Après 20 ans à la direction de l’École de langue française de Trois-Pistoles, Maurice Vaney planifie la relève et quittera vraisemblablement ses fonctions le 1er juillet prochain. Il lui reste un combat à livrer pour le maintien du programme de bourses Explore, menacé par des compressions budgétaires chez Patrimoine Canada.
Le programme Explore, de Patrimoine Canada, offre plus de 10 000 bourses pour des études en immersion linguistique dans une cinquantaine d’établissements comme celui de Trois-Pistoles. Environ la moitié des bourses sont attribuées à des Québécois. Lors de sa création en 1971, il visait à rapprocher les deux solitudes qui cohabitent au Canada et à atténuer les différences culturelles entre les deux peuples fondateurs.
Déjà en 1994, le nombre de semaines d’immersion a été réduit de six à cinq, puis en 2007 les montants des bourses ont été gelés. Cette année, c’est le nombre de bourses qui a été réduit de 10 %, tandis que leur montant a été renouvelé au même montant pour cinq ans. Pour l’École de langue française de Trois-Pistoles et pour l’Université de Western Ontario à London, de qui elle relève, c’est l’étranglement budgétaire car l’institution doit combler l’écart entre le financement fédéral et les coûts réels. « Ça n’a pas de bon sens qu’un programme fédéral soit financé en partie par des institutions universitaires et collégiales » souligne Maurice Vaney, faisant référence au fait que ces institutions relèvent du gouvernement provincial.
Préoccupé par cette situation, qui fragilise l’institution qu’est devenue l’École de langue française de Trois-Pistoles après 77 ans d’existence, Maurice Vaney milite pour la création d’un front commun des cinquante institutions afin de faire pression sur le gouvernement fédéral. Sachant que les différences entre les provinces risquent de représenter un obstacle majeur, il a également entamé des démarches politiques directes auprès du ministère.
Maurice Vaney est aussi connu en tant que président fondateur du Rendez-vous des Grandes Gueules, qui a clôturé sa 13e édition le dimanche 11 octobre dernier. Lui-même assez volubile, le président raconte que l’idée est apparue alors que Jocelyn Bérubé, Michel Faubert et lui se retrouvaient autour d’une bière, suite à un spectacle de contes présenté à l’École de langue. Depuis son établissement au Troisième rang en 1974, il a toujours pensé que la parole gagnerait à être valorisée à Trois-Pistoles. La création du festival est une façon de reconnaître le vécu et la culture des gens de Trois-Pistoles et de les faire rayonner sur le plan international.
C’est aussi le premier festival qui a donné sa chance à la relève. Il a été une première scène pour Fred Pellerin, Renée Robitaille et François Lavallée. Le Concours de la Grande menterie a aussi été à l’origine de découvertes comme Christine Pelletier, Michel Leblond et Boucar Diouf. Par sa chaleur exceptionnelle, c’est le public de Trois-Pistoles qui permet à la relève d’émerger et de renouveler année après année cet art de la parole.
Maurice Vaney a créé l’événement la semaine dernière lorsque les citoyens de Trois-Pistoles l’ont élu au conseil municipal. Fier de sa victoire, le nouveau conseiller indépendant soutient qu’il a plein d’énergie à investir et qu’il y a des choses à faire pour la ville. Ce palier politique étant le plus près des citoyens, il se dit prêt à apprendre les rouages de l’administration municipale et à fournir un engagement utile à la communauté. Son expérience au Rendez-vous et à l’École de langue lui fait dire qu’il y a des solutions au déficit démographique, et il veut les trouver en travaillant avec l’équipe en place. Il explique que les lignes partisanes sont nuisibles à la politique municipale : « on peut être en désaccord et travailler ensemble sur d’autres dossiers ».
Pour en savoir plus sur l’École de langue française de Trois-Pistoles, lire Une réussite unique en Amérique, dans L’Horizon de juillet 2009, toujours disponible en ligne. Pour revivre le 13e Rendez-vous des Grandes Gueules de Trois-Pistoles, lire Le Rendez-vous s’épivarde, le conte se réinvente, un article du même auteur avec trois entrevues vidéo paru le 13 octobre 2009.
NDLR: Cet article a été abrégé pour la parution papier originale.