Certains se souviendront du journal Ensemble !, publié dès les années 1940 sous la direction de Georges-Henri Lévesque, et qui était le journal des coopératives et du coopératisme au Québec. Ceux qui ont été présents l’an dernier à la Conférence internationale Quel projet de société pour demain ? à Lévis ont tenu dans leurs mains les premières éditions d’un nouveau journal Ensemble, publiées quotidiennement par une équipe de bénévoles.
Ces jeunes coopérateurs motivés ont fondé la Coopérative de journalisme indépendant, avec l’appui de leurs deux co-présidents d’honneur, Claude Béland et Raymond Corriveau. C’est dans le cadre de la journée On change de modèle, du Forum international de l’économie social et solidaire (FIESS) que Gérald Larose, président de la Caisse d’économie solidaire Desjardins, a procédé au lancement officiel du nouveau journal Ensemble, presse coopérative et indépendante, lundi dernier.
Gérald Larose, président de la Caisse d’économie solidaire Desjardins, présente le journal Ensemble aux 250 participants à la journée On change de modèle, du Forum international de l’économie sociale et solidaire (FIESS):
Ce journal a pour mission de redonner aux citoyens accès à une information de qualité, notamment sur la coopération, les coopératives, les mutuelles, l’économie sociale et solidaire. Pour Raymond Corriveau, co-président d’honneur, « ce que ça nous permet de faire, c’est de retrouver l’essentiel de l’espace public. Pas l’espace concentré, mais l’espace public, avec ses différentes idées, discussions, débats, ensemble, on arrive à créer une intelligence collective. »
Raymond corriveau, co-président d’honneur, présente le journal Ensemble:
Formés en coopérative, ils invitent tous les citoyens et organismes à participer, à devenir membres, à s’abonner, à annoncer dans les pages d’Ensemble. Ce qui est important, « c’est l’économie solidaire qu’on crée grâce aux coopératives, souligne Claude Béland, co-président d’honneur. Cette économie-là est une alternative au désastre actuel du système dominant. Donc c’est très important que le réseau, lui, vive ensemble. » Soutenir le développement de ce médium, c’est permettre au projet de société coopératif de rejoindre le plus large public possible, vers l’Année des coopératives en 2012, et plus loin encore !
Parce qu’ensemble, on va plus loin.
Claude Béland, co-président d’honneur, présente le journal Ensemble:
À l’approche d’une campagne électorale fédérale où les projets pétroliers seront un enjeu stratégique, les partis politiques et leurs têtes d’affiche jonglent avec leurs pointages. Combien de sièges risquent-ils de perdre dans les Maritimes, et surtout combien peuvent-ils en gagner dans l’Ouest producteur de pétrole? Zachary Richard, artiste et citoyen de la Nouvelle-Orléans, est venu leur adresser un sévère avertissement à l’occasion de deux conférences qu’il donne au Québec sur la catastrophe pétrolière qui a frappé le golfe du Mexique.
Voilà plus de cinq ans explosait la plateforme d'exploitation pétrolière Deepwater Horizon, de la compagnie BP, dans le golfe du Mexique. Dans la foulée de ce drame, Martin Poirier et Stéphane Poirier lancèrent le mouvement Non à une marée noire dans le Saint-Laurent. C'est ce groupe, à l'occasion de son cinquième anniversaire, qui a accueilli le musicien Zachary Richard à l'Université du Québec à Rimouski, jeudi dernier, pour une de ses deux conférences prévues au Québec.
«Je suis auteur-compositeur-interprète, c'est comme ça que je gagne ma vie, mais je suis aussi citoyen. J'ai une maison quelque part et je paye des taxes, je vis dans un village. Je suis très bouleversé par les changements climatiques, et pas dans un sens émotionnel mais dans un sens réel», explique Zachary Richard. «J'ai vu mes assurances tripler depuis 2005, illustre-t-il. On fait face à des tempêtes tropicales qui sont de plus en plus violentes avec de moins en moins de protection. Tout ça, c'est lié à l'exploration et à l'exploitation pétrolière. J'aime aussi, et beaucoup, l'estuaire du Saint-Laurent et toutes les communautés qui longent le fleuve, et je suis très conscient de la menace qui est posée par l'exploration pétrolière dans l'estuaire du Saint-Laurent. Je voudrais tout simplement partager mon expérience en tant que citoyen louisianais.» Cette expérience, c'est particulièrement celle de la marée noire de 2010 et de ses impacts.
Les chiffres sont astronomiques. Au total, rapporte Zachary Richard, le désastre aura coûté plus de cent milliards de dollars. Ce chiffre exclut la valeur inestimable des écosystèmes détruits. Au total, 800 millions de litres de pétrole ont fui dans la mer, et onze travailleurs ont perdu la vie.
M. Richard n'ose imaginer ce que pourraient être les conséquences d'un tel déversement dans le golfe du Saint-Laurent, avec les glaces et les courants (lire aussi à ce sujet). «Je trouve que cela serait vraiment un risque totalement inacceptable de mettre un puits de forage dans l'estuaire du Saint-Laurent en haute-mer, surtout avec les hivers.»
Selon lui, le Québec est très bien placé pour barrer la route au développement pétrolier, car la population québécoise est «sensible à l'écologie» et «bien éduquée». Toutefois, il insiste également sur la vulnérabilité des Québécois: «le Québec n'a aucune expérience avec l'exploration pétrolière, donc on peut vous raconter à peu près n'importe quoi». Il avertit donc que «des dégâts, il y en aura. peut-être pas aussi dramatiques que [ceux de Deepwater Horizon], mais il y aura toujours, dans l'exploration de pétrole, des problèmes écologiques. Et qui va nettoyer ça après, eh bien ce sont les contribuables.»
Ce qui a le plus choqué Zachary Richard, c'est la nature humaine de quelques uns qui ont profité du désastre pour s'enrichir. Dans la région de la Nouvelle-Orléans, ils les ont appelé les «spillionnaires». Ces gens-là, dénonce-t-il, «prient tous les jours pour qu'une autre catastrophe pétrolière se produise».
Depuis les années trente, l'exploration pétrolière incontrôlée a creusé des milliers de kilomètres de canaux dans les mangroves qui protégeaient le delta du Mississippi contre l'invasion de la mer. Maintenant, le niveau de la mer s'élève sans qu'aucune barrière ne l'empêche de s'engouffrer dans ce territoire. L'eau salée tue les végétaux qui le maintenaient en place, et s'enclenche ainsi un cercle vicieux qui fait disparaître la superficie d'un terrain de football toute les trente minutes.
Ce sont donc là les trois éléments du désastre pétrolier observé par Zachary Richard en Louisiane: la marée noire et l'exploration pétrolière qui fragilisent les défenses naturelles du territoire, l'élévation du niveau de la mer et l'augmentation de l'intensité et de la fréquence des ouragans. Tout cela est lié à l'ère du pétrole, conclut-il, à laquelle il faut mettre fin, maintenant: «Je crois que nous sommes, comme espèce, à un carrefour très important.»
Veuillez noter que cet article, publié à l’occasion du premier avril 2015, est une fiction, tout comme plusieurs autres articles publiés dans les journaux ainsi que le veut la tradition. Au journal Ensemble, nous saisissons l’occasion pour utiliser exceptionnellement cette forme d’éditorial efficace et appréciée qu’est le canular. Les faits relatés n’ont donc pas eu lieu. Nous remercions les personnalités publiques réelles auxquelles le texte fait référence pour leur aimable compréhension.
Selon un courriel personnel dont Ensemble a obtenu copie, Pierre Karl Péladeau songerait à se retirer de la course à la direction du Parti québécois, à quelques semaines du scrutin. Le candidat, qui était en tête jusqu’à présent, évoque principalement des aspects stratégiques, mais aussi le fait qu’il n’aurait pas la «vocation» pour faire de la politique. Il craint par-dessus tout de nuire au projet d’indépendance du Québec. Il jonglerait avec l’idée de reporter ses appuis sur Martine Ouellet.
C’est dans une longue missive adressée par courriel à une amie de longue date (qui n’est pas à l’origine de la fuite et qui a requis l’anonymat) que Pierre Karl Péladeau se vide le cœur. «Je n’ai pas pu dire un mot de la campagne!», s’indigne-t-il. «Même mon nouveau personnel de communications m’enjoint de me la fermer, parce que je suis au sommet dans les sondages et que j’ai donc tout à perdre, explique le magnat de la presse, en ajoutant que ce silence forcé pourrait même durer jusqu’aux élections de 2018. C’est pas en se taisant comme ça qu’on va créer un mouvement fort pour l’indépendance!»
Il doute de son talent politique
«Mais les sondages, dans le fond, c’est une excuse, suggère-t-il. Je suis convaincu que la vraie raison pour laquelle mon entourage me fait taire, c’est qu’ils trouvent que je n’ai pas le talent nécessaire pour soulever les foules.» Le député de Saint-Jérôme rappelle à sa correspondante les nombreuses bourdes qu’il a commises depuis qu’il est entré dans l’arène, il y a plus d’un an. «J’ai toujours été un homme de l’ombre, souligne-t-il. Ma force, c’est prendre des décisions indiscutables et d’en informer mes exécutants, pas animer des débats de société.»
Il est vrai que l’actionnaire de contrôle de Québecor n’avait pas l’habitude de se faire remettre en question. «Je n’ai pas traversé quatorze lock-out pour me faire ridiculiser quotidiennement par les journalistes de Desmarais!», tonne-t-il.
Dimanche dernier, lors du débat, il a admis publiquement qu’il «ne croyait pas que la vie publique pouvait être aussi exigeante».
«J’avais plus d’influence à la tête de Québecor!»
«Parlons-en, des Desmarais, poursuit-il. Tandis qu’on me reproche de garder le contrôle de la moitié des médias du Québec tout en étant député, les Desmarais exercent un contrôle sur l’autre moitié, qu’ils vouent à la promotion du fédéralisme, sans avoir le moindre compte à rendre à qui que ce soit.»
Le difficile constat auquel arrive M. Péladeau, c’est que son entrée en politique était une mauvaise décision. «J’avais tellement plus d’influence à la tête de Québecor, se souvient-il avec nostalgie. Je pouvais décider du tournant dans la campagne électorale et de l’issue du scrutin en plaçant tout simplement une accolade entre Julie et Pauline en manchette de mes médias.»
Maintenant, regrette-t-il, «tout ce qui est publié par Québecor est considéré comme suspect en partant, et les Desmarais ont la mainmise sur l’opinion publique. Si ce n’est pas le cas, explique-moi pourquoi on a perdu l’an passé!» PKP va jusqu’à reconnaître avoir ruiné l’héritage stratégique de son père, qui avait «eu le courage de créer un empire médiatique pour faire face à celui des fédéralistes».
Il place ses espoirs en Martine
«Pendant qu’on me fait taire, il y a à côté de moi des candidats valeureux qui ont plein de belles choses à proposer, et ils restent dans l’ombre, lance-t-il avec dépit. Prends Martine, par exemple. Elle a une stratégie radicalement claire et efficace pour l’indépendance, mais aussi en santé, pour les transports, pour l’industrie, et tout en respectant l’environnement. Les médias parlent encore moins d’elle que des autres parce que c’est une femme, mais entre nous, j’ai beaucoup plus confiance en elle qu’en moi. Pourtant, c’est moi qui ai la puck et on me dit de tourner en rond entre les deux lignes bleues.»
Sa conclusion: «pour toutes ces raisons, je crois que pour moi, rester dans la course, c’est nuire au projet d’indépendance du Québec. Je serais mieux de m’en retourner diriger mes médias de masse et livrer la bataille décisive de l’opinion publique à ce poste en laissant aux autres les débats et les discours.»
Encore hésitant sur la décision qu’il prendra, il ne laisse pas beaucoup de doute à sa correspondante: «je me laisse le temps d’y penser, et d’avoir ton avis, mais à moins que je change d’idée, je ferai une annonce à cet effet mercredi prochain, le 1er avril.»
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«Le Saint-Laurent contient les plus grandes réserves d'eau douce du monde, et nous disons «Non!» aux produits pétroliers sales qui nous viennent de l'Alberta et qui vont être exportés à l'extérieur. De partout au Québec, des gens nous appuient par milliers. Nous allons arrêter ce maudit transport. Nous l'arrêterons par tous les moyens, grâce à vous. Unissons-nous. Oublions nos couleurs politiques le temps de ce combat, et faisons en sorte que ces bateaux de la mort, que ces wagons de la mort, disparaissent de notre paysage. Vive le Bas-Richelieu!» – Gilles Rhéaume, 26 octobre 2014, Sorel-Tracy.
Voici la captation vidéo de son discours, suivi des interventions de Louse Rémy, d'Alerte Pétrole Rive-Sud, de Dominic Champagne, metteur en scène et militant, ainsi que de Corina Bastiani, organisatrice de l'événement qui donnait le coup d'envoi à la marche:
Vous ne m’en voudrez pas, j’espère… Aujourd’hui, je n’ai pas couru le marathon devant la bannière de tête pour prendre et reprendre de l’avance sur le flot populaire. J’ai réussi à m’empêcher de grimper dangereusement sur le mobilier urbain pour saisir «la shot» de cette manifestation monstre contre l’austérité. Je n’ai pas interrogé les leaders sociaux tout en marchant et en gérant caméra et prise de son. J’ai demandé une photo à un collègue plutôt qu’en prendre une moi-même. Je n’ai pas fait de reportage vidéo à toute vitesse. Suis-je malade? Burnout? Est-ce que j’ai choké? Non, aujourd’hui, j’ai été un manifestant. Parce que l’austérité, nous les journalistes indépendants, on connaît ça. On la vit au quotidien.
En fait, le journalisme indépendant, c’est l’austérité. L’information, c’est un bien commun qu’on a complètement abandonné aux lois du marché. Ça donne une idée de ce que sera notre société après le démantèlement actuel. Alors j’ai marché en criant des slogans, brandissant mon kodak en guise de pancarte. Confidence: j’écris même ce texte d’avance, pour pouvoir jaser avec le monde pendant le retour en autobus, au lieu de faire du montage, de la rédaction ou du traitement photo.
Je ne serai pas ici de cette sainte et mythique «objectivité» à laquelle on vous a habitué de croire pour gober la communication de masse, alors que toutes les sciences humaines ont depuis longtemps renié ce concept. Je ne serai pas objectif, mais je serai honnête.
Le journalisme, c’est une institution démocratique. On l’appelle même parfois pompeusement le «4e pouvoir». Sommes-nous, comme le veut l’expression, les «chiens de garde de la démocratie»? Si oui, imaginez des chiens de garde qu’on ne nourrit pas, et qui doivent chasser leur pitance dans le voisinage en laissant souvent la maison sans surveillance. Le premier voleur venu leur pitche un steak et ils ne gardent plus grand chose, les chiens de garde.
Pour en savoir plus sur les conditions abjectes de pratique du journalisme indépendant, lisez notre dossier: on a fait le tour du Québec pour constater que le salaire minimum est encore un rêve lointain, que les ressources sont ridicules et que les menaces, la violence et l’intimidation à l’endroit des journalistes sont plus répandues qu’on le croirait.
Voulons-nous que ce soit la même chose pour les autres secteurs? Que laissera derrière-lui le démantèlement de la société civile auquel nous assistons? Garderies, services aux jeunes, services aux entreprises, gouvernements régionaux, ressources en culture et patrimoine, gouvernance locale et régionale en santé et en éducation, Solidarité rurale, cégeps, universités, municipalités, pactes ruraux et agents ruraux, Commissions scolaires, et la liste s’allonge… suivie d’une foule de nouveaux chômeurs en région.
Voulons-nous d’une société où il y aura des clients, des entreprises privées, et la police pour protéger ces dernières des premiers? Voulons-nous d’une société où les services essentiels seront payés par la publicité et la charité, pendant que nos impôts financent les multinationales?
Je vous donnerais bien, quand même, le nombre de personnes qui ont manifesté, car il sera coupé de moitié par les médias de masse, et ils trouveront même le moyen de dire que «c’est pas des gens de la place». Mais à quoi bon? C’est le Québec entier qui était dans la rue. Car l’austérité, c’est quelques personnes riches et puissantes qui s’attaquent au Québec entier.
Bon printemps!
PS: Pour dire vrai, j’ai tout de même pris plein de photos… je vous partage les 18 meilleures ici en exclusivité. Contribuez ou connectez-vous pour les voir. 🙂
CACOUNA —Alors même que 2500 personnes marchaient sur le port de Gros-Cacouna, samedi, pour réclamer l’arrêt définitif des travaux en vue de la construction du terminal pétrolier du projet Énergie-Est de TransCanada, une fuite de pétrole brut survenait aux installations de la raffinerie portuaire de Valero à Lévis, et un pétrolier destiné à l’exportation du pétrole des sables bitumineux croisait au large des Escoumins, en direction du port de Sorel-Tracy.
Au-delà du port pétrolier, c’est l’ensemble des projets pétroliers et particulièrement l’exportation du pétrole des sables bitumineux albertains que rejettent les 2500 manifestants et manifestantes (un nombre que les médias de masse ont coupé de moitié), dont une grande partie venait de la région. «2500 personnes à Cacouna, c’est comme 2 millions de personnes à Montréal», a illustré Yvan Roy, résident de Cacouna et rédacteur en chef du journal local Epik, qui suit activement le dossier.
Martine Ouellet, députée du PQ, est favorable à l’oléoduc d’Enbridge et opposée à celui de TransCanada. Le NPD est favorable à ce dernier dans l’Ouest, mais pas au Québec. Les manifestants sont opposés aux deux, aux trains et aux bateaux, et à Anticosti, bref: à tous les projets pétroliers. Vidéo: Nicolas Falcimaigne
Le mouvement est organisé par des groupes citoyens, comme les autres manifestations qui ont eu lieu ce printemps à ce sujet. Cette fois-ci, de nombreux représentants politiques ont insisté pour s’adresser à la foule. Même des partis qui se sont prononcés en faveur du projet ou qui soutiennent d’autres projets pétroliers étaient présents.
Anticosti et Enbridge, «C’est différent», dit le PQ
Malgré le soutien de son parti à l’exportation du pétrole albertain vers l’est, François Lapointe, député néodémocrate de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, tente de représenter ses électeurs du Québec préoccupés par le projet. «On a déposé une motion précise sur le projet de port pétrolier pour rejeter la construction d’un port pétrolier ici à Cacouna.» De son côté, le président du Bloc Québécois, Mario Beaulieu, dénonce le «double discours» du NPD: «M. Mulcair, au Canadian Club à Toronto, a dit qu’il appuierait pleinement le projet d’oléoduc vers l’est.» Le Bloc est opposé au projet depuis ce printemps.
Quatre députés du Parti québécois (PQ) étaient présents sur place. Lorsque ce parti était au pouvoir, il a autorisé l’inversion de la ligne 9 d’Enbridge et subventionné l’exploration pétrolière sur Anticosti.
«Là, on est seulement le tuyau pour les ressources de l’Alberta. Dans le cas d’Anticosti, c’est l’exploitation, à tout le moins, où les retombées sont potentiellement plus importantes pour le Québec, nuance Pascal Bérubé, député péquiste de Matane-Matapédia. À savoir si son parti tient toujours à Anticosti, il affirme qu’il faudra«réviser cette position-là. L’élection s’est déroulée, on a à réviser tout ça. Le gouvernement a décidé d’aller de l’avant, on va voir comment ça va se passer. Lorsqu’il y aura l’arrivée d’un nouveau chef, ça va être certainement le moment, avec le congrès, de réévaluer tout ça. Il y a de nouvelles informations qui sont apparues depuis notre annonce quand on formait le gouvernement, donc ça vaut la peine de reconsidérer et de ne pas avoir de position définitive là-dessus.»
Encore en réflexion sur sa candidature à la direction du Parti québécois, Martine Ouellet, porte-parole en matière de transports, d’électrification des transports et de stratégie maritime, n’y voit pas de contradiction. «Le Parti québécois n’a jamais été pour le projet de TransCanada. [lire ici sa position de septembre 2013] Les deux projets de pipelines sont deux projets complètement différents. Enbridge, c’est de l’inversion, mais c’est aussi pour le marché québécois.»
Contre toute forme d’exportation du pétrole
L’une des quatre militantes qui se sont enchaînées aux grilles de la raffinerie Suncor à Montréal pour dénoncer la mise en service de l’autre projet d’oléoduc, la ligne 9 d’Enbridge, Alyssa Symons-Belanger, est venue exprimer qu’elle est farouchement«contre toute forme de transport des sables bitumineux à travers le Québec».
C’est un élu, le maire de Saint-Siméon et préfet de Charlevoix-Est, qui a soulevé la foule. «Vous n’êtes pas tannés de vous faire dire quoi faire par des gens, des financiers, qui sont à l’extrémité de la Terre? On se fait imposer des choses, en région comme au Québec, alors que normalement on sait exactement de quoi on a besoin nous autres même, a tonné Sylvain Tremblay. Vous êtes les gardiens de notre avenir, les gardiens de nos enfants, qui sont présents ici. On ne peut pas se laisser faire pour imposer des choses comme ça. C’est non.»
«On va juste forer pour voir si ça va éventuellement déranger les bélugas, a ironisé l’humoriste Christian Vanasse, s’adressant à la foule. Et si ça les dérange, et qu’ils s’en vont, et qu’ils ne reviennent pas, là on pourra forer sans les déranger.»
«Au Québec, on est en train comme le Canada de virer en État pétrolier, s’est inquiétée Kim Cornelissen, consultante en énergies renouvelables. Trois des caractéristiques des États pétroliers, c’est que le gouvernement ne nous représente plus, c’est que les programmes sociaux vont tomber (ce qu’on est en train de voir avec la fameuse politique d’austérité), et le troisième, c’est qu’il y a de moins en moins d’intérêt pour les énergies renouvelables. Et si vous regardez ce qui se passe dans l’actualité actuellement, c’est exactement ça. On est en train de virer en État pétrolier.»
«Nous avons un devoir d’être des gardiens du bien commun et de la protection de notre territoire», a martelé Martin Poirier, porte-parole de Non à une marée noire dans le Saint-Laurent. Il s’est dit «consterné de voir les positions que prend notre gouvernement», dénonçant que «le premier ministre Couillard, le lendemain du jugement [imposant l’arrêt des travaux], ose ajouter que les forages vont continuer à aller de l’avant, parce qu’on a besoin d’aller forer dans la pouponnière des bélugas pour réaliser une évaluation environnementale. Alors là, je dis: enlevons le titre de notre premier ministre et disons qu’il devient carrément un lobbyiste de TransCanada.»
La foule déferle sur le port de Cacouna. Photo: Nicolas Falcimaigne
«J’aimerais que les médias comprennent une chose aujourd’hui: la résistance ne s’organise plus. La résistance est organisée, a affirmé Simon Côté, porte-parole de la coalition Stop-Oléoduc. Sachez que maintenant, l’énergie des milliers de citoyens dans les centaines de groupes à travers la province va se concentrer de moins en moins dans l’organisation, et de plus en plus dans l’action directe.»
Poursuite des travaux
Les 2500 personnes réunies à Cacouna ont exigé l’arrêt définitif des travaux, même après la fin de l’injonction, le 15 octobre. Les opérations devant permettre de connaître le fond marin où poser les assises de la jetée de 750 mètres avaient commencé avec des levés sismiques de 220 décibels ce printemps, et se poursuivent cet automne sous la forme de sondages géotechniques.
Ces forages doivent se dérouler pendant 95 jours à raison de 5 heures par jour. Pour procéder, la compagnie doit s’assurer qu’aucun mammifère marin n’est dans la zone, une surveillance qui nécessite une mer calme et libre de glaces.
Tout déversement de pétrole aurait des conséquences importantes dans le Saint-Laurent, en raison des courants et de la glace, qui empêcheraient de limiter les dégâts. Le chargement prévu de deux à trois superpétroliers par semaine implique aussi le déversement systématique de 60000 tonnes d’eaux de ballast par navire.
La mobilisation populaire bloque jusqu’à maintenant les projets d’oléoduc Northern Gateway (Enbridge) vers le Pacifique et Keystone XL (TransCanada) vers le golfe du Mexique. La croissance de 200% à 300% souhaitée par l’industrie des sables bitumineux en Alberta repose donc actuellement sur la capacité d’exporter le pétrole à travers le Québec, par train, par bateau, et principalement par oléoduc.
Mikaël Rioux et Martin Poirier, organisateurs, à l’entrée du port de Gros-Cacouna. Photo: Nicolas Falcimaigne
On compte 1181 cas de femmes disparues ou assassinées depuis 30 ans, selon un rapport de la GRC rendu public ce printemps. C’est ce rapport qui a attiré l’attention des médias et du public sur un drame que les Premières Nations dénoncent pourtant depuis des années. Hier, à l’occasion de la Journée nationale d’action pour les femmes autochtones disparues ou assassinées, des vigiles se sont tenues au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde pour exiger du gouvernement fédéral la tenue d’une commission d’enquête nationale publique.
À l’orée du Sommet international des coopératives 2014, qui se tient à Québec cette semaine, de nombreux coopératistes ont répondu à l’appel du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, qui organisait dimanche et lundi le Rendez-vous Innovations et découvertes. Parmi les conférences et ateliers, une rencontre des coopératives de travailleurs de par le monde a retenu l’attention. Pour en savoir plus, Ensemble s’est entretenu avec Isabel Faubert Mailloux, conseillère stratégique au développement pour le Réseau de la coopération du travail du Québec.
Il est difficile de savoir ce qu’offre TransCanada aux conseils de bande de plusieurs nations autochtones pour passer l’oléoduc Énergie-Est sur leurs territoires ancestraux. La Première nation malécite de Viger a publiquement admis discuter avec la compagnie albertaine à propos du port de Cacouna. Selon l’organisation Stop Oléoduc de la Capitale-Nationale, il y aurait actuellement des discussions avec le conseil de bande Huron-Wendat de Wendake pour plusieurs centaines de milliers de dollars. Combien vaut le territoire ancestral?
CACOUNA —Les travaux de forage ont été interrompus pendant la majeure partie de la journée hier à Cacouna. Malgré une météo favorable, la compagnie Transcanada a dû suspendre ses sondages géotechniques en raison de la présence persistante d’un groupe de petits rorquals. Ensemble a obtenu plus de mille photographies de baleines prises pendant toute la journée par l’observateur Mikaël Rioux, qui tient une vigile du site depuis le premier jour des travaux. Nous en avons sélectionné une douzaine.
Au cours des derniers jours, les conditions imposées par le certificat d’autorisation du ministère de l’Environnement se sont précisées. Selon nos sources, c’est la présence de tout «mammifère marin», qu’il soit béluga, petit rorqual ou autre, dans la zone d’exclusion de 540 m qui doit déclencher l’arrêt des travaux.
Les barges de forage peuvent être déplacées par deux remorqueurs deux fois par semaine et un seul aller-retour est permis entre le port et les barges. C’est un des deux remorqueurs qui doit assurer le transport du personnel matin et soir. Les travaux doivent se faire entre 7h et 18h.
Transcanada transgresse les règles
Le 14 septembre, plus de cinq allers-retours ont été constatés par l’observateur Mikaël Rioux, photos à l’appui. Le 17 septembre, M. Rioux a pris plus de mille photos de petits rorquals et même d’un béluga qui ont occupé la zone d’exclusion pendant la majeure partie de la journée, causant l’arrêt des travaux.
À la lumière de ces faits, des groupes de citoyens ont déposé une seconde requête en injonction pour obtenir l’arrêt définitif des travaux. La cour s’est saisie de ce dossier cette semaine.