Entrevue – Jean-Paul Lallier et John Parisella – La relance est dans la coopération

Au sortir d’une crise économique sans précédent, l’Amérique du Nord se relève en s’appuyant notamment sur de grands chantiers et sur l’exploitation des ressources naturelles. Quelle épingle les régions rurales peuvent-elles tirer de ce jeu qui les place au centre de l’arène? Jean-Paul Lallier, conseiller stratégique au cabinet d’avocats LKD, et John Parisella, délégué général du Québec à New-York, se partageront le panel de la Conférence nationale pour répondre à cette question. Rejoints par téléphone à quelques jours de l’événement, ils ont accepté de donner un bref aperçu de leur vision.

Aux premières loges de notre voisin du sud, John Parisella situe la lente reprise économique dans le contexte politique où le président Obama a joué ses grosses cartes en début de mandat. Les grosses réformes étaient nécessaires, mais elles sont choses du passé. La relance passe maintenant par le développement des nouvelles technologies. «En ce moment, la croissance est de l’ordre de 3% en général, mais dans le domaine des technologies de l’information, elle touche les 17%.»

Transport à grande vitesse

Un projet de transport rapide, tel que le monorail proposé par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), pourrait-il désenclaver les régions? «C’est important de regarder les transports comme un tout, avec des éléments d’intégration, souligne le diplomate. Je ne veux pas qualifier un système plus qu’un autre. Pour faire face à des besoins et aux changements climatiques, je vois le mouvement sur rail comme étant quelque chose de positif.» Sur le TGV Montréal-New-York, un sujet qui lui tient à cœur, le Délégué général parle d’un consensus qui est en train de se développer en faveur du transport de passagers par rail aux États-Unis.

L’ancien maire de Québec insiste pour sa part sur le rôle de leadership complémentaire que doivent assumer les villes. «Quand Québec se présente comme une ville d’histoire, il ne faudrait pas qu’elle oublie d’associer les territoires où il y a aussi de grands morceaux de notre histoire.»

M. Lallier affirme que, pour se développer, les régions doivent d’abord trouver leur identité. «Le côté touristique, ce n’est pas uniquement d’aligner des motels sur la route. C’est ce qu’on a à partager avec les gens qui viennent ici. Charlevoix a assumé son identité. D’autres régions se perçoivent encore à travers le potentiel d’exploitation des ressources naturelles. On revient cinquante ans en arrière.»

Ressources naturelles

C’est pourtant les grands projets d’exploitation des ressources naturelles qui sont souvent présentés comme la planche de salut des régions. Les projets miniers, hydroélectriques et éoliens sont-ils réellement structurants pour les régions? «Il suffisait qu’une compagnie dise “Je vais vous donner tant d’argent pour implanter mon éolienne sur votre terre”, et le cultivateur prenait le morceau, pensant que c’était bien bien payé pour utiliser un fond de terrain dont il ne se servait pas», s’indigne l’ancien maire pour illustrer le laisser-faire qui a caractérisé les appels d’offres en éolien. À cette approche, il oppose celle de la coopération.

Coopération

«Les régions qui se servent d’un des outils les plus traditionnels du Québec, c’est-à-dire les coopératives, défendent mieux leurs intérêts et partagent le bénéfice. Ça a toujours été pour le Québec une stratégie gagnante», rappelle-t-il en ajoutant que si on n’avait pas eu la coopération, le Québec ne serait pas devenu ce qu’il est. «La coopérative, c’est la mise en commun de ressources modestes qui, elles, constituent alors un important bassin de ressources. C’est tout le principe de la solidarité. C’est ça qu’il faut développer en région. Une des forces potentielles des régions, c’est qu’il est plus facile d’y développer des solidarités autour de projets gagnants que ça peut l’être dans le quartier Saint-Michel à Montréal, par exemple.»

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l'Avenir, a présenté L'Écho de L'Avenir à la presse. Photo: N.Falcimaigne
Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l’Avenir, a présenté L’Écho de L’Avenir à la presse.
Photo: N. Falcimaigne

Cet article fait partie du journal spécial L’Écho de L’Avenir, réalisé dans le cadre de l’événement Ruralia et publié dans Le Devoir du samedi 14 mai 2011, organisé par Solidarité rurale du Québec (SRQ). Si le journal est un hebdo fictif inventé pour le village fictif de Saint-Ailleurs, qui était le salon de la ruralité, les articles qu’il contient sont tous de bien réels articles de journalisme indépendant portant sur des nouvelles réelles et répondant aux standards élevés de la Coopérative de journalisme indépendant. Sauf cet article qui en faisait la Une et qui est une fiction.

Une première au Québec – Le village de Saint-Ailleurs inaugure sa station de métro

C’est entouré de plusieurs personnalités rurales de renom que le maire de Saint-Ailleurs-de-l’Avenir a procédé, vendredi matin, à l’inauguration de la station de métro Place-des-Arts. Désormais située dans les limites de la municipalité, cette station de la ligne verte permettra aux citoyens de la région métropolitaine de visiter facilement le village, aussi accessible par la station Place-d’Armes de la ligne orange.

Saint-Ailleurs devient ainsi la première municipalité rurale du Québec, et probablement au monde, à se doter d’un métro. Cette situation inusitée, explique le maire Paul-Albert Brousseau, a été rendue possible par la relocalisation de ce village de la MRC La Plubelle, dans la région Près-de-Chez-Vous, en plein centre de la ville de Montréal.

«Ça fait longtemps qu’on existe. Malgré tout, personne ne nous connaît. Alors on a décidé de transporter, carrément, notre village à Montréal, au Complexe Desjardins.»

Le maire a par ailleurs fait valoir qu’il est beaucoup moins onéreux de déménager un village que de construire une station de métro.

Implanter Saint-Ailleurs au Complexe Desjardins pendant quelques jours permettra aux urbains de renouer avec ce village et de découvrir des innovations rurales surprenantes, méconnues, provenant de tout le Québec.

Selon Claire Bolduc, présidente de Solidarité rurale du Québec, «Le village a mis de l’avant les belles réalisations dont tous les Québécois peuvent être fiers. On parle de Bixi, on parle d’ExoPC, des produits du terroir, de produits forestiers, d’innovation, de manufacture, de culture. C’est un village qui a beaucoup à montrer, qui a fait une cité-école et des coopératives.»

La vie n’a pas toujours été facile pour ce village de 1 124 habitants, qui a vu ses entreprises fermer à cause du déclin démographiques. «Les Ailleurois et les Ailleuroises sont des gens résilients et déterminés, soutient Mme Bolduc. Ce sont des citoyens mobilisés, qui ne sont pas indifférents à ce qui se passe. C’est un village qui a confiance en ses moyens malgré les contrecoups qu’il peut subir. C’est un bel exemple de village qui peut faire face à l’adversité.»

Interdépendance

La métropole est complémentaire et interdépendante de ces communautés rurales, alors elle devrait être complice avec Saint-Ailleurs, martèle la présidente.

«Parce que ce qui se fait à Saint-Ailleurs, ça a des répercussions à Montréal. Et on a besoin à Saint-Ailleurs d’une ville comme Montréal, d’une métropole qui va nous propulser en avant, pour montrer ce qui se fait dans les milieux ruraux, pour être une plateforme de communication pour les milieux ruraux.
Les milieux ruraux savent qu’ils ont besoin d’une métropole et des villes qui sont autour d’eux. Les villes et la métropole se souviennent-ils que ces milieux ruraux-là leur sont nécessaires ? On veut le leur rappeler.»

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l'Avenir, a présenté L'Écho de L'Avenir à la presse. Photo: N.Falcimaigne
Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l’Avenir, a présenté L’Écho de L’Avenir à la presse.
Photo: N.Falcimaigne

Cet article fait partie du journal spécial L’Écho de L’Avenir, réalisé dans le cadre de l’événement Ruralia et publié dans Le Devoir du samedi 14 mai 2011, organisé par Solidarité rurale du Québec (SRQ). Si le journal est un hebdo fictif inventé pour le village fictif de Saint-Ailleurs, qui était le salon de la ruralité, les articles qu’il contient sont tous de bien réels articles de journalisme indépendant portant sur des nouvelles réelles et répondant aux standards élevés de la Coopérative de journalisme indépendant. Sauf cet article qui en faisait la Une et qui est une fiction.

Le statu quo n’est pas une option

Depuis sa fondation il y a un quart de siècle, l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) lutte pour l’obtention d’une loi qui impose la négociation collective des conditions de travail des journalistes à la pige avec les entreprises de presse. Pendant ce temps, la concentration de la presse a réduit le nombre d’éditeurs à quelques immenses conglomérats face auxquels les journalistes indépendants peinent à faire respecter leurs droits. L’AJIQ a donc organisé les États généraux du journalisme indépendant, qui se sont tenus le 28 septembre dernier à Montréal. Nous avons rencontré sa présidente, Mariève Paradis, pour faire le point sur le nouvel espoir qu’a apporté cet événement.

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