Fév 272014
 
Sorel-Tracy — «Le monorail à grande vitesse est un projet d’envergure mondiale», s’est exclamé Bernard Landry, à l’occasion d’une conférence prononcée le 19 février dernier, à l’invitation de la Chambre de commerce et d’industrie Sorel-Tracy métropolitain (CCISTM). L’ex-premier ministre du Québec s’exprimait en tant que membre d’un nouveau groupe promoteur du projet de monorail, MGV Québec. Présidé par Dominique Bouchard, ex-président de Rio Tinto Fer et Titane à Sorel, cet organisme à but non lucratif (OBNL) souhaite que le projet de monorail relance l’économie de la région, avec le soutien des élus locaux. Mais il n’a pas d’entente avec TrensQuébec, qui fait la promotion du projet avec son inventeur Pierre Couture depuis plusieurs années.

En novembre dernier, le gouvernement du Québec a annoncé sa Stratégie d’électrification des transports, qui prévoit confier à une «firme externe indépendante» une étude préliminaire sur le projet de monorail à grande vitesse (MGV), suivie d’une étude de préfaisabilité. Ces études permettront de «déterminer la possibilité ou non de s’engager dans un tel projet», précise le document de la Stratégie, qui attribue 200000$ à la première étude. Le gouvernement est actuellement en train d’évaluer plus précisément le budget nécessaire et d’établir le cahier de charges, indique Daniel Breton, adjoint parlementaire à la première ministre pour le volet électrification des transports.

Firme externe indépendante

«On sait que le gouvernement veut aller en appel d’offres pour réaliser ces études-là, et on s’est associé à différents acteurs majeurs pour pouvoir être crédibles», souligne Dominique Bouchard, président du conseil d’administration de MGV Québec, qui souhaite réaliser à la fois les études de faisabilité et le projet lui-même. Or, cette intention placerait le groupe en conflit d’intérêts, selon Daniel Breton: «un promoteur qui fait une étude, je vois difficilement comment il peut être indépendant».

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Fév 012014
 

«Il y va de notre santé démocratique.» C’est ainsi que Maka Kotto, ministre de la Culture et des Communications du Québec, résume l’enjeu des conditions de pratique du journalisme indépendant. L’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ), qui représente les journalistes travaillant à la pige comme travailleurs autonomes, lui a demandé de convoquer une commission parlementaire devant se pencher sur la création d’une loi pour protéger les journalistes indépendants, comme celle qui permet aux artistes de négocier leurs conditions collectivement. Ensemble a rencontré le ministre et l’a questionné sur cette revendication issue des États généraux du journalisme indépendant, tenus en septembre dernier.

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Fév 012014
 

«Comment ça se fait qu’on paye des fortunes pour des centres de recherche, pour des hommes d’affaires qui vont faire de l’exploration sur le pétrole potentiel au Québec, sur la richesse potentielle des gaz naturels, et qu’on ne paye pas un quart du centième du millième de ça pour ceux qui nous partagent cette information?», s’exclame François Bugingo. Si l’économie de marché semble avoir laissé le journalisme loin derrière, l’enfonçant dans la précarité, le mépris et des conditions de travail misérables, il n’en reste pas moins la pierre angulaire de toute la machine médiatique et un pilier de toute société démocratique. M. Bugingo, journaliste, chroniqueur et animateur spécialisé dans l’information internationale, croit que c’est l’indépendance qui donne sa valeur au travail des journalistes, et qu’ils doivent la faire respecter. Ensemble l’a rencontré dans les bureaux de la radio FM 98,5 Montréal, où il travaille.

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Fév 012014
 

Le nombre de journaux locaux indépendants s’est effondré de plus de 50% au cours des dix dernières années. Ils ont fermé ou ont été rachetés par l’un des deux conglomérats qui s’y livraient la guerre. Avec l’acquisition des hebdos de Québecor par TC Media, il faut s’attendre à ce que la diversité de l’information se réduise encore plus. Contre toute attente, un mouvement inverse se produit: aux quatre coins du Québec, des communautés se mobilisent pour démarrer des coopératives d’information, qui prennent la relève là où les grands groupes ne répondent pas à leurs besoins.

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Fév 012014
 

Depuis le milieu du XXe siècle, la publicité a progressivement pris de l’importance dans les journaux, jusqu’à complètement remplacer les revenus provenant des lecteurs. Le lecteur n’est plus le client du journal, il en est la marchandise, fournie à un annonceur. Les intérêts des annonceurs, conjugués à la proximité économique et sociale qui est la règle dans les régions du Québec, crée des situations où les journalistes subissent des pressions, de l’intimidation, des menaces, et même parfois de la violence.

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Fév 012014
 

Ce n’est pas un cliché. Dans toutes les régions du Québec, se dégage le sinistre portrait de journalistes indépendants vivant de l’isolement, un manque de ressources, une précarité et des conditions de travail indignes de la responsabilité cruciale qu’ils exercent pour le fonctionnement de la société démocratique. Le maillon qui tient la chaîne de l’information entre le public et les faits n’a jamais été si faible et négligé dans l’histoire récente du Québec.

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Fév 012014
 

À l’origine du journalisme moderne, le journal était vendu à un lectorat, dont provenait l’essentiel de ses revenus. Avec l’apparition de la radio et de la télévision, le financement public s’est imposé pour les chaînes d’État, mais c’est rapidement la publicité qui est devenue la source de financement majoritaire, provenant principalement du secteur privé. À l’heure où elle règne presque sans partage, nous avons posé la question aux participants à la consultation: qui doit payer pour l’information indépendante et le journalisme qui l’alimente? L’État, le lectorat, le privé?

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Jan 272014
 

Trois-Pistoles — Deux heures et huit. La nuit est bercée d’un blizzard dans lequel je n’aurais pas voulu conduire. Mon traditionnel lourd sac à dos plein de matériel journalistique m’aide à garder les pieds au sol. Ces quelques pas contre le vent et la poudrerie, qui me mènent à la gare, confortent mon choix. Mais la gare est fermée. Désaffectée. Les bourrasques qui charrient la neige en faisant tomber des glaçons de son toit sur le quai désert évoquent un improbable western arctique.

Cette semaine, je pars sans voiture. Un peu par lassitude: les 200000 km parcourus depuis trois ans ont peut-être eu raison de mon appétit naturel pour la route. Mais c’est surtout un défi. On m’a si souvent rappelé que, dans le fond de mon rang, ma ruralité me rendait «dépendant de l’automobile», d’autant plus que mon métier frénétique de démarreur de journal me traîne partout au Québec. J’ai envie de prouver le contraire. Parce que, chers lecteurs et chères lectrices, si je réussis à me passer d’une auto, presque tout le monde peut aussi vivre sans voiture.

Je suis votre cobaye. Cette courte série de textes sera un peu comme un journal de transition. Dans un style à peine romancé pour le plaisir, je vous rapporterai mes tentatives de fonctionner «avec pas d’char», depuis le fond de mon rang jusqu’aux impromptues destinations de ma vie chaotique, en passant par le quotidien de l’épicerie et des obligations familiales. Si ça marche, je vous le promets, on se le dit juste entre nous pendant que personne n’écoute: si c’est concluant, mon vénérable char qui m’a rendu de si bons et loyaux services sortira de ma cour pour de bon.

Deux heures et treize. À peine cinq minutes de retard. Le chef de train me salue. «Y a pas grand monde à soir», chuchote-t-il, signifiant que j’ai l’embarras du choix de ma place. Dans la rame ensommeillée, rien ne bouge. Déjà, le train repart et file dans la nuit.

Récemment, la gare de mon village a fermé ses portes, laissant les rares passagers attendre sur le quai les trains encore plus rares. Depuis peu, également, il n’y en a plus tous les jours. Signe que l’économie de l’automobile est en plein essor, ou plutôt que le transport collectif interurbain et son incarnation ferroviaire parapublique ne sont pas prioritaires pour ce gouvernement fédéral. Peut-être ne s’y consomme-t-il pas assez de pétrole par passager, malgré cette lourde locomotive au mazout qui tire quelques malheureux wagons.

Pourtant, c’est un choix rentable. À six heures de route de Montréal, les 147$ que coûte le billet aller-retour paraissent pire qu’ils ne sont, en regard des 80 litres d’essence que réclamerait ma si raisonnable voiturette. En ajoutant aux 110$ d’essence les quelque 240$ que coûte la possession et l’entretien d’une voiture pour une telle distance (avez-vous acheté des pneus récemment?), pour un très prudent total de 35¢ du km, le train est déjà gagnant.

Ensuite, on peut considérer le temps gagné en ne le passant pas à conduire: douze heures au salaire minimum – le rêve de tout journaliste indépendant! – représentent un peu plus de 120$. Même en embarquant trois passagers Amigo-express entre Québec et Montréal à l’aller et au retour, ce qui représente un bon achalandage moyen, cela ne fait qu’une économie de 90$, qui peut disparaître assez vite si on a le malheur de ne pas bien comprendre les absconses pancartes de stationnement de Montréal ou de Québec.

Donc, si tout va bien, on aura dépensé 380$ avec la voiture, et 165$ en train, après avoir ajouté une dizaine de dollars de métro et les 5,50$ de transport collectif rural pour me rendre du fond de mon rang au village, un service sur mesure et sur réservation 24h à l’avance, offert dans beaucoup de régions dans des conditions diverses. Sur le plan strictement financier, le cerveau rationnel choisit encore le train.

S’ajoutent d’autres facteurs moins faciles à évaluer. En tête de liste, le risque d’accident, dont la moitié est entre les mains des autres conducteurs. Statistiquement, prendre la voiture est probablement l’activité la plus risquée de notre époque, et étonnamment la plus banale. La flexibilité offerte par le transport individuel vaut-elle la peine de prendre ce risque? J’ai dû devancer mon voyage d’une journée parce qu’il n’y a pas de train tous les jours (et l’autobus est plus cher), le voyage est plus long, et il m’a fallu rester au village plusieurs heures entre le transport collectif et le train. Mais combien de fois ai-je dû retarder mon départ en voiture ou subir des délais en route à cause d’une tempête de neige, ou d’ennuis mécaniques?

Ensuite, une fois achetés, les 80 litres d’essence devront forcément être consumés. Ce coût environnemental des émissions polluantes, bien qu’on ne l’assume pas tout de suite, devra être payé d’une façon ou d’une autre dans l’avenir, par mes enfants… ceux-là même pour qui je m’en vais gagner ma croûte! Et il y a fort à parier que les intérêts seront très élevés.

Enfin, parlons de la tranquillité d’esprit. Je ne dirai pas qu’on évite les embouteillages: les infrastructures et les priorités étant ce qu’elles sont, ils sont remplacés par les arrêts fréquents pour laisser passer les trains de marchandise. On est en Amérique, n’est-ce pas?

Si la rapidité n’y est pas – il faudra plus de sept heures pour arriver à Montréal –, quelle paix tout de même de se faire conduire tout en rédigeant, de ne pas se faire téléphoner au volant, d’oublier le nerveux pilotage urbain et le tas de ferraille à déplacer d’une rue à l’autre dans la neige brune!

L’abandon de la voiture, qui pourrait sembler être une perte de liberté, devient un luxe incroyable. J’ai l’impression d’être enfin entré dans la modernité et d’avoir laissé la voiture à explosion, telle une erreur de l’histoire, loin derrière dans son gris vingtième siècle.

Jan 012014
 

Depuis quelques années, Mountain Equipment Coop (MEC) a effectué des changements dans sa structure de gouvernance. Ces changements limitent le pouvoir des membres au profit de celui des administrateurs, notamment pour la sélection des candidats éligibles au conseil d’administration ou pour le dépôt de propositions par les membres. MEC se détourne-t-elle de ses racines coopératives? Ensemble a interrogé Sara Golling, co-fondatrice de la célèbre entreprise de matériel de plein air, pour prendre la mesure du fossé qui s’est creusé au pied de la forteresse.

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Déc 102013
 

Vendredi dernier, le rapport de commission parlementaire le plus rapidement déposé de l’histoire récente a donné son aval au projet d’inversion de l’oléoduc Ligne 9B d’Enbridge. En plus des délais très courts, ce qui a retenu l’attention, c’est l’absence des groupes citoyens opposés au projet. L’un des groupes finalement invités, Coalition Vigilance Oléoducs, a vertement dénoncé le traitement infligé à son représentant. La partie gouvernementale a consacré son temps de parole à attaquer la crédibilité du porte-parole, Olivier Huard.

Par trois fois, le gouvernement a démontré sa détermination à refuser d’entendre les citoyens, dans le débat sur le projet d’Enbridge, tout en s’affichant ouvertement en faveur de ce projet.

La porte fermée d’emblée

Les groupes citoyens (autres que les organisations environnementales) qui ont tenté de s’inscrire ont d’abord été informés que l’horaire des auditions était «complet» à la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles, qui étudie l’acceptabilité du projet pour le Québec.

Ce n’est qu’après la publication d’un article dans Le Devoir, qui soulignait le manque de représentants citoyens, que le gouvernement a invité deux groupes: la Coalition Vigilance Oléoducs (CoVO) et le Conseil traditionnel mohawk. «Nous sommes le seul groupe issu de la base citoyenne invité à cette commission, avec le Conseil traditionnel mohawk. Si votre but était d’écouter les citoyens, je pense que c’est un échec», a déclaré M. Huard.

Le messager attaqué

Lors de son audition à la commission, le porte-parole de CoVO a été attaqué par les députés péquistes Luc Trudel (Saint-Maurice) et Scott McKay (Repentigny) pour son appartenance au parti Québec Solidaire. Il a été candidat de ce parti aux dernières élections provinciales, et adversaire de M. McKay.

Invité avec insistance par la partie gouvernementale à déclarer ses allégeances, M. Huard a précisé qu’il est également animateur scout. «Je n’ai pas beaucoup aimé la référence à mon appartenance politique, parce que je trouve que ça dilue mon propos, a ensuite déclaré le porte-parole. Moi, je représente des gens ici et je n’aime pas qu’on diminue le débat à ma seule personne.»

La vidéo publiée par GAPPA pour dénoncer le traitement infligé au porte-parole de la CoVO, Olivier Huard.
Vidéo: GAPPA, avec autorisation

McKay en rajoute sur Twitter

MM. McKay et Trudel n’ont pas posé de questions à M. Huard sur le projet d’Enbridge, ni sur les inquiétudes de la population représentée par la CoVO. Lorsqu’une vidéo préparée par le collectif GAPPA a circulé sur les réseaux sociaux, dénonçant le mépris ainsi affiché par le gouvernement envers les citoyens, M. McKay a tenu à préciser sa pensée sur le réseau Twitter: «Montage aussi biaisé que le candidat de QS qui se fait dicter ses lignes directement par Amir [Khadir, député de Québec Solidaire], maître de la manipulation.»

Scott McKay a exprimé le fond de sa pensée sur Twitter.
Source: Twitter

Lors de l’audition, l’ancien chef du Parti vert avait pourtant exprimé son attachement à une approche non partisane. «Si on en fait un débat partisan, bien, on va avoir beaucoup de… je pense que notre position serait affaiblie devant le gouvernement fédéral», avait conclu Scott McKay.

Le collectif GAPPA a déploré que la cyberdéclaration du député péquiste de Repentigny lui fasse un double procès d’intention: «Vous accusez GAPPA d’avoir produit un montage biaisé, biais que vous assimilez à de la manipulation, s’indigne le groupe sur son site web, dans une page qui présente un rappel détaillé des faits. Vous accusez la CoVO d’être une organisation partisane en vous limitant à souligner le lien de son porte-parole avec Québec solidaire, tout en occultant totalement les préoccupations de ses membres.»

GAPPA prépare actuellement sa réplique, une vidéo qui sera probablement disponible sur son site au cours des prochains jours. La compagnie Enbridge a pour sa part annoncé dès le début de la consultation que seule la décision de l’Office national de l’Énergie, qui dépend du fédéral, serait déterminante pour le projet. Il devrait donc se réaliser dès le début de l’année 2014.