Daniel Breton – Monorail coop et élection sur l’énergie [vidéo]

MONTRÉAL — Le Plan d’électrification des transports et son enveloppe de 516 millions de $ ont été dévoilés en novembre par le gouvernement Marois. C’est moins d’un an après la nomination de Daniel Breton, député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, comme adjoint parlementaire à l’électrification des transports. M. Breton, qui a d’abord été ministre de l’Environnement pendant quelques semaines après l’élection du 4 septembre 2012, a répondu aux questions du journal Ensemble sur les orientations gouvernementales.

Nicolas Falcimaigne, journal Ensemble : M. Breton, quel est le rôle de ce plan dans le déploiement de la vision gouvernementale sur l’indépendance énergétique?

Daniel Breton, député de Sainte-Marie-Saint-Jacques et adjoint parlementaire à l’électrification des transports : L’indépendance énergétique du Québec, la façon dont je la perçois, ça passe par quatre plans. Stratégie énergétique, de Martine [Ouellet, ministre des Ressources naturelles], Plan d’action sur les changements climatiques, d’Yves-François [Blanchet, ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs], Plan québécois de mobilité durable, de Sylvain [Gaudreault, ministre des Transports], et le plan d’électrification des transports.

Ça c’est les quatre piliers de l’indépendance énergétique du Québec. Ça veut dire qu’il faut qu’on électrifie les transports, il faut qu’on consomme moins, il faut qu’on soit plus efficaces, qu’il y ait plus de transport collectif, et qu’après ça on ait une stratégie énergétique arrimée autour de ces enjeux-là.

Qu’est-ce que c’est le plan d’électrification des transports? C’est un plan qui a pour but de créer un créneau de développement industriel et d’expertise dans un nouveau champ, qui est l’électrification des transports.

NF : D’ailleurs, c’est le mot emploi qui est le maître mot de ce plan.

DB : Exactement, c’est des emplois d’avenir. Les sociétés les plus avancées du monde, qu’il s’agisse de la Norvège, de la Suède, de l’Allemagne, de la France, du Japon, de la Californie, etc., dans le dossier des nouveaux types de transport, ont tous des incitatifs à l’achat de véhicules électriques, hybrides ou hybrides rechargeables. Tous. Il n’y a aucun pays, dans le monde industrialisé, qui ne donne pas d’appui. En fait, il y en a un. Lequel? Le Canada. Par contre, lui, il subventionne les pétrolières à coups de milliards.

NF : Ce plan prévoit notamment un investissement de 200 millions $ pour l’étude d’un projet de monorail à grande vitesse. Plusieurs personnes s’interrogent sur la forme que prendra ce projet. Une société d’État, parfois, ça peut échapper aux intérêts du bien commun. Vous avez été aux barricades dans le passé pour dénoncer des abus dans le cadre d’Hydro-Québec, etc.

DB : Absolument.

NF : On sait aussi que le modèle privé peut facilement échapper aux mains des Québécois, comme Bombardier qui est maintenant une société par actions. Quelle option privilégiez-vous pour que le monorail reste aux Québécois?

DB : Il y a des gens qui parlent de faire une coopérative, justement, pour le développement du monorail. Moi, je trouve la voie intéressante. Il y a des gens comme Claude Béland, qui s’intéressent à ce projet-là. Il est trop tôt pour dire si ça va aller de l’avant, mais si jamais ça allait de l’avant, je pense que ça pourrait être une solution intéressante.

NF : Comment voyez-vous ça? Une coopérative d’usagers, qui détiendrait le brevet?

DB : Je ne sais pas. Honnêtement, il est trop tôt pour le dire.

NF : Est-ce que c’est un souci que vous avez, que ce projet reste sous contrôle démocratique des Québécois?

DB : À ton avis, pourquoi tu penses que j’ai appelé mon groupe «Maîtres chez-nous 21e siècle»? C’est clair.

NF : Comment expliquez-vous que le gouvernement envisage d’exploiter le pétrole au Québec, en même temps qu’il souhaite réduire la dépendance du Québec au pétrole?

DB : On veut se sortir du pétrole, mais on en a encore besoin. Donc, de façon transitoire, est-ce qu’on va prendre le pétrole d’ailleurs, où est-ce qu’on va prendre le pétrole d’ici? C’est ça le débat. Parce qu’on va continuer à prendre du pétrole.

NF : Il y a des gens qui vont interpréter ce débat-là en disant : est-ce qu’on va laisser les impacts négatifs de l’exploitation ailleurs, ou est-ce qu’on va les importer ici?

DB : Exactement. Mais l’affaire, c’est que même quand tu l’exploites ailleurs, dans le transport tu peux avoir des impacts négatifs ici. Que ce soient les trains, comme on l’a vu avec Lac-Mégantic, que ce soient les pipelines, que ce soient les bateaux, no matter what, le pétrole, c’est de la merde.

Et on est pris avec ça. Pourquoi? Parce que l’économie mondiale est basée sur le pétrole. C’est ça la réalité.

NF : Est-ce qu’il y a une option de tout simplement en importer de moins en moins au fur et à mesure qu’on réussit à en consommer de moins en moins, et que cela permette au Québec de prospérer, peut-être pas autant que si on en exploitait, peut-être pas de devenir riches, mais au moins on ne sera pas pire qu’avant?

DB : Ça, pour moi, ça fait partie du débat. Présentement, le déficit commercial du Québec est dû à l’importation d’hydrocarbures. Quatorze milliards. La balance, elle est là. Ce qu’on fait avec l’électrification des transports, c’est pour diminuer ça autant que faire se peut. Mais si on dit que d’ici trente ans il y a entre dix et quinze milliards qui viennent de l’exploitation pétrolière, issus du pétrole du Québec, ça peut faire partie de l’équation.

Et ça, c’est pas moi qui vais le décider, c’est pas quelques personnes qui vont le décider, c’est au peuple du Québec de décider si on va dans l’exploitation pétrolière. Mais moi j’insiste pour dire: de façon transitoire.

NF : Vous dites que c’est le peuple qui va décider. Est-ce que ça va être soumis au peuple par référendum?

DB : Il y a eu une consultation publique, justement, sur la stratégie énergétique, qui a été présentée par Martine Ouellet. Là, le plan va être présenté. Mais moi, je suis prêt à ce que, à la prochaine élection, ça fasse partie du débat.

NF : Ça serait un enjeu principal de la prochaine élection?

DB : Je veux que ce soit un enjeu important, et l’électrification des transports. Ça, si on perd les élections et qu’on a fait tout ce travail-là… là-dedans, il y a des années et des années de réflexion. Si on a fait tout ce travail-là pour rien, pour recommencer après, on ne sera pas plus avancés.

NF : Une élection référendaire, ce n’est pas un choix entre deux options. Est-ce que, si vous le soumettez au peuple par référendum, par exemple, il pourrait y avoir un choix où on exploite le pétrole, et un choix où on règle la balance commerciale d’une autre façon?

DB : J’espère que les gens vont vouloir qu’on fasse une consultation publique pour dire: est-ce qu’on y va ou on n’y va pas? Mais ce que je peux dire, c’est que moi, comme écologiste, ce que j’ai vu, c’est que la population est favorable à l’exploitation du pétrole au Québec. Tu le sais, ça.

La réalité, c’est que ça ne sera pas facile, d’une manière ou d’une autre.

NF : Quelles sont vos attentes envers le plan de mobilité durable de M. Gaudreault?

DB : Ce à quoi je m’attends de Sylvain, c’est qu’il favorise évidemment le transport collectif, qu’il favorise le financement du transport collectif, qu’il favorise plus de voies réservées. Il a déjà annoncé un doublement du nombre de kilomètres de voies réservées à Montréal. Je ne sais pas si tu as vu ce que le maire de Québec a dit sur les voies réservées… il disait que c’était une mauvaise idée, et qu’on devrait éliminer ça. C’est pas tout le temps évident d’imposer des nouvelles idées, des nouvelles façons de faire. Il y a du monde qui n’est pas encore arrivé au 21e siècle, malheureusement.

NF : Vos attentes envers le plan de M. Blanchet?

DB : Le plan d’action sur les changements climatiques, je pense qu’il y a une partie de la réflexion, du travail, de l’équation, qui va avoir été faite via le Plan québécois de mobilité durable de Sylvain, et via le Plan d’électrification des transports. Donc lui, je pense qu’au niveau industrie, il va avoir un rôle important à jouer, et au niveau de la sensibilisation des citoyens.

NF : Vos attentes envers le plan de Martine Ouellet?

DB : Je m’attends à ce que Martine présente un plan où, justement, elle va offrir différentes options aux Québécois. De là, je pense que, parce que c’est Martine qui m’a dit ça, justement, on va offrir des options aux Québécois. Je m’attends à ce qu’elle leur dise: «On le prend ailleurs? On le prend ici? Qu’est-ce qu’on fait? On le décide ensemble.»

Mais une chose est sûre, là je te parle de pétrole, mais il y a évidemment toute la question de l’efficacité énergétique qui fait partie de sa Stratégie énergétique. Parce qu’on est très inefficace au Québec, que ce soit en matière d’électricité, en matière d’eau, en matière d’énergie, en matière d’hydrocarbures, on est parmi les plus grand consommateurs d’énergie au monde.

Ça, je sais que ça fait partie des piliers de la stratégie énergétique de Martine Ouellet.

Voici la version intégrale de notre entrevue avec Daniel Breton:

Citoyens bâillonnés : le gouvernement persiste et signe [vidéo]

Vendredi dernier, le rapport de commission parlementaire le plus rapidement déposé de l’histoire récente a donné son aval au projet d’inversion de l’oléoduc Ligne 9B d’Enbridge. En plus des délais très courts, ce qui a retenu l’attention, c’est l’absence des groupes citoyens opposés au projet. L’un des groupes finalement invités, Coalition Vigilance Oléoducs, a vertement dénoncé le traitement infligé à son représentant. La partie gouvernementale a consacré son temps de parole à attaquer la crédibilité du porte-parole, Olivier Huard.

Par trois fois, le gouvernement a démontré sa détermination à refuser d’entendre les citoyens, dans le débat sur le projet d’Enbridge, tout en s’affichant ouvertement en faveur de ce projet.

La porte fermée d’emblée

Les groupes citoyens (autres que les organisations environnementales) qui ont tenté de s’inscrire ont d’abord été informés que l’horaire des auditions était «complet» à la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles, qui étudie l’acceptabilité du projet pour le Québec.

Ce n’est qu’après la publication d’un article dans Le Devoir, qui soulignait le manque de représentants citoyens, que le gouvernement a invité deux groupes: la Coalition Vigilance Oléoducs (CoVO) et le Conseil traditionnel mohawk. «Nous sommes le seul groupe issu de la base citoyenne invité à cette commission, avec le Conseil traditionnel mohawk. Si votre but était d’écouter les citoyens, je pense que c’est un échec», a déclaré M. Huard.

Le messager attaqué

Lors de son audition à la commission, le porte-parole de CoVO a été attaqué par les députés péquistes Luc Trudel (Saint-Maurice) et Scott McKay (Repentigny) pour son appartenance au parti Québec Solidaire. Il a été candidat de ce parti aux dernières élections provinciales, et adversaire de M. McKay.

Invité avec insistance par la partie gouvernementale à déclarer ses allégeances, M. Huard a précisé qu’il est également animateur scout. «Je n’ai pas beaucoup aimé la référence à mon appartenance politique, parce que je trouve que ça dilue mon propos, a ensuite déclaré le porte-parole. Moi, je représente des gens ici et je n’aime pas qu’on diminue le débat à ma seule personne.»

La vidéo publiée par GAPPA pour dénoncer le traitement infligé au porte-parole de la CoVO, Olivier Huard.
Vidéo: GAPPA, avec autorisation

McKay en rajoute sur Twitter

MM. McKay et Trudel n’ont pas posé de questions à M. Huard sur le projet d’Enbridge, ni sur les inquiétudes de la population représentée par la CoVO. Lorsqu’une vidéo préparée par le collectif GAPPA a circulé sur les réseaux sociaux, dénonçant le mépris ainsi affiché par le gouvernement envers les citoyens, M. McKay a tenu à préciser sa pensée sur le réseau Twitter: «Montage aussi biaisé que le candidat de QS qui se fait dicter ses lignes directement par Amir [Khadir, député de Québec Solidaire], maître de la manipulation.»

Scott McKay a exprimé le fond de sa pensée sur Twitter.
Source: Twitter

Lors de l’audition, l’ancien chef du Parti vert avait pourtant exprimé son attachement à une approche non partisane. «Si on en fait un débat partisan, bien, on va avoir beaucoup de… je pense que notre position serait affaiblie devant le gouvernement fédéral», avait conclu Scott McKay.

Le collectif GAPPA a déploré que la cyberdéclaration du député péquiste de Repentigny lui fasse un double procès d’intention: «Vous accusez GAPPA d’avoir produit un montage biaisé, biais que vous assimilez à de la manipulation, s’indigne le groupe sur son site web, dans une page qui présente un rappel détaillé des faits. Vous accusez la CoVO d’être une organisation partisane en vous limitant à souligner le lien de son porte-parole avec Québec solidaire, tout en occultant totalement les préoccupations de ses membres.»

GAPPA prépare actuellement sa réplique, une vidéo qui sera probablement disponible sur son site au cours des prochains jours. La compagnie Enbridge a pour sa part annoncé dès le début de la consultation que seule la décision de l’Office national de l’Énergie, qui dépend du fédéral, serait déterminante pour le projet. Il devrait donc se réaliser dès le début de l’année 2014.

On a tué la mémoire

Mille douze kilomètres de vélo vers l’identité et le renouveau. Mélanie Carrier et Olivier Higgins ont tourné la caméra dans la plaie originelle pour découvrir qu’un autre Québec est possible. Parcourant les communautés des Premières Nations, de Kanehsatà:ke à Natashquan, en passant par Pessamit et Maliotenam, le duo réalisateur a dessiné les contours indéfinis de la Québékoisie, un espace entrevu, souhaité, rêvé, où les peuples fondateurs et les nouveaux arrivants des derniers siècles se retrouveront ensemble pour construire l’avenir. L’espoir et l’étonnement côtoient la réalité dans ce documentaire routard captivant.

«La vie ne réside pas dans les molécules, mais dans les liens qui les unissent entre elles.» La citation du chimiste et physicien Linus Pauling annonce dès le lever de rideau que l’intention du film est de tisser des liens entre des réalités qu’on a coutume de considérer comme distinctes. Et pour cause: les Québécois ont l’habitude de parler des Premières Nations comme s’ils n’en faisaient pas partie. «Nous autres, eux autres.»

«C’est comme mal vu de fêter la Saint-Jean ici. Mais avec Harper, on préfère être Innus.» – Isabelle Kanapé, Innue de Pessamit, ici avec la coréalisatrice Mélanie Carrier.
Photo: MÖ films

Racines oubliées

Pourtant, au moins la moitié des racines des Québécois sont autochtones. C’est ce qu’explique la démographe Hélène Vézina, qui complétait au moment du tournage une étude sur le génome des Québécois. Elle a voulu connaître la contribution amérindienne au pool génétique canadien-français. «Pour les quatre régions [étudiées], c’est au moins 50%, et c’est dans la région de Montréal que c’est le plus élevé: on atteint presque 85%, explique-t-elle. Plus de la moitié des gens ont au moins un ancêtre amérindien dans leur généalogie.»

Intéressante est la définition du Canadien-français pour les fins de l’étude: «c’est quelqu’un qui a au moins une partie de ses ancêtres qui sont des immigrants venus sous le régime français», précise Mme Vézina. Voilà qui replace les choses en perspective.

Le film met en scène des situations inattendues, comme la quête de Marco Bacon, de l’Université du Québec à Chicoutimi, qui se rend jusqu’à Caen en France pour retrouver ses ancêtres français. L’Innu affirme que sa recherche jette un froid dans son entourage, car certains ne sont pas prêts à accepter leur métissage avec des Blancs.

«La vérité choque» – Malcom Riverin, Innu de Pessamit
Photo: MÖ films

On a tué la mémoire

Le déni est aussi du côté des descendants d’immigrants du régime français. L’anthropologue Serge Bouchard, qui ponctue le film de ses analyses, dénonce la «chape de silence qui va s’établir autour de nos origines métisses, de nos exploits métisses, de notre grandeur métisse», notamment par le contrôle du clergé. «C’est une vaste nouvelle nation métisse, l’Amérique. Mais on va l’assassiner, cette nation-là. On va l’assassiner dans notre culture, dans notre mémoire, on va nous anesthésier, on va euthanasier le Métis. Ça n’a pas existé. Partout en Amérique, il y a eu ce métissage.»

«La vraie question à poser, poursuit-il, c’est: pourquoi nous ne l’avons jamais su? Et pourquoi les Indiens ne savent pas jusqu’à quel point eux-mêmes sont métissés? Et comment les Canadiens-français, qui sont devenus des Québécois, ne savent pas à quel point ils sont métissés. Ça c’est la vraie question. Où est-ce qu’on s’est séparés? Où est-ce qu’on a tué la mémoire? Et où est-ce qu’on a rompu avec nos souches territoriales et historiques amérindiennes?»

«Je me reconnais plus dans les cultures amérindiennes de l’Ouest ou des États-Unis qu’en la religion catholique.» – Eruoma Awashish, peintre atikamekw
Photo: MÖ films

Le drame qui rassemble

Les images d’archives de la Crise d’Oka qui ouvrent le film ne sont pas qu’une introduction: on y rencontrera la sœur du caporal Lemay, abattu pendant l’escarmouche de la pinède. À travers son témoignage, on découvre une fascinante conversion. Peu au fait des Premières Nations, comme la vaste majorité des Québécois, elle a été plongée au cœur de la question par le drame qui a coûté la vie à son frère.

Francine Lemay est devenue un symbole de réconciliation. Poursuivant sa quête de connaissances jusqu’au bout, elle est allée à la rencontre des peuples autochtones, jusqu’à traduire un livre d’histoire mohawk, bénévolement. Ses recherches l’ont menée à identifier des ancêtres mi’kmaq, hurons et algonquins, et à la conclusion qu’elle pourrait avoir sa carte d’Indien! Le caporal Lemay a été tué par l’un des siens. L’un des nôtres, se dira le public.

La Québékoisie

Ce ne sont que quelques tableaux d’un saisissant parcours identitaire, qui mène les spectateurs à traverser la Québékoisie. La quoi? «C’est un espace pour nous, sans politique, qui a des frontières très floues, très vagues, explique la coréalisatrice Mélanie Carrier. C’est un immense territoire où il y a des animaux qui courent, des rivières qui coulent, où il y a plusieurs peuples qui cohabitent. C’est un peu l’utopie, le rêve que ces peuples-là aient envie de danser ensemble à nouveau.»

Pour le coréalisateur Olivier Higgins, cette utopie existe bel et bien. «On l’a sentie en parcourant la route, en rencontrant des gens qui vivent au quotidien et en prenant le temps de discuter avec eux. Cette utopie-là existe d’une certaine façon.»

Anne-Marie et Evelyne Saint-Onge, Innues de Maliotenam, organisent des ateliers dans les écoles partout au Québec avec leur sœur Fernande, pour présenter la culture ancestrale.
Photo: MÖ films

Immigration et Charte des valeurs

«Notre avenir, épilogue Serge Bouchard, c’est non seulement de récupérer nos liens avec les Premières Nations, mais que les Autochtones eux-mêmes redeviennent fiers, que nous on devienne fiers de danser avec eux. C’est exactement le même raisonnement avec l’immigration.»

Pour Mélanie Carrier, il est tout simplement indécent d’exclure les Premières Nations du débat identitaire qui fait actuellement rage autour de la Charte. «Si on parle de « valeurs québécoises », je trouve ça vraiment dommage qu’on n’entende jamais parler de l’apport des Premières Nations à la culture québécoise, en reconnaissant aussi leur culture à eux, et en la valorisant. On cohabite ensemble. Et on fait comme ignorer cette présence-là. Pour moi, c’est inacceptable.»

«Les ancêtres nous permettent de comprendre l’histoire, mais la communauté nous aide à la bâtir» – Marco Bacon.

Québékoisie a pris l’affiche au Cinéma Cartier de Québec jusqu’au 9 janvier.