Mai 012014
 

«Que le Bloc québécois prenne la tête de l’opposition au développement de l’industrie pétrolière. Opposition politique, juridique et physique sur terre et en mer.» C’est la proposition adoptée par le congrès national du Bloc québécois dimanche dernier, à Rimouski. Cette attaque frontale des projets d’oléoducs et d’exploitation pétrolière soutenus par les gouvernements fédéral et provincial est contraire aux politiques menées par le Parti québécois alors qu’il était au pouvoir.

C’est pour réagir à la décision judiciaire sur les travaux de la compagnie TransCanada, qui projette d’installer un terminal pétrolier à Cacouna, que les quelques 500 militants bloquistes ont adopté trois propositions d’urgence en congrès national, sans éclipser le débat des deux candidats à la chefferie, Mario Beaulieu et André Bellavance.

Trois propositions fermes

Les propositions adoptées par les membres du Bloc s’appuient sur le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) pour faire barrage aux projets qui représenteraient un danger pour les Québécois, notamment le transport des hydrocarbures par train, par bateau ou par oléoduc. Le Bloc entend devenir le fer de lance de la lutte contre les projets de développement des énergies fossiles au Québec:

  • «Que le Bloc québécois réagisse à la décision judiciaire sur l’exploitation d’hydrocarbures à Cacouna, en plein cœur du territoire québécois, en exigeant que le certificat d’autorisation à être décerné par le gouvernement fédéral ne soit pas émis tant et aussi longtemps que le BAPE ne donnera pas son autorisation.»
  • «Que le Bloc québécois prenne la tête de l’opposition au développement de l’industrie pétrolière | opposition politique, juridique et physique sur terre et en mer.»
  • «Que le Bloc québécois s’oppose à tout transport de matières dangereuses pouvant affecter l’intégrité du territoire québécois qui n’est pas autorisé par le BAPE.»

La seule option pour les électeurs opposés au pétrole

Les conservateurs, les libéraux et les néodémocrates ayant tous une position favorable au développement des hydrocarbures, le Bloc devient le seul grand parti fédéral qui permet aux électeurs québécois de voter contre les projets pétroliers.

«Contrairement aux conservateurs, aux libéraux et aux néodémocrates, le Bloc québécois s’est doté de principes forts qui reflètent les consensus de la nation québécoise et il n’entend pas sacrifier les intérêts et les valeurs du Québec pour marquer quelques points dans les sondages ailleurs au Canada», a martelé Jean-François Fortin, organisateur du congrès.

Le député de Haute-Gaspésie – La Mitis – Matane – Matapédia avait participé à la manifestation du 27 avril à Cacouna, y dénonçant vertement le démantèlement des services scientifiques fédéraux, qui ouvre grand la porte aux irrégularités dans le développement de projets à risques environnementaux. Il se dit heureux d’avoir enfin l’appui formel du parti pour s’opposer fermement aux projets d’hydrocarbures.

Une position claire et officielle

«L’adoption de ces positions claires et fermes de mon parti démontre l’écoute, la compréhension des enjeux et le courage du Bloc québécois à prendre position, à se mouiller et surtout à ne pas tenter de vouloir plaire à tout le monde, insiste le député, rejoint aujourd’hui pendant son trajet vers Ottawa. En politique, il faut des convictions et il est grand temps que le bien commun soit mis devant l’intérêt pécunier de quelques particuliers à vouloir exporter à l’étranger du pétrole sale de l’Alberta en faisant courir des risques importants à nos communautés.»

«En tant que porte-parole de ce dossier, c’est un mandat fort pour la défense de l’environnement et de l’intérêt collectif, sans compromission, que les délégués du Bloc québécois m’ont confié lors de notre congrès national», a-t-il conclu.

Avr 302014
 

Les détonations de plus de 200 décibels ont résonné dans le fleuve au large de Cacouna. Du 25 au 30 avril dernier, la compagnie TransCanada réalisait des levés sismiques en vertu d’un permis délivré par Pêches et Océans Canada. Ce sondage du fond marin est nécessaire à la construction du port pétrolier qui fait partie de son projet d’oléoduc Énergie Est, un projet encore non confirmé. Ce secteur est au cœur de la pouponnière de bélugas, dont la période de naissance se tient, en principe, début mai. Ensemble s’est rendu sur place, en kayak.

Ces travaux ont été réalisés avant toute consultation de la population, avant les assemblées du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), et surtout avant même de savoir si l’oléoduc et son port pétrolier seront bel et bien construits. De nombreux citoyens ont vertement dénoncé cette façon de faire, ainsi que le projet lui-même. Une manifestation tenue le 27 avril dernier à Cacouna a réuni près de 500 personnes dans ce village d’à peine 2000 habitants.

Ensemble s’est rendu sur le fleuve pour enregistrer les levés sismiques sous l’eau, et a interrogé plusieurs personnes présentes à la manifestation et à la soirée de présentation du projet par TransCanada.
Vidéo: Nicolas Falcimaigne

Le député fédéral de Haute-Gaspésie – La Mitis – Matane – Matapédia, Jean-François Fortin, a pris part à cette marche de l’église de Cacouna jusqu’au port de mer visé par le projet. Il voit chez le gouvernement Harper «une volonté de promouvoir les projets énergétiques, mais aussi une incapacité réelle de Pêches et Océan Canada de conduire de véritables études environnementales. On a mis à la porte des scientifiques et on a fermé les laboratoires. C’est une stratégie concertée, à mon avis, qui vise à affaiblir notre capacité à réagir et à protéger notre environnement.»

La chasse au béluga

«Ce n’est que le début de manifestations et d’actions pour dénoncer ce type de travaux et les projets qui y sont associés, celui de terminal et l’autre grand projet, celui de pipeline de TransCanada Énergie Est, a prévenu Christian Simard, directeur général de Nature Québec. La loi sur les espèces en péril interdit de chasser le béluga. Chasser, ça veut dire aussi « le harceler, le prendre, le menacer, le poursuivre ». Actuellement, TransCanada a ouvert la chasse au béluga du Saint-Laurent. C’est interdit et ça ne doit pas se faire.»

Près de 500 personnes ont manifesté contre le projet de terminal pétrolier de TransCanada à Cacouna, le 27 avril dernier.
Photo: Nicolas Falcimaigne

Un représentant de TransCanada chargé des études d’impact environnemental a confirmé que l’exposition au bruit des levés sismiques causerait «la surdité» chez les mammifères marins qui seraient à proximité. La zone d’alerte est de 3 km autour du bateau, qui ne peut procéder si un béluga se trouve dans un rayon de 500 m. Les autres mammifères marins seraient tout aussi affectés, mais ces précautions ne sont imposées que pour les espèces dites «en péril». Les phoques communs observés lors de nos sorties sur le fleuve dans la zone des travaux sont donc ignorés par la surveillance, dont le mandat a été confié au Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM).

Profits privés, risques publics

Le porte-parole de TransCanada pour le projet d’Oléoduc Énergie Est, Philippe Cannon, a pour sa part refusé de révéler le montant prévu des profits annuels à la clé de ce projet de 12 milliards de dollars pour la compagnie privée. L’oléoduc projeté traversera le Québec, franchissant la rivière des Outaouais et le fleuve Saint-Laurent, pour acheminer le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta aux raffineries de Montréal, de Québec et de Saint-John au Nouveau-Brunswick, ainsi qu’aux lucratifs marchés d’exportation.

«Coule pas chez nous», ont brandi les manifestants contre l’oléoduc et le port pétrolier.
Photo: Nicolas Falcimaigne

Ces projets d’infrastructures sont motivés par la forte consommation de pétrole et par sa vente à l’étranger, qui dope l’économie du Canada. «On ne pourra pas s’en sortir tout seuls. C’est un effort collectif qui va probablement prendre beaucoup de temps, mais on garde espoir que ça va se faire, et qu’on pourra un jour tous se libérer de notre dépendance au pétrole», a lancé Jason Rivest, porte-parole des Pétroliques Anonymes, un groupe militant de Rivière-du-Loup.

Une pancarte a trouvé un nouveau sens à sa vie, sur le chemin du port de Gros-Cacouna.
Photo: Nicolas Falcimaigne

Avr 222014
 

Chaque jour, plus de 300 tonnes d’eau radioactive se déversent dans l’océan Pacifique. Les cœurs fondus de trois réacteurs nucléaires de la centrale Fukushima Daiichi sont toujours instables et hors de portée, enfoncés dans le sol. Des substances radioactives sont relâchées dans l’environnement. Terre, eau, poissons, animaux et humains sont sujets à une contamination perpétuelle. Le mieux qui puisse arriver est que cette situation dramatique se stabilise, mais le scientifique Gordon Edwards, président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire, s’est montré plutôt pessimiste en entrevue avec le journal Ensemble. Et si le pire arrivait?

Plus de trois ans après le drame qui a frappé la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, au Japon, peu d’information circule sur l’évolution de la situation. Un mouvement antinucléaire très fort dans la population japonaise essaie d’empêcher le redémarrage de la cinquantaine de réacteurs de l’archipel. Le gouvernement refuse l’aide internationale et garde le secret sur l’ampleur du désastre, à l’approche des jeux olympiques de Tokyo 2020. Pourtant, la centrale gérée par la Tokyo Electric Power Company (TEPCO) est loin d’être stabilisée. Un travail extrêmement délicat s’y déroule, dont le niveau de succès ou d’échec aura un impact planétaire sur la santé des populations.

Pas le droit à l’erreur

Le démantèlement des piscines de stockage des déchets a commencé à la fin de 2013. C’est une opération dangereuse, menée dans un environnement hautement radioactif où seuls des robots peuvent travailler pendant quelques minutes avant de tomber en panne. Les dégâts occasionnés lors des explosions de mars 2013 compliquent également la tâche.

Une simple erreur de manipulation, où des barres de combustible usé entreraient en contact entre elles ou seraient échappées, pourrait déclencher une réaction en chaîne et relâcher à nouveau des éléments radioactifs dans l’atmosphère, ce qui pourrait même forcer l’évacuation de Tokyo. «Mais personne ne sait comment évacuer Tokyo», souligne Gordon Edwards, mathématicien, physicien et président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire (RSN).

Un tel «accident de criticité» (« criticality », dit-il en anglais dans l’entrevue), pourrait aussi être causé par l’effondrement des piscines, qui sont «à la hauteur d’un quinzième étage». Cela pourrait arriver lors d’un nouveau tremblement de terre, anticipé par les géologues. Il faudra au moins quatre ans pour procéder au démantèlement de ces quatre piscines qui, selon le spécialiste, contiennent chacune 80 fois plus de césium radioactif qu’à Tchernobyl.

L’accident de mars 2011

M. Edwards rappelle la séquence d’événements qui se sont produits en mars 2011: lorsque le tsunami a frappé la centrale de Fukushima, la vague de dix mètres a coupé l’électricité et privé la centrale de son système de refroidissement. La température a donc augmenté jusqu’à provoquer, dans quatre des six réacteurs, des réactions chimiques qui ont produit de l’hydrogène, lequel a explosé, libérant dans l’atmosphère de grandes quantités d’éléments radioactifs.

La température a continué de monter, et le combustible des cœurs de réacteurs a commencé à fondre, à une température si élevée qu’il s’est enfoncé dans la terre «comme dans du beurre», illustre le chercheur. «Depuis l’accident jusqu’à maintenant, TEPCO a pompé environ 400 tonnes d’eau fraîche dans ces cœurs fondus pour les refroidir», chaque jour. Par ailleurs, plus de 300 tonnes d’eau souterraine se déversent aussi quotidiennement dans le Pacifique, après avoir baigné ce combustible fondu hautement radioactif.

Le mois dernier, TEPCO a convaincu les pêcheurs d’approuver un plan visant à détourner 100 tonnes d’eau souterraine par jour avant qu’elle soit ainsi contaminée, pour la rejeter à la mer.

Les barres de combustible usé, entreposées dans les piscines depuis la mise en service de la centrale, doivent aussi être refroidies continuellement. Elles contiennent des centaines de produits de fission beaucoup plus radioactifs que l’uranium qui alimentait la centrale, et en quantité beaucoup plus grande que les cœurs de réacteurs. Ce combustible usé «est le matériau le plus létal au monde, affirme Gordon Edwards. À une distance d’un mètre, il peut causer la mort en 20 secondes».

Des milliers de tonnes d’eau radioactive

L’eau de refroidissement est accumulée depuis l’accident dans un nombre croissant d’énormes réservoirs rudimentaires. Ces 1200 immenses réservoirs qui contiennent environ 300 tonnes d’eau chacun sont construits à la hâte et fuient occasionnellement. À l’occasion d’une fuite, rapporte M. Edwards, une flaque d’eau a été mesurée à un niveau de rayonnement tel qu’en une heure, à un mètre de distance, un ouvrier atteindrait le maximum légal d’exposition pour cinq ans.

Les immenses réservoirs qui contiennent environ 300 tonnes d’eau contaminée chacun.
Photo fournie par Gordon Edwards

Confrontée aux limites d’entreposage, TEPCO entend déverser dans l’océan des centaines de milliers de tonnes de cette eau après en avoir retiré 62 des éléments radioactifs qui s’y trouvent, mais sans utiliser une technologie onéreuse permettant d’en retirer le tritium. Les pêcheurs de la région s’y opposent, car cet hydrogène radioactif serait alors diffusé dans l’environnement en concentration élevée, menaçant les stocks de poisson.

Gordon Edwards croit qu’il serait préférable d’entreposer l’eau radioactive dans des bateaux «supertankers» à double coque, «invulnérables aux tremblements de terre et capables d’échapper aux tsunamis».

Risques à l’échelle planétaire

Les produits de fission sont des substances très radioactives qui n’existaient pas sur terre avant l’utilisation de l’énergie nucléaire par l’être humain. Il est donc impossible de déterminer un seuil de concentration sous lequel elles seraient inoffensives. Entre autres, le césium-137 et le strontium-90 sont absorbés et accumulés par le corps humain dans le sang et dans les os, respectivement, car ils sont similaires au potassium et au calcium. De l’intérieur du corps, ces particules continuent d’émettre un rayonnement qui cause cancer, leucémie et dommages aux cellules reproductives.

Le danger planétaire réside dans l’accumulation de ces particules dans la chaîne alimentaire. «Déjà, on a vu des niveaux élevés dans les précipitations, ici en Amérique du Nord, au Canada et en France, explique M. Edwards. Par exemple, le niveau d’iode-131 trouvé dans l’herbe est environ 100 fois plus concentré que dans la pluie. Les vaches mangent l’herbe, et la concentration dans leur lait est environ 1000 fois plus grande que dans le gazon. Un enfant qui boit le lait de ces vaches concentre cette substance encore dix fois plus dans sa glande thyroïde.» Le même principe s’applique au poisson, pour d’autres éléments radioactifs.

Gordon Edwards est président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire, un organisme pancanadien préoccupé par les enjeux nucléaires. Mathématicien et physicien, consultant sur les questions nucléaires depuis 35 ans. Il participe en tant qu’expert à de nombreuses audiences publiques pour témoigner, et parfois contre-interroger les représentants de l’industrie et du gouvernement, sur la sûreté nucléaire, les déchets nucléaires et les impacts sanitaires de l’exposition aux substances radioactives.

Entrevue intégrale avec Gordon Edwards, président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire

Raccourcis pour les sujets précis:

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Avr 012014
 

Veuillez noter que cet article, publié à l’occasion du premier avril 2014, est une fiction, tout comme plusieurs autres articles publiés dans les journaux ainsi que le veut la tradition. Au journal Ensemble, nous saisissons l’occasion pour utiliser exceptionnellement cette forme d’éditorial efficace et appréciée qu’est le canular. Les faits relatés n’ont donc pas eu lieu. Nous remercions les personnalités publiques réelles auxquelles le texte fait référence pour leur aimable compréhension.

Si le Parti québécois est élu, le prochain gouvernement Marois convoquera une assemblée constituante tirée au sort pour définir les institutions démocratiques du Québec souverain. À quelques jours du scrutin, le PQ tire encore de l’arrière dans les sondages et songerait à faire cette annonce fracassante qui «redonne le pouvoir aux citoyens». Selon les documents internes dont Ensemble a obtenu copie, l’Assemblée constituante sera créée dès ce printemps et son projet de Constitution sera automatiquement soumis au vote populaire six mois après le référendum sur l’indépendance, qui lui-même doit se tenir le 22 juin 2015.

«D’abord, on décidera qu’on se donne un pays, et ensuite on se donnera ensemble le système démocratique que les Québécois vont choisir pour ce pays, a expliqué Mme Marois, jointe par téléphone dans son autobus de campagne. Mais je tiens à ce que la longue démarche qui mène à l’adoption d’une nouvelle constitution soit entreprise dès maintenant. La campagne qu’on vient de vivre a démontré qu’on a cruellement besoin de rénover notre démocratie, même en tant que province, et on veut que le pays parte du bon pied. On veut un système qui soit aussi solide et démocratique que, par exemple, les coopératives.»

Une assemblée tirée au sort, comme un jury

Selon le Plan vers l’indépendance, document interne dont Ensemble a obtenu copie, l’assermentation des membres de l’Assemblée constituante doit se faire lors de la Journée nationale des Patriotes, et leur mandat doit prendre fin le 15 novembre 2015. On se rappellera que cette date est l’anniversaire de la première élection du PQ, en 1976. À la façon dont on sélectionne les jurés à la cour de justice, 150 Québécois représentatifs de la société, et sans conflit d’intérêts, seront convoqués à passer 18 mois à huis clos pour rédiger l’important document.

Une équipe de constitutionnalistes, d’historiens et d’observateurs indépendants accompagneront les travaux des délégués, leur fourniront de la documentation et éclaireront leurs décisions. «Avec les travaux réalisés par l’équipe de Claude Béland [qui présidait les États généraux sur la réforme des institutions démocratiques du Québec], en 2003 sous le gouvernement Landry, nous avons déjà une bonne idée de ce que les Québécois souhaitent comme institutions», a déclaré le ministre sortant responsable des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne, Bernard Drainville.

À l’époque, les mille délégués avaient voté clairement en faveur d’un mode de scrutin de représentation proportionnelle régionale, du droit à l’initiative populaire (référendums déclenchés par les citoyens), de la séparation du pouvoir entre le gouvernement et l’Assemblée nationale, des élections à date fixe, de la décentralisation des pouvoirs vers les régions, et de l’adoption d’une constitution du Québec (lire le rapport).

«Nous leur demanderons en plus d’établir un cadre pour garantir l’indépendance des médias et des journalistes, le financement de la presse indépendante et les conditions des journalistes indépendants, car c’est un domaine qui doit être dans la Constitution, a ajouté l’ancien journaliste. Une constitution, ça relève directement du peuple. C’est adopté par référendum et ça ne peut être modifié que par référendum, pas par un simple vote gouvernemental.»

Moratoire sur les grands projets

Les grands projets qui ont des impacts, de droite comme de gauche, seront mis sur la glace en attendant le résultat référendaire et la nouvelle constitution. «Cela vaut pour les projets pétroliers comme pour l’instauration d’un revenu minimum citoyen, a illustré M. Drainville, parce que c’est pas vrai qu’on va mettre le Québec souverain devant les faits accomplis. Les Québécois éliront le gouvernement qu’ils voudront dans leur nouveau Québec démocratique, et feront les choix de société qu’ils souhaiteront.»

Le projet de Constitution devra être prêt le 4 septembre 2015 pour que commence le débat public devant mener au vote du 15 novembre. Dès ce printemps, le gouvernement mettra à la disposition des citoyens une plateforme de vote électronique sécurisée qui servira à l’expression de l’opinion populaire pendant les deux campagnes référendaires.

Démocratie électronique et sondages

Des forums permettront l’émergence d’idées nouvelles, tandis que des sections de vote électronique permettront de prendre le pouls des citoyens beaucoup plus facilement et avec plus de fiabilité que par les sondages, qui depuis longtemps n’utilisent même plus d’échantillons «probabilistes». La clé d’accès à ce système sécurisé sera envoyée à chaque citoyen par le Directeur général des élections (DGE), en même temps que sa nouvelle carte d’identité nationale.

«Les sondages ne seront bien sûr pas interdits, assure le candidat péquiste Pierre-Karl Péladeau, dont les liens d’affaires avec la firme Léger sont bien connus, mais ils devront faire leurs preuves face à ce système beaucoup plus efficace. Chose certaine, les journalistes de Québecor, tels que je les connais, ne se contenteront de rien de moins que de la plus grande rigueur.»

Lors de cette brève entrevue en marge d’une allocution sur l’indépendance des médias communautaires à Trois-Pistoles, l’ex-magnat de la presse a évoqué l’idée qu’un réseau de télévision (il n’a pas précisé si ce serait TVA) crée un grand jeu télévisé ayant pour objet les meilleures idées pour le Québec indépendant, «peut-être en lien avec la Constituante», a-t-il laissé entendre.

Le tabou des Libéraux

S’il s’est dit «surpris que le PQ remette en question nos institutions politiques, issues d’une longue tradition démocratique», le chef libéral Philippe Couillard convient qu’une réforme du mode de scrutin est depuis longtemps dans le programme de son parti.

«Même s’il date du XIXe siècle, on ne voulait pas vraiment changer le système, parce que c’est ce même système qui nous permet de gagner les élections, et grâce à ses distorsions, nous allons encore reprendre le pouvoir cette fois-ci», a échappé la candidate libérale Christine St-Pierre, ajoutant que le PQ était du même avis jusqu’à nouvel ordre. «Je crois que c’est la panique qui les pousse à faire de telles promesses irréalistes», a-t-elle poliment suggéré.

Récupération électoraliste

Du côté de Québec Solidaire, on dénonce la récupération pure et simple. Le parti de Françoise David menace la réélection du PQ en attirant les voix de gauche dans plusieurs circonscriptions. «Ça fait des années que c’est dans notre programme, la Constituante, s’est exclamé le candidat Amir Khadir. Ce que je comprends, c’est que le PQ veut séduire nos électeurs à quelques jours de l’élection.»

Le Parti des sans-parti (auparavant connu sous le nom de Coalition pour la constituante), applaudit cette initiative, qui est au cœur de son propre programme. «Si le PQ est élu et concrétise cet engagement, nous pourrons enfin dissoudre notre parti, comme prévu», a indiqué le chef Frank Malenfant.

«Tirer au sort les délégués! ON n’y avait pas pensé, concède le chef d’Option nationale, Sol Zanetti. Ainsi, on évite une campagne partisane, des nominations corporatives, ou syndicales, et on fait l’indépendance. Ce plan est meilleur que notre programme!» M. Zanetti promet toutefois de surveiller de près le gouvernement péquiste, s’il est élu, pour que cet engagement se réalise.

Il n’a été possible de parler à aucun candidat de la Coalition Avenir Québec, dont plusieurs sont déjà partis dans le sud, et d’autres sont en arrêt de travail pour épuisement professionnel. «Ils se sont trop donnés!», a blagué la personne qui nous a répondu à la permanence nationale.

Avr 012014
 

Parmi les attentes électorales formulées par la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF) aux divers partis politiques, une proposition a fait bondir le syndicat le plus important au Québec dans le domaine forestier, Unifor. La Fédération veut que ses membres obtiennent des permis pour la récolte de bois aux fins d’approvisionner une usine de transformation, une idée «sans queue ni tête», selon le directeur adjoint d’Unifor, Renaud Gagné. Ensemble s’est entretenu avec Jocelyn Lessard, directeur général de la FQCF, pour comprendre ce qui oppose syndicat et coopératives dans la forêt québécoise.

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Avr 012014
 

Les horizons francophones et anglophones de la coopération canadienne sont désormais réunis sous un même ciel: Coopératives et mutuelles Canada (CMC). Issue de la fusion entre la Canadian cooperative association (CCA) et le Conseil canadien de la coopération et de la mutualité (CCCM), cette nouvelle entité est présidée par Léo Leblanc, de Coop Atlantique, avec Denyse Guy au poste de directrice générale. Le journal Ensemble s’est entretenu avec M. Leblanc pour prendre le pouls de ce nouveau-né.

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Mar 012014
 

Si le Québec était une démocratie digne de ce nom, l’entrée en politique de Pierre-Karl Péladeau serait un scandale. La candidature du propriétaire de Québecor pour le Parti québécois (PQ) n’a pas manqué de soulever un nuage de protestations ou d’acclamations, selon les allégeances. Au-delà de l’effet de la candidature-vedette sur la campagne péquiste, on dénonce une «berlusconisation»* du Québec, soit la collusion des médias et du gouvernement. Pourtant, dans notre soi-disant démocratie, avec une presse parmi les plus concentrées au monde, cette collusion existe depuis longtemps.

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Mar 012014
 

«Se mobiliser ensemble pour la relève.» C’était le thème du récent forum coopératif organisé par le Conseil québécois de la coopération et de la Mutualité, les 14 et 15 mars derniers à Québec. Alors que la campagne électorale bat son plein, les coopérateurs et coopératrices en ont profité pour confier à Ensemble leurs attentes envers le prochain gouvernement du Québec. Bien sûr, on exige plus de moyens pour les coops, mais surtout pour une priorité importante, la relève et le transfert d’entreprise sous forme coopérative.

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Fév 012014
 

«Il y va de notre santé démocratique.» C’est ainsi que Maka Kotto, ministre de la Culture et des Communications du Québec, résume l’enjeu des conditions de pratique du journalisme indépendant. L’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ), qui représente les journalistes travaillant à la pige comme travailleurs autonomes, lui a demandé de convoquer une commission parlementaire devant se pencher sur la création d’une loi pour protéger les journalistes indépendants, comme celle qui permet aux artistes de négocier leurs conditions collectivement. Ensemble a rencontré le ministre et l’a questionné sur cette revendication issue des États généraux du journalisme indépendant, tenus en septembre dernier.

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