Mar 262010
 

Baigorri, journal Le Mouton NoirMême à Trois-Pistoles, tout le monde ne connaît pas le Parc de l’aventure basque en Amérique (PABA). Ce lieu d’interprétation est pourtant la seule institution muséale au Québec qui présente une exposition permanente consacrée à la chasse à la baleine par les marins basques dans l’estuaire du Saint-Laurent. Le nouveau directeur général, Simon Vigneault, a entrepris un retour aux sources en organisant une mission exploratoire au Pays basque, qui devrait l’amener à établir des partenariats avec les institutions de ce peuple méconnu d’Europe. Pour en savoir plus sur ces jalons de l’histoire du Québec, sur la culture basque et sur la relance de cette institution culturelle bas-laurentienne, le Mouton NOIR vous présente un série d’articles en provenance du Pays basque.

Simon Vigneault, directeur du PABA, Jakes Larre, responsable multimédia à l'Institut culturel basque d'Ustaritz et Pantxoa Etchegoin, directeur de l'Institut. - Photo: Jessyca Cloutier

Ne dites pas aux Basques que leur pays est situé à la frontière franco-espagnole, ou même sur les contreforts des Pyrénées. C’est extrêmement réducteur. Ce peuple millénaire habite la côte du golfe de Gascogne depuis toujours, si bien que sa langue, l’euskara, ne s’apparente à aucune autre langue connue. Sur un territoire comparable à celui du Bas-Saint-Laurent, plus de trois millions de personnes partagent une langue et une culture uniques au monde, dont les origines se perdent dans la nuit des temps.

Malgré l’occupation successive par les Romains, les Francs, les Arabes, les Français et les Espagnols, ce peuple a maintenu son identité et continue de défendre farouchement son indépendance, sinon politique, du moins culturelle et autant que possible économique et administrative. Cette indépendance relative s’est appuyée pendant des siècles sur une économie florissante, où la chasse à la baleine a joué un grand rôle. C’est ce qui a amené les Basques à fréquenter les rives du fleuve Saint-Laurent et à rencontrer les Amérindiens. Fait rare en Amérique postcolombienne, ils s’en sont faits des alliés sans convoiter leur territoire.

Le texte a d'abord été publié dans la série SÉjour au Pays Basque du journal Le Mouton NOIR

Le texte a d'abord été publié dans la série Séjour au Pays Basque du journal Le Mouton NOIR

Un musée improbable mais vrai

Ce sont des fouilles archéologiques menées par l’Université Laval pendant les années 1980 qui ont mené à l’ouverture du centre d’interprétation pistolois. L’équipe multidisciplinaire de Réginald Auger, Dominique Lalande et Laurier Turgeon a révélé une fréquentation basque dont les plus anciens vestiges remontent à 1584. En visitant l’exposition, on apprend même que les Basques ont précédé Jacques Cartier dans le détroit de Belle-Isle pendant les années 1520. Le PABA est un lieu surprenant. Mi-musée, mi-bistro, terrasse animée l’été malgré le vent et la brume, seul fronton de pelote basque au Canada, sport traditionnel qui a suscité un impressionnant intérêt chez la population locale, bâtiment audacieux dont l’architecture ne laisse personne indifférent, il s’agit d’une curiosité dont l’existence même laisse perplexe. Pourtant, sa thématique unique l’impose comme un produit culturel d’appel qui pourrait en faire un phare pour la région.

Lors de sa fondation en 1996, le PABA portait déjà le fardeau d’une dette énorme, causée par un important surcoût de construction, non couvert par l’investissement initial de fonds publics. Si le plan d’affaires promettait d’importants revenus autonomes, ceux-ci n’ont pas été au rendez-vous. L’organisme à but non lucratif a donc dû utiliser ses maigres marges pour assurer le service de sa dette, tandis que les coûts d’exploitation de cette bâtisse aux antipodes de tout principe écoénergétique imposaient la quadrature du cercle aux administrateurs bénévoles.

La nouvelle équipe, présidée par Martin Pettigrew, a décidé de miser sur une intégration des multiples missions du centre pour en assurer la viabilité. Ainsi, la pelote basque étant un sport traditionnel basque qui rejoint déjà la population locale, elle sera mise à contribution pour amener les gens de Trois-Pistoles à s’approprier toutes les facettes du PABA. Le renouvellement de l’exposition permanente est aussi à l’ordre du jour. Avec quinze saisons à son actif, l’exposition initiale a déjà plus que doublé l’espérance de vie habituelle de ce type d’installation, ce qui démontre à la fois la qualité de sa conception et l’importance de son objet. Jessyca Cloutier, coordonnatrice du Rendez-vous basque, participe aussi à la mission exploratoire pour permettre à ce festival annuel de reprendre son rôle essentiel quant aux échanges culturels entre les Basques et les Québécois.

Simon Vigneault, directeur général du PABA et Jessyca Cloutier, coordonnatrice du Rendez-vous basque, présentent la mission exploratoire, et Martine Dionne, attachée culturelle à la Délégation générale du Québec à Paris, commente cette initiative.

Rencontre diplomatique

Dès leur arrivée en France, les représentants du PABA ont rencontré la Délégation générale du Québec à Paris. Martine Dionne, attachée culturelle responsable des arts visuels, des musées et du patrimoine, a d’emblée insisté sur l’importance des échanges culturels entre le Québec et le Pays basque, précisant que la régularité de ces échanges est la clé du succès. « Il faudrait qu’il y ait, au fond, chaque année, un échange. Que le pont soit emprunté des deux côtés chaque année », a-t-elle soutenu. La mission au Pays basque est donc un élément incontournable de la relance du PABA.

* Les prochains reportages seront publiés à une fréquence irrégulière selon l’évolution de la mission exploratoire et la disponibilité des moyens de communication.