Déc 042013
 

Les Mi’kmaq d’Elsipogtog s’opposent à la fracturation hydraulique. Les Mohawks de Kanehsatà:ke veulent bloquer l’oléoduc d’Enbridge. Les Malécites de Cacouna font face au projet de terminal pétrolier de TransCanada. Les Innus ont marché contre le Plan Nord et assistent maintenant à la reprise de l’exploitation minière à Schefferville. Même le gouvernement du Québec peine à faire adopter une nouvelle loi pour tenter d’encadrer ce secteur. Pendant que s’enrichissent les multinationales, la tragédie des Premières Nations prend un nouveau visage, qui les place à l’avant-garde de la lutte pour le sauvetage des écosystèmes et du bien commun. Le journal Ensemble s’est rendu à Schefferville, à la rencontre de la blessure identitaire, à la recherche d’une réponse collective.

Il faut prendre le train pendant plus de treize heures pour traverser le Nitassinan, territoire ancestral des Innus, sur les quelque 600 km qui séparent Sept-Îles de Schefferville. Tout droit vers le Nord, la ligne ferroviaire se poursuivra bientôt jusqu’à Kuujjuaq. La reprise des mines et le développement du Plan Nord dopent les infrastructures, mais les trains de minerai ont toujours la priorité sur ceux des humains.

Essimeu «Tite» McKenzie, Innu de Matimekush, est retourné sur les lieux du tournage du film Une tente sur Mars pour livrer le fond de sa pensée.
Vidéo: Nicolas Falcimaigne

La boom town fourmille de gros pick-ups qui zigzaguent dans les rues entre les cratères hérités des trente ans d’abandon. Depuis la fermeture des mines en 1982, la communauté innue de Matimekush/Lac-John a été isolée. Schefferville a même été fermée quelques années et sa population expropriée, sous le gouvernement de Robert Bourassa. C’est dans un milieu déstructuré que les mines ont été relancées en 2011.

«Il y a trois ou quatre ans, tu voyais un pick-up passer à toutes les heures. Maintenant, t’as des chars qui valent 40000$, des quatre portes», illustre Essimeu «Tite» McKenzie. Innu de Matimekush, il a été le protagoniste principal du film Une tente sur Mars, qui brossait en 2009 le grinçant portrait de la désolation interminière.

Tout droit vers le Nord, la ligne ferroviaire se poursuivra bientôt jusqu’à Kuujjuaq. La reprise des mines et le développement du Plan Nord dopent les infrastructures, mais les trains de minerai ont toujours la priorité sur ceux des humains.
Photo: Nicolas Falcimaigne

M. McKenzie a connu 1982. Il redoute déjà la fin de l’actuelle relance. «Ça c’est des gens qui comprennent quoi? Je sais pas, moi. Il y en a qui disent qu’en 2018, ça va être fermé. Il y en a qui disent en 2022. Ils construisent parce qu’ils savent qu’en deux ans ils vont avoir ce qu’ils ont investi. Une fois la mine arrêtée, on va faire un documentaire: Une tente sur Pluton, en 2022.»

Rares sont les Innus comme lui, prêts à s’exprimer ouvertement. Une loi du silence règne, alors que quotidiennement se côtoient travailleurs et non-travailleurs miniers, élus, Innus sédentarisés, Blancs natifs, Métis. Tous sont attachés au destin de Schefferville et de ses mines.

Jamais ne s’arrête l’extraction dans ce chantier pharaonique.
Photo: Émilien Falcimaigne

«Les camions qui circulent, c’est des 25 tonnes, des 34 tonnes. Ils sont payés combien?», s’interroge M. McKenzie. «Ils s’en fichent de ce qui va arriver à nos petits enfants. Tout ce qui compte, pour eux autres, c’est leurs petits enfants. Ils viennent de Montréal, Toronto, États-Unis. Mais nous, ils vont nous lâcher. Puis avant de partir, ils vont pleurer, tandis qu’on va être ici, nous autres, sans pleurer. Ils vont pleurer devant la caméra.»

Pour ou contre?

François Durette, prospecteur indépendant, est né à Schefferville d’un père soudeur et d’une mère enseignante. Selon lui, la communauté est divisée. «Il y en a qui sont pro-mines, mais il y en a qui sont complètement contre.» Ceux qui sont pro-mines, c’est parce qu’ils y trouvent du travail, admet-il. «Il y a aussi l’histoire que ça empiète sur certains territoires de pêche et de chasse. Ça a certains impacts négatifs, c’est sûr.»

L’accès aux sites abandonnés est restreint, mais la circulation des Innus est tolérée.
Photo: Nicolas Falcimaigne

Un Innu, qui a requis l’anonymat et que nous appellerons Sam, rappelle que «pour l’acceptation sociale, au niveau de Matimekush/Lac-John, 52% des gens ont voté. Les gens qui ne voulaient rien savoir [de la mine], ils n’ont pas voté. 52% ont dit oui et 48% ont dit non. Si le monde qui était silencieux avait voté, ça n’aurait pas passé.»

Impact social

«Les employés des mines qui ne viennent pas d’ici, ils n’ont pas le droit de sortir en ville, a confié un travailleur minier innu qui ne souhaite pas être identifié et que nous nommerons ici Mat. Il y a eu des problèmes un peu avec le harcèlement, harcèlement sexuel surtout. Les gars viennent ici, deux trois semaines en ligne. Ils sortent, puis ils veulent se ramasser une p’tite fille.»

La mine a apporté son lot de problèmes sociaux à la communauté innue. «Il n’y avait pas d’argent ici avant, rappelle M. McKenzie. Quand l’argent est arrivé, la drogue est arrivée, la consommation de substances est arrivée.» Mat est passé par là: «C’était chaque fin de semaine, c’était des mille piastres, man, que je dépensais. Parce que je gagnais beaucoup et j’étais capable, moi, de fournir dix personnes pour une fin de semaine à pas dormir et juste boire. J’achetais aussi de la drogue.»

La mine a apporté son lot de problèmes sociaux, également à la communauté des Naskapis de Kawawachikamach, à quelques minutes de route de Schefferville.
Photo: Nicolas Falcimaigne

Colonialisme nouveau genre

«Le colonialisme, c’est exactement ce qu’on vit avec l’exploitation des mines, ajoute Sam. De l’autre bord de la terre, les Indiens et les Chinois ont besoin des ressources. Présentement, ça nous affecte ici dans le nord, mine de rien. Le colonialisme, ce n’est plus le pouvoir politique qui le fait, c’est le pouvoir économique.»

Des millions de dollars sont investis dans la structure de production en construction. Le train passera sous ce dôme et repartira chargé de boulettes de fer.
Photo: Émilien Falcimaigne

«Pour l’instant, toutes les mines sont au Labrador, mais pour les Innus, la frontière Québec-Labrador, ça n’existe pas, explique-t-il. Il y a des projets d’exploration, mais pas de mine à court terme. On a des ententes entre les compagnies minières et les quatre nations innues.» C’est loin du Klondike: «Les profits vont aux compagnies, dénonce Mat. J’ai vu des chiffres. Avec un seul mois de profit, on rénoverait toute la ville.»

Le spectre de la ville-fantôme

François Durette s’est mobilisé contre l’expropriation dans les années 1980. «On a formé un comité de citoyens dont j’étais le président. Les premiers négociateurs du ministère qui débarquaient ici, ils donnaient des montants dérisoires. Avec les avocats, on a eu un peu plus, mais on a perdu nos maisons pareil. Quand ils ont décidé de ne pas fermer, c’était quelques années après. Et nous autres, on était partis et éparpillés à la grandeur de la province.»

François Durette pose dans sa serre, probablement la plus nordique du Nitassinan.
Photo: Nicolas Falcimaigne

Comment faire pour éviter de revivre la même chose dans quelques années, quand les nouvelles mines fermeront? «Il faut apprendre aux jeunes à ne jamais oublier qu’ils sont autochtones, faire des projets éducatifs sur les savoirs traditionnels, la survie», croit Mat.

Il envisage aussi que les Innus pourraient prendre le contrôle du développement minier. «Dans 30 ans, qu’est-ce que ça va être? Ça se peut que les Innus gèrent une mine. On n’aura plus besoin des Blancs. C’est notre roche, ça, c’est nous qui occupons le territoire. Là un Blanc vient et prend ce qui nous appartient. Déjà, je connais du monde qui met son argent dans les mines.»

À Lac-John, une statue de la Vierge contemple l’exploitation du territoire.
Photo: Nicolas Falcimaigne

Du même auteur, lisez le compte-rendu du film Une tente sur mars, paru en 2010 dans le journal culturel devenu depuis la Rumeur du Loup: Cinéma politique et poétique.

Découvrez le film Une tente sur Mars, de Martin Bureau et Luc Renaud, avec Essimeu «Tite» McKenzie.

Déc 012013
 

Ce n’est pas l’habituel Victor-Lévy Beaulieu bagarreur qui a accueilli la presse régionale chez lui, ce mercredi d’été où il lançait Désobéissez!. À tel point qu’il fut difficile de lui arracher un portrait un tant soit peu combatif, entre anecdotes, citations et souvenirs de jeunesse, tout sourire. Non, c’est plutôt la force tranquille de la nature qui l’animait. Celle qui attend son heure pour sonner le glas d’une époque et d’une humanité schizophrène. C’est cette force qui transcende les 180 pages du livre rouge de l’écrivain pistolois. Page après page, il pose les pierres de la saine indignation, celle qui se traduit par la désobéissance.

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Déc 012013
 

À l’approche de Noël, tu appréhendes la conversation pénible avec ce mononcle qui prend souvent un verre de trop. L’an dernier, il t’avait engueulée parce que tu veux sauver la planète. D’abord amical, il t’avait gentiment traitée d’idéaliste. Puis il était devenu condescendant: «Vous autres, les jeunes, vous croyez pouvoir tout changer, mais garder votre iPhone!» Enfin, il s’était emballé, t’accusant de vouloir bloquer tous les projets: l’emploi, la croissance, la technologie qui peut nous sauver… La tante s’en était aussi mêlée et le conflit de canard était passé de travers. Bref, l’hystérie.

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Nov 012013
 

«Papa, pourquoi le premier ministre attaque le Québec?» Du haut de ses onze ans, elle avait entendu le bulletin télévisé, annonçant que tous les partis de l’Assemblée nationale du Québec dénonçaient d’une même voix la contestation de la loi 99 par Stephen Harper, premier ministre du Canada. «Euh, eh bien, ma grande, c’est parce qu’il ne veut pas qu’on se sépare du Canada, répond le papa hésitant, pas certain d’y croire lui-même. En fait, c’est bizarre, parce que le résultat pourrait bien être l’inverse, et c’était prévisible.» De grands yeux perplexes le fixaient.

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Nov 012013
 

Des décennies sans indexation, des droits qui s’évaporent, la stabilité qui se compte en nombre de mots, un horaire qui frise le chaos. Hier artisans principaux de la liberté d’expression, les journalistes ont vu l’expression de la liberté changer de sens. Le journaliste est devenu journalier. Ne serait-il pas temps de rétablir au moins le minimum?

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Nov 012013
 

«Maintenant qu’on emploie moins d’employés permanents, je pense qu’il va falloir une loi pour protéger les pigistes.» Le journaliste Jean-François Lépine, analyste international indépendant, a ainsi résumé l’enjeu qui touche les quelques 600 journalistes indépendants du Québec. Lors du congrès de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), du 22 au 24 novembre dernier, le journalisme indépendant a été sous les projecteurs. Ensemble a interrogé les journalistes présents, non seulement les pigistes, mais surtout les salariés, les professeurs, et même les plus connus du public. La grande majorité est en faveur d’une loi sur la négociation collective des conditions des journalistes indépendants.

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Oct 012013
 

Depuis la fin du XXe siècle, des citoyens se mobilisent pour favoriser la persévérance scolaire de leurs jeunes, et leur permettre de se qualifier dans un métier valorisant et de prendre leur place dans leur région. Depuis bientôt quinze ans, des gens ordinaires suent sang et eau pour donner un avenir à des jeunes pour qui le moule du système ne rime à rien. Ces coopératives d’éducation, les Maisons familiales rurales (MFR), ont fait leurs preuves depuis longtemps, atteignant avec leurs jeunes présumés décrocheurs des taux de réussite qui font bleuir d’envie les polyvalentes. Et l’État tarde encore à les intégrer dans l’offre de services officielle du ministère de l’Éducation.

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Oct 012013
 

Nous avons patiemment suivi plusieurs sessions de la Commission sur les enjeux énergétiques, de Rimouski à Québec: enregistré, interrogé, noté des contacts pour des entrevues complémentaires, filmé et photographié. Nous nous sommes étonnés du peu de participation de la population, hors les personnes venues déposer un mémoire. Sans doute était-elle trop occupée à s’entredéchirer le tissu laïc dans ce psychodrame de la Charte, déclenché par ce gouvernement et entretenu par les médias de masse. Mais tout cela est vain maintenant: en dévoilant sa politique économique, la semaine dernière, ce gouvernement a annoncé ses couleurs sans attendre le rapport de la Commission. Quoi qu’en dise la population, il y aura donc exploration pétrolière sur Anticosti, dans le golfe du Saint-Laurent et en Gaspésie.

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Oct 012013
 

Le dépanneur ferme dans votre petit village si agréable, juché au cœur des montagnes laurentiennes, emportant avec lui l’unique station-service à des lieues à la ronde? Pas de panique: ça s’est déjà passé ailleurs. Partout au Québec, des équipes de recherche étudient des situations réelles de développement rural et en tirent des leçons qui pourraient inspirer d’autres communautés. Pour que ces études sur l’économie de proximité soient utiles aux municipalités, aux organismes de développement et aux personnes engagées dans leur localité, elles ont été résumées dans un outil interactif: Un visage à la carte. Produit par l’Alliance de recherche Universités – Communautés – Développement territorial et Coopération (ARUC-DTC), cet outil en ligne a été rendu public fin septembre. En cette Semaine de la coopération, le journal Ensemble vous en offre une visite guidée.

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Sep 132013
 

Saint-André-de-Kamouraska — Dans la région du Bas-Saint-Laurent, où se multiplient depuis plusieurs années les projets en énergies renouvelables, une farouche opposition s’éleve face au projet d’oléoduc Énergie Est de TransCanada, devant transporter le pétrole des sables bitumineux albertains à travers le Québec. Après l’annonce de ce projet, en août, trois rencontres publiques d’information ont été organisées par des citoyen-ne-s, qui ont invité Équiterre et l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) à répondre aux questions de la population de l’Islet, de Mont-Carmel et de Témiscouata-sur-le-Lac. Déjà, un groupe a été créé, sous le nom de Mouvement Stop-oléoduc. — Dernier de quatre articles parus du 10 au 13 septembre.

Depuis des années, de nombreux groupes de la société civile se sont mobilisés pour favoriser le développement des énergies renouvelables. D’autres ont été créés pour empêcher le développement des énergies fossiles. C’est le cas de Non à une marée noire dans le Saint-Laurent, dont le cofondateur, Martin Poirier, était présent à la consultation de Témiscouata-sur-le-Lac. «Le Québec a la chance de ne pas être une pétro-province, s’exclame-t-il. Tout le potentiel convoité est du non-conventionnel qui nécessite la fracturation, tel qu’à Anticosti, ou bien des forages en milieu marin avec Old Harry dans le golfe. Et nous avons encore plus de chance de ne pas le devenir, avec un énorme potentiel en énergies renouvelables pour être des leaders au niveau mondial. Il ne manque qu’une véritable volonté politique.»

L’oléoduc, à contre-courant

Comme le rapportait récemment l’Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole, dans un éloquent exposé de la perspective de l’industrie pétrolière, le projet Oléoduc Énergie Est de Transcanada répond à une pression de plus en plus forte de l’industrie albertaine pour l’exportation de son pétrole. En effet, explique l’article, «pendant que les pipelines Keystone XL et Northern Gateway, conçus pour relier le pétrole canadien à la côte du golfe du Mexique aux États-Unis et aux marchés asiatiques, butent sur des obstacles politiques, de nouveaux projets d’acheminement du pétrole vers des marchés assoiffés au Canada même, prennent de la vitesse».

Kim Cornelissen, vice-présidente de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) et conférencière des rencontres de consultation, vient de s’installer au Bas-Saint-Laurent. Elle a choisi la région précisément pour son potentiel en énergies renouvelables. Spécialiste de ce domaine, elle s’étonne qu’on veuille refaire, avec la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec, le même exercice de consultation qu’en 1995. La consultation avait alors abouti au rapport Pour un Québec efficace, qui a alors inspiré une politique énergétique du gouvernement du Québec. «Les conclusions ont été qu’une politique énergétique se base surtout sur l’efficacité énergétique: arrêter de gaspiller, rendre les bâtiments plus écoénergétiques. On parlait de développer l’éolien, le solaire et la biomasse. On n’a jamais parlé de développer le pétrole et le gaz.»

Le maire sortant de Rivière-du-Loup, Michel Morin, inaugurera cet automne le chantier d’une usine de biométhanisation qui restera un projet marquant de son administration. «Avec ce projet, on a quand même trois millions de litres de biométhane qui viennent remplacer trois millions de litres de diesel dans nos transports, à 70¢ du litre!» Selon ses calculs, seulement avec les résidus gras des deux abattoirs de la région, on pourrait même fabriquer ici 17 millions de litres de biodiesel. «Là on commence à parler de carburant de remplacement en grande quantité.» M. Morin prendra la parole à la Commission sur les enjeux énergétiques, et souhaite que le débat se fasse en profondeur. «Quand on aligne toutes nos possibilités au niveau des types d’énergie renouvelable, on quitte notre dépendance au pétrole dans combien de temps? C’est ça que j’aimerais savoir. Il faut avoir les moyens de nos ambitions et prioriser les choix là-dedans.»

La contestation s’organise

Deux jours après l’annonce du projet, le 3 août, un groupe publiait sur Facebook une page intitulée Non au projet « Oléoduc Énergie Est » de Transcanada, et y a publié des dizaines d’articles depuis ce temps. Pendant le mois d’août, les informations ont abondamment circulé dans les réseaux militants, notamment Idle No More et les nouveaux groupes nés à la suite des rencontres d’information d’Équiterre (Témiscouata, L’Islet et Mont-Carmel).

Le 21 août, des citoyens se sont réunis à Saint-André-de-Kamouraska afin de mettre en place un groupe opposé au projet et de mener des actions concrètes pour empêcher sa réalisation. Jérémie Chénard, citoyen de Saint-Germain-de-Kamouraska et Simon Côté, citoyen de Mont-Carmel, ont été nommés co-porte-parole du Mouvement Stop-oléoduc Kamouraska par la quarantaine de personnes présentes.

«Je suis vraiment impressionné, s’exclame M. Chénard. On a avancé très rapidement, il y a des gens très compétents qui se sont engagés dans les différents comités.» Les trois quarts des personnes présentes ont pris en charge des tâches et des responsabilités, souligne Simon Côté.

Les actions envisagées sont «d’informer les gens au niveau local, d’aider les municipalités qui sont un peu prises avec la patate chaude et qui risquent de faire face à la division de leur population.» On parle également de fournir des modèles de résolutions aux conseils municipaux qui souhaitent s’opposer au passage de l’oléoduc sur leur territoire. Les propriétaires fonciers pourraient aussi être appelés à signer des lettres de revendication de droits pour protéger leurs terres.

Pour l’acteur Christian Bégin, citoyen de Saint-Germain-de-Kamouraska, c’est cette mobilisation citoyenne qui sera déterminante dans la réalisation ou non du projet. «On se rend compte que dans le Bas-Saint-Laurent il y a une mobilisation très forte par rapport au projet d’oléoduc en ce moment. Il y a eu des réunions à Mont-Carmel, à L’Islet, à Témiscouata, qui ont mobilisé pas mal de gens, déjà la couverture médiatique est assez importante, on sent que c’est un mouvement qui va faire parler de lui et ce soir on est en train de poser les premières pierres.»

Steven Guilbault, directeur principal chez Équiterre et conférencier lors des rencontres d’information, croit aussi que la volonté populaire est cruciale. «Le fédéral ne passera pas sur le dos d’une province complète pour faire un projet dont la province, l’ensemble de la population et les communautés autochtones ne veulent pas, souligne-t-il. Quand le projet Keystone XL a été annoncé aux États-Unis, c’était fait, c’était réglé. Ce projet-là allait se faire, ça allait passer comme du beurre dans la poêle. Mais cinq ans plus tard, le projet n’est pas fait et le dernier commentaire de Barack Obama sur ce projet n’est pas particulièrement encourageant pour eux. Donc si les gens se mobilisent, je pense qu’on peut arriver à faire de grandes choses.»

Pour Simon Côté, l’enjeu est planétaire et historique: «Peu importe que le pipeline soit sécuritaire ou qu’il rapporte, il s’agit quand même de tripler la superficie des sables bitumineux, l’entreprise humaine la plus polluante de l’histoire.»

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Ceci est le quatrième d’une série de quatre articles parus du 10 au 13 septembre.

Document: Le rapport Pour un Québec efficace semble difficile à trouver sur le site du gouvernement du Québec. Nous en avons trouvé une copie numérisée.

Mise à jour: Une pétition a été déposée à l’Assemblée nationale du Québec: Abandon des projets d’oléoducs et promotion des énergies vertes.

Mise à jour: Un groupe nommé SaveCanada s’était fait remarquer à North Bay en Ontario Bay, par une stratégie d’opposition créative au projet, pour contourner la stratégie de communication de TransCanada. La compagnie tient en effet des journées portes-ouvertes pour répondre individuellement aux questions des citoyens, mais sans possibilité de poser des questions publiquement dans une assemblée. En portant des uniformes aux couleurs de TransCanada, des bénévoles de SaveCanada répondent aux questions des citoyen-ne-s sur le projet, ses enjeux et ses impacts. Le mouvement se déploie pour participer à toutes les journées portes-ouvertes. Au Québec, c’est sous le nom SansTransCanada que se déclinent leurs outils de communication et ils invitent les citoyen-ne-s à prendre part à leur action.