Juil 012014
 

En 1940, dans sa première édition, la revue Ensemble! s’amusait de la «furie ridicule qui s’est emparée de certains intérêts effrayés par la vogue montante du coopératisme». Le Conseil supérieur de la coopération venait de voir le jour et avait organisé son premier congrès annuel de la coopération. Nous republions aujourd’hui intégralement le premier article paru dans cette revue officielle, ancêtre du journal Ensemble. C’est un texte de Gérard Filion qui pose les bases du mouvement coopératif moderne, et qui est frappant d’actualité. En voici tout d’abord quelques faits saillants.

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Juil 012014
 

«Au-delà du bio». Sous ses airs provocateurs, le titre du film réalisé par Olivier Asselin sur les Fermes Miracle, de Stefan Sobkowiak, illustre la largeur le champ des possibles ouvert par la permaculture. La Convergence de permaculture rassemble depuis hier à Frelighsburg plusieurs centaines de personnes. M. Sobkowiak leur explique ce matin comment organiser la coopération entre pommiers, poiriers, féviers, cassis, amélanches et laitues. Ensemble l’a rencontré après la conférence d’ouverture.

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Juil 012014
 

Dénichés au détour d’un champ de chanvre, pendant la Convergence de permaculture de Frelighsburg (lire notre dossier), trois jeunes entrepreneurs ont choisi la formule coopérative. Leurs trois nouvelles entreprises démarreront au cours des prochains mois, dans la région environnante. Ensemble les a rencontrés pour comprendre comment ils ont intégré les principes de permaculture et les valeurs coopératives dans leur projet d’affaires.

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Juil 012014
 

Après sa carrière de hockey, ils ont acheté un verger et démarré une entreprise de shampoing écologique, puis ils vécurent heureux… Le conte de fées pourrait se conclure ainsi, mais Philippe Choinière et Stacey Lécuyer Choinière ont plutôt décidé d’accueillir chez eux les centaines de personnes de la Convergence de permaculture. À une semaine d’avis, l’an dernier, ils ont accepté de prêter leur terre et leur ferme à l’événement. Cette année, ils ont récidivé avec plus de préparation. Sur leur ancien champ de soya pousse maintenant du chanvre. Ensemble les a rencontrés pour dresser le bilan de cette Convergence 2014 (lire notre dossier).

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Juin 132014
 
Trois-Pistoles — Un autobus blanc a déposé les enfants au bout du chemin. Les voilà qui dandinent entre les trous d’eau et qui me font des grands signes de la main, au loin. Parfois, l’autobus va jusqu’à remonter la longue allée pour les déposer au pied des marches de la galerie, lorsqu’il fait moins beau. C’est l’autobus du Transport collectif des Basques (TCB). Un ingrédient essentiel à ma vie «avec pas d’char».

Trop longtemps, je vous ai laissés sans nouvelles après le premier épisode de ce défi… mais ce temps-là a permis de mûrir les meilleures solutions pour le relever. Bientôt, je crois bien que je pourrai tenir parole et faire sortir de ma cour ce rutilant véhicule à essence qui m’a tant et si bien servi. Est-il possible de prendre l’autobus de la ville en campagne? Je l’ai testé pour vous.

Dans la plupart des régions du Québec, vivote un service de transport collectif. Souvent relié au transport adapté, comme ici, ou aux taxis, selon les ententes et les besoins du milieu, le transport collectif tente de briser l’isolement des personnes qui n’ont pas d’automobile, dans nos vastes espaces ruraux.

Réinvestissement dans le transport collectif

Avant de perdre les élections, le ministre des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire avait annoncé dans sa Stratégie de mobilité durable qu’il augmentait l’aide au transport collectif régional «pour la porter à 9,5 millions de dollars en 2014-2015 et à 40 millions pour l’ensemble de la période 2015-2020».

Ce jour-là – mémorable lundi 10 février – les enfants et moi avons pris notre carte du Transport collectif des Basques (TCB). Fierté et émotion.

Sur réservation

À mes amis du Mile-End, il a fallu que j’explique que non, il n’y a pas un autobus par 10 minutes qui passe dans mon rang. Il faut réserver un jour d’avance, et il n’est pas garanti qu’un transport soit disponible. La répartitrice tente d’organiser un transport sur demande, mais le service de transport adapté est prioritaire, et il faut avoir la chance de se trouver sur sa route.

En expliquant bien mon besoin à l’équipe créative du TCB, j’ai obtenu l’engagement d’un aller-retour par semaine entre ma maison et Trois-Pistoles, à 7 minutes de voiture, pour 5,50$. L’autobus transporte aussi les enfants au retour de l’école, parce qu’ils n’ont pas de transport scolaire l’après-midi (ils vont à l’école d’un village voisin, qui risquait de fermer, mais ça c’est une autre histoire…).

Vie urbaine

Une journée par semaine, j’adopte donc un mode de vie digne du Plateau: portable sous le bras, je prends l’autobus qui me dépose au «centre-ville», et je vais travailler au très branché café Grains de folie. Puis, je vais faire mon épicerie à la coop IGA, qui a accepté de livrer dans mon rang pour la modique somme de 10$.

Bien sûr, l’été, je fais tout ça en vélo, mais le TCB est essentiel le reste du temps, parce que le vélo d’hiver dans mon rang glacé, c’est un peu extrême.

Bon. Un transport par semaine, direz-vous, c’est tellement dix-neuvième siècle.

Même avec beaucoup d’organisation, de prévoyance et de patience, le TCB ne peut pas être ma seule solution, à moins de rester en transit plusieurs jours à Trois-Pistoles avant de prendre mon train, par exemple. Si pratique en cas d’urgence, le taxi reste hors de prix pour les besoins quotidiens.

Il faudra un système de covoiturage. Mais ça, c’est pour un prochain épisode…

Juin 012014
 

Le Printemps érable, un premier pas d’une longue marche? Deux ans après la plus grande crise sociale qui a marqué le Québec moderne, l’ex-porte-parole de la CLASSE (Coalition large de l’ASSÉ, Association pour une solidarité syndicale étudiante) a reçu le journal Ensemble pour jeter un regard sur le changement social et sur les enjeux soulevés par la grève étudiante. Alors que l’ASSÉ a repris la rue contre l’austérité et que le nouveau gouvernement libéral a déposé un budget résolument austère, laissant planer le doute sur une reprise de la hausse des frais de scolarité, nous publions ses propos, recueillis avant la dernière élection.

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Mai 022014
 
CACOUNA —Les détonations de plus de 200 décibels ont résonné dans le fleuve au large de Cacouna. Du 25 au 30 avril dernier, la compagnie TransCanada réalisait des levés sismiques en vertu d’un permis délivré par Pêches et Océans Canada. Ce sondage du fond marin est nécessaire à la construction du port pétrolier qui fait partie de son projet d’oléoduc Énergie Est, un projet encore non confirmé. Ce secteur est au cœur de la pouponnière de bélugas, dont la période de naissance se tient, en principe, début mai. Ensemble s’est rendu sur place, en kayak.

Ces travaux ont été réalisés avant toute consultation de la population, avant les assemblées du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), et surtout avant même de savoir si l’oléoduc et son port pétrolier seront bel et bien construits. De nombreux citoyens ont vertement dénoncé cette façon de faire, ainsi que le projet lui-même. Une manifestation tenue le 27 avril dernier à Cacouna a réuni près de 500 personnes dans ce village d’à peine 2000 habitants.

Ensemble s’est rendu sur le fleuve pour enregistrer les levés sismiques sous l’eau, et a interrogé plusieurs personnes présentes à la manifestation et à la soirée de présentation du projet par TransCanada.
Vidéo: Nicolas Falcimaigne

Le député fédéral de Haute-Gaspésie – La Mitis – Matane – Matapédia, Jean-François Fortin, a pris part à cette marche de l’église de Cacouna jusqu’au port de mer visé par le projet. Il voit chez le gouvernement Harper «une volonté de promouvoir les projets énergétiques, mais aussi une incapacité réelle de Pêches et Océan Canada de conduire de véritables études environnementales. On a mis à la porte des scientifiques et on a fermé les laboratoires. C’est une stratégie concertée, à mon avis, qui vise à affaiblir notre capacité à réagir et à protéger notre environnement.»

La chasse au béluga

«Ce n’est que le début de manifestations et d’actions pour dénoncer ce type de travaux et les projets qui y sont associés, celui de terminal et l’autre grand projet, celui depipeline de TransCanada Énergie Est, a prévenu Christian Simard, directeur général de Nature Québec. La loi sur les espèces en péril interdit de chasser le béluga. Chasser, ça veut dire aussi « le harceler, le prendre, le menacer, le poursuivre ». Actuellement, TransCanada a ouvert la chasse au béluga du Saint-Laurent. C’est interdit et ça ne doit pas se faire.»

Près de 500 personnes ont manifesté contre le projet de terminal pétrolier de TransCanada à Cacouna, le 27 avril dernier. Photo: Nicolas Falcimaigne

Un représentant de TransCanada chargé des études d’impact environnemental a confirmé que l’exposition au bruit des levés sismiques causerait «la surdité» chez les mammifères marins qui seraient à proximité. La zone d’alerte est de 3 km autour du bateau, qui ne peut procéder si un béluga se trouve dans un rayon de 500 m. Les autres mammifères marins seraient tout aussi affectés, mais ces précautions ne sont imposées que pour les espèces dites «en péril». Les phoques communs observés lors de nos sorties sur le fleuve dans la zone des travaux sont donc ignorés par la surveillance, dont le mandat a été confié au Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM).

Profits privés, risques publics

Le porte-parole de TransCanada pour le projet d’Oléoduc Énergie Est, Philippe Cannon, a pour sa part refusé de révéler le montant prévu des profits annuels à la clé de ce projet de 12 milliards de dollars pour la compagnie privée. L’oléoduc projeté traversera le Québec, franchissant la rivière des Outaouais et le fleuve Saint-Laurent, pour acheminer le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta aux raffineries de Montréal, de Québec et de Saint-John au Nouveau-Brunswick, ainsi qu’aux lucratifs marchés d’exportation.

«Coule pas chez nous», ont brandi les manifestants contre l’oléoduc et le port pétrolier. Photo: Nicolas Falcimaigne

Ces projets d’infrastructures sont motivés par la forte consommation de pétrole et par sa vente à l’étranger, qui dope l’économie du Canada. «On ne pourra pas s’en sortir tout seuls. C’est un effort collectif qui va probablement prendre beaucoup de temps, mais on garde espoir que ça va se faire, et qu’on pourra un jour tous se libérer de notre dépendance au pétrole», a lancé Jason Rivest, porte-parole des Pétroliques Anonymes, un groupe militant de Rivière-du-Loup.

Une pancarte a trouvé un nouveau sens à sa vie, sur le chemin du port de Gros-Cacouna. Photo: Nicolas Falcimaigne

Mai 012014
 

«Que le Bloc québécois prenne la tête de l’opposition au développement de l’industrie pétrolière. Opposition politique, juridique et physique sur terre et en mer.» C’est la proposition adoptée par le congrès national du Bloc québécois dimanche dernier, à Rimouski. Cette attaque frontale des projets d’oléoducs et d’exploitation pétrolière soutenus par les gouvernements fédéral et provincial est contraire aux politiques menées par le Parti québécois alors qu’il était au pouvoir.

C’est pour réagir à la décision judiciaire sur les travaux de la compagnie TransCanada, qui projette d’installer un terminal pétrolier à Cacouna, que les quelques 500 militants bloquistes ont adopté trois propositions d’urgence en congrès national, sans éclipser le débat des deux candidats à la chefferie, Mario Beaulieu et André Bellavance.

Trois propositions fermes

Les propositions adoptées par les membres du Bloc s’appuient sur le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) pour faire barrage aux projets qui représenteraient un danger pour les Québécois, notamment le transport des hydrocarbures par train, par bateau ou par oléoduc. Le Bloc entend devenir le fer de lance de la lutte contre les projets de développement des énergies fossiles au Québec:

  • «Que le Bloc québécois réagisse à la décision judiciaire sur l’exploitation d’hydrocarbures à Cacouna, en plein cœur du territoire québécois, en exigeant que le certificat d’autorisation à être décerné par le gouvernement fédéral ne soit pas émis tant et aussi longtemps que le BAPE ne donnera pas son autorisation.»
  • «Que le Bloc québécois prenne la tête de l’opposition au développement de l’industrie pétrolière | opposition politique, juridique et physique sur terre et en mer.»
  • «Que le Bloc québécois s’oppose à tout transport de matières dangereuses pouvant affecter l’intégrité du territoire québécois qui n’est pas autorisé par le BAPE.»

La seule option pour les électeurs opposés au pétrole

Les conservateurs, les libéraux et les néodémocrates ayant tous une position favorable au développement des hydrocarbures, le Bloc devient le seul grand parti fédéral qui permet aux électeurs québécois de voter contre les projets pétroliers.

«Contrairement aux conservateurs, aux libéraux et aux néodémocrates, le Bloc québécois s’est doté de principes forts qui reflètent les consensus de la nation québécoise et il n’entend pas sacrifier les intérêts et les valeurs du Québec pour marquer quelques points dans les sondages ailleurs au Canada», a martelé Jean-François Fortin, organisateur du congrès.

Le député de Haute-Gaspésie – La Mitis – Matane – Matapédia avait participé à la manifestation du 27 avril à Cacouna, y dénonçant vertement le démantèlement des services scientifiques fédéraux, qui ouvre grand la porte aux irrégularités dans le développement de projets à risques environnementaux. Il se dit heureux d’avoir enfin l’appui formel du parti pour s’opposer fermement aux projets d’hydrocarbures.

Une position claire et officielle

«L’adoption de ces positions claires et fermes de mon parti démontre l’écoute, la compréhension des enjeux et le courage du Bloc québécois à prendre position, à se mouiller et surtout à ne pas tenter de vouloir plaire à tout le monde, insiste le député, rejoint aujourd’hui pendant son trajet vers Ottawa. En politique, il faut des convictions et il est grand temps que le bien commun soit mis devant l’intérêt pécunier de quelques particuliers à vouloir exporter à l’étranger du pétrole sale de l’Alberta en faisant courir des risques importants à nos communautés.»

«En tant que porte-parole de ce dossier, c’est un mandat fort pour la défense de l’environnement et de l’intérêt collectif, sans compromission, que les délégués du Bloc québécois m’ont confié lors de notre congrès national», a-t-il conclu.

Avr 302014
 

Les détonations de plus de 200 décibels ont résonné dans le fleuve au large de Cacouna. Du 25 au 30 avril dernier, la compagnie TransCanada réalisait des levés sismiques en vertu d’un permis délivré par Pêches et Océans Canada. Ce sondage du fond marin est nécessaire à la construction du port pétrolier qui fait partie de son projet d’oléoduc Énergie Est, un projet encore non confirmé. Ce secteur est au cœur de la pouponnière de bélugas, dont la période de naissance se tient, en principe, début mai. Ensemble s’est rendu sur place, en kayak.

Ces travaux ont été réalisés avant toute consultation de la population, avant les assemblées du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), et surtout avant même de savoir si l’oléoduc et son port pétrolier seront bel et bien construits. De nombreux citoyens ont vertement dénoncé cette façon de faire, ainsi que le projet lui-même. Une manifestation tenue le 27 avril dernier à Cacouna a réuni près de 500 personnes dans ce village d’à peine 2000 habitants.

Ensemble s’est rendu sur le fleuve pour enregistrer les levés sismiques sous l’eau, et a interrogé plusieurs personnes présentes à la manifestation et à la soirée de présentation du projet par TransCanada.
Vidéo: Nicolas Falcimaigne

Le député fédéral de Haute-Gaspésie – La Mitis – Matane – Matapédia, Jean-François Fortin, a pris part à cette marche de l’église de Cacouna jusqu’au port de mer visé par le projet. Il voit chez le gouvernement Harper «une volonté de promouvoir les projets énergétiques, mais aussi une incapacité réelle de Pêches et Océan Canada de conduire de véritables études environnementales. On a mis à la porte des scientifiques et on a fermé les laboratoires. C’est une stratégie concertée, à mon avis, qui vise à affaiblir notre capacité à réagir et à protéger notre environnement.»

La chasse au béluga

«Ce n’est que le début de manifestations et d’actions pour dénoncer ce type de travaux et les projets qui y sont associés, celui de terminal et l’autre grand projet, celui de pipeline de TransCanada Énergie Est, a prévenu Christian Simard, directeur général de Nature Québec. La loi sur les espèces en péril interdit de chasser le béluga. Chasser, ça veut dire aussi « le harceler, le prendre, le menacer, le poursuivre ». Actuellement, TransCanada a ouvert la chasse au béluga du Saint-Laurent. C’est interdit et ça ne doit pas se faire.»

Près de 500 personnes ont manifesté contre le projet de terminal pétrolier de TransCanada à Cacouna, le 27 avril dernier.
Photo: Nicolas Falcimaigne

Un représentant de TransCanada chargé des études d’impact environnemental a confirmé que l’exposition au bruit des levés sismiques causerait «la surdité» chez les mammifères marins qui seraient à proximité. La zone d’alerte est de 3 km autour du bateau, qui ne peut procéder si un béluga se trouve dans un rayon de 500 m. Les autres mammifères marins seraient tout aussi affectés, mais ces précautions ne sont imposées que pour les espèces dites «en péril». Les phoques communs observés lors de nos sorties sur le fleuve dans la zone des travaux sont donc ignorés par la surveillance, dont le mandat a été confié au Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM).

Profits privés, risques publics

Le porte-parole de TransCanada pour le projet d’Oléoduc Énergie Est, Philippe Cannon, a pour sa part refusé de révéler le montant prévu des profits annuels à la clé de ce projet de 12 milliards de dollars pour la compagnie privée. L’oléoduc projeté traversera le Québec, franchissant la rivière des Outaouais et le fleuve Saint-Laurent, pour acheminer le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta aux raffineries de Montréal, de Québec et de Saint-John au Nouveau-Brunswick, ainsi qu’aux lucratifs marchés d’exportation.

«Coule pas chez nous», ont brandi les manifestants contre l’oléoduc et le port pétrolier.
Photo: Nicolas Falcimaigne

Ces projets d’infrastructures sont motivés par la forte consommation de pétrole et par sa vente à l’étranger, qui dope l’économie du Canada. «On ne pourra pas s’en sortir tout seuls. C’est un effort collectif qui va probablement prendre beaucoup de temps, mais on garde espoir que ça va se faire, et qu’on pourra un jour tous se libérer de notre dépendance au pétrole», a lancé Jason Rivest, porte-parole des Pétroliques Anonymes, un groupe militant de Rivière-du-Loup.

Une pancarte a trouvé un nouveau sens à sa vie, sur le chemin du port de Gros-Cacouna.
Photo: Nicolas Falcimaigne

Avr 222014
 

Chaque jour, plus de 300 tonnes d’eau radioactive se déversent dans l’océan Pacifique. Les cœurs fondus de trois réacteurs nucléaires de la centrale Fukushima Daiichi sont toujours instables et hors de portée, enfoncés dans le sol. Des substances radioactives sont relâchées dans l’environnement. Terre, eau, poissons, animaux et humains sont sujets à une contamination perpétuelle. Le mieux qui puisse arriver est que cette situation dramatique se stabilise, mais le scientifique Gordon Edwards, président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire, s’est montré plutôt pessimiste en entrevue avec le journal Ensemble. Et si le pire arrivait?

Plus de trois ans après le drame qui a frappé la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, au Japon, peu d’information circule sur l’évolution de la situation. Un mouvement antinucléaire très fort dans la population japonaise essaie d’empêcher le redémarrage de la cinquantaine de réacteurs de l’archipel. Le gouvernement refuse l’aide internationale et garde le secret sur l’ampleur du désastre, à l’approche des jeux olympiques de Tokyo 2020. Pourtant, la centrale gérée par la Tokyo Electric Power Company (TEPCO) est loin d’être stabilisée. Un travail extrêmement délicat s’y déroule, dont le niveau de succès ou d’échec aura un impact planétaire sur la santé des populations.

Pas le droit à l’erreur

Le démantèlement des piscines de stockage des déchets a commencé à la fin de 2013. C’est une opération dangereuse, menée dans un environnement hautement radioactif où seuls des robots peuvent travailler pendant quelques minutes avant de tomber en panne. Les dégâts occasionnés lors des explosions de mars 2013 compliquent également la tâche.

Une simple erreur de manipulation, où des barres de combustible usé entreraient en contact entre elles ou seraient échappées, pourrait déclencher une réaction en chaîne et relâcher à nouveau des éléments radioactifs dans l’atmosphère, ce qui pourrait même forcer l’évacuation de Tokyo. «Mais personne ne sait comment évacuer Tokyo», souligne Gordon Edwards, mathématicien, physicien et président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire (RSN).

Un tel «accident de criticité» (« criticality », dit-il en anglais dans l’entrevue), pourrait aussi être causé par l’effondrement des piscines, qui sont «à la hauteur d’un quinzième étage». Cela pourrait arriver lors d’un nouveau tremblement de terre, anticipé par les géologues. Il faudra au moins quatre ans pour procéder au démantèlement de ces quatre piscines qui, selon le spécialiste, contiennent chacune 80 fois plus de césium radioactif qu’à Tchernobyl.

L’accident de mars 2011

M. Edwards rappelle la séquence d’événements qui se sont produits en mars 2011: lorsque le tsunami a frappé la centrale de Fukushima, la vague de dix mètres a coupé l’électricité et privé la centrale de son système de refroidissement. La température a donc augmenté jusqu’à provoquer, dans quatre des six réacteurs, des réactions chimiques qui ont produit de l’hydrogène, lequel a explosé, libérant dans l’atmosphère de grandes quantités d’éléments radioactifs.

La température a continué de monter, et le combustible des cœurs de réacteurs a commencé à fondre, à une température si élevée qu’il s’est enfoncé dans la terre «comme dans du beurre», illustre le chercheur. «Depuis l’accident jusqu’à maintenant, TEPCO a pompé environ 400 tonnes d’eau fraîche dans ces cœurs fondus pour les refroidir», chaque jour. Par ailleurs, plus de 300 tonnes d’eau souterraine se déversent aussi quotidiennement dans le Pacifique, après avoir baigné ce combustible fondu hautement radioactif.

Le mois dernier, TEPCO a convaincu les pêcheurs d’approuver un plan visant à détourner 100 tonnes d’eau souterraine par jour avant qu’elle soit ainsi contaminée, pour la rejeter à la mer.

Les barres de combustible usé, entreposées dans les piscines depuis la mise en service de la centrale, doivent aussi être refroidies continuellement. Elles contiennent des centaines de produits de fission beaucoup plus radioactifs que l’uranium qui alimentait la centrale, et en quantité beaucoup plus grande que les cœurs de réacteurs. Ce combustible usé «est le matériau le plus létal au monde, affirme Gordon Edwards. À une distance d’un mètre, il peut causer la mort en 20 secondes».

Des milliers de tonnes d’eau radioactive

L’eau de refroidissement est accumulée depuis l’accident dans un nombre croissant d’énormes réservoirs rudimentaires. Ces 1200 immenses réservoirs qui contiennent environ 300 tonnes d’eau chacun sont construits à la hâte et fuient occasionnellement. À l’occasion d’une fuite, rapporte M. Edwards, une flaque d’eau a été mesurée à un niveau de rayonnement tel qu’en une heure, à un mètre de distance, un ouvrier atteindrait le maximum légal d’exposition pour cinq ans.

Les immenses réservoirs qui contiennent environ 300 tonnes d’eau contaminée chacun.
Photo fournie par Gordon Edwards

Confrontée aux limites d’entreposage, TEPCO entend déverser dans l’océan des centaines de milliers de tonnes de cette eau après en avoir retiré 62 des éléments radioactifs qui s’y trouvent, mais sans utiliser une technologie onéreuse permettant d’en retirer le tritium. Les pêcheurs de la région s’y opposent, car cet hydrogène radioactif serait alors diffusé dans l’environnement en concentration élevée, menaçant les stocks de poisson.

Gordon Edwards croit qu’il serait préférable d’entreposer l’eau radioactive dans des bateaux «supertankers» à double coque, «invulnérables aux tremblements de terre et capables d’échapper aux tsunamis».

Risques à l’échelle planétaire

Les produits de fission sont des substances très radioactives qui n’existaient pas sur terre avant l’utilisation de l’énergie nucléaire par l’être humain. Il est donc impossible de déterminer un seuil de concentration sous lequel elles seraient inoffensives. Entre autres, le césium-137 et le strontium-90 sont absorbés et accumulés par le corps humain dans le sang et dans les os, respectivement, car ils sont similaires au potassium et au calcium. De l’intérieur du corps, ces particules continuent d’émettre un rayonnement qui cause cancer, leucémie et dommages aux cellules reproductives.

Le danger planétaire réside dans l’accumulation de ces particules dans la chaîne alimentaire. «Déjà, on a vu des niveaux élevés dans les précipitations, ici en Amérique du Nord, au Canada et en France, explique M. Edwards. Par exemple, le niveau d’iode-131 trouvé dans l’herbe est environ 100 fois plus concentré que dans la pluie. Les vaches mangent l’herbe, et la concentration dans leur lait est environ 1000 fois plus grande que dans le gazon. Un enfant qui boit le lait de ces vaches concentre cette substance encore dix fois plus dans sa glande thyroïde.» Le même principe s’applique au poisson, pour d’autres éléments radioactifs.

Gordon Edwards est président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire, un organisme pancanadien préoccupé par les enjeux nucléaires. Mathématicien et physicien, consultant sur les questions nucléaires depuis 35 ans. Il participe en tant qu’expert à de nombreuses audiences publiques pour témoigner, et parfois contre-interroger les représentants de l’industrie et du gouvernement, sur la sûreté nucléaire, les déchets nucléaires et les impacts sanitaires de l’exposition aux substances radioactives.

Entrevue intégrale avec Gordon Edwards, président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire

Raccourcis pour les sujets précis:

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