Nov 252011
 

Les coopératives ont une longueur d’avance face à la crise écologique et démographique. C’est la trame de fond qui se dégage du Forum coopératif tenu aujourd’hui à l’Hôtel Chicoutimi et organisé par la Coopérative de développement régional (CDR) Saguenay-Lac-Saint-Jean/Nord-du-Québec. En favorisant la participation des jeunes, la CDR a aussi voulu illustrer cette tendance. Près du tiers de 160 participants sont des étudiants du Cégep de Chicoutimi venus découvrir le monde coopératif de leur région.

Louis Favreau, sociologue, s’est montré particulièrement radical en conférence d’ouverture. Les pistes de sortie de crise qu’il a lancées témoignent d’une approche globale : « se battre pour la démocratisation de l’économie, repenser le social et renouveler l’État social, se mettre radicalement au vert, construire un mouvement citoyen international et intensifier la solidarité Nord-Sud ». André Martin, professeur associé à l’IRECUS, a pour sa part souligné que le changement de paradigme qui se prépare s’inscrit dans une tendance historique à long terme.

Pour Dominic Deschênes, directeur général de la CDR, le contexte de crise multiple (économique, sociale, écologique etc.) favorise les organisations qui peuvent s’adapter aux changements, ou même les provoquer. « C’est un peu comme si on était en train de rebrasser les cartes, et on dirait que la nouvelle donne est taillée sur mesure pour les coopératives ». Le mouvement coopératif, précise-t-il, englobe déjà les aspects économique et social. Troisième aspect du développement durable, l’écologie correspond déjà aux principes coopératifs, ce qui place le mouvement à l’avant-garde.

Intégration des jeunes au travail

Les valeurs coopératives correspondraient également avec celles des nouvelles générations, plus versées dans la solidarité, le travail d’équipe et l’ouverture, dit le président et co-fondateur de la Coop V.E.R.T.E., Simon-Olivier Côté. En participant au panel du Forum, il est venu dire aux nombreux jeunes présents qu’il y a moyen de s’impliquer pour avoir une expérience de travail qui rejoint leurs valeurs. « Pour leur part, les moins jeunes gagneraient à changer leur approche pour s’adapter aux nouvelles générations, plutôt que de demander aux jeunes de s’adapter à leur modèle établi. » Participer au processus décisionnel, dans une coop, permettrait aux jeunes de répondre à leur incessante question en contexte de travail : « pourquoi? ».

Le Forum coopératif a été l’occasion de souligner le centième anniversaire de la Caisse Desjardins de Chicoutimi en lui décernant l’Ordre du mérite coopératif, mais aussi de constater que de nouvelles coopératives ont vu le jour dans la région pour répondre à des enjeux très concrets. La Coop V.E.R.T.E. S’inscrit dans une tendance de tourisme durable tout en fournissant un projet rassembleur pour les jeunes de Saguenay, la Coopérative de solidarité Nord-Bio répond à une nécessité de sensibiliser les consommateurs à l’agriculture biologique, alternative en croissance au Lac-Saint-Jean, et la Coopérative de solidarité Le Brûlot fournit un lieu de rassemblement et d’animation du milieu à Chibougamau.

« Berceau de la coopération, le Saguenay-Lac-Saint-Jean pourrait être un fer de lance du renouveau de la coopération », conclut Hélène Simard, présidente-directrice générale du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité.

Nov 172011
 

Il est plus facile, pour les citoyens des régions, de savoir l’état de la circulation sur le pont Champlain que d’obtenir de l’information sur les enjeux qui les touchent, dans leur municipalité. C’est une des conclusions de la tournée des régions effectuée par le Conseil de presse du Québec, en 2008. À l’approche de l’Année des coopératives, en 2012, le journal Ensemble, presse coopérative et indépendante, entame à son tour une tournée. Cette série d’éditions régionales se veut une réponse à l’uniformisation et à la centralisation de l’information.

Au XXe siècle, il y avait des hebdomadaires dans plusieurs régions du Québec, qui couvraient leurs frais par les abonnements et la vente à l’unité. Peu à peu, la publicité s’est imposée comme source principale de revenus. Au fur et à mesure que les entreprises de presse, d’impression et de publicité convergeaient, les hebdos gratuits sont apparus, financés exclusivement par la publicité.

En plus de réduire à peu de chose l’espace disponible pour le contenu dans les pages du journal, la publicité a affecté l’indépendance de l’information, et donc la qualité de ce contenu. Aujourd’hui, la publicité déborde même des pages du journal hebdomadaire, et celui-ci est souvent livré dans un sac de circulaires.

Régulièrement, on assiste à l’acquisition, par l’un des grands groupes de presse régionale, d’un journal indépendant. Le journal L’Avantage de Rimouski, ainsi que le Groupe Le Canada Français de Saint-Jean-sur-Richelieu et ses onze titres hebdomadaires, ont été achetés par Transcontinental au mois d’août.

Sortir des sentiers battus

Le secteur de la presse est en transition. Les citoyens cherchent de nouvelles façons de s’informer, et recherchent l’information qui sort des sentiers battus. La Coopérative de journalisme indépendant veut leur offrir, avec la création du journal Ensemble, une source d’information indépendante sur leur milieu, les enjeux de démocratie, de citoyenneté, et particulièrement l’économie sociale et solidaire, les coopératives et les mutuelles.

Cette édition régionale et les autres à venir sont une invitation lancée à toute la population du Québec. Pour se redonner accès à une information libre et indépendante, dans toutes les régions, et qui aborde des sujets laissés pour compte par les médias de masse, tous les citoyens et les citoyennes peuvent participer à leur façon à ce mouvement qui commence. Parce que c’est ensemble que nous pouvons y arriver, et parce que c’est ensemble que cette réussite sera à l’image de tous.

Parce qu’ensemble, on va plus loin.

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À surveiller: Demain, la publication de la deuxième édition régionale, réalisée dans le cadre du Forum coopératif du Centre-du-Québec.

Nov 112011
 

QUÉBEC —Les vacanciers avaient déjà remarqué que l’année était bonne pour les fabricants de cônes de zones de travaux routiers. Lors du retour au travail, ils ont constaté que l’été n’avait pas suffi pour remettre en état les routes. Alors que s’allongent les embouteillages, l’épuisement du pétrole pousse les multinationales à en chercher jusque sous le sol des Québécois. Pour certains, l’indépendance énergétique passe par l’exploitation de tous les gisements fossiles présents sur le territoire. Pour d’autres, il s’agit plutôt de déployer des systèmes de transports fonctionnant à l’électricité, une énergie propre que l’on produit en grande quantité.

L’État est en quelque sorte la « coopérative territoriale » qui permet aux citoyens de se donner des infrastructures collectives en participant équitablement à leur financement. Les infrastructures de transport représentent un colossal investissement qui a un impact sur tous les Québécois, et qui exige que les choix de société à faire donnent lieu à un débat public approfondi. Dans cette première édition, le journal Ensemble, presse coopérative et indépendante présente à ses abonnés le portrait d’un projet dont il a encore peu été question dans l’espace public : le projet de monorail étudié par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) et maintenant porté par l’organisme TrensQuébec.

Qui dit transport électrique pense habituellement aux voitures électriques et hybrides, qui apparaissent très progressivement sur le marché. Le Québec n’est pas producteur d’automobiles, alors que son industrie du transport collectif est florissante. C’est ce qui a amené les chercheurs de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) à se pencher sur les projets de transport collectif électriques.

Fondé en 1999, l’institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), est un organisme indépendant et sans but lucratif qui est voué au développement  du Québec par la recherche scientifique  et économique. En janvier 2011, l’organisme déposait le rapport L’électrification du transport collectif : un pas vers l’indépendance énergétique du Québec, lors d’un colloque organisé de concert avec le réseau des ingénieurs du Québec et les syndicats d’Hydro-Québec. Sous la direction de Robert Laplante, les chercheurs Gabriel Ste-Marie, Jules Bélanger, Pierre Langlois et Gilles L. Bourque y présentent une vision globale des multiples projets actuellement sur la table au Québec. De là à imaginer une solution intégrée, développée intégralement au Québec et exportable partout dans le monde, il n’y a qu’un pas, et ils l’ont franchi sans hésiter.

Le projet monorail reliant les principales villes du Québec, qu’ils y décrivent en profondeur, est étroitement lié à l’avenir économique et énergétique du Québec. Si le Québec n’est pas producteur d’automobiles, il n’est pas non plus encore producteur de pétrole. Le virage vers une économie décarbonisée se présente comme une solution à la stablité économique et environnementale de la province. Ce virage, l’IRÉC l’aborde par l’électrification du transport.

Tous les projets en un seul

Afin de mieux comprendre le portrait des transports collectifs au Québec, l’IRÉC a réuni les projets existants en évaluant les coûts et les retombées économiques qui y sont associées.  Les tramways de Québec et de Montréal, le système léger sur rail (SLR) du pont Champlain, le prolongement du métro, la navette avec l’aéroport, les trolleybus de Montréal et de Laval, et l’électrification des lignes de trains du réseau de l’AMT sont tous chiffrés et évalués. La facture totale de ces projets de transport local s’élève à 7 milliards  $.  Les deux tiers des sommes investies auraient des retombées au Québec et 50 000 nouveaux emplois seraient créés.

Transport interurbain

Depuis des décennies, l’idée d’un TGV retient l’attention du public et des élus. Le Québec étant un leader dans la production de cette technologie, on s’attendrait évidemment à la voir s’y implanter en premier. Selon le rapport, le projet de TGV Windsor-Québec pourrait coûter 40 milliards $ et souffrirait de la difficulté d’opérer dans les conditions hivernales, d’une très faible tolérance au relief et de la nécessité d’embarquer des centaines de passagers à la fois. La géographie, le climat et la faible densité de population du Québec s’y prêtent donc très peu. Par ailleurs, le développement d’un axe unique entre Québec et Montréal laisserait le reste de la province isolée des grands centres urbains, malgré la contribution financière qui lui serait demandée. Pour répondre au besoin de transport rapide interurbain et interrégional, l’équipe de Robert Laplante a donc préféré évaluer la possibilité de relier Montréal et Québec aux capitales régionales du Québec par un monorail.

Le monorail en chiffres

Selon Pierre Langlois, physicien et auteur de Rouler sans pétrole, il en coûterait le tiers du projet de TGV pour relier huit régions du Québec à l’aide du monorail, soit environ 12 milliards $. Ce projet entraînerait la création de près de 100 000  emplois et d’un lien de transport rapide entre Gatineau, Rimouski, Sherbrooke, St-Georges, Trois-Rivières et Saguenay.

Comparable à celle du TGV, la vitesse du monorail propulsé par le moteur roue de Pierre Couture est évaluée à 250 km/h. « Une structure de transport performante, c’est un élément essentiel dans la compétitivité des économies. On ne développera pas les régions avec des infrastructures vétustes. Ça prend des infrastructures performantes et la technologie du monorail en est une », souligne Robert Laplante. Il ajoute que le projet, suspendu à des pylones, pourrait être implanté rapidement sur les terre-pleins des autoroutes et les emprises existantes, nécessitant peu d’expropriations et aucune construction de ponts et viaducs. Le rapport va jusqu’à évaluer le coût de remplacement des lampadaires. Avec le moteur-roue québécois, les wagons autopropulsés seraient indépendants et pourraient afficher complet avec une soixantaine de passagers, ce qui apporte une souplesse adaptée au portrait démographique du Québec.

L’IRÉC évalue que 3 000 personnes transitent chaque jour par transport collectif entre Montréal et Québec, en plus des 15 000 véhicules légers qui empruntent les autoroutes sur ce trajet. Ces déplacements représentent un marché d’au moins 10 000 passagers par jour, pouvant générer des revenus annuels suffisants pour assurer la rentabilité. La capacité totale du monorail, qui s’élève à 50 000 passagers quotidiens, laisse place à un développement important du marché.

Des wagons adaptés pourraient aussi être intégrés au réseau intermodal de transport de marchandises et réduire d’autant l’empreinte écologique des industries du Québec. Déjà chef de file en matière de conception de transport collectif, le Québec développerait une expertise dans un domaine de pointe qui pourrait intéresser d’autres pays.

Vers une économie verte et efficace

Au-delà de la question des transports, le projet de monorail soulève des interrogations sur l’avenir énergétique et l’indépendance économique du Québec. Il intéresse à ce titre plusieurs militants qui se sont récemment mobilisés contre l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste. Pour Daniel Breton, fondateur de Maîtres chez-nous 21e siècle, il faut s’affranchir de la dépendance aux énergies fossiles plutôt que chercher à en exploiter dans notre cour. Il rappelle que chaque année, de 13 à 18 milliards $ quittent le Québec en achats d’hydrocarbures. Ce déficit commercial pourrait considérablement être réduit si l’on envisageait des alternatives comme le monorail.

Depuis le dépôt du rapport, ses auteurs parcourent le Québec pour donner des conférences sur le projet, tout en multipliant les représentations auprès des groupes d’intérêt pour pousser le gouvernement à le réaliser.

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Une coopérative nationale de transport

Entrevue avec Gérald Larose, président de la Caisse d’économie solidaire Desjardins

L’organisme à but non lucratif TrensQuébec a été fondé pour porter le projet de monorail, sous la coordination de l’ancien député fédéral Jean-Paul Marchand. Ce dernier propose la création d’une coopérative nationale de transport.

Une organisation tripartite qui regrouperait l’État, un partenaire privé et une coopérative (PPP-Coop) assurerait aux citoyens le contrôle majoritaire du projet, soit à travers le gouvernement, soit par le biais de la coopérative.
Pour réunir le milliard de dollars nécessaire pour couvrir un tiers des coûts du premier projet Québec-Montréal, il faudrait 100 000 membres qui souscriraient des parts sociales de 10 000 $ chacun.

Gérald Larose est président de la Caisse d’économie solidaire Desjardins, qui soutient l’IRÉC. Il croit beaucoup en ce projet, qui a « une portée gigantesque, au plan structurel et au plan industriel, soutient-il. C’est une réponse à plusieurs ordres d’enjeux de société : celui du transport, mais également celui de l’environnement, celui de l’énergie, celui de la structuration des territoires. C’est un projet du 21e siècle. Au plan financier, c’est imposant. Le vaisseau amiral sera certainement l’État, parce que c’est un projet qui touche toute la société québécoise. »

Interrogé sur l’option coopérative et sur l’éventualité de créer un prêt dédié à la souscription de parts sociales, il considère « intéressant d’envisager la gestion participative ou démocratique, et comment la structurer. Il faut que les régions s’emparent du projet, et aussi les usagers. La forme coopérative peut être l’expression de cet engagement des usagers. Quant au montage financier global, il est trop tôt pour voir comment il pourrait précisément se structurer. »

Une coopérative ne peut toutefois pas être le levier principal, selon M. Larose : « Il faut d’abord que les régions soient mises à contribution et se mobilisent pour imposer à l’État québécois une vision toute différente de celle d’un TGV, qui ne correspond pas à la réalité économique du Québec » car il se déploie sur un axe Est-Ouest et néglige le développement du marché intérieur.

Avec Mathieu Champoux

Nov 032011
 

Était-ce le lancement national de l’Année internationale des coopératives ? L’Organisation des Nations Unies (ONU) marquait le lancement mondial lundi à New-York, en présence notamment de Hélène Simard, présidente-directrice générale du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, et de Monique Leroux, présidente du Mouvement Desjardins. Le lendemain, Mme Simard participait à Rouyn-Noranda au premier Forum régional coopératif, organisé par la Coopérative de développement régional (CDR) de l’Abitibi-Témiscamingue et le Pôle régional d’économie sociale. Plusieurs représentants nationaux et régionaux, des coopératives et des agents de développement, ont répondu à l’appel, dans la capitale du cuivre.

Pour Denis Martel et Mario Tardif, respectivement président et directeur général de la CDR, il était important de tenir le premier forum en Abitibi-Témiscamingue. « Nous souhaitions faire connaître les liens et la collaboration que l’on a avec le Pôle d’économie sociale, qui est une particularité spécifique à la région et qui nous permet de développer encore plus les valeurs d’intercoopération et d’économie solidaire », a souligné M. Martel.

« Pour notre région, le forum d’aujourd’hui met la table sur certains sujets, a ajouté M. Tardif. Mais notre souhait, avec les partenaires des MRC, c’est d’aller plus loin, plus en profondeur sur certains enjeux. » La CDR souhaite en effet tenir cinq forums territoriaux pendant l’année 2012, au terme desquels plusieurs projets coopératifs verraient le jour. Deux forums sont déjà au calendrier de l’an prochain. Leurs thèmes seront définis à partir d’une identification préalable des besoins et viseront à « démontrer que la formule coop peut être une solution ».

Urgence écologique et crise institutionnelle

En conférence d’ouverture, Le professeur Louis Favreau, titulaire de la Chaire de recherche en développement des collectivités (CRDC) de l’Université du Québec en Outaouais, a posé les balises du contexte auquel l’économie sociale et solidaire peut apporter une réponse. L’urgence écologique, qui a aussi fait l’objet d’un article complet sur le carnet du chercheur, s’est imposée comme un facteur global qui doit mobiliser la « force de proposition et d’interpellation à l’échelle planétaire » dont disposent les acteurs de l’économie sociale et solidaire. M. Favreau a tenu à souligner que ce secteur représente 10 % du produit intérieur brut (PIB), 10 % des emplois et 10 % de la finance mondiale (Babekew Ashagrie, OIT, 2011).

Autre moment fort, pendant la conférence de fermeture, Claire Bolduc, présidente de la coalition Solidarité rurale du Québec (SRQ), s’en est prise à la perte de contrôle des institutions, que ce soient l’État ou les structures coopératives, associatives et syndicales. « À commencer par l’État, qui oublie les solidarités qui ont conduit à constituer le Québec, c’est l’échec des institutions, qui ont perdu de vue ce pourquoi elles étaient là, leur mission, leur mandat, leur rôle et qui elles doivent servir », a laissé tombé celle qui habite la région du Témiscamingue, rappelant le rôle de vigilance qui doit être exercé par les citoyens et les membres de ces institutions.

Outils concrets pour les coopératives de la région

Le forum a surtout été l’occasion pour les coopératives de la région de se rencontrer et de participer à des ateliers concrets, entre autres sur des techniques de gestion, des perspectives de développement et des outils promotionnels. « Je me suis inscrit dans un atelier où on parlait de marketing et de développement d’outils pour mieux vendre, pour aller chercher de nouveaux clients. », a témoigné Maurice Duclos, directeur général de la Coopérative de solidarité du journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue, mieux connu sous le nom de L’Indice bohémien.

Tout en constatant que l’application concrète des principes énoncés en conférence d’ouverture n’était pas évidente, M. Duclos a tenu à souligner que L’Indice bohémien, en tant que coopérative, est à but non lucratif et imprime son journal sur un papier écologique (Eco pack). Le mode de distribution de l’édition papier, par points de chute, permet de rejoindre environ trois lecteurs par exemplaire, comparativement à 1,8 chez les hebdos distribués dans le publisac. Le créneau de spécialité (culture) fait aussi en sorte que le temps consacré à la lecture du journal soit plus de quatre fois supérieur. La coopérative de solidarité, fondée il y a deux ans, regroupe plus de 200 membres utilisateurs (annonceurs) et membres de soutien (lecteurs) et s’autofinance à 70 %.

Richard Grondin, directeur général de la Coop de solidarité multiressources L’Union de Laforce, a suivi l’atelier qui se déroulait en avant-midi et en après midi sur les techniques de gestion. « Ça nous a donné un coup de pouce, une formation pour nous aider à innover et à avancer. Ce que j’ai aimé, c’est qu’ils m’ont demandé un exemple dans notre entreprise, donc ils ont pris notre cas et ils m’ont donnée des pistes de solutions. » Sa collègue et conjointe Ginette Morin, présidente, a voulu en apprendre davantage sur les outils de promotions et les façons de se « faire connaître, de diversifier notre image. Il faut trouver quelque chose qui va être innovant, parce que c’est ça notre affaire : on innove beaucoup dans notre petite place. » Leur coopérative, qui exploite les produits forestiers non ligneux, qui fait de l’aménagement forestier et qui développe l’agriculture biologique et l’écotourisme dans une municipalité d’environ 150 habitants, soulignera son premier anniversaire le 12 novembre.

Oct 242011
 

Le Forum international de l’économie sociale et solidaire (FIESS) s’est conclu jeudi dernier au Palais des congrès de Montréal. Le journal Ensemble a rencontré Nancy Neamtan et Patrick Duguay, respectivement présidente-directrice générale et président du conseil d’administration du Chantier de l’économie sociale, hôte du FIESS, pour connaître le bilan qu’ils dressent de cet événement, notamment marqué par une manifestation au Square Victoria.

Nicolas Falcimaigne, journal Ensemble : Mme Neamtan, comment diriez-vous que le modèle d’économie sociale a progressé pendant cette semaine ?

Nancy Neamtan, Chantier de l’économie sociale : C’est encore difficile de pouvoir mesurer l’ensemble, mais je dirais qu’il y a des gens qui sont venus ici pour qui l’économie sociale et solidaire était encore un concept assez abstrait. Ça a permis de mieux comprendre que ce vocabulaire-là est un vocabulaire qui permet de réunir effectivement l’ensemble des pratiques dans un tout parce qu’on a des valeurs communes, une vision commune.

C’est sûr qu’il y a un apprentissage : on est en constante innovation, alors il faut souligner la richesse des expériences qu’on a pu découvrir et dont on a pu rencontrer en personne les acteurs, des mairesses de la Gaspésie jusqu’aux gens dans les quartiers de Montréal. Il y a beaucoup de nouvelles idées, j’en suis convaincue, qui vont émerger de cette rencontre-là.

Ce qui est important pour ce type de rencontre, c’est de sentir que, même si chaque jour on relève des défis pour sortir un journal coopératif, pour gérer notre entreprise, pour essayer d’avancer dans des projets, quand on sent qu’on n’est pas tout seul, qu’on fait partie d’un tout et que ce tout-là commence à avoir une masse critique puis une reconnaissance, je crois que ça donne de l’énergie. On sait comment, pour aller à contre-courant et développer une économie humaine, il faut qu’on ait de l’énergie et il faut qu’on ait de la vision.

Il y a eu des ouvertures pour des gens comme les panels qu’on a eu avec les banques de développement, entre les représentants d’économie sociale et solidaire et la banque africaine de développement, la banque interaméricaine de développement, etc. Pour les gens de ces continents-là, ces banques-là sont presque aussi importantes que le gouvernement en termes de moyens. C’est majeur que ce dialogue se soit établi.

Ce sont quelques impressions, mais le vrai bilan on va pouvoir le faire dans un an ou deux.

N.F. : M. Duguay, quels sont vos coups de cœur en termes d’expériences internationales desquelles l’on pourrait s’inspirer au Québec et qui ont été présentées cette semaine ?

Patrick Duguay, Chantier de l’économie sociale : Je pense qu’un des éléments qui m’ont particulièrement intéressé, c’est les travaux sur la question financière, les nouveaux outils financiers qui se mettent en place. De voir que ce qu’on est en train de faire ici depuis des années avec des outils financiers contrôlés par le mouvement d’économie sociale, c’est des idées qui ont des répercussions un peu partout et ailleurs. Par exemple, cette coopérative de Colombie, qui est une coopérative d’épargne et de crédit un peu à l’exemple de Desjardins, mais qui a misé complètement sur son soutien au développement de la communauté.

Une initiative précise qui vraiment m’a fait triper, c’est le projet avec la prison éthiopienne. J’ai entendu cette présentation qui était assez incroyable. La pauvreté est un facteur majeur de la criminalité. Si on arrivait à intervenir plus directement sur la pauvreté, on aurait des gains en terme de réduction de la criminalité. Et il y a une prison en Éthiopie qui, à la demande de l’état,  a développé une coopérative à l’intérieur même des murs de la prison pour permettre aux prisonniers d’apprendre un métier, d’avoir une expérience qualifiante.

Mais plutôt que d’être remis sur la rue en sortant, en leur disant : « allez vous trouver une job en disant que vous venez de la prison », eh bien ils ont la possibilité de continuer avec la coopérative. Il y a une transition que se fait de l’intérieur vers l’extérieur. Et d’entendre, parce qu’on avait un film en même temps, les témoignages des personnes touchées, c’était de toute beauté. Souvent, on a la préoccupation pour les populations plus vulnérables. Mettons que les prisonniers éthiopiens, c’est plutôt le comble de la vulnérabilité, et c’était impressionnant de voir qu’il y a des moyens de leur donner de la dignité et de leur en donner de l’espoir en l’avenir.

On dénonce un certain nombre des choses, et je pense que c’est aussi un petit peu le constat des Indignés qui campent à côté, puis on s’indigne nous aussi devant les abus, les incohérences, puis devant une économie qui a l’air de fonctionner comme si c’était un système de lois naturelles, mais on se sent bien impuissants.

Alors plusieurs personnes partout à travers la planète ont choisi de se ranger du côté des solutions de ceux qui veulent justement lutter contre cette impuissance. On en a eu des exemples extrêmement intéressants, à la fois chez les acteurs mais aussi des signes d’ouverture chez les pouvoirs publics qui sont en recherche de nouvelles solutions, qui constatent les limites auxquelles ils font face. Le dialogue hier avec les banques était particulièrement intéressant. Un dialogue franc, où les affaires étaient sur la table. Juste pour cette confrontation cordiale, ça valait la peine d’être ici.

N.F. : On a été très surpris, mardi sur le coup de midi, de se faire sortir dans la rue au son des Tam-tams. D’où est venue cette initiative?J’ai entendu dire qu’il y avait eu des ateliers avec les Indignés et ils ont été invités à la clôture. Qu’est-ce que vous allez faire ensuite ?

N.N. : Je pense que les ateliers qui ont été organisés, c’était la volonté des participants des différents pays. L’économie sociale, c’est l’initiative, et on laisse fleurir toutes les initiatives. Souvent, les gens sont indignés, mais ils se sentent impuissants et le seul geste qu’ils peuvent poser c’est de dire : « on va camper, on va dénoncer ». Si on veut avoir un autre monde, une économie plus inclusive, il faut le construire. Parce qu’évidemment, ceux qu’on dénonce n’ont aucune idée de comment faire autrement.

L’économie sociale et solidaire émerge et on en voit l’ampleur par la réaction à notre appel de venir à Montréal pour le Forum. Ce qu’on voulait dire à ces gens, c’est qu’il y a des gens qui travaillent déjà, c’est aussi qu’il est important de s’indigner et qu’il ne faut pas y voir une contradiction. Il y a l’opposition et la proposition. Nous travaillons beaucoup sur le volet de la proposition, et ils sont dans l’opposition. C’est comme le mouvement syndical, qui peut être dans la rue comme il peut être un investisseur avec le Fonds de solidarité. C’est très important. Avec l’économie sociale au Québec, on a avancé à coups d’opposition et de proposition. Les mouvements sociaux disent « assez la pauvreté, on veut des emplois, on veut un meilleur environnement ! ». Alors on fait quoi ? On crée des entreprises de récupération et de recyclage, on crée des entreprises d’insertion pour aider des gens démunis. On fait des choses au cœur de l’économie pour répondre à cette indignation par des nouvelles pistes et des nouvelles solutions. Ce n’est pas plus que ça, mais ce n’est pas moins non plus.

P.D. : Il faut considérer l’indignation comme un point de départ essentiel. Si on n’arrive pas collectivement à identifier les problèmes collectifs qu’on vit, on n’arrivera jamais à apporter des solutions collectives. Je pense que le rôle que les indignés jouent est extrêmement important, celui d’attirer l’attention sur les problématiques.

Un des éléments qui est revenu à plusieurs égards, c’est l’espèce de méconnaissance dont l’économie sociale souffre. Je pense que la critique qu’on a envers les échecs de notre économie mérite d’être mise sur la place publique et ce mouvement à travers le monde permet de l’éclairer. Le 24 heures, je ne suis pas sûr que ça passe souvent de ce type de problématique, et pourtant il y a eu un article.

Le plus intéressant, c’est la rencontre des deux : on part de l’indignation, on s’inscrit du côté des solutions et il n’a pas eu de mauvaises réactions. Les indignés auraient pu dire : « Ça y est, vous êtes des vendus, vous gardez des complicités avec les pouvoirs publics », mais ce n’était pas ça. Il y avait une reconnaissance du fait qu’on procède d’un même mouvement. Il y en a qui sont dans la revendication et qui mettent les projecteurs sur une problématique, et il y en a qui s’inscrivent dans l’action, dans la construction des alternatives.

On a été très nombreux à cette marche. Ça n’était pas un geste planifié. C’est la veille qu’il a commencé à y avoir des rumeurs. On ne savait pas qu’ils allaient camper à côté lorsqu’on a réservé le palais de congrès, il y a plus d’un an. C’est totalement une coïncidence sur le plan organisationnel, mais pas sur le climat actuel. Je pense qu’à la fois il y a des indignés, à la fois il y a une recherche intensive de solutions pour qu’on aille plus loin, pour briser notre impuissance.

Avec la collaboration de Laura Carli

 

Oct 242011
 

À l’issue de la Semaine de la coopération et de la mutualité et du Forum international de l’économie sociale et solidaire (FIESS), Hélène Simard, présidente-directrice générale du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) a confié au journal Ensemble son bilan et les projets à venir dans le cadre de l’Année des coopératives.

Nicolas Falcimaigne, journal Ensemble : Mme Simard, quel bilan dressez-vous de la Semaine de la coopération 2011, au niveau des activités qui se sont déroulées au Québec ?

Hélène Simard, CQCM : Cette année, notre cible principale, c’est de rejoindre les élus et le grand public. Pas seulement les convaincus, pas seulement nos réseaux habituels. Pour rejoindre le grand public, on a lancé un grand concours : Ma coop de rêve.com. Et là on s’est aperçu qu’il y a plein de gens qui sont allés, impliqués dans des coop au départ. Mais avec les nouveaux médias sociaux, ils sont en lien avec d’autres réseaux, et ça fait parler des gens qui sont dans une coop, ça les fait en parler aux autres. Parce qu’il y a quand même un beau voyage à gagner, on commence à voir dans les commentaires des gens qu’on commence à rayonner un peu plus large : « Moi, je vais passer à ma coop », « Je vais m’impliquer », « Mon frère est dans sa coop, je vais m’impliquer plus ». Je pense que d’ici à la fin du concours dans quelques jours, on fera un bilan plus précis, mais c’est une expérimentation qu’on fait et c’est intéressant.

Deuxième élément : les élus. Depuis quelques années, durant la Semaine de la coopération, on va rencontrer les élus à l’Assemblée nationale, avec les présidents de tous les grands réseaux coop au Québec. On était donc tous présents à l’Assemblée nationale pour cette rencontre. C’était parrainé cette année par M. Bachand, ministre des Finances, et il y avait le président de l’Assemblée nationale, des députés, des ministres.

On veut développer un contact réel, humain entre les élus et les coopérateurs et leur faire redécouvrir les coop sur leur territoire. Parce que tous ces députés, tous ces gens-là qui font la législation au Québec, on veut qu’ils développent le réflexe de se dire : « Ah, tel projet, tel chose, ça peut aider ou ça peut nuire aux coops ? », qu’ils aient le réflexe d’aller vérifier et de considérer que ce réseau d’entreprises fait partie de solutions et fait partie d’un tissu économique solide au Québec.

D’ailleurs, M. Bachand a souligné dans son allocution le fait que, pour un ministre des Finances, c’est très rassurant d’avoir une économie coopérative parce que ça stabilise, ça n’est pas soumis à la tyrannie du trimestre, ça peut penser à long terme. Les règles de gouvernance sont enchâssées dans la loi coopérative, donc on n’a pas d’inquiétude sur la gouvernance. C’était intéressant d’entendre le ministre des Finances le répéter devant les autres élus de l’Assemblée nationale.

N.F. : Quelles sont les améliorations qui pourraient être apportées à la législation qui encadre l’économie du Québec pour les coopératives ?

H.S. : Le principal problème sur lequel on travaille actuellement, c’est qu’il y a énormément de programmes, de projets de loi que ne spécifient pas ce qui arrive au niveau des coop. On classe le monde entre un monde à but lucratif et un monde à but non lucratif. Les coopératives ne sont ni dans l’un ni dans l’autre. C’est une économie où, quand il y a des excédents, ils sont répartis dans l’entreprise pour assurer sa pérennité, puis auprès des personnes qui en ont fait usage. En réalité c’est une économie de juste prix, c’est une économie basée sur les services qu’on va utiliser à la fin. S’il y a un excèdent, l’entreprise reconnait qu’elle nous a trop demandé et elle le retourne à l’usager.

Donc, cette classification ne convient pas, mais on la retrouve dans tous les programmes et les lois. On a commencé, avec le ministère de la Culture notamment, à réviser les programmes pour spécifier les caractéristiques au niveau des coopératives quand les coopératives sont érigées. On l’a fait avec le Conseil du Trésor, pour les nouvelles politiques d’appels d’offres publics. On autorisait le gré à gré pour les OBNL et l’appel d’offres des entreprises privées sans spécifier. Maintenant, les coopératives pourront choisir leur statut, mais si elles choisissent le statut d’aller dans le gré à gré comme les OBNL, elles seront soumises à un test du ministère du Revenu, à l’obligation de ne pas ristourner et de ne pas payer d’intérêt sur leurs parts. Les autres coop, qui veulent ristourner, qui sont plutôt dans l’économie de marché, elles vont continuer aller dans les appels d’offres publics.

Ce sont quelques exemples, et on a un comité de vigilance au Conseil avec un fast-track avec le gouvernement pour quand il arrive des cas où le modèle coopératif est désavantagé. On va être proactifs maintenant, pour éviter des situations qu’on a trop vu malheureusement ces dernières années. Des gens qui se font dire « ne fais pas une coop, c’est plus facile de faire un OBNL, vous allez avoir droit à telle subvention ». Ou même quelqu’un dans les médias qui nous disait au GESQ : « faites un Inc. et vous allez avoir droit à telle subvention ». Il faut sortir de ce paradigme, il faut faire comprendre aux gens que le paradigme coopératif est un paradigme économique crédible et qu’ils doivent le supporter et ne pas nous obliger à choisir un terme ou l’autre.

N.F. : Quel est votre coup de cœur parmi les initiatives internationales qui ont été présentées pendant le Forum international de l’économie sociale et solidaire (FIESS) et qui pourraient inspirer le Québec ?

H.S. : Les coups de cœur, souvent, sont les contacts plus personnels. J’ai assisté à un atelier sur les mutuelles de sécurité et de santé en Amérique latine et j’ai pu échanger après avec le groupe Odema, qui regroupe à travers l’Amérique latine et centrale des mutuelles de sécurité sociale et de santé. Ce qui m’a frappé, c’est que, sur le terrain, les gens essaient de répondre aux besoins et de sécuriser les familles, d’organiser la mutualité de façon à ce que les gens aient accès aux services, ceux qui n’y ont habituellement pas accès.

Souvent les États sont moins interventionnistes, offrent moins de mesures sociales, alors les mutuelles apportent vraiment une sécurité de base aux familles. En plus, elles ne travaillent pas seules, elles sont regroupées au niveau national, au niveau de 18 États et l’organisation qu’elles ont créée et qui les regroupe est reconnue par l’OMS. Elles ont, par leur approche mutualiste et par le réseau qu’elles se sont donné, une influence sur les grandes politiques de la santé et de prévention, par exemple, et elles viennent influencer leurs États de cette façon. Parfois, pour construire des politiques, l’approche à privilégier n’est pas nécessairement de regarder notre propre univers. C’est peut-être se mettre avec d’autres de notre famille et aller influencer l’univers qui détermine les conditions dans lesquelles vont vivre ces entreprises-là.

Entre autres, elles vivent un phénomène qu’on a vécu au Québec. En se développant, interpellent l’État pour qu’il améliore ses services aux personnes. Plus l’État les améliore, plus la mutuelle perd ce marché, mais elle doit se réorienter et, grâce à cette réflexion qu’ils font ensemble plutôt que d’être sur la défensive et de vouloir protéger uniquement leur créneau, ils encouragent les États à développer des services pour la toute population et font comme les mutuelles au Québec : développer des services complémentaires. Ils aimeraient bien d’ailleurs qu’on devienne membre d’Odema. On leur donnera l’occasion de rencontrer des fédérations de coopératives en santé et services aux familles.

Il y avait tellement de choses très diversifiées, alors c’est un coup de cœur bien sélectif. Ce n’est pas le coup de cœur du mouvement, c’est le contact entre des personnes qui m’ont semblées dédiées, allumées et avec beaucoup de vision.

N.F. : On a dit à la blague : « c’est tellement dense, la semaine de la coopération, qu’on devrait en avoir plusieurs pendant l’année ! » C’est un peu ce qui va se passer avec l’Année des coopératives : on va avoir une année complète. Qu’est-ce que vous avez en vue pour 2012 comme activités, comme mobilisation ?

H.S. : Le 31 octobre, c’est le lancement international au siège social des Nations unies à New York. J’y  serai, ainsi que d’autres représentants du Québec. Mme Monique Leroux y sera, il y aura Mme Bardswick de Cooperators, il y aura une délégation du Canada. Les États qui ont signé la déclaration en faveur de l’Année internationale et le mouvement coopératif de ces pays-là, un peu partout dans le monde, vont être présents pour cette journée de réflexion vraiment à un niveau supra.

Il y aura, tout de suite après, un congrès de l’Alliance coopérative internationale où on finira de mettre la table sur les programmes qui sont transnationaux. Au Québec, on a travaillé pendant 18 mois sur un plan d’action, qui a fait l’objet d’une campagne de financement auprès de nos membres, qui nous a même permis de supporter le programme canadien-francophone pour aider les francophones hors Québec, qui eux aussi auront une programmation pour 2012.

Il va aussi y avoir des activités dans les régions et dans les secteurs, qui vont être autopropulsées comme dans tout le mouvement coop en général, mais au niveau national on mise beaucoup sur le lancement à l’Assemblée nationale au début de l’année. On veut interpeler les associations et les grandes organisations socio-économiques du Québec pour qu’elles signent une déclaration en faveur de la coopération. Alors c’est en cheminement et on veut que les élus fassent la même chose, que l’ensemble de l’organisation sociale se prononce clairement en faveur des coopératives et de la place qu’elles ont dans l’économie du Québec, mais aussi comme potentiel futur dans le développement des ressources, dans le développement des services.

Ensuite, les deux associations canadiennes, qui travaillent ensemble à se rapprocher, vont tenir leur congrès à Montréal en juin. Donc le Québec sera l’hôte, on veut en faire un moment fort de l’année.

Et il y a le sommet international au mois d’octobre. Tout au long de l’année, il y a une montée qui va se faire avec des forums dans toutes les régions, où on va réfléchir en suivi de la Conférence internationale de l’an passé, sur les différents défis de la société, les enjeux et de voir comment le mouvement coop peut faire partie des solutions. On a demandé dans chaque région aux Coopératives de développement régional d’animer ces forums dans le sens de dire : « venez réfléchir à ces questions-là, mais invitez aussi les autres secteurs de la société a réfléchir avec vous. » Ça commence en Abitibi-Témiscamingue au début de novembre, ensuite au Saguenay, et pendant toute l’année on va faire le tour de toutes les régions au Québec et on fait un grand forum à la veille du Sommet international pour dire, nous les québécois, quelle est notre contribution au développement par la formule coopérative.

Avec la collaboration de Laura Carli

Oct 222011
 

À quelques pas du Palais des congrès, où s’est tenu cette semaine le Forum international de l’économie sociale et solidaire (FIESS), plus de 150 tentes et près de 300 occupants assiègent la place de la Bourse. Une grande partie des délégués au congrès sont sortis en force mardi dernier pour leur exprimer leur soutien (voir article). Le congrès est terminé, les avions ont ramené les représentants de plus de 60 pays à la maison, et les occupants du Square Victoria sont toujours sous la tente pour réclamer une société plus juste et démocratique.

Afin de mobiliser les citoyens, les occupants organisent des activités culturelles toute la fin de semaine entre 10h et 22h, sous le thème de la « créativité réflexive et réflexion créative ». Ils ont sollicité la participation de plusieurs personnalités du milieu artistique québécois, notamment Hugo Latulippe qui y présentera en avant-première son documentaire République, un abécédaire populaire, dimanche à 19h.

« Pour une économie dans les mains des 99 % »

Les organisateurs du FIESS ont invité les Indignés à s’adresser aux congressistes pendant la cérémonie de clôture, jeudi. C’est Carminda Mac Lorin qui a pris le micro pour exprimer sa reconnaissance envers les délégués qui ont exprimé mardi leur soutien aux « 99 % ». Car, comme le précise Daniel Tygel, secrétaire exécutif du Forum brésilien d’économie solidaire, nous sommes tous ici les 99 %.

M. Tygel, qui a pris la parole au Square Victoria mardi, s’étonne que plusieurs participants, et même des journalistes, ne semblent pas réaliser qu’ils font partie des 99 %. « Plusieurs jeunes qui sont ici ont participé au 15 octobre dans plusieurs villes, ils sont venus pour le Forum et ils vont retourner là-bas. Ce n’est pas distinct. » Il propose un slogan commun qui rassemble l’économie sociale autour du mouvement des Indignés : « Pour une économie dans les mains des 99 % »

« On est ici parce qu’on est des constructeurs, des rêveurs, on croit à l’économie sociale et solidaire. Tous les mouvements des Indignés, c’est la même chose qu’ils veulent, c’est la remise en question du modèle économie traditionnel. Et nous, ce qu’on veut, c’est que le modèle d’économie sociale et solidaire soit le modèle majoritaire. », confirme Marie-Andrée Lespérance, participante de Montréal qui occupe également la place depuis le 15 octobre.

Une microsociété mobilisée

Carminda Mac Lorin dresse un portrait enthousiaste de la microsociété mise sur pied par les Indignés au pied de la tour de la Bourse. « C’est fou de voir toutes les initiatives qui naissent et qui se mettent en place. La cuisine est une initiative concrète, visible, mais il y en a beaucoup d’autres. Il faut travailler, apprendre à discuter, à écouter, à changer d’avis. C’est un milieu tellement dynamique, mais tellement démocratique aussi. L’occupation c’est pour moi le début de quelque chose de vraiment tangible. C’est une école. C’est merveilleux de voir l’énergie qui règne, l’ouverture généralisée. On est là pour faire quelque chose ensemble. Les gens se remercient, se regardent dans les yeux. »

Toutes deux ont amené leur enfant en bas âge. « il y a plein d’enfants, des activités pour eux, un coin famille en fait. On est toutes un peu du même avis que dormir là avec des enfants, c’est froid un peu. Il y a beaucoup plus de gens qui occupent que ceux qui dorment. Il y a beaucoup de gens qui y vont à tous les jours ou qui y vont quand ils peuvent, qui sont en train de mobiliser leur réseau. » L’assemblée est un moment privilégié pour soutenir le mouvement, tous les soirs de semaine à 18h ou à 15h la fin de semaine.

Détermination

Questionnées sur la détermination qui anime les occupants, Marie-Andrée Lespérance soutient qu’« il y en a qui sont très déterminés à rester là longtemps, à rester pour l’hiver s’il le faut, qui sont en train d’écrire un guide de survie pour l’hiver. » « Même moi qui ne dors pas là, complète Carminda Mac Lorin, je me sens très déterminée. Je ne lâcherai pas. J’attends ce moment depuis longtemps et je pense qu’il y a pas mal de gens dans mon cas qui sont aussi déterminés. Depuis le moment où j’ai entendu qu’il y aurait une occupation à Montréal, j’ai regardé sur Facebook et j’ai appelé les gens autour de moi et on a commencé à faire des trucs depuis le premier instant et on n’a pas arrêté une seule seconde. »

Oct 172011
 

Du 13 au 15 octobre, les coopératives de travail se sont réunies à Québec dans le cadre du Congrès nord-américain de la coopération du travail, précédé d’un congrès spécial sur la transmission d’entreprises aux employés. Interrogé en marge de l’événement, Alain Bridault, président de la Fédération canadienne des coopératives de travail (FCCT/CWCF) dresse un portrait inquiétant du défi qui attend le mouvement coopératif au cours de la prochaine décennie.

Nicolas Falcimaigne, journal Ensemble : M. Bridault, pourquoi avez-vous convié les coopératives de travail à un congrès spécifique sur la transmission d’entreprise aux employés ?

Alain Bridault, FCCT/CWCF : Nous avions vraiment pour objectif de réveiller le monde en disant : « écoutez, on sait qu’il y a un tsunami qui s’en vient de 200 000 entreprises au Canada qui vont changer de main d’ici 20 ans. »

Normalement, il n’y a jamais de problème pour la transmission d’entreprise parce que ça se fait régulièrement, mais la génération des papy-boomers va prendre sa retraite. Comme c’est la génération la plus populeuse, cela va créer une espèce de courbe en cloche, dont la pointe devrait être vers 2018, 2020.

C’est comme un raz-de-marée qui va arriver, parce que le mode traditionnel de transmission d’entreprise ne suffira pas. Le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’exportation (MDEIE) évalue à 55 000 le nombre d’entreprises québécoises qui vont changer de main dans les 10 ou 15 ans, et il va manquer 25 000 repreneurs. C’est ça l’enjeu.

Et moi je dis : « non, il ne manquera pas 25 000 repreneurs. Parce que les employés sont là, ou la population locale si c’est un petit magasin, la dernière épicerie ou la dernière station service qui disparait, ou la quincaillerie. » Oui, il y a des repreneurs. Ce ne sont pas les repreneurs habituels, mais ils sont là potentiellement. Les employés ont intérêt à conserver leur travail.

N.F. : S’il y a des repreneurs, où est le problème ?

A.B. : Cela se fait sous forme de coopérative, et la formule est mal connue. Même au Québec, la région la plus coopérativisée en Amérique du Nord, elle est mal connue. Ce qu’on connaît, c’est les caisses populaire, les coop de consommation, les coop agricoles, mais la formule de coop de travail n’est vraiment pas connu.

Il y a déjà eu des expériences extraordinaires de transmission d’entreprise, mais beaucoup plus en Europe et en Argentine. Tout à coup, avec l’énorme crise qui a frappé l’Argentine, les patrons ont carrément quitté tous les CA et ce sont les employés qui ont repris les entreprises sous forme de coop. Le film The Take le présente bien.

N.F. : Voyez-vous ce phénomène comme une opportunité de transformer l’économie du Québec ?

A.B. : C’est non seulement une opportunité, mais c’est une obligation morale. On ne peut pas se permettre de laisser tomber les régions. C’est surtout en région, parce qu’en ville ça paraît moins une entreprise qui ferme. En région, ça peut être des catastrophes, ça peut être le seul employeur du village qui ferme. Si on ne fait rien, on est irresponsables socialement. Il faut se préparer à ce tsunami. On a les éléments de réponse, on sait comment il faut faire, mais il faut mettre tout un dispositif en place parce que ça va être  des centaines de cas qui vont arriver chaque mois quand on va être à la pointe de la vague.

Si on n’a pas tout un dispositif d’accompagnement, des fonds spéciaux, on risque d’avoir une catastrophe économique et sociale terrible. On a cette responsabilité d’y répondre. On a quelques cas déjà au Québec qui sont merveilleux. Promo plastik, sur la rive Sud, qui fait les petits bonhommes carnaval, c’est une transmission d’entreprise partielle. On a Électro coop, à Rimouski, avec une trentaine d’électriciens. Toutes les coopératives d’ambulanciers, les paramédics, sont des rachats d’entreprise et coopérativisation par les travailleurs. Mais ce sont quelques cas peu connus.

Les coop de travail se sont développées en France, en Italie et en Espagne. Il y a des dizaines de milliers de coopératives dans ces trois pays européens. Des cas magnifiques de transmission d’entreprise saine, beaucoup plus avancés que nous, nous ont été présentés pendant le congrès. C’était ce qu’on voulait montrer. On prend les enseignements d’ailleurs pour mieux réussir.

Une fois l’entreprise transformée en coop, il faut la gérer. C’est tout un apprentissage, la gouvernance. C’est un changement culturel complet. Pour les employés, arriver à se transformer en patron collectif ne se fait pas en criant : « lapin ». Au Canada, ça pourrait être un million d’emplois qui disparaissent.

N.F. : L’alternative, c’est la fermeture ou le rachat par des intérêts étrangers. Qu’est-ce qui vous inquiète le plus ?

A.B. : Les deux. C’est certain que les requins, les compagnies américaines, ou d’autres régions, c’est leur stratégie. Ils rachètent des concurrents pour l’achalandage. Ils rachètent et ils ferment l’entreprise. On a vu des cas dans la région de Québec, c’est une menace directe.

Et s’il n’y a pas de repreneur, le patron lui-même sera victime parce qu’il ne pourra pas vendre. Au moins, en vendant aux employés, il va retrouver ses billes. Tout le monde est perdant s’il n’y a pas de repreneur.

Ça va coûter beaucoup d’argent. Ça prend une expertise. Il faut accompagner un processus qui est complexe. Il faut transférer non seulement les avoirs, l’argent, mais ce n’est pas seulement ça la problématique de transmission. Il faut aussi transférer les savoirs. Le problème, ce sont les savoirs entre les deux oreilles du propriétaire dirigeant. Si on ne le transfère pas, l’entreprise ne fonctionnera pas. C’est ce qui fait la différence. La connaissance du réseau de fournisseurs, comment fonctionne son marché, les savoirs-faire du métier, les pratiques de gestion de ce type d’entreprise-là, ses réseaux personnels et ce sont des informations qui souvent ne sont pas écrites.

Un entrepreneur, c’est toujours un acteur social. Il ne peut arriver à fonctionner que dans la mesure où il arrive à mobiliser un paquet de ressources autour de lui, qui sont des ressources physiques, financières, mais aussi intellectuelles, informationnelles. Cette capacité-là, elle n’est jamais écrite, et c’est ça qu’il faut arriver à transférer. Et puis il y a toute la problématique de transférer les pouvoirs, parce que 95 % sont des petites et moyennes entreprises, de gestion paternaliste, qu’il faut tout à coup gérer collectivement. Ça prend beaucoup d’argent. Avant le contrat de vente, il y a énormément de travail à faire. On a des réseaux existants, mais il va falloir mettre sur pied un dispositif spécial pendant une dizaine d’années.

N.F. : Les Coopératives de développement régional (CDR) auront donc un rôle important à jouer.

A.B. : Oui mais il y a onze CDR, et ce sont des petites équipes. Ils ne fourniront pas. Même le réseau des 120 CLD ne suffira pas. Quand les cas vont tomber par centaines, il va falloir cesser les chicanes de territoire et que tout le monde travaille ensemble pour faire un task force national au niveau du Québec et dans chaque province.

La vague n’est pas partie encore, mais il faut s’y préparer à l’avance parce qu’il faudra plusieurs années pour mettre en place ce dispositif avant que la courbe monte et que l’on voit les premiers dégâts. On a trois ou quatre ans au maximum. Dans très peu de temps il va falloir avoir des capitaux à la disposition. On a besoin d’un fonds de développement coopératif dédié à cette question-là pour pouvoir avoir du capital patient spécifiquement dédié à la transmission coopérative des entreprises.

En même temps, c’est une gigantesque occasion historique qui ne se reproduira jamais, de marquer d’un seul coup et de changer complètement l’économie, surtout celle des régions, qui peut devenir complètement dominée par les coopératives. Ça peut changer l’histoire économique du Québec et du mouvement coopératif, si on sait saisir l’occasion.

Sep 262011
 
Le conseil d’administration de la Coopérative de journalisme indépendant est formé par Dru Oja Jay, administrateur, Nicolas Falcimaigne, président, René Bougie, administrateur, Stéphanie-Élizabeth Le Sieur, secrétaire et Simon Béland, vice-président. - Photo: Nicolas Falcimaigne

Être indépendant de fortune garantit la liberté d’expression. C’est le principe qui a guidé la naissance de la presse indépendante aux XIXe et XXe siècles. Cette presse a évolué vers de grands groupes très puissants, qui font maintenant face à une crise, souvent associée à la disparition du support papier. Et si la cause était tout autre ?

Le besoin d’information n’a pas disparu avec le changement de millénaire. Avec l’arrivée d’internet, on observe même un déplacement du nombre d’heures consacrées à la télévision vers celles consacrées à naviguer sur la toile. De l’information télévisuelle passive, on passe maintenant avec les réseaux sociaux à une interactivité qui permet une animation de l’espace public sans précédent.

Ce qui a changé, c’est l’accès à une information indépendante. La concentration de la presse a fait en sorte que le propriétaire, hier indépendant et maître de sa liberté d’expression, est maintenant assis à la tête d’un empire financier. Cet empire a acquis des filiales dans plusieurs secteurs et les dirigeants ont placé leurs dividendes dans les secteurs les plus prometteurs de l’économie. Rien de plus normal : c’est ce que font toutes les entreprises qui ont du succès.

La différence, lorsqu’il s’agit d’un média, c’est que tous ces intérêts pris dans plusieurs secteurs de l’économie font en sorte que, quel que soit le sujet traité, l’entreprise de presse se retrouve en conflit d’intérêts. Comment aborder le sujet des ressources énergétiques et de leurs impacts lorsque l’on possède des intérêts dans l’exploration pétrolière et gazière ? Comment traiter de la guerre en Irak lorsque l’on investit des sommes faramineuses dans des placements à haut rendement qui s’appuient entre autres sur l’industrie de l’armement ?

Comment couvrir un conflit de travail lorsqu’on est actionnaire de l’entreprise concernée ? Quel regard porter sur les coopératives lorsqu’on incarne le système économique dominant, qu’elles remettent en question ?

On peut mettre sur papier des barrières qui garantissent l’indépendance de la salle de presse, et dans les conventions collectives des clauses qui garantissent celle des journalistes, mais dans l’esprit de ces derniers, à tout moment, leur employeur reste leur employeur. À l’externe, l’apparence de conflit d’intérêts, consciemment ou non, nourrit le cynisme des lecteurs et des citoyens envers les médias d’information et la sphère publique en général.

Le public se tourne alors vers des médias alternatifs ou des blogues, qui relaient parfois les positions de groupes d’intérêts sans toute la rigueur du travail journalistique. Ce secteur en émergence devra se professionnaliser pour acquérir la confiance du public.

La réponse coopérative

Pour reprendre le contrôle de leur accès à l’information, des citoyens de plusieurs régions fondent des coopératives d’information. Que ce soit de grands médias comme Alternatives économiques au niveau international, ou la dizaine de journaux régionaux coopératifs québécois, dont Le Graffici en Gaspésie et L’Indice bohémien en Abitibi-Témiscamingue sont des exemples, les initiatives se multiplient.

Leur indépendance est encore tributaire de leur structure de propriété, qui doit reposer sur des membres pour qui la coopérative représente un intérêt majeur.

Des membres journalistes

En fondant la Coopérative de journalisme indépendant, éditeur du journal Ensemble, nous avons choisi d’en faire une coopérative de producteurs dont les membres sont les journalistes. En inversant la structure habituelle, nous remettons la qualité de l’information au centre des préoccupations de l’entreprise de presse.

Comme son nom l’indique, c’est ensemble que nous réussirons à créer ce nouveau média, dédié à améliorer l’accès des citoyens à l’information, notamment sur les coopératives et sur l’économie sociale et solidaire. Tous les acteurs préoccupés par cet enjeu peuvent participer en adhérant comme membres auxiliaires lecteurs ou annonceurs, en s’abonnant et en abonnant leur entourage à cette édition mensuelle exclusive, en réservant des placements publicitaires et en souscrivant des parts privilégiées au montant de leur choix.

Parce qu’ensemble, on va plus loin.

Surveillez les activités de lancement, qui seront annoncées sur www.journalensemble.coop

Sep 262011
 

Être indépendant de fortune garantit la liberté d’expression. C’est le principe qui a guidé la naissance de la presse indépendante aux XIXe et XXe siècles. Cette presse a évolué vers de grands groupes très puissants, qui font maintenant face à une crise, souvent associée à la disparition du support papier. Et si la cause était tout autre ?

Le besoin d’information n’a pas disparu avec le changement de millénaire. Avec l’arrivée d’internet, on observe même un déplacement du nombre d’heures consacrées à la télévision vers celles consacrées à naviguer sur la toile. De l’information télévisuelle passive, on passe maintenant avec les réseaux sociaux à une interactivité qui permet une animation de l’espace public sans précédent.

Ce qui a changé, c’est l’accès à une information indépendante. La concentration de la presse a fait en sorte que le propriétaire, hier indépendant et maître de sa liberté d’expression, est maintenant assis à la tête d’un empire financier. Cet empire a acquis des filiales dans plusieurs secteurs et les dirigeants ont placé leurs dividendes dans les secteurs les plus prometteurs de l’économie. Rien de plus normal : c’est ce que font toutes les entreprises qui ont du succès.

La différence, lorsqu’il s’agit d’un média, c’est que tous ces intérêts pris dans plusieurs secteurs de l’économie font en sorte que, quel que soit le sujet traité, l’entreprise de presse se retrouve en conflit d’intérêts. Comment aborder le sujet des ressources énergétiques et de leurs impacts lorsque l’on possède des intérêts dans l’exploration pétrolière et gazière ? Comment traiter de la guerre en Irak lorsque l’on investit des sommes faramineuses dans des placements à haut rendement qui s’appuient entre autres sur l’industrie de l’armement ?

Comment couvrir un conflit de travail lorsqu’on est actionnaire de l’entreprise concernée ? Quel regard porter sur les coopératives lorsqu’on incarne le système économique dominant, qu’elles remettent en question ?

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Le public se tourne alors vers des médias alternatifs ou des blogues, qui relaient parfois les positions de groupes d’intérêts sans toute la rigueur du travail journalistique. Ce secteur en émergence devra se professionnaliser pour acquérir la confiance du public.

La réponse coopérative

Pour reprendre le contrôle de leur accès à l’information, des citoyens de plusieurs régions fondent des coopératives d’information. Que ce soit de grands médias comme Alternatives économiques au niveau international, ou la dizaine de journaux régionaux coopératifs québécois, dont Le Graffici en Gaspésie et L’Indice bohémien en Abitibi-Témiscamingue sont des exemples, les initiatives se multiplient.

Leur indépendance est encore tributaire de leur structure de propriété, qui doit reposer sur des membres pour qui la coopérative représente un intérêt majeur.

Des membres journalistes

En fondant la Coopérative de journalisme indépendant, éditeur du journal Ensemble, nous avons choisi d’en faire une coopérative de producteurs dont les membres sont les journalistes. En inversant la structure habituelle, nous remettons la qualité de l’information au centre des préoccupations de l’entreprise de presse.

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