Fév 022010
 

Soleil de févrierLa clarté mange doucement les étoiles
De ce ciel sec et froid du milieu de l’hiver
Bientôt l’orbe jaune vif se lève et dévoile
Aux yeux embrumés l’absence de vert

Chaque rayon se dépose en silence
Sur le lit blanc qui recouvre les labours
Ainsi l’astre célèbre-t-il la distance
Qui rend vains trompettes et tambours

Maître incontesté des chauds déserts
Timide visiteur de la banquise boréale
Ne trouvait ici que froidure et revers
Pourtant moins durs que l’hiver austral

En ce mois qui salue l’espoir revenu
Retour inespéré du jour et de la lumière
Le Soleil se joue doucement de l’hiver
Savoure une victoire finale attendue

S’étirant jusqu’en fin de matinée
Il chatouille les toits enneigés
Les fait dégoutter le long des glaçons
Que les enfants joyeux croqueront

L’eau, la vie, renaît goutte à goutte
Le doux clapotis remplace le vent
Emplissant l’espace de son chant
Il guide les oiseaux sur sa route

Le Soleil sait devoir taire son ardeur
Et se garder de précipiter la fonte
Laisser le temps dresser le compte
Et le printemps choisir son heure

Rayonnant, intense et passionné
Il aurait tôt fait d’évaporer
Toute l’eau conservée par l’hiver
Pour abreuver la biosphère

Par peur de causer la destruction
Et craignant qu’un climat déréglé
Par vengeance n’aille déclencher
Une longue et triste glaciation

Le Soleil de février s’est éclipsé
Le temps d’une tempête de neige
Il s’est dit: Que suis-je, que fais-je
Où vais-je, et d’où suis-je tiré?

Mais l’espace d’un instant
Une vision du printemps
Sans s’être tant questionnée
S’était faite vérité

9 février 2010