Août 052014
 

Lors d’une sortie en mer, vendredi dernier, à l’occasion du festival environnemental Échofête, l’équipe du journal Ensemble a repéré un pétrolier qui pourrait être l’un des premiers bateaux destinés à l’exportation du pétrole lourd des sables bitumineux à partir de Sorel-Tracy. À quelques brasses de là, un grand nombre de bélugas ont été observés et photographiés. Deux rencontres mémorables.

À l’ancre en face de Trois-Pistoles, en attente de l’autorisation et du pilote requis pour naviguer sur la voie maritime du Saint-Laurent, un immense pétrolier se distingue par un détail: il flotte bien plus haut que sa ligne de flottaison. Est-il vide? Notre équipe intriguée photographie le bâtiment. Au-dessus du traditionnel et sage avertissement, «No smoking», une autre inscription semble vouloir repousser les limites de l’ironie: «Protect the environment».

Quelques jours plus tard, Radio-Canada révèle que la compagnie Suncor a commencé à la mi-juillet l’exportation du pétrole lourd issu des sables bitumineux de l’Alberta, en l’acheminant par train au port de Sorel-Tracy, où il est chargé sur des pétroliers.

Cette multiplication de la circulation du pétrole dans les deux sens sur le fleuve menace d’autant plus ses habitants, les ressources et ses riverains, car il s’agit aussi d’un pétrole lourd plus dangereux encore pour l’équilibre fragile de l’écosystème laurentien, a expliqué à maintes reprises Émilien Pelletier, professeur spécialisé en chimie et écotoxicologie à l’Institut des sciences de la mer (ISMER) de Rimouski. En raison des courants cycliques du fleuve et du golfe, tout incident aurait des conséquences beaucoup plus durables que les accidents en haute mer. Si un déversement survenait pendant l’hiver, a souvent insisté le chercheur, il serait impossible à endiguer.

Les nombreux bélugas observés dans la zone ont étonné l’équipe d’Ensemble par leur familiarité et par leur vulnérabilité.
Photo: Nicolas Falcimaigne

À Saint-André de Kamouraska, une florissante entreprise de transformation des produits du littoral a commencé à étiqueter ses produits, vendus partout au Québec: «Produit menacé par le développement pétrolier dans le St-Laurent». Claudie Gagné, propriétaire des Jardins de la mer, rencontrée lors du festival Échofête, explique qu’une marée noire serait désastreuse pour toute l’économie reliée au fleuve, qui fait vivre les régions de l’Est du Québec, avec des milliers d’emplois.

Des produits du terroir sont dorénavant marqués d’un avertissement: «Produit menacé par le développement pétrolier dans le St-Laurent».
Photo: Nicolas Falcimaigne

La pression de l’industrie pétrolière pour l’exportation de son pétrole et la croissance de l’extraction albertaine semble à son comble au Québec, alors que les projets d’oléoducs sont bloqués en Colombie-Britannique et aux États-Unis (lire notre dossier).

Lundi, le conseil municipal de Cacouna, face à une salle comble de citoyens venus déposer une pétition de 25000 signatures contre le projet de terminal pétrolier de Transcanada, refusait encore de s’y opposer. Selon plusieurs scientifiques, le projet de port pétrolier serait une grave menace pour la survie des bélugas du Saint-Laurent, qui se reproduisent à cet endroit (lire notre article).

C’est aussi à la faveur de l’été que le gouvernement a adopté la semaine dernière un règlement controversé pour la protection de l’eau potable. C’est un règlement qui, laissent entendre plusieurs analystes, protège davantage l’industrie pétrolière contre l’eau potable que l’inverse (lire la lettre parue dans nos pages).


Une vingtaine de photos exclusives prises lors de cette sortie en mer

 

Août 012014
 

«Artiste», c’est ainsi que se définit la journaliste Pascale Charlebois, correspondante du journal Ensemble à Rouyn-Noranda. C’est la littérature qui l’a amenée au journalisme, mais aussi au théâtre, aux arts visuels, à l’écriture, à l’enseignement et aux métiers d’art.

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Août 012014
 

Nos voitures sont conçues pour consommer dix fois plus d’essence qu’elles le devraient. C’est ce qu’a démontré le designer industriel Jacques Bodart. Il y a vingt ans, il a conçu un véhicule, le Minigramme, qui fait 600 km avec un seul litre d’essence. Mais son prototype est resté dans l’oubli, ignoré par les autorités. Aujourd’hui, il est exposé à la Vieille école de Saint-André de Kamouraska. Notre reporter, Olivier D. Asselin, l’a rencontré dans le cadre de l’Échofête, festival environnemental de Trois-Pistoles, et de la marche de 700 km contre le projet d’oléoduc.

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Août 012014
 

«Je demande à Dieu de prendre sous sa protection l’œuvre des Caisses populaires, afin qu’elle inspire à ceux qui me remplaceront l’esprit dont ils doivent être animés», disait Alphonse Desjardins peu avant sa mort en 1920. Selon Cyrille Vaillancourt, gérant de la Fédération des Caisses populaires Desjardins, ce fut «sa dernière pensée». Dans la première édition d’Ensemble!, parue en 1940 (lire aussi notre autre texte), M. Vaillancourt démontre que, déjà à l’époque, le mouvement Desjardins était à l’avant-garde de la coopération financière dans le monde, et qu’il était un exemple pour les peuples aspirant à «l’indépendance économique». Nous republions aujourd’hui intégralement cet article paru dans cette revue officielle, ancêtre du journal Ensemble, en 1940. En voici tout d’abord quelques faits saillants.

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Juil 012014
 

La plus grande révolution agricole depuis l’invention de la charrue prend actuellement racine dans le silence des jardins résistants, et souvent coopératifs. Ce mouvement méconnu se réunit du 18 au 20 juillet à Frelighsburg, lors de la Convergence de permaculture. La première édition québécoise de l’événement a réuni plus de 500 personnes l’an dernier. Que préparent cette fois-ci les révolutionnaires au pouce vert?

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Juil 012014
 

«Au-delà du bio». Sous ses airs provocateurs, le titre du film réalisé par Olivier Asselin sur les Fermes Miracle, de Stefan Sobkowiak, illustre la largeur le champ des possibles ouvert par la permaculture. La Convergence de permaculture rassemble depuis hier à Frelighsburg plusieurs centaines de personnes. M. Sobkowiak leur explique ce matin comment organiser la coopération entre pommiers, poiriers, féviers, cassis, amélanches et laitues. Ensemble l’a rencontré après la conférence d’ouverture.

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Juil 012014
 

Dénichés au détour d’un champ de chanvre, pendant la Convergence de permaculture de Frelighsburg (lire notre dossier), trois jeunes entrepreneurs ont choisi la formule coopérative. Leurs trois nouvelles entreprises démarreront au cours des prochains mois, dans la région environnante. Ensemble les a rencontrés pour comprendre comment ils ont intégré les principes de permaculture et les valeurs coopératives dans leur projet d’affaires.

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Juil 012014
 

Après sa carrière de hockey, ils ont acheté un verger et démarré une entreprise de shampoing écologique, puis ils vécurent heureux… Le conte de fées pourrait se conclure ainsi, mais Philippe Choinière et Stacey Lécuyer Choinière ont plutôt décidé d’accueillir chez eux les centaines de personnes de la Convergence de permaculture. À une semaine d’avis, l’an dernier, ils ont accepté de prêter leur terre et leur ferme à l’événement. Cette année, ils ont récidivé avec plus de préparation. Sur leur ancien champ de soya pousse maintenant du chanvre. Ensemble les a rencontrés pour dresser le bilan de cette Convergence 2014 (lire notre dossier).

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Juin 012014
 

Le Printemps érable, un premier pas d’une longue marche? Deux ans après la plus grande crise sociale qui a marqué le Québec moderne, l’ex-porte-parole de la CLASSE (Coalition large de l’ASSÉ, Association pour une solidarité syndicale étudiante) a reçu le journal Ensemble pour jeter un regard sur le changement social et sur les enjeux soulevés par la grève étudiante. Alors que l’ASSÉ a repris la rue contre l’austérité et que le nouveau gouvernement libéral a déposé un budget résolument austère, laissant planer le doute sur une reprise de la hausse des frais de scolarité, nous publions ses propos, recueillis avant la dernière élection.

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Mai 022014
 
CACOUNA —Les détonations de plus de 200 décibels ont résonné dans le fleuve au large de Cacouna. Du 25 au 30 avril dernier, la compagnie TransCanada réalisait des levés sismiques en vertu d’un permis délivré par Pêches et Océans Canada. Ce sondage du fond marin est nécessaire à la construction du port pétrolier qui fait partie de son projet d’oléoduc Énergie Est, un projet encore non confirmé. Ce secteur est au cœur de la pouponnière de bélugas, dont la période de naissance se tient, en principe, début mai. Ensemble s’est rendu sur place, en kayak.

Ces travaux ont été réalisés avant toute consultation de la population, avant les assemblées du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), et surtout avant même de savoir si l’oléoduc et son port pétrolier seront bel et bien construits. De nombreux citoyens ont vertement dénoncé cette façon de faire, ainsi que le projet lui-même. Une manifestation tenue le 27 avril dernier à Cacouna a réuni près de 500 personnes dans ce village d’à peine 2000 habitants.

Ensemble s’est rendu sur le fleuve pour enregistrer les levés sismiques sous l’eau, et a interrogé plusieurs personnes présentes à la manifestation et à la soirée de présentation du projet par TransCanada.
Vidéo: Nicolas Falcimaigne

Le député fédéral de Haute-Gaspésie – La Mitis – Matane – Matapédia, Jean-François Fortin, a pris part à cette marche de l’église de Cacouna jusqu’au port de mer visé par le projet. Il voit chez le gouvernement Harper «une volonté de promouvoir les projets énergétiques, mais aussi une incapacité réelle de Pêches et Océan Canada de conduire de véritables études environnementales. On a mis à la porte des scientifiques et on a fermé les laboratoires. C’est une stratégie concertée, à mon avis, qui vise à affaiblir notre capacité à réagir et à protéger notre environnement.»

La chasse au béluga

«Ce n’est que le début de manifestations et d’actions pour dénoncer ce type de travaux et les projets qui y sont associés, celui de terminal et l’autre grand projet, celui depipeline de TransCanada Énergie Est, a prévenu Christian Simard, directeur général de Nature Québec. La loi sur les espèces en péril interdit de chasser le béluga. Chasser, ça veut dire aussi « le harceler, le prendre, le menacer, le poursuivre ». Actuellement, TransCanada a ouvert la chasse au béluga du Saint-Laurent. C’est interdit et ça ne doit pas se faire.»

Près de 500 personnes ont manifesté contre le projet de terminal pétrolier de TransCanada à Cacouna, le 27 avril dernier. Photo: Nicolas Falcimaigne

Un représentant de TransCanada chargé des études d’impact environnemental a confirmé que l’exposition au bruit des levés sismiques causerait «la surdité» chez les mammifères marins qui seraient à proximité. La zone d’alerte est de 3 km autour du bateau, qui ne peut procéder si un béluga se trouve dans un rayon de 500 m. Les autres mammifères marins seraient tout aussi affectés, mais ces précautions ne sont imposées que pour les espèces dites «en péril». Les phoques communs observés lors de nos sorties sur le fleuve dans la zone des travaux sont donc ignorés par la surveillance, dont le mandat a été confié au Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM).

Profits privés, risques publics

Le porte-parole de TransCanada pour le projet d’Oléoduc Énergie Est, Philippe Cannon, a pour sa part refusé de révéler le montant prévu des profits annuels à la clé de ce projet de 12 milliards de dollars pour la compagnie privée. L’oléoduc projeté traversera le Québec, franchissant la rivière des Outaouais et le fleuve Saint-Laurent, pour acheminer le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta aux raffineries de Montréal, de Québec et de Saint-John au Nouveau-Brunswick, ainsi qu’aux lucratifs marchés d’exportation.

«Coule pas chez nous», ont brandi les manifestants contre l’oléoduc et le port pétrolier. Photo: Nicolas Falcimaigne

Ces projets d’infrastructures sont motivés par la forte consommation de pétrole et par sa vente à l’étranger, qui dope l’économie du Canada. «On ne pourra pas s’en sortir tout seuls. C’est un effort collectif qui va probablement prendre beaucoup de temps, mais on garde espoir que ça va se faire, et qu’on pourra un jour tous se libérer de notre dépendance au pétrole», a lancé Jason Rivest, porte-parole des Pétroliques Anonymes, un groupe militant de Rivière-du-Loup.

Une pancarte a trouvé un nouveau sens à sa vie, sur le chemin du port de Gros-Cacouna. Photo: Nicolas Falcimaigne