politique et sociale irréaliste et qu’il faudrait qu’un petit nombre d’experts décide seul de la destinée d’entreprises dont l’activité est fondamentale en termes de cohésion sociale, de diminution des inégalités ou de continuité territoriale ?

NF : 92 entreprises coopératives se sont créées au Québec en 2010. Comment accélérer la démocratisation de l’économie ?

JFD : En France également, les créations de coopératives (toutes familles confondues) ne sont pas très nombreuses. Pour autant, je crois qu’on peut néanmoins affirmer que notre période se caractérise par une certaines effervescence créatrice. Cette créativité prend souvent la forme d’associations et non pas de coopératives. Mais au fond, les 1200 ou 1500 associations pour le maintien d’une agriculture paysanne qui se sont créées en France au cours des 10 dernières années sont des formes de coopératives de consommateurs et non des associations sans but lucratif. Que faut-il pour qu’elles deviennent des coopératives sur le plan juridique ?

Tout d’abord, me semble-t-il, simplifier les statuts, les rendre attractifs. Il est inconcevable qu’il se crée plus de coopératives de production – ce dont je me réjouis bien sûr que de coopératives de consommateurs, qui sont formellement bien plus aisées à concevoir, à financer et à faire vivre puisqu’elle n’exigent pas de fonds propres aussi importants que les coopératives de production.

Les autres enjeux, constants dans l’histoire, sont ceux de la formation et de la communication. La formation, c’est-à-dire tout à la fois, l’animation du sociétariat car les coopérateurs sont les meilleurs prescripteurs de la coopérative, la formation des  jeunes à l’école – et la rédaction de manuels par exemple, comme celui que nous avions rédigé il y a quelques années avec le soutien du Groupement national de la coopération (coopératives.coop : Les entreprises coopératives, créatrices de richesse et de sens) qui avait été adressé à 7000 enseignants de sciences économiques en Lycée. La formation des élus politiques, en particulier des élus locaux, des fonctionnaires territoriaux, la formation des acteurs syndicaux, des responsables de PME qui souhaitent céder ou transmettre leur entreprises, etc.

NF : Quelles sont les réponses les plus intéressantes apportées par l’économie sociale au problème de la dévitalisation des milieux ruraux, en termes de services de proximité et de circuits courts ?

JFD : On assiste à une véritable explosion d’innovations et c’est dans les départements les plus ruraux comme la Lozère, le Cantal, la Creuse (dans le Massif Central) que le taux d’emplois en économie sociale et solidaire est le plus élevé. Certaines vallées ne pourraient maintenir une population sur place sans l’économie sociale et solidaire. On observe dans le même territoire, regroupant quelques communes, des coopératives d’artisans – un magasin coopératif qui permet aux petits artisans de ne pas se préoccuper de la vente de leurs produits –, des coopératives agricoles qui collectent le lait, fabriquent et vendent le fromage,  des coopératives de production, des associations culturelles, sportives, de tourisme dynamiques, et associations de producteurs agricoles et éleveurs locaux qui proposent des produits de qualité en se regroupant, et bien entendu, comme partout maintenant en France, des AMAP.

Le développement des associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) est certainement le fait le plus visible pour les urbains français aujourd’hui : autour des villes, les terres agricoles se font rares et très chères, les agriculteurs et consommateurs s’associent directement. Les « paniers », souvent bio, satisfont le besoin de qualité des seconds, dont l’engagement assure les revenus nécessaires aux premiers. L’accès à la terre s’avère très difficile pour de jeunes agriculteurs. Appuyé par la Nef, une banque coopérative et solidaire, un fonds d’investissement piloté par une association, Terre de Liens, se porte acquéreur de terrains et les loue en luttant contre la spéculation foncière.

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Jean-François Draperi est maître de conférences au Cnam et rédacteur en chef de la Recma, www.recma.org
Derniers ouvrages parus : Parcourir sa vie, Se former à l’autobiographie raisonnée, Presses de l’économie sociale, nov. 2010,
L’économie sociale et solidaire : une réponse à la crise ? Capitalisme, territoire et démocratie, éd. Dunod, oct. 2011

Nov 292011
 
Le mouvement d'occupation donne de l'audace aux organisations qui œuvrent pour le changement social partout sur la planète. Photos: N.Falcimaigne

Samedi de mobilisation à Montréal. Au lendemain de l’éviction des Indignés du Square Victoria, le second Sommet Génération d’idées (GEDI) et le premier Forum des Artisans du changement mobilisaient plus de 500 personnes. Pendant ce temps, une assemblée générale du mouvement Occupons Montréal réunissait également une foule considérable au pied de la tour de la Bourse. Ces trois visages du changement social se réclament d’une même volonté de passer des paroles à l’action.

La Place des Peuples (Square Victoria) avait pris un air sinistre en ce samedi matin. Un vent froid sifflait entre les arbres décharnés, qui se tiennent maintenant seuls là où, quelques heures auparavant, le petit village irréductible assiégeait encore la tour de la Bourse. « On est tristes, c’est notre maison qui a été détruite », confie Jeanne Létourneux, étudiante et membre de l’équipe de facilitation pour les assemblées générales. Pas pour longtemps : à midi, une assemblée générale s’y réunit pour planifier la poursuite du mouvement.

Occuper Montréal, sans camper

L’assemblée générale de samedi a décidé que des assemblées de quartier se tiendraient en plusieurs lieux tous les vendredis à 18h et qu’une assemblée générale hebdomadaire rassemblerait le mouvement sur la Place des Peuples le samedi à 12h, tandis que le dimanche serait consacré à la mise en action des décisions prises pendant ces assemblées.

Amir Khadir résume l’enjeu en entrevue vidéo:

Le député et porte-parole de Québec Solidaire, Amir Khadir, rencontré sur place, résume l’enjeu : « Comment peut-on vraiment penser qu’il y a une démocratie quand il y a des millions de gens qui peinent à survivre et une poignée de personnes qui possède des milliards de richesses et qui, non contents d’avoir le pouvoir économique, se sont emparés aussi de nos institutions démocratiques. C’est évident qu’il y a un message uniforme de la place Tahrir à la Place des Peuples, que le temps des dictatures est révolu, qu’elles soient militaires ou financières. »

Mme Létourneux, qui a animé l’assemblée, croit que le mouvement d’occupation donne de l’audace aux organisations qui œuvrent pour le changement social partout sur la planète. « C’est mondial, ça nous donne de l’énergie, on travaille ensemble. »

Les Artisans du changement s’organisent

Pendant ce temps, au pavillon des sciences de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), le premier Forum des Artisans du changement (ne pas confondre avec l’émission du même nom) réunissait 215 participants, soit plus du double des attentes du groupe de cinq organisateurs et de dix bénévoles à l’origine de l’événement. Encore une fois, la mobilisation est sur toutes les lèvres.

« On est un terreau, lance Marie-Françoise Bunod Gentil, co-organisatrice. On propose l’espace et l’information qui peuvent inspirer les gens pour qu’ils se mobilisent dans leur milieu et qu’ils organisent des groupes de transition et des jardins communautaires en permaculture. » Outre ces deux thèmes centraux, les participants ont pu découvrir le leadership collaboratif, les écocommunautés et l’alimentation vivante, autant de sujets généralement peu connus par le grand public.

Marie-Andrée Mathieu, maraîchère du Potager enchanté, est venue d’Amqui en Gaspésie pour participer à ces discussions. « On sait qu’il va y avoir des changements… Comment nous, les humains, pourrons nous adapter pour survivre ? Ici, il y a des pistes, des outils et surtout du réseautage. On trouve dans cette journée la force de retourner chez soi avec une force d’amorcer ou de continuer des gestes concrets de changements positifs dans nos communautés. »

Génération d’actions, la suite

Toujours dans le même quadrilatère, au Palais des congrès, plus de 300 jeunes s’étaient rendus au second sommet Génération d’Idées. C’est à partir des conclusions du premier sommet, tenu à la même date l’an dernier, que les participants étaient invités à élaborer des solutions concrètes pour passer à l’action et s’engager à le faire. « Nous analysons ces questions-là avec nos propres yeux et on adopte des solutions qu’on peut mettre en œuvre nous-même », a témoigné Fimba Tankoano, participant.

D’autres participants ont déploré que les questions à discuter aient déjà été choisies, en fonction des échanges de l’an dernier. « J’ai quitté mon atelier de ce matin parce que c’était trop orienté », dénonce Martin Poirier, militant contre l’exploitation des hydrocarbures. L’atelier Ressources naturelles était régi par la question « Quel modèle pour l’exploitation des hydrocarbures et du minerai : nationalisation ou redevances ? », alors que l’exploitation elle-même ne fait pas l’objet d’un consensus au Québec.

Pour Suzanne Tremblay, mentor, il s’agit surtout d’une occasion d’écouter ce que les jeunes ont à dire. « Je trouve ça très stimulant de voir des jeunes, qu’on croit souvent cyniques et peu engagés, consacrer une fin de semaine pour réfléchir, discuter d’idées, chercher des solutions et les proposer. » Le rôle de mentor consiste à aider les jeunes participants à préciser leurs idées de solutions, en fonction de la réalité et de l’expérience acquise par les mentors dans l’espace public.

C’est à la tête d’une équipe d’une vingtaine de bénévoles que Paul St-Pierre-Plamondon a organisé ce deuxième forum. « On arrive à la limite du bénévolat », confie-t-il, essoufflé. Il faudra sans doute créer une organisation pour porter Génération d’idées vers l’avenir. Questionné sur les événements de la Place des Peuples, le jeune avocat salue le fait que les Indignés sont catalyseurs de changement et souligne que ce qu’ils disent est fondé, tout en précisant que l’approche GEDI n’est pas dans l’indignation. « On n’est pas dans la colère, on est à la recherche des solutions, mais il y a une complémentarité. Il y avait sept millions d’indignés au Québec quand on a appris le scandale de la construction », rappelle celui qui a lancé l’Opération balai devant l’Assemblée nationale.

Nov 252011
 
Simon-Olivier Côté, président et co-fondateur de la Coop V.E.R.T.E., est venu dire aux nombreux jeunes présents qu'il y a moyen de s'impliquer pour avoir une expérience de travail qui rejoint leurs valeurs. Photo: N.Falcimaigne

Les coopératives ont une longueur d’avance face à la crise écologique et démographique. C’est la trame de fond qui se dégage du Forum coopératif tenu aujourd’hui à l’Hôtel Chicoutimi et organisé par la Coopérative de développement régional (CDR) Saguenay-Lac-Saint-Jean/Nord-du-Québec. En favorisant la participation des jeunes, la CDR a aussi voulu illustrer cette tendance. Près du tiers de 160 participants sont des étudiants du Cégep de Chicoutimi venus découvrir le monde coopératif de leur région.

Louis Favreau, sociologue, s’est montré particulièrement radical en conférence d’ouverture. Les pistes de sortie de crise qu’il a lancées témoignent d’une approche globale : « se battre pour la démocratisation de l’économie, repenser le social et renouveler l’État social, se mettre radicalement au vert, construire un mouvement citoyen international et intensifier la solidarité Nord-Sud ». André Martin, professeur associé à l’IRECUS, a pour sa part souligné que le changement de paradigme qui se prépare s’inscrit dans une tendance historique à long terme.

Pour Dominic Deschênes, directeur général de la CDR, le contexte de crise multiple (économique, sociale, écologique etc.) favorise les organisations qui peuvent s’adapter aux changements, ou même les provoquer. « C’est un peu comme si on était en train de rebrasser les cartes, et on dirait que la nouvelle donne est taillée sur mesure pour les coopératives ». Le mouvement coopératif, précise-t-il, englobe déjà les aspects économique et social. Troisième aspect du développement durable, l’écologie correspond déjà aux principes coopératifs, ce qui place le mouvement à l’avant-garde.

Intégration des jeunes au travail

Les valeurs coopératives correspondraient également avec celles des nouvelles générations, plus versées dans la solidarité, le travail d’équipe et l’ouverture, dit le président et co-fondateur de la Coop V.E.R.T.E., Simon-Olivier Côté. En participant au panel du Forum, il est venu dire aux nombreux jeunes présents qu’il y a moyen de s’impliquer pour avoir une expérience de travail qui rejoint leurs valeurs. « Pour leur part, les moins jeunes gagneraient à changer leur approche pour s’adapter aux nouvelles générations, plutôt que de demander aux jeunes de s’adapter à leur modèle établi. » Participer au processus décisionnel, dans une coop, permettrait aux jeunes de répondre à leur incessante question en contexte de travail : « pourquoi? ».

Le Forum coopératif a été l’occasion de souligner le centième anniversaire de la Caisse Desjardins de Chicoutimi en lui décernant l’Ordre du mérite coopératif, mais aussi de constater que de nouvelles coopératives ont vu le jour dans la région pour répondre à des enjeux très concrets. La Coop V.E.R.T.E. S’inscrit dans une tendance de tourisme durable tout en fournissant un projet rassembleur pour les jeunes de Saguenay, la Coopérative de solidarité Nord-Bio répond à une nécessité de sensibiliser les consommateurs à l’agriculture biologique, alternative en croissance au Lac-Saint-Jean, et la Coopérative de solidarité Le Brûlot fournit un lieu de rassemblement et d’animation du milieu à Chibougamau.

« Berceau de la coopération, le Saguenay-Lac-Saint-Jean pourrait être un fer de lance du renouveau de la coopération », conclut Hélène Simard, présidente-directrice générale du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité.

Nov 252011
 

Les coopératives ont une longueur d’avance face à la crise écologique et démographique. C’est la trame de fond qui se dégage du Forum coopératif tenu aujourd’hui à l’Hôtel Chicoutimi et organisé par la Coopérative de développement régional (CDR) Saguenay-Lac-Saint-Jean/Nord-du-Québec. En favorisant la participation des jeunes, la CDR a aussi voulu illustrer cette tendance. Près du tiers de 160 participants sont des étudiants du Cégep de Chicoutimi venus découvrir le monde coopératif de leur région.

Louis Favreau, sociologue, s’est montré particulièrement radical en conférence d’ouverture. Les pistes de sortie de crise qu’il a lancées témoignent d’une approche globale : « se battre pour la démocratisation de l’économie, repenser le social et renouveler l’État social, se mettre radicalement au vert, construire un mouvement citoyen international et intensifier la solidarité Nord-Sud ». André Martin, professeur associé à l’IRECUS, a pour sa part souligné que le changement de paradigme qui se prépare s’inscrit dans une tendance historique à long terme.

Pour Dominic Deschênes, directeur général de la CDR, le contexte de crise multiple (économique, sociale, écologique etc.) favorise les organisations qui peuvent s’adapter aux changements, ou même les provoquer. « C’est un peu comme si on était en train de rebrasser les cartes, et on dirait que la nouvelle donne est taillée sur mesure pour les coopératives ». Le mouvement coopératif, précise-t-il, englobe déjà les aspects économique et social. Troisième aspect du développement durable, l’écologie correspond déjà aux principes coopératifs, ce qui place le mouvement à l’avant-garde.

Intégration des jeunes au travail

Les valeurs coopératives correspondraient également avec celles des nouvelles générations, plus versées dans la solidarité, le travail d’équipe et l’ouverture, dit le président et co-fondateur de la Coop V.E.R.T.E., Simon-Olivier Côté. En participant au panel du Forum, il est venu dire aux nombreux jeunes présents qu’il y a moyen de s’impliquer pour avoir une expérience de travail qui rejoint leurs valeurs. « Pour leur part, les moins jeunes gagneraient à changer leur approche pour s’adapter aux nouvelles générations, plutôt que de demander aux jeunes de s’adapter à leur modèle établi. » Participer au processus décisionnel, dans une coop, permettrait aux jeunes de répondre à leur incessante question en contexte de travail : « pourquoi? ».

Le Forum coopératif a été l’occasion de souligner le centième anniversaire de la Caisse Desjardins de Chicoutimi en lui décernant l’Ordre du mérite coopératif, mais aussi de constater que de nouvelles coopératives ont vu le jour dans la région pour répondre à des enjeux très concrets. La Coop V.E.R.T.E. S’inscrit dans une tendance de tourisme durable tout en fournissant un projet rassembleur pour les jeunes de Saguenay, la Coopérative de solidarité Nord-Bio répond à une nécessité de sensibiliser les consommateurs à l’agriculture biologique, alternative en croissance au Lac-Saint-Jean, et la Coopérative de solidarité Le Brûlot fournit un lieu de rassemblement et d’animation du milieu à Chibougamau.

« Berceau de la coopération, le Saguenay-Lac-Saint-Jean pourrait être un fer de lance du renouveau de la coopération », conclut Hélène Simard, présidente-directrice générale du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité.

Nov 172011
 

Il est plus facile, pour les citoyens des régions, de savoir l’état de la circulation sur le pont Champlain que d’obtenir de l’information sur les enjeux qui les touchent, dans leur municipalité. C’est une des conclusions de la tournée des régions effectuée par le Conseil de presse du Québec, en 2008. À l’approche de l’Année des coopératives, en 2012, le journal Ensemble, presse coopérative et indépendante, entame à son tour une tournée. Cette série d’éditions régionales se veut une réponse à l’uniformisation et à la centralisation de l’information.

Au XXe siècle, il y avait des hebdomadaires dans plusieurs régions du Québec, qui couvraient leurs frais par les abonnements et la vente à l’unité. Peu à peu, la publicité s’est imposée comme source principale de revenus. Au fur et à mesure que les entreprises de presse, d’impression et de publicité convergeaient, les hebdos gratuits sont apparus, financés exclusivement par la publicité.

En plus de réduire à peu de chose l’espace disponible pour le contenu dans les pages du journal, la publicité a affecté l’indépendance de l’information, et donc la qualité de ce contenu. Aujourd’hui, la publicité déborde même des pages du journal hebdomadaire, et celui-ci est souvent livré dans un sac de circulaires.

Régulièrement, on assiste à l’acquisition, par l’un des grands groupes de presse régionale, d’un journal indépendant. Le journal L’Avantage de Rimouski, ainsi que le Groupe Le Canada Français de Saint-Jean-sur-Richelieu et ses onze titres hebdomadaires, ont été achetés par Transcontinental au mois d’août.

Sortir des sentiers battus

Le secteur de la presse est en transition. Les citoyens cherchent de nouvelles façons de s’informer, et recherchent l’information qui sort des sentiers battus. La Coopérative de journalisme indépendant veut leur offrir, avec la création du journal Ensemble, une source d’information indépendante sur leur milieu, les enjeux de démocratie, de citoyenneté, et particulièrement l’économie sociale et solidaire, les coopératives et les mutuelles.

Cette édition régionale et les autres à venir sont une invitation lancée à toute la population du Québec. Pour se redonner accès à une information libre et indépendante, dans toutes les régions, et qui aborde des sujets laissés pour compte par les médias de masse, tous les citoyens et les citoyennes peuvent participer à leur façon à ce mouvement qui commence. Parce que c’est ensemble que nous pouvons y arriver, et parce que c’est ensemble que cette réussite sera à l’image de tous.

Parce qu’ensemble, on va plus loin.

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À surveiller: Demain, la publication de la deuxième édition régionale, réalisée dans le cadre du Forum coopératif du Centre-du-Québec.

Nov 152011
 

Saint-Alexis-des-Monts, revue Vie PédagogiqueRéussir autrement. Devant le défi de la persévérance scolaire, de la pénurie de main-d’œuvre, et de l’exode des jeunes des régions, voici la réponse proposée par les Maisons familiales rurales (MFR). Ces écoles coopératives hors du commun donnent tout son sens à l’expression selon laquelle «il faut tout un village pour éduquer un enfant». Il faut également l’investissement de toute une communauté, de toute une région, pour mettre sur pied ces institutions alternatives à l’école traditionnelle. Depuis une décennie, des pionniers travaillent d’arrache-pied pour donner vie à cette solution aux quatre coins du Québec. Nous avons visité la Maison familiale rurale de Maskinongé, à Saint-Alexis-des-Monts, en Mauricie, et celle du KRTB, à Saint-Clément, au Bas-Saint-Laurent. Rencontre avec le feu sacré.

Rencontre avec Nathan dans le corridor de l'école de la MFR de Maskinongé. Photo: N.Falcimaigne

Benoît revient de loin. «J’avais lâché à la polyvalente et travaillé un peu à la ferme. Mon boss m’a parlé de la MFR et ça m’a intéressé. Maintenant, j’ai fini mon secondaire 2 et je vais aller aux adultes l’an prochain. Je veux faire de l’entretien général d’immeubles.» Son employeur est devenu son maître de stage et il a pu retourner à l’école deux semaines sur quatre pour poursuivre sa scolarité. L’école a pris un tout autre sens; elle a désormais une utilité directe pour son travail. Benoît fait partie des onze élèves qui ont formé la première cohorte de Saint-Clément, en mars 2009. Lire la suite »

Nov 112011
 

QUÉBEC —Les vacanciers avaient déjà remarqué que l’année était bonne pour les fabricants de cônes de zones de travaux routiers. Lors du retour au travail, ils ont constaté que l’été n’avait pas suffi pour remettre en état les routes. Alors que s’allongent les embouteillages, l’épuisement du pétrole pousse les multinationales à en chercher jusque sous le sol des Québécois. Pour certains, l’indépendance énergétique passe par l’exploitation de tous les gisements fossiles présents sur le territoire. Pour d’autres, il s’agit plutôt de déployer des systèmes de transports fonctionnant à l’électricité, une énergie propre que l’on produit en grande quantité.

L’État est en quelque sorte la « coopérative territoriale » qui permet aux citoyens de se donner des infrastructures collectives en participant équitablement à leur financement. Les infrastructures de transport représentent un colossal investissement qui a un impact sur tous les Québécois, et qui exige que les choix de société à faire donnent lieu à un débat public approfondi. Dans cette première édition, le journal Ensemble, presse coopérative et indépendante présente à ses abonnés le portrait d’un projet dont il a encore peu été question dans l’espace public : le projet de monorail étudié par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) et maintenant porté par l’organisme TrensQuébec.

Qui dit transport électrique pense habituellement aux voitures électriques et hybrides, qui apparaissent très progressivement sur le marché. Le Québec n’est pas producteur d’automobiles, alors que son industrie du transport collectif est florissante. C’est ce qui a amené les chercheurs de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) à se pencher sur les projets de transport collectif électriques.

Fondé en 1999, l’institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), est un organisme indépendant et sans but lucratif qui est voué au développement  du Québec par la recherche scientifique  et économique. En janvier 2011, l’organisme déposait le rapport L’électrification du transport collectif : un pas vers l’indépendance énergétique du Québec, lors d’un colloque organisé de concert avec le réseau des ingénieurs du Québec et les syndicats d’Hydro-Québec. Sous la direction de Robert Laplante, les chercheurs Gabriel Ste-Marie, Jules Bélanger, Pierre Langlois et Gilles L. Bourque y présentent une vision globale des multiples projets actuellement sur la table au Québec. De là à imaginer une solution intégrée, développée intégralement au Québec et exportable partout dans le monde, il n’y a qu’un pas, et ils l’ont franchi sans hésiter.

Le projet monorail reliant les principales villes du Québec, qu’ils y décrivent en profondeur, est étroitement lié à l’avenir économique et énergétique du Québec. Si le Québec n’est pas producteur d’automobiles, il n’est pas non plus encore producteur de pétrole. Le virage vers une économie décarbonisée se présente comme une solution à la stablité économique et environnementale de la province. Ce virage, l’IRÉC l’aborde par l’électrification du transport.

Tous les projets en un seul

Afin de mieux comprendre le portrait des transports collectifs au Québec, l’IRÉC a réuni les projets existants en évaluant les coûts et les retombées économiques qui y sont associées.  Les tramways de Québec et de Montréal, le système léger sur rail (SLR) du pont Champlain, le prolongement du métro, la navette avec l’aéroport, les trolleybus de Montréal et de Laval, et l’électrification des lignes de trains du réseau de l’AMT sont tous chiffrés et évalués. La facture totale de ces projets de transport local s’élève à 7 milliards  $.  Les deux tiers des sommes investies auraient des retombées au Québec et 50 000 nouveaux emplois seraient créés.

Transport interurbain

Depuis des décennies, l’idée d’un TGV retient l’attention du public et des élus. Le Québec étant un leader dans la production de cette technologie, on s’attendrait évidemment à la voir s’y implanter en premier. Selon le rapport, le projet de TGV Windsor-Québec pourrait coûter 40 milliards $ et souffrirait de la difficulté d’opérer dans les conditions hivernales, d’une très faible tolérance au relief et de la nécessité d’embarquer des centaines de passagers à la fois. La géographie, le climat et la faible densité de population du Québec s’y prêtent donc très peu. Par ailleurs, le développement d’un axe unique entre Québec et Montréal laisserait le reste de la province isolée des grands centres urbains, malgré la contribution financière qui lui serait demandée. Pour répondre au besoin de transport rapide interurbain et interrégional, l’équipe de Robert Laplante a donc préféré évaluer la possibilité de relier Montréal et Québec aux capitales régionales du Québec par un monorail.

Le monorail en chiffres

Selon Pierre Langlois, physicien et auteur de Rouler sans pétrole, il en coûterait le tiers du projet de TGV pour relier huit régions du Québec à l’aide du monorail, soit environ 12 milliards $. Ce projet entraînerait la création de près de 100 000  emplois et d’un lien de transport rapide entre Gatineau, Rimouski, Sherbrooke, St-Georges, Trois-Rivières et Saguenay.

Comparable à celle du TGV, la vitesse du monorail propulsé par le moteur roue de Pierre Couture est évaluée à 250 km/h. « Une structure de transport performante, c’est un élément essentiel dans la compétitivité des économies. On ne développera pas les régions avec des infrastructures vétustes. Ça prend des infrastructures performantes et la technologie du monorail en est une », souligne Robert Laplante. Il ajoute que le projet, suspendu à des pylones, pourrait être implanté rapidement sur les terre-pleins des autoroutes et les emprises existantes, nécessitant peu d’expropriations et aucune construction de ponts et viaducs. Le rapport va jusqu’à évaluer le coût de remplacement des lampadaires. Avec le moteur-roue québécois, les wagons autopropulsés seraient indépendants et pourraient afficher complet avec une soixantaine de passagers, ce qui apporte une souplesse adaptée au portrait démographique du Québec.

L’IRÉC évalue que 3 000 personnes transitent chaque jour par transport collectif entre Montréal et Québec, en plus des 15 000 véhicules légers qui empruntent les autoroutes sur ce trajet. Ces déplacements représentent un marché d’au moins 10 000 passagers par jour, pouvant générer des revenus annuels suffisants pour assurer la rentabilité. La capacité totale du monorail, qui s’élève à 50 000 passagers quotidiens, laisse place à un développement important du marché.

Des wagons adaptés pourraient aussi être intégrés au réseau intermodal de transport de marchandises et réduire d’autant l’empreinte écologique des industries du Québec. Déjà chef de file en matière de conception de transport collectif, le Québec développerait une expertise dans un domaine de pointe qui pourrait intéresser d’autres pays.

Vers une économie verte et efficace

Au-delà de la question des transports, le projet de monorail soulève des interrogations sur l’avenir énergétique et l’indépendance économique du Québec. Il intéresse à ce titre plusieurs militants qui se sont récemment mobilisés contre l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste. Pour Daniel Breton, fondateur de Maîtres chez-nous 21e siècle, il faut s’affranchir de la dépendance aux énergies fossiles plutôt que chercher à en exploiter dans notre cour. Il rappelle que chaque année, de 13 à 18 milliards $ quittent le Québec en achats d’hydrocarbures. Ce déficit commercial pourrait considérablement être réduit si l’on envisageait des alternatives comme le monorail.

Depuis le dépôt du rapport, ses auteurs parcourent le Québec pour donner des conférences sur le projet, tout en multipliant les représentations auprès des groupes d’intérêt pour pousser le gouvernement à le réaliser.

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Une coopérative nationale de transport

Entrevue avec Gérald Larose, président de la Caisse d’économie solidaire Desjardins

L’organisme à but non lucratif TrensQuébec a été fondé pour porter le projet de monorail, sous la coordination de l’ancien député fédéral Jean-Paul Marchand. Ce dernier propose la création d’une coopérative nationale de transport.

Une organisation tripartite qui regrouperait l’État, un partenaire privé et une coopérative (PPP-Coop) assurerait aux citoyens le contrôle majoritaire du projet, soit à travers le gouvernement, soit par le biais de la coopérative.
Pour réunir le milliard de dollars nécessaire pour couvrir un tiers des coûts du premier projet Québec-Montréal, il faudrait 100 000 membres qui souscriraient des parts sociales de 10 000 $ chacun.

Gérald Larose est président de la Caisse d’économie solidaire Desjardins, qui soutient l’IRÉC. Il croit beaucoup en ce projet, qui a « une portée gigantesque, au plan structurel et au plan industriel, soutient-il. C’est une réponse à plusieurs ordres d’enjeux de société : celui du transport, mais également celui de l’environnement, celui de l’énergie, celui de la structuration des territoires. C’est un projet du 21e siècle. Au plan financier, c’est imposant. Le vaisseau amiral sera certainement l’État, parce que c’est un projet qui touche toute la société québécoise. »

Interrogé sur l’option coopérative et sur l’éventualité de créer un prêt dédié à la souscription de parts sociales, il considère « intéressant d’envisager la gestion participative ou démocratique, et comment la structurer. Il faut que les régions s’emparent du projet, et aussi les usagers. La forme coopérative peut être l’expression de cet engagement des usagers. Quant au montage financier global, il est trop tôt pour voir comment il pourrait précisément se structurer. »

Une coopérative ne peut toutefois pas être le levier principal, selon M. Larose : « Il faut d’abord que les régions soient mises à contribution et se mobilisent pour imposer à l’État québécois une vision toute différente de celle d’un TGV, qui ne correspond pas à la réalité économique du Québec » car il se déploie sur un axe Est-Ouest et néglige le développement du marché intérieur.

Avec Mathieu Champoux

Nov 032011
 

Était-ce le lancement national de l’Année internationale des coopératives ? L’Organisation des Nations Unies (ONU) marquait le lancement mondial lundi à New-York, en présence notamment de Hélène Simard, présidente-directrice générale du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, et de Monique Leroux, présidente du Mouvement Desjardins. Le lendemain, Mme Simard participait à Rouyn-Noranda au premier Forum régional coopératif, organisé par la Coopérative de développement régional (CDR) de l’Abitibi-Témiscamingue et le Pôle régional d’économie sociale. Plusieurs représentants nationaux et régionaux, des coopératives et des agents de développement, ont répondu à l’appel, dans la capitale du cuivre.

Pour Denis Martel et Mario Tardif, respectivement président et directeur général de la CDR, il était important de tenir le premier forum en Abitibi-Témiscamingue. « Nous souhaitions faire connaître les liens et la collaboration que l’on a avec le Pôle d’économie sociale, qui est une particularité spécifique à la région et qui nous permet de développer encore plus les valeurs d’intercoopération et d’économie solidaire », a souligné M. Martel.

« Pour notre région, le forum d’aujourd’hui met la table sur certains sujets, a ajouté M. Tardif. Mais notre souhait, avec les partenaires des MRC, c’est d’aller plus loin, plus en profondeur sur certains enjeux. » La CDR souhaite en effet tenir cinq forums territoriaux pendant l’année 2012, au terme desquels plusieurs projets coopératifs verraient le jour. Deux forums sont déjà au calendrier de l’an prochain. Leurs thèmes seront définis à partir d’une identification préalable des besoins et viseront à « démontrer que la formule coop peut être une solution ».

Urgence écologique et crise institutionnelle

En conférence d’ouverture, Le professeur Louis Favreau, titulaire de la Chaire de recherche en développement des collectivités (CRDC) de l’Université du Québec en Outaouais, a posé les balises du contexte auquel l’économie sociale et solidaire peut apporter une réponse. L’urgence écologique, qui a aussi fait l’objet d’un article complet sur le carnet du chercheur, s’est imposée comme un facteur global qui doit mobiliser la « force de proposition et d’interpellation à l’échelle planétaire » dont disposent les acteurs de l’économie sociale et solidaire. M. Favreau a tenu à souligner que ce secteur représente 10 % du produit intérieur brut (PIB), 10 % des emplois et 10 % de la finance mondiale (Babekew Ashagrie, OIT, 2011).

Autre moment fort, pendant la conférence de fermeture, Claire Bolduc, présidente de la coalition Solidarité rurale du Québec (SRQ), s’en est prise à la perte de contrôle des institutions, que ce soient l’État ou les structures coopératives, associatives et syndicales. « À commencer par l’État, qui oublie les solidarités qui ont conduit à constituer le Québec, c’est l’échec des institutions, qui ont perdu de vue ce pourquoi elles étaient là, leur mission, leur mandat, leur rôle et qui elles doivent servir », a laissé tombé celle qui habite la région du Témiscamingue, rappelant le rôle de vigilance qui doit être exercé par les citoyens et les membres de ces institutions.

Outils concrets pour les coopératives de la région

Le forum a surtout été l’occasion pour les coopératives de la région de se rencontrer et de participer à des ateliers concrets, entre autres sur des techniques de gestion, des perspectives de développement et des outils promotionnels. « Je me suis inscrit dans un atelier où on parlait de marketing et de développement d’outils pour mieux vendre, pour aller chercher de nouveaux clients. », a témoigné Maurice Duclos, directeur général de la Coopérative de solidarité du journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue, mieux connu sous le nom de L’Indice bohémien.

Tout en constatant que l’application concrète des principes énoncés en conférence d’ouverture n’était pas évidente, M. Duclos a tenu à souligner que L’Indice bohémien, en tant que coopérative, est à but non lucratif et imprime son journal sur un papier écologique (Eco pack). Le mode de distribution de l’édition papier, par points de chute, permet de rejoindre environ trois lecteurs par exemplaire, comparativement à 1,8 chez les hebdos distribués dans le publisac. Le créneau de spécialité (culture) fait aussi en sorte que le temps consacré à la lecture du journal soit plus de quatre fois supérieur. La coopérative de solidarité, fondée il y a deux ans, regroupe plus de 200 membres utilisateurs (annonceurs) et membres de soutien (lecteurs) et s’autofinance à 70 %.

Richard Grondin, directeur général de la Coop de solidarité multiressources L’Union de Laforce, a suivi l’atelier qui se déroulait en avant-midi et en après midi sur les techniques de gestion. « Ça nous a donné un coup de pouce, une formation pour nous aider à innover et à avancer. Ce que j’ai aimé, c’est qu’ils m’ont demandé un exemple dans notre entreprise, donc ils ont pris notre cas et ils m’ont donnée des pistes de solutions. » Sa collègue et conjointe Ginette Morin, présidente, a voulu en apprendre davantage sur les outils de promotions et les façons de se « faire connaître, de diversifier notre image. Il faut trouver quelque chose qui va être innovant, parce que c’est ça notre affaire : on innove beaucoup dans notre petite place. » Leur coopérative, qui exploite les produits forestiers non ligneux, qui fait de l’aménagement forestier et qui développe l’agriculture biologique et l’écotourisme dans une municipalité d’environ 150 habitants, soulignera son premier anniversaire le 12 novembre.

Oct 242011
 

Le Forum international de l’économie sociale et solidaire (FIESS) s’est conclu jeudi dernier au Palais des congrès de Montréal. Le journal Ensemble a rencontré Nancy Neamtan et Patrick Duguay, respectivement présidente-directrice générale et président du conseil d’administration du Chantier de l’économie sociale, hôte du FIESS, pour connaître le bilan qu’ils dressent de cet événement, notamment marqué par une manifestation au Square Victoria.

Nicolas Falcimaigne, journal Ensemble : Mme Neamtan, comment diriez-vous que le modèle d’économie sociale a progressé pendant cette semaine ?

Nancy Neamtan, Chantier de l’économie sociale : C’est encore difficile de pouvoir mesurer l’ensemble, mais je dirais qu’il y a des gens qui sont venus ici pour qui l’économie sociale et solidaire était encore un concept assez abstrait. Ça a permis de mieux comprendre que ce vocabulaire-là est un vocabulaire qui permet de réunir effectivement l’ensemble des pratiques dans un tout parce qu’on a des valeurs communes, une vision commune.

C’est sûr qu’il y a un apprentissage : on est en constante innovation, alors il faut souligner la richesse des expériences qu’on a pu découvrir et dont on a pu rencontrer en personne les acteurs, des mairesses de la Gaspésie jusqu’aux gens dans les quartiers de Montréal. Il y a beaucoup de nouvelles idées, j’en suis convaincue, qui vont émerger de cette rencontre-là.

Ce qui est important pour ce type de rencontre, c’est de sentir que, même si chaque jour on relève des défis pour sortir un journal coopératif, pour gérer notre entreprise, pour essayer d’avancer dans des projets, quand on sent qu’on n’est pas tout seul, qu’on fait partie d’un tout et que ce tout-là commence à avoir une masse critique puis une reconnaissance, je crois que ça donne de l’énergie. On sait comment, pour aller à contre-courant et développer une économie humaine, il faut qu’on ait de l’énergie et il faut qu’on ait de la vision.

Il y a eu des ouvertures pour des gens comme les panels qu’on a eu avec les banques de développement, entre les représentants d’économie sociale et solidaire et la banque africaine de développement, la banque interaméricaine de développement, etc. Pour les gens de ces continents-là, ces banques-là sont presque aussi importantes que le gouvernement en termes de moyens. C’est majeur que ce dialogue se soit établi.

Ce sont quelques impressions, mais le vrai bilan on va pouvoir le faire dans un an ou deux.

N.F. : M. Duguay, quels sont vos coups de cœur en termes d’expériences internationales desquelles l’on pourrait s’inspirer au Québec et qui ont été présentées cette semaine ?

Patrick Duguay, Chantier de l’économie sociale : Je pense qu’un des éléments qui m’ont particulièrement intéressé, c’est les travaux sur la question financière, les nouveaux outils financiers qui se mettent en place. De voir que ce qu’on est en train de faire ici depuis des années avec des outils financiers contrôlés par le mouvement d’économie sociale, c’est des idées qui ont des répercussions un peu partout et ailleurs. Par exemple, cette coopérative de Colombie, qui est une coopérative d’épargne et de crédit un peu à l’exemple de Desjardins, mais qui a misé complètement sur son soutien au développement de la communauté.

Une initiative précise qui vraiment m’a fait triper, c’est le projet avec la prison éthiopienne. J’ai entendu cette présentation qui était assez incroyable. La pauvreté est un facteur majeur de la criminalité. Si on arrivait à intervenir plus directement sur la pauvreté, on aurait des gains en terme de réduction de la criminalité. Et il y a une prison en Éthiopie qui, à la demande de l’état,  a développé une coopérative à l’intérieur même des murs de la prison pour permettre aux prisonniers d’apprendre un métier, d’avoir une expérience qualifiante.

Mais plutôt que d’être remis sur la rue en sortant, en leur disant : « allez vous trouver une job en disant que vous venez de la prison », eh bien ils ont la possibilité de continuer avec la coopérative. Il y a une transition que se fait de l’intérieur vers l’extérieur. Et d’entendre, parce qu’on avait un film en même temps, les témoignages des personnes touchées, c’était de toute beauté. Souvent, on a la préoccupation pour les populations plus vulnérables. Mettons que les prisonniers éthiopiens, c’est plutôt le comble de la vulnérabilité, et c’était impressionnant de voir qu’il y a des moyens de leur donner de la dignité et de leur en donner de l’espoir en l’avenir.

On dénonce un certain nombre des choses, et je pense que c’est aussi un petit peu le constat des Indignés qui campent à côté, puis on s’indigne nous aussi devant les abus, les incohérences, puis devant une économie qui a l’air de fonctionner comme si c’était un système de lois naturelles, mais on se sent bien impuissants.

Alors plusieurs personnes partout à travers la planète ont choisi de se ranger du côté des solutions de ceux qui veulent justement lutter contre cette impuissance. On en a eu des exemples extrêmement intéressants, à la fois chez les acteurs mais aussi des signes d’ouverture chez les pouvoirs publics qui sont en recherche de nouvelles solutions, qui constatent les limites auxquelles ils font face. Le dialogue hier avec les banques était particulièrement intéressant. Un dialogue franc, où les affaires étaient sur la table. Juste pour cette confrontation cordiale, ça valait la peine d’être ici.

N.F. : On a été très surpris, mardi sur le coup de midi, de se faire sortir dans la rue au son des Tam-tams. D’où est venue cette initiative?J’ai entendu dire qu’il y avait eu des ateliers avec les Indignés et ils ont été invités à la clôture. Qu’est-ce que vous allez faire ensuite ?

N.N. : Je pense que les ateliers qui ont été organisés, c’était la volonté des participants des différents pays. L’économie sociale, c’est l’initiative, et on laisse fleurir toutes les initiatives. Souvent, les gens sont indignés, mais ils se sentent impuissants et le seul geste qu’ils peuvent poser c’est de dire : « on va camper, on va dénoncer ». Si on veut avoir un autre monde, une économie plus inclusive, il faut le construire. Parce qu’évidemment, ceux qu’on dénonce n’ont aucune idée de comment faire autrement.

L’économie sociale et solidaire émerge et on en voit l’ampleur par la réaction à notre appel de venir à Montréal pour le Forum. Ce qu’on voulait dire à ces gens, c’est qu’il y a des gens qui travaillent déjà, c’est aussi qu’il est important de s’indigner et qu’il ne faut pas y voir une contradiction. Il y a l’opposition et la proposition. Nous travaillons beaucoup sur le volet de la proposition, et ils sont dans l’opposition. C’est comme le mouvement syndical, qui peut être dans la rue comme il peut être un investisseur avec le Fonds de solidarité. C’est très important. Avec l’économie sociale au Québec, on a avancé à coups d’opposition et de proposition. Les mouvements sociaux disent « assez la pauvreté, on veut des emplois, on veut un meilleur environnement ! ». Alors on fait quoi ? On crée des entreprises de récupération et de recyclage, on crée des entreprises d’insertion pour aider des gens démunis. On fait des choses au cœur de l’économie pour répondre à cette indignation par des nouvelles pistes et des nouvelles solutions. Ce n’est pas plus que ça, mais ce n’est pas moins non plus.

P.D. : Il faut considérer l’indignation comme un point de départ essentiel. Si on n’arrive pas collectivement à identifier les problèmes collectifs qu’on vit, on n’arrivera jamais à apporter des solutions collectives. Je pense que le rôle que les indignés jouent est extrêmement important, celui d’attirer l’attention sur les problématiques.

Un des éléments qui est revenu à plusieurs égards, c’est l’espèce de méconnaissance dont l’économie sociale souffre. Je pense que la critique qu’on a envers les échecs de notre économie mérite d’être mise sur la place publique et ce mouvement à travers le monde permet de l’éclairer. Le 24 heures, je ne suis pas sûr que ça passe souvent de ce type de problématique, et pourtant il y a eu un article.

Le plus intéressant, c’est la rencontre des deux : on part de l’indignation, on s’inscrit du côté des solutions et il n’a pas eu de mauvaises réactions. Les indignés auraient pu dire : « Ça y est, vous êtes des vendus, vous gardez des complicités avec les pouvoirs publics », mais ce n’était pas ça. Il y avait une reconnaissance du fait qu’on procède d’un même mouvement. Il y en a qui sont dans la revendication et qui mettent les projecteurs sur une problématique, et il y en a qui s’inscrivent dans l’action, dans la construction des alternatives.

On a été très nombreux à cette marche. Ça n’était pas un geste planifié. C’est la veille qu’il a commencé à y avoir des rumeurs. On ne savait pas qu’ils allaient camper à côté lorsqu’on a réservé le palais de congrès, il y a plus d’un an. C’est totalement une coïncidence sur le plan organisationnel, mais pas sur le climat actuel. Je pense qu’à la fois il y a des indignés, à la fois il y a une recherche intensive de solutions pour qu’on aille plus loin, pour briser notre impuissance.

Avec la collaboration de Laura Carli

 

Oct 242011
 

À l’issue de la Semaine de la coopération et de la mutualité et du Forum international de l’économie sociale et solidaire (FIESS), Hélène Simard, présidente-directrice générale du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) a confié au journal Ensemble son bilan et les projets à venir dans le cadre de l’Année des coopératives.

Nicolas Falcimaigne, journal Ensemble : Mme Simard, quel bilan dressez-vous de la Semaine de la coopération 2011, au niveau des activités qui se sont déroulées au Québec ?

Hélène Simard, CQCM : Cette année, notre cible principale, c’est de rejoindre les élus et le grand public. Pas seulement les convaincus, pas seulement nos réseaux habituels. Pour rejoindre le grand public, on a lancé un grand concours : Ma coop de rêve.com. Et là on s’est aperçu qu’il y a plein de gens qui sont allés, impliqués dans des coop au départ. Mais avec les nouveaux médias sociaux, ils sont en lien avec d’autres réseaux, et ça fait parler des gens qui sont dans une coop, ça les fait en parler aux autres. Parce qu’il y a quand même un beau voyage à gagner, on commence à voir dans les commentaires des gens qu’on commence à rayonner un peu plus large : « Moi, je vais passer à ma coop », « Je vais m’impliquer », « Mon frère est dans sa coop, je vais m’impliquer plus ». Je pense que d’ici à la fin du concours dans quelques jours, on fera un bilan plus précis, mais c’est une expérimentation qu’on fait et c’est intéressant.

Deuxième élément : les élus. Depuis quelques années, durant la Semaine de la coopération, on va rencontrer les élus à l’Assemblée nationale, avec les présidents de tous les grands réseaux coop au Québec. On était donc tous présents à l’Assemblée nationale pour cette rencontre. C’était parrainé cette année par M. Bachand, ministre des Finances, et il y avait le président de l’Assemblée nationale, des députés, des ministres.

On veut développer un contact réel, humain entre les élus et les coopérateurs et leur faire redécouvrir les coop sur leur territoire. Parce que tous ces députés, tous ces gens-là qui font la législation au Québec, on veut qu’ils développent le réflexe de se dire : « Ah, tel projet, tel chose, ça peut aider ou ça peut nuire aux coops ? », qu’ils aient le réflexe d’aller vérifier et de considérer que ce réseau d’entreprises fait partie de solutions et fait partie d’un tissu économique solide au Québec.

D’ailleurs, M. Bachand a souligné dans son allocution le fait que, pour un ministre des Finances, c’est très rassurant d’avoir une économie coopérative parce que ça stabilise, ça n’est pas soumis à la tyrannie du trimestre, ça peut penser à long terme. Les règles de gouvernance sont enchâssées dans la loi coopérative, donc on n’a pas d’inquiétude sur la gouvernance. C’était intéressant d’entendre le ministre des Finances le répéter devant les autres élus de l’Assemblée nationale.

N.F. : Quelles sont les améliorations qui pourraient être apportées à la législation qui encadre l’économie du Québec pour les coopératives ?

H.S. : Le principal problème sur lequel on travaille actuellement, c’est qu’il y a énormément de programmes, de projets de loi que ne spécifient pas ce qui arrive au niveau des coop. On classe le monde entre un monde à but lucratif et un monde à but non lucratif. Les coopératives ne sont ni dans l’un ni dans l’autre. C’est une économie où, quand il y a des excédents, ils sont répartis dans l’entreprise pour assurer sa pérennité, puis auprès des personnes qui en ont fait usage. En réalité c’est une économie de juste prix, c’est une économie basée sur les services qu’on va utiliser à la fin. S’il y a un excèdent, l’entreprise reconnait qu’elle nous a trop demandé et elle le retourne à l’usager.

Donc, cette classification ne convient pas, mais on la retrouve dans tous les programmes et les lois. On a commencé, avec le ministère de la Culture notamment, à réviser les programmes pour spécifier les caractéristiques au niveau des coopératives quand les coopératives sont érigées. On l’a fait avec le Conseil du Trésor, pour les nouvelles politiques d’appels d’offres publics. On autorisait le gré à gré pour les OBNL et l’appel d’offres des entreprises privées sans spécifier. Maintenant, les coopératives pourront choisir leur statut, mais si elles choisissent le statut d’aller dans le gré à gré comme les OBNL, elles seront soumises à un test du ministère du Revenu, à l’obligation de ne pas ristourner et de ne pas payer d’intérêt sur leurs parts. Les autres coop, qui veulent ristourner, qui sont plutôt dans l’économie de marché, elles vont continuer aller dans les appels d’offres publics.

Ce sont quelques exemples, et on a un comité de vigilance au Conseil avec un fast-track avec le gouvernement pour quand il arrive des cas où le modèle coopératif est désavantagé. On va être proactifs maintenant, pour éviter des situations qu’on a trop vu malheureusement ces dernières années. Des gens qui se font dire « ne fais pas une coop, c’est plus facile de faire un OBNL, vous allez avoir droit à telle subvention ». Ou même quelqu’un dans les médias qui nous disait au GESQ : « faites un Inc. et vous allez avoir droit à telle subvention ». Il faut sortir de ce paradigme, il faut faire comprendre aux gens que le paradigme coopératif est un paradigme économique crédible et qu’ils doivent le supporter et ne pas nous obliger à choisir un terme ou l’autre.

N.F. : Quel est votre coup de cœur parmi les initiatives internationales qui ont été présentées pendant le Forum international de l’économie sociale et solidaire (FIESS) et qui pourraient inspirer le Québec ?

H.S. : Les coups de cœur, souvent, sont les contacts plus personnels. J’ai assisté à un atelier sur les mutuelles de sécurité et de santé en Amérique latine et j’ai pu échanger après avec le groupe Odema, qui regroupe à travers l’Amérique latine et centrale des mutuelles de sécurité sociale et de santé. Ce qui m’a frappé, c’est que, sur le terrain, les gens essaient de répondre aux besoins et de sécuriser les familles, d’organiser la mutualité de façon à ce que les gens aient accès aux services, ceux qui n’y ont habituellement pas accès.

Souvent les États sont moins interventionnistes, offrent moins de mesures sociales, alors les mutuelles apportent vraiment une sécurité de base aux familles. En plus, elles ne travaillent pas seules, elles sont regroupées au niveau national, au niveau de 18 États et l’organisation qu’elles ont créée et qui les regroupe est reconnue par l’OMS. Elles ont, par leur approche mutualiste et par le réseau qu’elles se sont donné, une influence sur les grandes politiques de la santé et de prévention, par exemple, et elles viennent influencer leurs États de cette façon. Parfois, pour construire des politiques, l’approche à privilégier n’est pas nécessairement de regarder notre propre univers. C’est peut-être se mettre avec d’autres de notre famille et aller influencer l’univers qui détermine les conditions dans lesquelles vont vivre ces entreprises-là.

Entre autres, elles vivent un phénomène qu’on a vécu au Québec. En se développant, interpellent l’État pour qu’il améliore ses services aux personnes. Plus l’État les améliore, plus la mutuelle perd ce marché, mais elle doit se réorienter et, grâce à cette réflexion qu’ils font ensemble plutôt que d’être sur la défensive et de vouloir protéger uniquement leur créneau, ils encouragent les États à développer des services pour la toute population et font comme les mutuelles au Québec : développer des services complémentaires. Ils aimeraient bien d’ailleurs qu’on devienne membre d’Odema. On leur donnera l’occasion de rencontrer des fédérations de coopératives en santé et services aux familles.

Il y avait tellement de choses très diversifiées, alors c’est un coup de cœur bien sélectif. Ce n’est pas le coup de cœur du mouvement, c’est le contact entre des personnes qui m’ont semblées dédiées, allumées et avec beaucoup de vision.

N.F. : On a dit à la blague : « c’est tellement dense, la semaine de la coopération, qu’on devrait en avoir plusieurs pendant l’année ! » C’est un peu ce qui va se passer avec l’Année des coopératives : on va avoir une année complète. Qu’est-ce que vous avez en vue pour 2012 comme activités, comme mobilisation ?

H.S. : Le 31 octobre, c’est le lancement international au siège social des Nations unies à New York. J’y  serai, ainsi que d’autres représentants du Québec. Mme Monique Leroux y sera, il y aura Mme Bardswick de Cooperators, il y aura une délégation du Canada. Les États qui ont signé la déclaration en faveur de l’Année internationale et le mouvement coopératif de ces pays-là, un peu partout dans le monde, vont être présents pour cette journée de réflexion vraiment à un niveau supra.

Il y aura, tout de suite après, un congrès de l’Alliance coopérative internationale où on finira de mettre la table sur les programmes qui sont transnationaux. Au Québec, on a travaillé pendant 18 mois sur un plan d’action, qui a fait l’objet d’une campagne de financement auprès de nos membres, qui nous a même permis de supporter le programme canadien-francophone pour aider les francophones hors Québec, qui eux aussi auront une programmation pour 2012.

Il va aussi y avoir des activités dans les régions et dans les secteurs, qui vont être autopropulsées comme dans tout le mouvement coop en général, mais au niveau national on mise beaucoup sur le lancement à l’Assemblée nationale au début de l’année. On veut interpeler les associations et les grandes organisations socio-économiques du Québec pour qu’elles signent une déclaration en faveur de la coopération. Alors c’est en cheminement et on veut que les élus fassent la même chose, que l’ensemble de l’organisation sociale se prononce clairement en faveur des coopératives et de la place qu’elles ont dans l’économie du Québec, mais aussi comme potentiel futur dans le développement des ressources, dans le développement des services.

Ensuite, les deux associations canadiennes, qui travaillent ensemble à se rapprocher, vont tenir leur congrès à Montréal en juin. Donc le Québec sera l’hôte, on veut en faire un moment fort de l’année.

Et il y a le sommet international au mois d’octobre. Tout au long de l’année, il y a une montée qui va se faire avec des forums dans toutes les régions, où on va réfléchir en suivi de la Conférence internationale de l’an passé, sur les différents défis de la société, les enjeux et de voir comment le mouvement coop peut faire partie des solutions. On a demandé dans chaque région aux Coopératives de développement régional d’animer ces forums dans le sens de dire : « venez réfléchir à ces questions-là, mais invitez aussi les autres secteurs de la société a réfléchir avec vous. » Ça commence en Abitibi-Témiscamingue au début de novembre, ensuite au Saguenay, et pendant toute l’année on va faire le tour de toutes les régions au Québec et on fait un grand forum à la veille du Sommet international pour dire, nous les québécois, quelle est notre contribution au développement par la formule coopérative.

Avec la collaboration de Laura Carli