Juil 032011
 

Créer des liens coop. C’est le thème du Congrès qui a réuni le mouvement coopératif canadien à Halifax du 27 au 29 juin dernier. Francophones et anglophones de partout au Canada ont consacré leur semaine à discuter ensemble de la création d’une organisation qui regrouperait tout le mouvement coopératif du Canada, sans distinction linguistique. Cette question soulève évidemment l’enjeu de la protection des minorités francophones. Le mouvement coopératif réussira-t-il à surmonter l’obstacle redouté par toute la classe politique canadienne ? Une occasion de vérifier si la coopération se passe de frontières.

Les mouvements coopératifs francophone et anglophone canadiens n’avaient pas tenu un congrès conjoint depuis celui de 2008 à Winnipeg. Cette fois-ci, ce sont les membres du Conseil canadien de la coopération et de la mutualité (CCCM), de l’Association des coopératives du Canada (ACC), du Conseil coopératif acadien de la Nouvelle-Écosse (CCANÉ) et du Nova Scotia Co-operative Council (NSCC) qui ont délibéré ensemble.

Vers une seule organisation coopérative canadienne

La proposition d’intégrer les deux organisations nationales en une seule est le résultat de deux années de discussion menées par un comité de partenariat composé de représentants des deux organisations. Si des lignes directrices et des principes généraux de gouvernance ont été établis par ce comité, les 200 participants au congrès ont tout de même eu à discuter de nombreux éléments pour être en mesure de se prononcer en assemblée générale sur la création d’une nouvelle entité. « On parle ici de la création d’une nouvelle entité bilingue, qui pourrait parler d’une voix forte au niveau des gouvernements et qui pourrait mieux desservir, sans duplicata, les coopératives à travers le Canada. On a eu beaucoup de résolutions et d’amendements, mais je pense que les membres, puisque nos membres des conseils provinciaux étaient très informés, sont prêts à faire un pas et à consacrer tous leurs efforts à l’année 2012, qui sera une vitrine pour les coopératives à la grandeur du Canada. », précise Marthe Hamelin, présidente du CCCM.

Claude Gauthier, président de l’ACC, tout aussi enthousiaste, admet qu’il y a encore du chemin à faire. « Il faut être patients et s’assurer qu’on comprend bien les étapes à franchir. Il va falloir travailler sur ce que nos membres et notre communauté nous disent, en regard de ce qu’on propose et qui est un projet très global pour l’instant. La prochaine étape, c’est d’ajuster les détails définitifs en fonction de ce qu’on a appris et compris. C’est à nous d’ajuster le projet pour être sûrs qu’on rejoint une bonne majorité de notre membership. »

Du côté du comité de partenariat, on salue le chemin parcouru. « J’ai participé au comité de partenariat et je vois qu’il y a eu beaucoup de travail de fait, reconnaît Hélène Simard, présidente du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM). Pour mieux se connaître, pour comprendre les organisations, les cultures organisationnelles, et essayer de bâtir, dans une perspective d’avenir, dans le respect des communautés et de l’identité des deux institutions fondatrices. »

La nouvelle génération de coopérateurs semble déjà avoir relégué les clivages linguistiques au rang de reliques du passé. Victoria Morris, présidente du National Youth Caucus de l’ACC, pense qu’il est temps de passer à autre chose. « Nous voulons dépasser le paradigme de réalités séparées pour travailler ensemble. Parce que nous voyons qu’il y a plus d’opportunités à créer quelque chose de plus grand. »

Au nombre des six grandes coopératives dont dépendra la nouvelle organisation, et qui s’y verront confier un siège, le Mouvement Desjardins, premier groupe financier au Québec, est favorable au regroupement et entend y assumer un leadership actif. « Nous y voyons beaucoup d’avantages parce que, simplement de faire comprendre aux Canadiens et aux Canadiennes les avantages du modèle coopératif, ça prend une organisation forte et Desjardins est prête à mettre ses billes, confirme Clément Samson, membre du conseil d’administration à titre de président du Conseil des représentants de Québec-Ouest et Rive-Sud. C’est au nom de nos valeurs, parce qu’on partage les mêmes valeurs à l’échelle canadienne, les valeurs coopératives, et on partage notamment celle de l’intercoopération, où on met ensemble des coopératives de moins grande taille et de plus grande taille, et nous sommes conscients qu’on a un rôle à jouer. On voit ça d’un bon œil de pouvoir partager autour d’une seule table nos défis et nos ambitions. »

Débats linguistiques dans le berceau de l’Acadie

Le gouvernement néo-démocrate de la Nouvelle-Écosse, province anglophone qui est aussi le berceau de l’Amérique française, a probablement délégué pour cette occasion son plus fervent francophile. C’est le ministre des Finances, Graham Steele, qui s’est adressé aux coopérateurs, principalement dans un  français impeccable. Interrogé en marge de l’événement, celui qui a la responsabilité des caisses populaires admet s’être lui-même questionné sur la pertinence de garder deux organisations différentes dans la même province. « Le Conseil coopératif acadien est assez petit, et basé à Chéticamp, il est un reflet de l’histoire de cette région, explique-t-il. Peut-être qu’ils ont peur de perdre la nature francophone de leur organisation s’il y a une fusion avec le réseau anglophone. Ici la population acadienne est seulement 3%, située dans des communautés isolées, et il y a toujours la crainte d’être assimilée dans un océan anglophone. C’est une question intéressante, la question de l’unité, qui va être posée au congrès, non seulement en Nouvelle-Écosse mais également au pays, de fusionner ces deux organismes. »

Cette crainte trouve son écho chez les plus jeunes générations. Mélissa Basque fait partie du Comité consultatif jeunesse créé par la Fédération des caisses populaires acadiennes. C’est sa passion pour les coopératives qui l’a amenée à s’engager dans sa communauté de Tracadie-Sheila. « C’est sûr qu’on est toujours un peu inquiets. Quand tu vis près des Anglais, tu t’aperçois que, parfois, ils essaient de tirer la couverture un peu plus vers eux. Tu as toujours peur de perdre ta langue parce qu’on est minoritaires, ils sont beaucoup plus nombreux que nous. Tu as peur qu’ils se lèvent debout et qu’ils disent : « Nous autres, ont est beaucoup plus nombreux. On a le droit à ça, à ça et ça, pis vous autres vous êtes moins, fait que vous avez le droit à moins. » Surtout que nous, la jeunesse, on a un droit de vote au CCCM, et eux ne l’ont pas au CCA. On a peur de perdre ça aussi. On a tout le temps peur qu’ils essaient de prendre le dessus. Un Français, quand il rencontre un Anglais, la première chose qu’il fait c’est qu’il parle anglais. Il change sa langue et il parle anglais. Tu as toujours peur de te faire assimiler, c’est toujours une inquiétude. »

Marco Plourde, président des jeunes coopérateurs et mutualistes du Canada, est aussi le responsable du Comité consultatif jeunesse des Caisses acadiennes. Il confirme que les délégations jeunesse du CCCM et de l’ACC n’ont pas les mêmes pouvoirs. « On ne veut pas perdre nos acquis, parce qu’on s’est quand même mobilisés pour avoir le poste qu’on a présentement, qui n’existe pas du côté anglophone. Donc si les deux organisations se marient pour former une nouvelle entité, c’est sûr qu’on ne veut pas perdre ça. Les mentions qui ont été faites hier d’avoir deux postes jeunesse correspondent à qu’on voulait : avoir un représentant francophone et un représentant anglophone qui siègent au niveau du conseil d’administration pour apporter la diversité des deux côtés parce que c’est pas toujours pareil mais ça prend quand même une bonne information. »

Autre génération, même son de cloche. Coopérateur d’expérience, Marcel Garvie est président de Coop Atlantique et administrateur de l’ACC. « J’ai des inquiétudes parce que ça fait déjà 18 mois qu’on brasse cette idée-là, et d’entendre qu’une des organisations nationales se dit pas prête et dit vouloir aller consulter encore ses membres, c’est toujours un peu inquiétant. Est-ce qu’il y a anguille sous roche ? Pourquoi retarder indéfiniment ? En tant que président Coop Atlantique, je suis le seul représentant d’un organisme officiellement bilingue. Nous, on vit ça au quotidien, au Nouveau-Brunswick, cette méfiance entre les deux groupes linguistiques. Je ne suis pas surpris de la voir au niveau national. Rappelons-nous tout simplement l’échec du Lac Meech, par exemple. Au début, on était tous d’accord avec le principe général, ensuite on s’est mis à faire des caucus dans les chambres, et puis un beau matin, on s’est rendus compte que les anglophones ne voulaient plus embarquer. C’est ce qui risque d’arriver, c’est un danger réel. »

Interrogés sur la protection des minorités linguistiques, les présidents du CCCM et de l’ACC affirment avoir à cœur la représentation de la diversité. Mme Hamelin pense « que le conseil d’administration va s’assurer que, même si les grandes coopératives francophones et anglophones sont représentées et ont des sièges au conseil d’administration, la diversité de l’est à l’ouest, en français et en anglais, sera à la table. Les petits n’ont pas à s’inquiéter, je pense qu’ils auront une place et on leur fera une place. » Pour M. Gauthier, au-delà des structures, la question linguistique doit trouver sa réponse dans l’engagement des membres. « L’intention aujourd’hui est très claire, mais avec les années, quand les gens se remplacent, la dynamique change. Si la communauté francophone perd de vue ce besoin-là elle-même, les gens qui la représentent vont mettre moins de priorité là-dessus. Ça dépend entièrement de la communauté francophone. Il faut qu’elle continue à jouer son rôle et d’être claire. »

Hommages et distinctions

Le gala tenu lors du congrès a été l’occasion pour le mouvement coopératif de reconnaître les efforts d’individus qui se sont investis dans plusieurs réussites collectives. L’Ordre du mérite coopératif et mutualiste canadien a été remis à Raymond Doucet, Camille Thériault et Paul Cabaj. Le Nova Scotia Distinguished Co-operator Award a aussi été remis à Dr. Greg MacLeod.

Bill Lyall, président de Arctic Co-operatives Limited, a prononcé un vibrant témoignage.
Photo: N.Falcimaigne

Le président de Arctic Co-operatives Limited, Bill Lyall a pour sa part reçu le Canadian Co-operative Achievement Award. Laurette Deveau, qui a été directrice du Conseil coopératif acadien de la Nouvelle-Écosse, a vu son engagement reconnu dans les deux langues par l’Ordre du mérite coopératif et mutualiste canadien et le Nova Scotia Distinguished Co-operator Award.

Pour la première fois, le Global Co-operator Award de l’ACC a été décerné à une organisation, Gay Lea Foods Co-operative, plutôt qu’à un individu. Une façon de souligner que la coopération mène à des réussites avant tout collectives.

Ont également été introduits au Temple de la renommée coopérative canadienne, Thomas Edgar Brady (1917-2005), qui a activement participé à l’émergence du mouvement coopératif dans l’est de l’Ontario et occupé des postes de direction dans ce qui est maintenant devenu Gay Lea Foods, Allister Marshall (1928-2005), administrateur du Scotian Gold Co-operative et directeur de Co-op Atlantic, ainsi que Benjamin Voth (1926-2010), pionnier dans le mouvement des caisses de Colombie britannique et administrateur de East Chilliwack Credit Union (devenu First West Credit Union).

Le gala tenu lors du congrès a été l’occasion pour le mouvement coopératif de reconnaître les efforts d’individus qui se sont investis dans plusieurs réussites collectives.
Photo: N.Falcimaigne

Mai 142011
 

La présidente de Solidarité rurale du Québec n’a pas froid aux yeux. Heureusement. La coalition qui fête ses vingt ans cette année contemple avec perplexité les cadeaux du présent : gaz de schiste, pétrole, mines, crise forestière, crise agricole, crise des institutions démocratiques, le tout emballé dans un papier parfumé d’indifférence.
«Tout ce que les ruraux ont obtenu au fil des ans, ils l’ont obtenu à force de batailles. Il n’y a jamais eu de cadeau», confie-t-elle. Lucide et déterminée, c’est sur une expérience de militantisme à la dure qu’elle fonde son idéalisme. Claire Bolduc inspire une force tranquille qui rappelle les Chartrand qui ont fait l’histoire du Québec.

Solidarité rurale, une coalition

D’entrée de jeu, elle rappelle le vaste mouvement collectif qui a donné naissance à Solidarité rurale en 1991, sous le leadership de Jacques Proulx. «On perdait entre 30 et 50 fermes par semaine, et ils se sont aperçus que c’était la ruralité au complet qui était en difficulté.»

Réunis lors des États généraux du Monde rural, des organisations variées, allant du Mouvement Desjardins à l’Union des producteurs agricoles (UPA), en passant par les commissions scolaires, ont adopté la Déclaration du monde rural et fondé la coalition Solidarité rurale du Québec.

Puis il y a eu la bataille pour le maintien des bureaux de poste de village, la bataille pour le maintien des petites écoles et pour la diversification de l’économie rurale. «Dans un contexte où on parlait de mondialisation, de globalisation, de production de masse, Solidarité rurale s’est mis à parler de produits du terroir, de produits distinctifs, de produits de niche.»

En 1997, la coalition était reconnue en tant qu’instance conseil auprès du gouvernement en matière de ruralité, ce qui a mené à l’adoption des deux premières Politiques nationales de la ruralité. Le gouvernement ne venait-il pas d’apprivoiser le chien de garde? Mme Bolduc est catégorique: «Si, pour avoir les moyens d’agir, tu te prives de ton droit de parole, tu viens de te priver de ta raison d’agir, de ta légitimité d’agir.»

Elle concède qu’il était parfois un peu dérangeant pour une commission scolaire de se faire dire par quelqu’un d’autre: «Vous ne pouvez pas fermer la dernière école de village», mais que c’est ça une coalition. «Si on s’arrête aux intérêts corporatifs et aux intérêts particuliers, on arrête de se battre pour un objectif plus grand.»

Claire Bolduc se défend bien d’être sans peur. Ce qui l’inquiète le plus, actuellement, c’est l’indifférence des citoyens. Les gens sont craintifs. Ils acceptent de perdre beaucoup collectivement, pour maintenir un petit acquis individuel. «Pour avoir des jobs pendant dix ans, on va sacrifier un territoire pour les deux cents prochaines années, s’indigne-t-elle. Le sous-sol ne nous appartient pas au Québec. On le donne notre sous-sol! Et dans ce sous-sol là, il n’y a pas que des minéraux, du gaz et des hydrocarbures, mais il y a aussi de l’eau potable. Ça, c’est la plus grande richesse qu’on a et on est en train de la scraper.»

Face au défi de se renouveler, après vingt ans de combats et de réussites, Solidarité rurale aura donc plus de fil à retordre avec l’apathie des citoyens qu’avec la recherche d’enjeux mobilisateurs, ceux-ci étant nombreux. La coalition pourra compter sur la conviction d’une femme libre et déterminée. À ses côtés, la peur fait place à la saine colère qui amène le changement.

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l'Avenir, a présenté L'Écho de L'Avenir à la presse. Photo: N.Falcimaigne

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l’Avenir, a présenté L’Écho de L’Avenir à la presse.
Photo: N.Falcimaigne

Cet article fait partie du journal spécial L’Écho de L’Avenir, réalisé dans le cadre de l’événement Ruralia et publié dans Le Devoir du samedi 14 mai 2011, organisé par Solidarité rurale du Québec (SRQ). Si le journal est un hebdo fictif inventé pour le village fictif de Saint-Ailleurs, qui était le salon de la ruralité, les articles qu’il contient sont tous de bien réels articles de journalisme indépendant portant sur des nouvelles réelles et répondant aux standards élevés de la Coopérative de journalisme indépendant.

Mai 142011
 

Au sortir d’une crise économique sans précédent, l’Amérique du Nord se relève en s’appuyant notamment sur de grands chantiers et sur l’exploitation des ressources naturelles. Quelle épingle les régions rurales peuvent-elles tirer de ce jeu qui les place au centre de l’arène? Jean-Paul Lallier, conseiller stratégique au cabinet d’avocats LKD, et John Parisella, délégué général du Québec à New-York, se partageront le panel de la Conférence nationale pour répondre à cette question. Rejoints par téléphone à quelques jours de l’événement, ils ont accepté de donner un bref aperçu de leur vision.

Aux premières loges de notre voisin du sud, John Parisella situe la lente reprise économique dans le contexte politique où le président Obama a joué ses grosses cartes en début de mandat. Les grosses réformes étaient nécessaires, mais elles sont choses du passé. La relance passe maintenant par le développement des nouvelles technologies. «En ce moment, la croissance est de l’ordre de 3% en général, mais dans le domaine des technologies de l’information, elle touche les 17%.»

Transport à grande vitesse

Un projet de transport rapide, tel que le monorail proposé par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), pourrait-il désenclaver les régions? «C’est important de regarder les transports comme un tout, avec des éléments d’intégration, souligne le diplomate. Je ne veux pas qualifier un système plus qu’un autre. Pour faire face à des besoins et aux changements climatiques, je vois le mouvement sur rail comme étant quelque chose de positif.» Sur le TGV Montréal-New-York, un sujet qui lui tient à cœur, le Délégué général parle d’un consensus qui est en train de se développer en faveur du transport de passagers par rail aux États-Unis.

L’ancien maire de Québec insiste pour sa part sur le rôle de leadership complémentaire que doivent assumer les villes. «Quand Québec se présente comme une ville d’histoire, il ne faudrait pas qu’elle oublie d’associer les territoires où il y a aussi de grands morceaux de notre histoire.»

M. Lallier affirme que, pour se développer, les régions doivent d’abord trouver leur identité. «Le côté touristique, ce n’est pas uniquement d’aligner des motels sur la route. C’est ce qu’on a à partager avec les gens qui viennent ici. Charlevoix a assumé son identité. D’autres régions se perçoivent encore à travers le potentiel d’exploitation des ressources naturelles. On revient cinquante ans en arrière.»

Ressources naturelles

C’est pourtant les grands projets d’exploitation des ressources naturelles qui sont souvent présentés comme la planche de salut des régions. Les projets miniers, hydroélectriques et éoliens sont-ils réellement structurants pour les régions? «Il suffisait qu’une compagnie dise “Je vais vous donner tant d’argent pour implanter mon éolienne sur votre terre”, et le cultivateur prenait le morceau, pensant que c’était bien bien payé pour utiliser un fond de terrain dont il ne se servait pas», s’indigne l’ancien maire pour illustrer le laisser-faire qui a caractérisé les appels d’offres en éolien. À cette approche, il oppose celle de la coopération.

Coopération

«Les régions qui se servent d’un des outils les plus traditionnels du Québec, c’est-à-dire les coopératives, défendent mieux leurs intérêts et partagent le bénéfice. Ça a toujours été pour le Québec une stratégie gagnante», rappelle-t-il en ajoutant que si on n’avait pas eu la coopération, le Québec ne serait pas devenu ce qu’il est. «La coopérative, c’est la mise en commun de ressources modestes qui, elles, constituent alors un important bassin de ressources. C’est tout le principe de la solidarité. C’est ça qu’il faut développer en région. Une des forces potentielles des régions, c’est qu’il est plus facile d’y développer des solidarités autour de projets gagnants que ça peut l’être dans le quartier Saint-Michel à Montréal, par exemple.»

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l'Avenir, a présenté L'Écho de L'Avenir à la presse. Photo: N.Falcimaigne

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l’Avenir, a présenté L’Écho de L’Avenir à la presse.
Photo: N. Falcimaigne

Cet article fait partie du journal spécial L’Écho de L’Avenir, réalisé dans le cadre de l’événement Ruralia et publié dans Le Devoir du samedi 14 mai 2011, organisé par Solidarité rurale du Québec (SRQ). Si le journal est un hebdo fictif inventé pour le village fictif de Saint-Ailleurs, qui était le salon de la ruralité, les articles qu’il contient sont tous de bien réels articles de journalisme indépendant portant sur des nouvelles réelles et répondant aux standards élevés de la Coopérative de journalisme indépendant. Sauf cet article qui en faisait la Une et qui est une fiction.

Mai 142011
 

C’est entouré de plusieurs personnalités rurales de renom que le maire de Saint-Ailleurs-de-l’Avenir a procédé, vendredi matin, à l’inauguration de la station de métro Place-des-Arts. Désormais située dans les limites de la municipalité, cette station de la ligne verte permettra aux citoyens de la région métropolitaine de visiter facilement le village, aussi accessible par la station Place-d’Armes de la ligne orange.

Saint-Ailleurs devient ainsi la première municipalité rurale du Québec, et probablement au monde, à se doter d’un métro. Cette situation inusitée, explique le maire Paul-Albert Brousseau, a été rendue possible par la relocalisation de ce village de la MRC La Plubelle, dans la région Près-de-Chez-Vous, en plein centre de la ville de Montréal.

«Ça fait longtemps qu’on existe. Malgré tout, personne ne nous connaît. Alors on a décidé de transporter, carrément, notre village à Montréal, au Complexe Desjardins.»

Le maire a par ailleurs fait valoir qu’il est beaucoup moins onéreux de déménager un village que de construire une station de métro.

Implanter Saint-Ailleurs au Complexe Desjardins pendant quelques jours permettra aux urbains de renouer avec ce village et de découvrir des innovations rurales surprenantes, méconnues, provenant de tout le Québec.

Selon Claire Bolduc, présidente de Solidarité rurale du Québec, «Le village a mis de l’avant les belles réalisations dont tous les Québécois peuvent être fiers. On parle de Bixi, on parle d’ExoPC, des produits du terroir, de produits forestiers, d’innovation, de manufacture, de culture. C’est un village qui a beaucoup à montrer, qui a fait une cité-école et des coopératives.»

La vie n’a pas toujours été facile pour ce village de 1 124 habitants, qui a vu ses entreprises fermer à cause du déclin démographiques. «Les Ailleurois et les Ailleuroises sont des gens résilients et déterminés, soutient Mme Bolduc. Ce sont des citoyens mobilisés, qui ne sont pas indifférents à ce qui se passe. C’est un village qui a confiance en ses moyens malgré les contrecoups qu’il peut subir. C’est un bel exemple de village qui peut faire face à l’adversité.»

Interdépendance

La métropole est complémentaire et interdépendante de ces communautés rurales, alors elle devrait être complice avec Saint-Ailleurs, martèle la présidente.

«Parce que ce qui se fait à Saint-Ailleurs, ça a des répercussions à Montréal. Et on a besoin à Saint-Ailleurs d’une ville comme Montréal, d’une métropole qui va nous propulser en avant, pour montrer ce qui se fait dans les milieux ruraux, pour être une plateforme de communication pour les milieux ruraux.
Les milieux ruraux savent qu’ils ont besoin d’une métropole et des villes qui sont autour d’eux. Les villes et la métropole se souviennent-ils que ces milieux ruraux-là leur sont nécessaires ? On veut le leur rappeler.»

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l'Avenir, a présenté L'Écho de L'Avenir à la presse. Photo: N.Falcimaigne

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l’Avenir, a présenté L’Écho de L’Avenir à la presse.
Photo: N.Falcimaigne

Cet article fait partie du journal spécial L’Écho de L’Avenir, réalisé dans le cadre de l’événement Ruralia et publié dans Le Devoir du samedi 14 mai 2011, organisé par Solidarité rurale du Québec (SRQ). Si le journal est un hebdo fictif inventé pour le village fictif de Saint-Ailleurs, qui était le salon de la ruralité, les articles qu’il contient sont tous de bien réels articles de journalisme indépendant portant sur des nouvelles réelles et répondant aux standards élevés de la Coopérative de journalisme indépendant. Sauf cet article qui en faisait la Une et qui est une fiction.

Nov 011324
 

Depuis sa fondation il y a un quart de siècle, l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) lutte pour l’obtention d’une loi qui impose la négociation collective des conditions de travail des journalistes à la pige avec les entreprises de presse. Pendant ce temps, la concentration de la presse a réduit le nombre d’éditeurs à quelques immenses conglomérats face auxquels les journalistes indépendants peinent à faire respecter leurs droits. L’AJIQ a donc organisé les États généraux du journalisme indépendant, qui se sont tenus le 28 septembre dernier à Montréal. Nous avons rencontré sa présidente, Mariève Paradis, pour faire le point sur le nouvel espoir qu’a apporté cet événement.

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