Avr 012016
 

 

Veuillez noter que cet article, publié à l'occasion du premier avril 2015, est une fiction, tout comme plusieurs autres articles publiés dans les journaux ainsi que le veut la tradition. Au journal Ensemble, nous saisissons l'occasion pour utiliser exceptionnellement cette forme d'éditorial efficace et appréciée qu'est le canular. Les faits relatés n'ont donc pas eu lieu. Nous remercions les personnalités publiques réelles auxquelles le texte fait référence pour leur aimable compréhension.

Après Philippe Couillard, qui s’est fermement opposé à l’exploitation pétrolière sur Anticosti, c’est au tour du premier ministre fédéral de prendre le virage vert. Entouré de Catherine McKenna, ministre de l’Environnement et Changement climatique Canada, et de MaryAnn Mihychuk, ministre de l’Emploi, du Développement de la main d’œuvre et du Travail, Justin Trudeau a annoncé la reconversion des sables bitumineux en un «vaste chantier de réparation de la planète».

Hier en fin de journée, le premier ministre a tenu une conférence de presse extérieure dans un endroit reculé, d’où journalistes et dignitaires ont pu admirer un splendide coucher de soleil à travers les cheminées et les rejets polluants de Fort McMurray. «Le crépuscule se couche sur l’industrie pétrolière» [sic], a-t-il déclaré, le visage baigné de lumière dorée.

Le plan de transition remis aux journalistes prévoit la transformation de la région en vastes champs de culture de chanvre permettant de «redonner son originale vocation à Les Prairies, [sic] a précisé M. Trudeau, comme un vert paysage de la paix et de prospérité». Le Premier ministre a expliqué que le coût de restauration des sites contaminés est hors de portée des compagnies pétrolières, surtout depuis l’effondrement du prix du pétrole. «Nous avons donc forcé les grandes pétrolières à former une grande coopérative de la solidarité : la Coop de solidarité du chanvre canadien. Ce type de coop est basé même sur un modèle québécois, [sic] a-t-il clamé, ne cachant pas sa fierté. Elles lui en cèdent sans frais tous leurs actifs albertains et elles lui deviennent simples membres-producteurs.» [sic]

Les installations pétrolières seront reconverties et le personnel sera invité à devenir membre-travailleur. Tous les Canadiennes et les Canadiens pourront également devenir membres-consommateurs et bénéficieront ainsi de prix sur les produits. Les entreprises de culture ou de transformation pourront aussi devenir membres-producteurs.

Le chanvre sera de la variété Cannabis Sativa, destiné aux industries de la fabrication et de l’alimentation. Ce dernier a une faible teneur en Tétrahydrocannabinol (THC), agent psychotrope. «D’autres régions du pays seront consacrées à la culture du Cannabis Indica, la marijuana qu’on la connaît bien et qui le contient du THC» [sic], a rassuré le Premier ministre.

La ministre McKenna a déclaré pour sa part que la culture du chanvre capte cinq fois plus de dioxyde de carbone dans l’air qu’une surface de forêt équivalente. «Convertir toute la superficie des sables bitumineux à la culture du chanvre permettra non seulement de décontaminer le sol, mais surtout de retirer rapidement un grand volume de carbone de l’atmosphère, ce qui constitue notre priorité face aux changements climatiques.»

Le chanvre récolté et le carbone qu’il contient seront ensuite transformés en matériaux durables, fabriqués à même les installations de l’industrie pétrolière reconverties. «Les différents plastiques de chanvre peuvent remplacer toute la production de l’industrie pétrochimique, tandis que les matériaux de construction comme le béton de chanvre et les autres isolants révolutionneront le secteur du bâtiment», a ajouté sa collègue Mme Mihychuk. Cela représente, selon elle, des milliers d’emplois qui viendront remplacer ceux de l’industrie pétrolière.

C’est un géant de l’industrie qui aurait pris l’initiative du plan, a-t-on appris. La pétrolière française, dont le principal actionnaire privé est québécois, évoque une stratégie d’affaires. «Le pétrole, c’est du passé, affirme son représentant sur place. On en a tiré tout l’argent qu’on a pu pendant que le public pouvait encore le tolérer. Il s’agit maintenant de réparer la planète. Il faut prendre le marché d’assaut alors que la plupart des états américains n’ont toujours pas autorisé la culture du chanvre et que le Canada dispose déjà d’infrastructures de transformation.» En effet, le Québec et le Manitoba produisent déjà des aliments à base de graines de chanvre.