Elorrio, journal Le Mouton Noir – Elorrio. Le vent soulève la poussière en cette fin d’après-midi. La grisaille du ciel couvert accentue le sentiment de désolation qui se dégage des façades de commerces fermés et des rues désertes de ce village pittoresque, pourtant l’un des plus jolis du Pays Basque. Est-ce l’heure de la journée, la sieste, le jour de la semaine? Cette ambiance sinistre qui nous accueille est-elle un reflet de la situation socioéconomique qui affecte l’Espagne et les quatre provinces basques situées sur son territoire?
Un mur de la mairie sert de fronton, et quelques enfants s’amusent sur la kantxa (terrain de pelote basque). Armés de raquettes et de balles de tennis, ils mitraillent le mur d’un feu nourri. Dans un coin du mur, un drapeau : le territoire basque. Un slogan : Euskal presoak, etxera! (« prisonniers basques, à la maison! »). Au café voisin de la mairie, nous retrouvons Julio, notre hôte, qui nous ouvrira les portes de la société basque militante et populaire, loin des rencontres protocolaires.
Nous attendons Carlos, chez qui nous logerons. Julio en profite pour nous expliquer la situation. Avec un taux de chômage de 15 %, le Pays Basque ne s’en tire pas si mal en regard des 20 % de chômeurs espagnols. La crise s’est toutefois accompagnée de tensions politiques accrues depuis que les autorités espagnoles ont interdit le parti nationaliste basque, Batasuna. Au cœur d’Hegoalde, sur le versant espagnol des Pyrénées, ce village basque de 7 000 habitants est l’un de ceux dont le jeune maire appartient à Batasuna. Son administration est tombée dans un vide juridique. Lire la suite »