Depuis sa fondation il y a un quart de siècle, l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) lutte pour l’obtention d’une loi qui impose la négociation collective des conditions de travail des journalistes à la pige avec les entreprises de presse. Pendant ce temps, la concentration de la presse a réduit le nombre d’éditeurs à quelques immenses conglomérats face auxquels les journalistes indépendants peinent à faire respecter leurs droits. L’AJIQ a donc organisé les États généraux du journalisme indépendant, qui se sont tenus le 28 septembre dernier à Montréal. Nous avons rencontré sa présidente, Mariève Paradis, pour faire le point sur le nouvel espoir qu’a apporté cet événement.
Nicolas Falcimaigne, journal Ensemble : Les États généraux du journalisme indépendant ont été un exercice riche en contenu. Qu’en avez-vous retenu pour la suite des choses?
Mariève Paradis, présidente de l’AJIQ : Il s’est dégagé premièrement une énergie. Une énergie de vouloir changer les choses. Ç’a été enivrant pour les membres du CA et pour les gens qui s’impliquent beaucoup à l’AJIQ. Ç’a été une tape dans le dos pour nous féliciter de ce qu’on a fait, mais surtout pour nous encourager à continuer à défendre les intérêts des journalistes indépendants et de travailler pour améliorer les conditions de travail, évidemment.
Il y a des orientations claires qui se sont dessinées aux États généraux. On a constaté que le statu quo n’était pas une option, et que la négociation collective s’imposait comme la première solution, loin devant, et suivie de nombreuses autres. Ça aussi on était très contents de voir ça, parce que ça montre que les journalistes indépendants sont derrière nous dans nos revendications, mais aussi que la négociation collective est peut-être mieux vulgarisée ou mieux expliquée, que les gens comprennent bien les enjeux liés à la négociation collective.
NF : C’est une revendication historique de l’AJIQ. C’est donc un aboutissement, mais ça commence. Quelles démarches avez-vous entreprises suite à ce constat-là, auprès des autorités concernées?
MP : Tout-à-fait, l’AJIQ a été créée pour ça. Lors des États généraux, il a été réclamé publiquement que soit engagée une réflexion sur le journalisme indépendant au Québec, incluant la concentration des médias, et que se tienne une commission parlementaire ou une commission d’initiative à ce sujet. Cela nous permettrait de faire un pas important vers l’adoption d’une loi sur la négociation collective.
Lors des États généraux, il y avait sur place des représentants du gouvernement, du ministère de la Culture et des Communications du Québec, qui étaient là pour comprendre et rendre compte de ce qui s’y passait. Il y a ensuite eu un échange dans les journaux, dans Le Devoir entre autres, où le porte-parole du ministre Maka Kotto affirmait vouloir rencontrer l’AJIQ. On en était très heureux, et d’ailleurs on a eu une rencontre avec eux. Les canaux sont ouverts, on discute avec eux, et si l’AJIQ n’est pas prête à faire d’annonce officielle pour l’instant, on espère pouvoir offrir à nos membres une bonne nouvelle bientôt.
NF : Comment les journalistes indépendants, particulièrement les membres de l’AJIQ, peuvent-ils participer à cette mobilisation?
MP : Actuellement, des dizaines de membres de l’AJIQ envoient des lettres à leur député et aux représentants des partis. C’est ce que nous suggérons à toutes les personnes qui souhaitent mettre leur poids dans la balance.
Il faut aussi parler de notre situation, dénoncer les conditions de travail injustes. Il faut non seulement le dire à l’AJIQ, mais aussi publiquement. C’est en s’unissant et en travaillant ensemble qu’on va réussir à faire avancer les choses.
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Pour envoyer la lettre aux élus, l’AJIQ propose un modèle à personnaliser et demande de l’envoyer à l’adresse de son député (trouvez votre député), ainsi qu’aux adresses suivantes: meparadis@ajiq.qc.ca, Francine.Bousquet@fncom.org, flegault-asso@assnat.qc.ca, jmfournierchefopposition@assnat.qc.ca, fdavid-goui@assnat.qc.ca, ministre@mcc.gouv.qc.ca, ministre@mess.gouv.qc.ca