Une demi-douzaine de jeunes bas-laurentiens ont pris la route, à la fin de novembre, direction Montréal. La délégation, organisée par la Commission jeunesse du Bas-Saint-Laurent, se rendait au Sommet Génération d’idées (GEDI pour les intimes). Seule représentation régionale véritablement organisée, c’est surtout pour assurer que la voix des régions soit entendue que les participants y ont consacré leur fin de semaine.
Depuis quelques années, les GEDI font parler d’eux à travers une revue et un blog, qui se veulent une représentation des idées de la « génération Y » mises en perspectives par des mentors renommés. L’un des trois fondateurs, Paul St-Pierre Plamondon, a entrepris une tournée du Québec pour écrire un livre (Des jeunes et l’avenir du Québec – Les rêveries d’un promeneur solitaire, éditions Les Malins). Cette démarche a trouvé son aboutissement lors du Sommet, où les jeunes de tout le Québec étaient invités à partager leurs idées et à planifier les actions qui en découlent.
Encore un sommet ?
Combien de sommets, de rassemblement de jeunes, ont parsemé ces dernières années ? Qu’est-ce que celui-ci va nous apporter de plus ? Cet énième rendez-vous des jeunes s’est distingué, au dire de plusieurs participants, par le niveau des discussions qui s’y sont déroulées. Loin d’être une « initiation à la citoyenneté », les ateliers ont donné lieu à des échanges étayés entre des jeunes qui, de toute évidence, sont fortement engagés depuis plusieurs années envers les enjeux qu’ils défendent. Tout « Y » qu’ils soient, les participants ont vu neiger.
L’élément central, fermement défendu par l’équipe du Sommet, c’est son aspect non partisan. Au-delà d’une simple neutralité politique, les GEDI affirment avoir intentionnellement réuni des personnes qui ont des opinions divergentes. Pour Martin Poirier, participant de Rimouski, c’est ce qui crée un réel intérêt : « C’est déjà difficile de faire des rencontres intergénérationnelles, mais c’est la première fois qu’on met ensemble des gens de la même génération et d’idéaux différents. »
Le contexte social dans lequel l’événement s’inscrit pourrait aussi lui donner un impact. Les problèmes soulevés par les jeunes du Sommet représentent les préoccupations de l’heure pour une majorité de Québécois, toutes générations confondues. Les institutions font face à une crise de crédibilité sans précédent, alimentée par la multiplication d’allégations de collusion dans le secteur de la construction.
L’atelier sur les institutions démocratiques, qui visait dans son intitulé à « restaurer la confiance des Québécois envers leurs politiciens » a d’ailleurs été le plus achalandé. Le dossier de l’énergie a également soulevé les passions et les membres du collectif rimouskois « Non à une marée noire dans le Saint-Laurent » y ont affiché leur couleurs. Quelques participants, dont un du Bas-Saint-Laurent, se sont donné le mandat de rédiger un « Livre vert de la prospérité durable ». Une première rencontre se tient à ce sujet le 21 janvier.
Agir maintenant
Au-delà des grands changements sociaux, de l’avis de plusieurs participants qui ont pris la parole en plénière, il est important d’agir maintenant pour améliorer notre environnement immédiat. Sous des applaudissements enthousiastes, la formule coopérative a été citée comme un moyen pour les communautés de répondre rapidement à des besoins collectifs, avant d’attendre de l’État qu’il le fasse. Le Sommet lui-même en est d’ailleurs une belle illustration.
La forte représentation du Bas-Saint-Laurent n’était pas de trop à cet événement somme toute montréalais, où les régions ont failli passer totalement inaperçues. Certains ateliers portaient pourtant sur l’occupation du territoire et les dynamiques régionales. « Si le Sommet avait eu lieu en région, il y aurait eu une meilleure représentation des régions », souligne Michel Thisdel, participant de Rivière-du-Loup, qui avait tout mis en œuvre pour que sa ville accueille le congrès.
Ambitions politiques ?
Autour du Sommet, on a observé la naissance de personnalités publiques issues du comité organisateur. Paul St-Pierre Plamondon, notamment, a dû répondre par la négative plusieurs fois à la même question sur son intention de se lancer en politique. Le porte-parole GEDI milite également au sein du Mouvement Démocratie et Citoyenneté du Québec (MDCQ), présidé par Claude Béland, pour une réforme des institutions démocratiques. À l’image de sa génération, il assure ne pas être intéressé par la politique partisane.
Il était tout de même assez fascinant de le voir défendre l’aspect non partisan du Sommet, face aux très souverainistes Bernard Landry, Suzanne Tremblay et Mathieu Bock-Côté, sur le plateau de Génération mixte, une émission de Vox produite sur place le samedi soir.
Si les participants se questionnent sur l’orientation politique de l’événement et sur ses résultats concrets, il reste que la délégation du Bas-Saint-Laurent aura permis de mobiliser des jeunes d’ici qui militent pour le changement social. Le groupe a l’intention de poursuivre sa réflexion, à l’approche du Forum social bas-laurentien, qui aura lieu l’automne prochain à Esprit-Saint.
Découvrez la couverture complète du Sommet Génération d’idées sous la plume de six journalistes d’Ensemble pour demain, qui ont assuré une couverture de presse indépendante de l’événement. www.ensemble.coop