Nov 042010
 

Rimouski, journal Le Mouton NoirL’année 2010 pourrait être rétroactivement nommée « Année de l’énergie », tant cette question a marqué l’actualité. Inutile de mentionner la marée noire du golfe du Mexique, qui a fait couler presque autant d’encre que de pétrole. Plus près de nous, c’est l’appel d’offres communautaire en éolien, l’attribution des projets de minicentrales, l’exploration des gaz de schiste et le litige interprovincial autour du gisement pétrolier Old Harry qui ont fait la manchette. Pendant ce temps, il se développe une multitude de projets de valorisation de la biomasse, de biocarburants, de biométhanisation etc. Quoi de mieux qu’un Rendez-vous de l’énergie pour en discuter, et qui plus est, en direct de Rimouski les 18 et 19 novembre prochain.

Les Rendez-vous de l’énergie sont organisés partout au Québec à l’initiative du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ), en collaboration avec l’Institut du Nouveau Monde (INM). L’information recueillie servira à la préparation d’une consultation provinciale au printemps 2011 pour proposer des pistes d’action visant à accélérer la transition énergétique du Québec.

Un volumineux cahier de référence, élaboré par un comité scientifique et disponible en ligne, offre une analyse détaillée de la crise mondiale de l’énergie, avec force tableaux, cartes et graphiques, pour ensuite explorer les options qui s’offrent au Québec. Ce document grand public, qui vise à rendre accessibles des enjeux et des concepts éminemment complexes, recommande entre autres de miser sur le transport collectif, de réduire la consommation des véhicules et de l’énergie dans le bâtiment, de substituer des énergies renouvelables au pétrole et de « réinventer la ville et les cœurs villageois ».

Le Bas-Saint-Laurent se mobilise

Au Bas-Saint-Laurent, la campagne régionale des Rendez-vous de l’énergie a été lancée officiellement par le Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent (CRE BSL) et ses partenaires le mercredi 20 octobre dernier. Sous la présidence d’honneur de Michel Morin, maire de Rivière-du-Loup, un groupe d’acteurs socioéconomiques s’est réuni pour former un comité consultatif dont le mandat sera d’orienter les consultations et de bonifier le portrait énergétique régional.

Selon Michel Morin, « les actualités provinciale, nationale et même internationale nous poussent à réfléchir aux questions énergétiques et à notre dépendance au pétrole. Le Québec se trouve à la croisée des chemins et ces Rendez-vous de l’énergie nous permettront de réfléchir ensemble, à l’échelle régionale, aux choix stratégiques qui s’offrent à nous et aux générations qui nous suivront ».

Une démarche ambitieuse

Démarche qui se veut non partisane, ouverte et inclusive, l’audacieuse entreprise doit s’articuler autour de la question suivante : « Comment le Québec peut-il diminuer sa consommation de pétrole et accroître son indépendance énergétique tout en favorisant le développement économique et social harmonieux de son territoire ? » Vaste programme.

Pour y répondre, des ciné-débats sont organisés à différents endroits sur le territoire avec le film À sec : le crash pétrolier, qui interroge la dépendance de notre civilisation aux combustibles fossiles bon marché. Une caravane citoyenne, qui consulte de façon originale l’opinion publique sur ces enjeux, ira à la rencontre du grand public au cours de l’automne. La consultation régionale culminera lors du forum des acteurs socioéconomiques, le 19 novembre à l’UQAR.

Un virage incontournable

Rappelons que le CRE BSL a accueilli avec soulagement l’annonce de la ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Nathalie Normandeau de mettre fin aux projets d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures dans l’estuaire et une partie du golfe Saint-Laurent.

Le texte a d'abord été publié dans Le Mouton NOIR

Le texte a d'abord été publié dans Le Mouton NOIR

Par voie de communiqué, la directrice générale Luce Baltazar s’était inquiétée en mai dernier « de la protection d’une biodiversité marine, exceptionnelle et fragile dans l’estuaire ». Elle soutenait que, « si un accident survenait, les conséquences seraient plus graves et dramatiques pour l’environnement et les communautés côtières puisque l’estuaire est un milieu étroit et semi fermé », avant de conclure que « les hydrocarbures constituent une filière d’énergie polluante, non renouvelable et émettrice de gaz à effet de serre (GES) qui contribuent au réchauffement climatique ».

Si tous les acteurs de ces Rendez-vous s’entendent sur l’importance de penser à l’après-pétrole, il reste que cette transition constitue un défi majeur. En effet, la période pétrolière, que certains qualifient déjà d’« oléocène », est la seule période de l’histoire où l’humanité a disposé d’une énergie extrêmement puissante et facile d’accès, ce qui a imposé le dogme de la croissance infinie. Qui est vraiment prêt à envisager les sacrifices du changement ?

Partout au Québec, on invite les citoyens à participer en grand nombre à ces rendez-vous incontournables.

www.rdvenergie.qc.ca