Depuis le 1er novembre dernier, les services d’aide domestique fournis par Logis-Aide des Basques, l’une des 101 entreprises d’économie sociale en aide domestique (EÉSAD) au Québec, bénéficient d’une hausse de subvention de 0,07 $ à 1,00 $ de l’heure.
Selon Lise Thériault, ministre déléguée aux Services sociaux, qui en a fait l’annonce, « Cette hausse représente un investissement de 3,5 millions de dollars et touchera 50 000 personnes. Voilà un autre exemple concret des gestes que nous posons afin de permettre, entre autres, aux personnes âgées de demeurer à domicile le plus longtemps possible, car c’est ce qu’elles souhaitent ».
Un tout autre son de cloche vient du Chantier de l’économie sociale du Québec, qui le jour même de l’annonce a rappelé que c’est 15 millions de dollars qui sont nécessaires uniquement pour pallier la non-indexation du Programme d’exonération financière pour les services d’aide domestique (PEFSAD) depuis 12 ans.
[NDLR: Près de deux mois après la parution de cet article, à la Une de L’Horizon le 11 novembre 2009, Radio-Canada en a fait un dossier régional de premier plan: Soins à domicile: Faire beaucoup avec peu (6 janvier 2010).]
Logis-Aide des Basques offre ce service essentiel depuis une décennie dans la région, et compte maintenant 25 emplois. Sans l’aide de cette entreprise, il est permis de penser d’une partie importante des 300 clients qui reçoivent des services vivrait en hébergement, ce qui engendrerait des coûts énormes pour l’État. Les coûts d’hébergement annuel en CHSLD s’élevaient à 55 000 dollars par personne en 2005.
Mariane Goulet, coordonnatrice de Logis-Aides des Basques, Céline Sénéchal, préposée à domicile et Cécile Normand, qui reçoit les services à Saint-Simon:
Mariane Goulet, coordonnatrice de Logis-Aide des Basques, estime qu’au-delà de l’indexation, l’augmentation annoncée n’est pas suffisante pour couvrir les hausses de frais résultant des exigences gouvernementales croissantes. La hausse importante des cotisations à la CSST, survenue suite à l’effondrement de la Caisse de dépôts et de placements du Québec, et les cotisations au nouveau Régime québécois d’assurance parentale (RQAP), ont notamment placé l’entreprise dans une situation précaire.
Au pied du mur, les entreprises d’aide domestique sont sans cesse à la recherche de nouvelles façons de maintenir leur rentabilité. L’État vient d’ailleurs de leur en fournir une en modifiant le décret à l’origine du PEFSAD pour permettre aux entreprises d’offrir des services en milieu d’hébergement. La mission des entreprises d’aide domestique étant d’aider les gens à vivre chez eux le plus longtemps possible, c’est le fondement même de leur pratique qui est menacé par cette nouvelle opportunité.
Selon Mme Goulet, il est beaucoup moins coûteux pour l’entreprise de fournir des services sur une base régulière dans une résidence que de fournir de l’aide à domicile dans toutes les municipalités du territoire. Les entreprises pourraient donc être tentées de détourner leur mission, au détriment du service essentiel pour lesquelles elles ont été créées.
« Le gouvernement a fait du maintien à domicile un de ses dossiers prioritaires en lançant sa campagne Chez soi, le premier choix. Sans soutien adéquat, avec des EÉSAD qui brûlent la chandelle par les deux bouts financièrement, des emplois au salaire minimum ne pouvant plus concurrencer le travail au noir et un système de santé et de services sociaux surchargé, on se dirige tout droit vers une situation intenable. Nous tenons à rappeler au gouvernement que pour beaucoup d’aînés et de personnes en pertes d’autonomie, pour faire de chez soi le premier choix, il faut en avoir les moyens » conclut Nancy Neamtan, présidente-directrice générale du Chantier de l’économie sociale.